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Le Ratzinger Schülerkreis en 2014 (2)

Les nouvelles précisions d'Andrea Gagliarducci. Le rapporteur cette année sera un vrai ratzingérien, dont la pensée est très proche de celle de son maître (12/8/2014)

>>> Ci-contre: Karl-Heinze Menke

>>> Cf. Le Ratzinger Schülerkreis en 2014

[Selon Menke] un trait caractéristique de ce que l'on appelle post-modernité est la thèse des nombreuses vérités, liée à la théologie dite pluraliste des religions. Selon la vision relativiste et pluraliste, Dieu est LE transcendant auquel se réfèrent toutes les religions de façons différentes, sans qu'aucune d'elles puisse revendiquer plus de vérité que les autres .

     

RATZINGER SCHÜLERKREIS: C'EST KARL-HEINZ MENKE QUI SERA LA RAPPORTEUR
http://www.korazym.org
12 août 2014
Andrea Gagliarducci
(ma traduction)
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Benoît XVI ne prendra pas part aux trois jours de discussion. Mais il célèbrera la messe finale, quand tous les membres du Schülerkreis descendront du centre Mariapolis de Castel Gandolfo au Vatican, où ils écouteront la messe et l'homélie de leur ancien professeur. Lequel, comme toujours, a tout basé sur la plus grande liberté. Donc, pour le Schülerkreis cette année, le Père Stephan Horn, président du Cercle des étudiants, a présenté au pape émérite trois thèmes choisis précisément par les membres du groupe Schülerkreis historique et du «nouveau» groupe. Parmi ceux-ci, Benoît XVI a choisi le thème «La théologie de la Croix». Et à partir du thème, les membres du Schülerkreis ont choisi le rapporteur, Karl-Heinze Menke. «Un théologien très estimé de Benoît XVI», fait savoir le père Horn.
Le rendez-vous est donc du 21 au 24 Août. Dans un premier temps, la rumeur avait circulé que ce serait le pasteur Moltmann qui parlerait de la théologie de de la Croix. Mais ce n'étaient que des voix, parce que les membres de la Schülerkreis se sont tournés résolument vers Karl-Heinz Menke. Professeur de théologie dogmatique à l'Université de Bonn (né en 1950), amoureux de la pensée de Benoît XVI au point de lui avoir consacré un livre et diverses études, tellement prolifique qu'il a également écrit un ouvrage sur la façon de faire le pélerinage de Saint Jacques de Compostelle en bicyclette, Menke est devenu célèbre pour avoir été mentionné dans le second livre de Benoît XVI sur Jésus de Nazareth, pour sa christologie “Jesus got der Sohn”.

Il suffit d'aller relire l'interview que Menke a accordée à L'Osservatore Romano en 2012 (ndt: je l'ai trouvé en italien sur le site de Raffa) pour comprendre combien sa pensée et celle de Benoît courent sur la même piste.

Menke expliquait que la dernière édition de sa christologie «voulait répondre au phénomène de notre temps que le Pape a défini dès le début de son pontificat comme le relativisme».
Menke ajoutait qu' «un trait caractéristique de ce que l'on appelle post-modernité est la thèse des nombreuses vérités liées à la théologie dite pluraliste des religions. Selon la vision relativiste et pluraliste, Dieu est le transcendant auquel se réfèrent toutes les religions de façons différentes, sans qu'aucune d'elles puisse revendiquer plus de vérité que les autres».
Un point de vue - expliquait le professeur de dogmatique - «particulièrement populaire, car il permet aux gens d'identifier la vérité avec leurs propres visions. Le christianisme est diamétralement opposé à cette tendance. Pour le Nouveau Testament, le Christ est ce qui est exprimé sous la forme du Credo de la tradition chrétienne: il n'est pas seulement un interprète parmi d'autres du Dieu transcendant, mais l'auto-communication de Dieu Un et Trine».

Puis il expliquait, en se référant au livre de Benoît XVI, que «la crucifixion de Jésus n'est pas nécessaire parce que Dieu l'impose, mais parce que le péché ne peut pas être vaincu autrement. Puisque Jésus est le contraire du péché, il attire la haine du péché. Et parce qu'Il est vraiment un homme, Il ne l'est pas seulement symboliquement, mais en réalité il est la victime de cette haine. Du "ésus de Nazareth" (de Benoît XVI), émerge un Fils de Dieu réel, dont seuls les saints ont pu faire l'expérience au cours des siècles».

Surtout, Menke soulignait que «toutes les tentatives de trouver des faits en tant que tels, ou des paroles authentiques de Jésus sont illusoires. Les écrits du Nouveau Testament sont l'expression de la foi des croyants du premier siècle. La vérité n'est pas le Jésus passé et enseveli, mais le Christ vivant; et les croyants de tous les siècles sont en communication avec le Christ vivant. Le croyant individuel peut se tromper, mais pas la communauté de tous les croyants». Et Mencke notait que «le christianisme n'est pas une religion du livre. Parce que la vérité n'est pas un livre, mais une personne. L'Écriture témoigne de la vérité qui est le Christ. Seuls les croyants avec le Christ dans l'Eucharistie, dans la prière et la communion dans l'Eglise peuvent ne pas tomber hors de la vérité. Même la Bible doit être lue et interprétée dans la communion avec le Christ. La réflexion critique est nécessaire pour la foi et si elles ne sont pas en contradiction, elles sont mutuellement fécondes. Mais la racine de toute la christologie est la prière».

Des mots qui semblent calquer l'éloge de la vérité dans l'homélie de Benoît XVI, concluant le Schülerkreis de l'année dernière (benoit-et-moi.fr/2013-II/benoit/la-voix-de-benoit-xvi).

Autour de ses paroles, les élèves de Benoît XVI poursuivront l'héritage de leur maître. Et l'on peut parier que Menke rappelera que la croix n'est pas n'importe quelle croix, mais celle du Christ, dont l'amour n'a pas empêché la croix et en même temps l'a vaincue. «Les chrétiens proclament quelque chose de scandaleux, en vénérant la Croix. Ils professent la foi en un Dieu qui préfère être crucifié que d'atteindre quelque chose par la force; mais qui peut de cette manière, la manière de l'amour sans défense, transfigurer, transformer, et ainsi vaincre aussi ma croix».

C'est pourquoi - a écrit Menke dans un essai - «ce n'est pas une coïncidence que le signe de la croix soit devenue la représentation par excellence du Christ et le signe des chrétiens. Ce n'est pas seulement pour une raison de convenance que les chrétiens ont mis la croix, non seulement dans les églises, mais aussi sur les toits, les tours et les sommets des montagnes».

Et encore une fois, écrivait Menke: «Ceux qui se sont laissé bénir par le signe de la croix ont consacré leur vie à la croyance que l'amour crucifié est plu forte que toutes les autres pouvoirs. Ceux qui, à travers le signe de la croix, professent leur foi en Jésus-Christ, non seulement rappellent le Christ, mais dans l'Esprit Saint, se font inclure dans son amour crucifié ".

C'est de là que partiront les membres du Ratzinger Schülerkreis. Convaincu, comme leur maître, que Dieu est avant tout amour.
Et dans l'attente de l'homélie par laquelle le pape émérite conclura cette rencontre, dont Benoît a voulu qu'elle continue, d'abord malgré son élection, et ensuite malgré sa démission.



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