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Les monastères, oasis de l'esprit

En cette fête de sainte Claire d'Assise, reprise de la catéchèse de Benoît XVI du 10 août 2011. Un éloge du silence, qu'il aime tant. (11/8/2014)

     

L'audience de ce mercredi d'août, brève comme durant la période estivale, avait pris place dans la cour du Palais apostolique de Castelgandolfo, devant 2000 personnes - lui conférant ainsi un inhabituel côté intime.

     


(Ma traduction d'alors)


Chers frères et sœurs,

A toutes les époques, des hommes et des femmes qui ont consacré leur vie à Dieu dans la prière - comme les moines et les religieuses - ont établi leurs communautés dans des lieux particulièrement beaux, dans les campagnes, sur les collines, dans les vallées de montagne, au bord des lacs ou de la mer, ou même sur de petites îles.
Ces lieux unissent deux éléments très importants pour la vie contemplative: la beauté de la création, qui renvoie à celle du Créateur, et le silence garanti par l'éloignement des villes et des grandes voies de communication.
Le silence est l'état d'environnement qui favorise le mieux le recueillement, l'écoute de Dieu, la méditation. Déjà le simple fait de profiter du silence, de se laisser, pour ainsi dire, «remplir» de silence, nous prédispose à la prière.

Le grand prophète Elie sur le Mont Horeb - c'est-à-dire le Sinaï - assista à un tourbillon de vent, puis à un tremblement de terre, enfin à des éclairs de feu, mais il ne reconnut pas la voix de Dieu en eux; au contraire, il la reconnut dans une brise légère (cf. 1 Rois 19.11 à 13).
Dieu parle dans le silence, mais il faut savoir l'écouter. C'est pourquoi les monastères sont des oasis dans lesquels Dieu parle à l'humanité; là réside le cloître, lieu symbolique, car c'est un espace clos, mais ouvert sur le ciel.

Demain, chers amis, nous ferons mémoire de sainte Claire d'Assise. C'est pourquoi je tiens à rappeler l'une de ces «oasis» de l'esprit particulièrement chères à la famille franciscaine et à tous les chrétiens: le petit monastère de San Damiano, situé juste en dessous de la ville d'Assise, au milieu d'oliveraies descendant vers Santa Maria degli Angeli. Près de la petite église, que François restaura après sa conversion, Claire et ses compagnes établirent leur première communauté, vivant de prière et de petits travaux. Elles s'appelaient les "sœurs pauvres" et leur "forme de vie" était celle-là même des Frères Mineurs: «Observer le saint Evangile de notre Seigneur Jésus Christ» (Règle de Sainte Claire, I, 2), conservant l'union dans la charité mutuelle (cf. ibid, X, 7) et observant en particulier la pauvreté et l'humilité vécues par Jésus et sa Très Sainte Mère (cf. ibid, XII, 13).

Le silence et la beauté de l'endroit où vit la communauté monastique - beauté simple et austère - constituent comme un reflet de l'harmonie spirituelle que la communauté elle-même cherche à atteindre.
Le monde est constellé de ces oasis de l'esprit, certaines très anciennes, en particulier en Europe, d'autres récentes, et d'autres restaurées par les nouvelles communautés.
En regardant les choses dans une optique spirituelle, ces lieux de l'esprit sont l'épine dorsale du monde! Et ce n'est pas par hasard que beaucoup de gens, surtout dans des périodes de repos, visitent ces lieux et s'y arrêtent pour quelques jours: l'âme, Dieu merci, a elle aussi ses exigences!

Rappelons nous donc de Sainte Claire. Mais souvenons-nous aussi d'autres figures de saints qui nous rappellent à l'importance de tourner le regard vers les «choses célestes», comme sainte Edith Stein, Thérèse Bénédicte de la Croix, carme, co-patronne de l'Europe, célébrée hier. Et aujourd'hui, le 10 août, nous ne pouvons pas oublier Saint-Laurent, diacre et martyr, avec un salut particulier aux Romains, qui le vénèrent toujours comme un de leurs patrons.
Et enfin nous nous tournons vers la Vierge Marie, pour qu'elle nous apprenne à aimer le silence et à apprendre la prière.

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