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Le "sensus fidei"

Extrait du discours de Benoît XVI à la Commission Théologique internationale, le 7 décembre 2012 (7/10/2014)

Le Synode qui vient de s'ouvrir ramène au premier plan le "sensus fidei" que François définit en ces termes (cf "Evangelii gaudium", §119)

Comme faisant partie de son mystère d’amour pour l’humanité, Dieu dote la totalité des fidèles d’un instinct de la foi – le sensus fidei – qui les aide à discerner ce qui vient réellement de Dieu. La présence de l’Esprit donne aux chrétiens une certaine connaturalité avec les réalités divines et une sagesse qui leur permet de les comprendre de manière intuitive, même s’ils ne disposent pas des moyens appropriés pour les exprimer avec précision.

* * *

C'est le moment de relire ce discours de Benoît XVI à la Commission Théologique internationale, le 7 décembre 2012.
Le Saint-Père insiste sur la nécessité de «préciser les critères qui permettent de distinguer le sensus fidelium authentique de ses copies contrefaites», et avertit qu'il ne s'agit pas d' «une sorte d’opinion publique ecclésiale», donc qu'«il n’est pas pensable de pouvoir le mentionner pour contester les enseignements du Magistère».
Une mise au point ferme qui prend tout son sens aujourd'hui:

     

(...)
Votre session plénière s’est déroulée dans le contexte de l’Année de la foi, et je suis heureux que la Commission théologique internationale ait voulu manifester son adhésion à cet événement ecclésial à travers un pèlerinage à la basilique papale Sainte-Marie-Majeure, pour confier à la Vierge Marie, praesidium fidei, les travaux de votre Commission et pour prier pour tous ceux qui, in medio Ecclesiae, se consacrent à faire fructifier l’intelligence de la foi pour le bénéfice et la joie spirituelle de tous les croyants.
Merci pour ce geste extraordinaire.
(...)
Parmi les critères de la théologie catholique, le document [que vous avez publié au débit de l'année: «La théologie aujourd’hui. Perspectives, principes et critères»] mentionne l’attention que les théologiens doivent réserver au sensus fidelium.
Il est très utile que votre Commission se soit concentrée aussi sur ce thème qui est d’une importance particulière pour la réflexion sur la foi et pour la vie de l’Eglise.
Le Concile Vatican II, en réaffirmant le rôle spécifique et irremplaçable qui revient au Magistère, a souligné rien de moins que le fait que l’ensemble du peuple de Dieu participe à la mission prophétique du Christ, en réalisant ainsi le désir inspiré, exprimé par Moïse: «Puisse tout le peuple du Seigneur être prophète, le Seigneur leur donnant son Esprit!» (Nb 11, 29).
La Constitution dogmatique Lumen gentium enseigne à cet égard:
«La collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint (cf. 1 Jn 2, 20.27), ne peut se tromper dans la foi; ce don particulier qu’elle possède, elle le manifeste moyennant le sens surnaturel de foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, des évêques jusqu’aux derniers des fidèles laïcs, elle apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel» (n. 12).
Ce don, le sensus fidei, constitue chez le croyant une sorte d’instinct surnaturel qui a une connaturalité vitale avec l’objet même de la foi.
Nous observons que précisément les simples fidèles portent en eux cette certitude, cette sécurité du sens de la foi.
Le sensus fidei est un critère pour discerner si une vérité appartient ou non au dépôt vivant de la tradition apostolique. Il présente aussi une valeur de proposition car l’Esprit Saint ne cesse de parler aux Eglises et de les guider vers la vérité tout entière.
Aujourd’hui, toutefois, il est particulièrement important de préciser les critères qui permettent de distinguer le sensus fidelium authentique de ses copies contrefaites. En réalité, celui-ci n’est pas une sorte d’opinion publique ecclésiale, et il n’est pas pensable de pouvoir le mentionner pour contester les enseignements du Magistère, car le sensus fìdei ne peut se développer authentiquement chez le croyant que dans la mesure où il participe pleinement à la vie de l’Eglise, et cela exige l’adhésion responsable à son Magistère, au dépôt de la foi.
(..)

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