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Le message à double face de Benoît XVI

Bel hommage au Pape émérite, et message aux blogueurs qui se veulent ses héritiers (10/7/2014)

     

Un message qui s'applique sans doute aussi à moi... mais seulement en partie, puisque je n'utilise presque pas les réseaux sociaux, ne fréquente pas les forums, et que je n'ai donc pas vraiment l'occasion de céder à l'envie d'insulter les gens dont je ne partage pas les idées.

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thatthebonesyouhavecrushedmaythrill.blogspot.co.uk: j'apprécie ce blog très original, très documenté, que je consulte assez souvent... quand j'y pense, et surtout, quand la langue utilisée me paraît correspondre à mes modestes compétences linguistiques en anglais.
L'auteur est un jeune anglais originaire de Brighton, converti au catholicisme en 2001. Il est de tendance plutôt conservatrice (on m'autorisera ce qualificatif, ce n'est pas un gros mot, même accolé à catholique!) où je me retrouve assez bien.
Le titre - énigmatique - du blog est tiré du psaume 51: That the bones you have crushed may thrill (qu'ils dansent, les os que tu as broyés.).

L'image ci-dessous illustre l'article original, et la légende est de son auteur.

Benoît XVI: pas un libéral, mais un pape, un érudit et un gentilhomme

     

LE MESSAGE À DOUBLE FACE DE BENOÎT XVI
thatthebonesyouhavecrushedmaythrill.blogspot.co.uk/2014/06/the-twofold-message-of-benedict-xvi.html
22 juin 2014
(ma traduction)
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Les lecteurs ont peut-être remarqué ma préoccupation à propos de l'état de la blogosphère catholique et en particulier de la façon dont nous interagissons les uns avec les autres dans un «monde virtuel» où il est si facile d'oublier que la présence d'une personne sur Internet ne la rend pas d'une certaine manière moins humaine.
Il me semble qu'il existe un véritable fossé entre la façon dont nous créons un lien avec les catholiques - et «l'autre» online, et comment nous nous comporterions si nous étions dans la même pièce qu'eux. La facilité qu'offre Internet d'utiliser, de lancer les mots, sans contact face-à-face, nous donne beaucoup plus de tentations que dans la vie normale de céder à la colère, à la frustration et même à notre haine de l'adversaire. Il y a des choses que nous disons en ligne que nous n'aurions jamais rêvé de dire à quelqu'un en face - peu importe à quel point nous étions en désaccord avec lui, ou pensions que leur opinion était entièrement fausse et mauvaise.

Comme blogueurs catholiques, nous sommes souvent nostalgiques dans notre souvenir du règne de Benoît XVI, à cause de la sûreté avec laquelle Benoît XVI gouvernait l'Église.
Sous Benoît XVI, il n'a jamais été envisageable qu'un article de foi ou de doctrine transmis par lui puisse être de quelque façon «peu sûrs».

La conviction claire de Benoît XVI, avant, pendant et après sa démission, était que la vérité allait gagner et que le Chef de l'Eglise catholique a été et est Notre Seigneur Jésus-Christ qui garde l'Eglise et sera avec l'Eglise jusqu'à la fin des temps, La nourrissant en temps de trouble et de persécution ou en temps de paix et de liberté.

Pourtant, l'amour et le respect de la Vérité n'étaient pas la seule raison pour laquelle Benoît XVI était admiré. Il y avait une douceur et une sainteté dans la personnalité de Benoît qui restent très attirantes pour ceux qui ont vécu son règne. La profondeur de sa connaissance des Écritures, son humilité personnelle, ses manières douces, sa courtoisie et son respect d'autrui, sa vie fervente de prière, sa prudence, sa sagesse, son obéissance à la sainte tradition de l'Eglise, son auto-effacement et sa sagesse spirituelle pénétrante. Benoît XVI était - et est - doué de nombreuses vertus célestes pour lesquelles nous pouvons sincèrement remercier le Seigneur. Son pontificat a été marqué par la construction de ponts vers ceux qui ont dévié ou qui se sont éloignés de la voie qui mène au salut. La vision liturgique de Benoît XVI était de manifester, mettre en avant - la beauté et l'attrait de Jésus-Christ et de son Évangile. Pour lui, tout était - est - centré sur le Christ. Contrairement à la croyance populaire, Benoît XVI n'allait pas expulser ceux du centre vers la périphérie, ou pousser ceux des périphéries hors de l'église, mais il allait ramener ceux des marges vers le centre pour découvrir la joie de l'adoration de Dieu et la découverte de Sa miséricorde et Sa vérité.

Benoît XVI, avant de quitter le trône de Saint-Pierre a déploré le péché et la désunion qui blesse l'épouse du Christ.
Ses pensées résonnaient ainsi:

Les lectures qui ont été proclamées nous offrent des aspects qu’avec la grâce de Dieu nous sommes appelés à faire devenir des attitudes et des comportements concrets au cours de ce Carême.
L’Église nous propose à nouveau, surtout, le rappel fort que le prophète Joël adresse au peuple d’Israël : « Parole du Seigneur : revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne les larmes et le deuil ! » (2,12).
L’expression « de tout votre cœur » est soulignée. Elle signifie : du centre de nos pensées et sentiments, de la racine de nos décisions, de nos choix, de nos actions, dans un geste de liberté totale et radicale. Mais ce retour à Dieu est-il possible ? Oui, parce qu’il y a une force qui ne réside pas dans notre cœur, mais qui se dégage du cœur même de Dieu. C’est la force de sa miséricorde.
Le prophète dit encore : « Revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment » (v.13).
Le retour au Seigneur est possible comme « grâce », parce qu’il est œuvre de Dieu et fruit de la foi que nous mettons dans sa miséricorde. Ce retour à Dieu devient réalité concrète dans notre vie seulement lorsque la grâce du Seigneur pénètre dans l’intime et le secoue, nous donnant la force de « déchirer notre cœur ».
C’est encore le prophète qui fait résonner de la part de Dieu ces paroles : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements » (v. 13).
En effet, de nos jours aussi, beaucoup sont prêts à « déchirer leurs vêtements » devant les scandales et les injustices – naturellement commis par les autres –, mais peu semblent disponibles à agir sur leur propre « cœur », sur leur propre conscience et sur leurs intentions, laissant au Seigneur de transformer, renouveler et convertir.
(Messe des cendres, mercredi 13 février 2013, www.vatican.va)

En tant que blogueur, et de mon expérience des médias sociaux, je sais que je suis plus zélé pour la conversion des autres que de moi-même. Je sais que je suis coupable d'offenses variées contre la charité sur les médias sociaux. Parfois, c'est dans le «feu de l'action».
Beaucoup d'entre nous blogueurs catholiques dirons que nous avons aimé Benoît XVI et son message, mais peut-être, maintenant qu'il est sorti des «feux de la rampe», oublions-nous que l'exemple qu'il nous a donné n'est pas seulement de quelqu'un qui a parlé de la vérité de l'Evangile reflétée dans chaque enseignement de l'Église, mais de la douceur, de l'humilité et du courage tranquille avec lesquels elle peut être communiquée.

Il n'a jamais insulté ses ennemis, bien qu'il en eût beaucoup. Son langage était courtois, modeste et respectueux. Son estime pour la dignité de chaque être humain qu'il rencontrait était très visible. Il semblait, du moins à moi, beaucoup plus intéressé par «l'autre» que par lui-même. Les lecteurs peuvent penser, «Eh bien, c'est la même chose pour chaque pape», mais le langage impétueux et parfois brutal avec lequel son successeur communique suggère le contraire.
En tant que catholiques, beaucoup d'entre nous ont déploré - et pleurent encore - la perte de ce merveilleux Suprême Pontife, en termes de Papauté, et nous parlerons encore de l'héritage qu'il a laissé à l'Eglise. Son ton était digne, doux, sage et prudent, généreux et charitable, mais on n'a jamais pu suggérer qu'il ait été de quelque façon coupable d'abandonner la Vérité Catholique.

Il faut noter qu'en quittant l'Office de la papauté, Benoît XVI a identifié le «péché» comme la cause de la désunion au sein de l'Eglise, quand nous aurions peut-être imaginer qu'il allait utiliser le mot «erreur». Je me demande si nous avons vraiment accepté le message Bénédictin dans sa plénitude, car il me semble maintenant clair que le pape Benoît XVI n'a pas considéré que seule l'erreur pouvait être une menace pour l'Eglise, mais le péché lui-même, qui peut se manifester dans tant de différentes façons, dans ces péchés comme l'orgueil, la luxure, l'envie, la méchanceté, la cupidité, la calomnie, la médisance, et notre incapacité à «aimer tendrement, agir avec justice et marcher humblement avec notre Dieu».
Je pose la question - et je me la pose à moi - nous qui prétendons être les fils et filles spirituelles fidèles de ce saint pape, avons-nous vraiment accepté le message complet de Benoît XVI ou l'avons-nous, nous aussi, rejeté?

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