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Les progrès de l'oecuménisme

Exclusif: ma traduction d'une lettre du cardinal Ratzinger à la «Theologische Quartalschrift», revue trimestrielle de théologie de Tübingen, écrite en 1986 (26/7/2014)

>>>Cf.
L'oecuménisme selon Benoît XVI

     

Une lettre à la «Theologische Quartalschrift» de Tübingen
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En 1986, le cardinal Ratzinger présentait son texte avec sa modestie habituelle::

La «Theologische Quartalschrift» a publié en 1986, sous la direction du prof Seckler, un cahier sur l'état de l'œcuménisme. J'ai été aimablement invité à y participer. Cette lettre est ma tentative de réponse à l'invitation

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Le cardinal réfute un oecuménisme "contractuel" qui ne serait en fait que le résultat de démarches diplomatiques. Et il s'interroge sur une phrase mystérieuse de l'épître de Paul aux Corinthiens: "Il est nécessaire qu'il y ait des divisions parmi vous".
En réalité, nous ne connaissons ni le jour ni l'heure de l'unité pleine, elle est exclusivement affaire de Dieu.
Le seul but que l'homme peut poursuivre, c'est celui de "l'unité à travers la pluralité, à travers la diversité".
Et le cardinal conclut: «Je suis convaincu que - libérés de la pression de la réussite de nos énergies autonomes et de ses dates visibles et secrètes - nous arriverons au but de l'unité plus vite et plus en profondeur que si nous commençons à transformer la théologie en diplomatie et la foi en engagement»

     

Les progrès de l'œcuménisme

Traduction en italien du texte original en allemand ici: www.ratzinger.us
Ma traduction de la traduction (!) en français
Les sous titres sont de moi.

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Estimé collègue et cher M. Seckler!

Vous m'avez invité à brosser pour la Theologische Quartalschrift un tableau de ce que je pense à propos des progrès de l'œcuménisme.
Il ne m'est pas facile de répondre à une question aussi énorme, en raison du temps malheureusement limité. Je vais le faire, mais évidemment sous une forme lacunaire et insuffisante. D'autre part, je vois de plus en plus clairement que nous avons besoin de nouvelles propositions sur la question des perspectives œcuméniques et, en dépit de tous les avis, je ne dirais pas non à votre invitation.

Permettez-moi tout d'abord un bref retour en arrière sur le chemin parcouru au cours des vingt dernières années. Une localisation de l'aujourd'hui, me semble indispensable pour être en mesure de voir les demains.

TROMPEUSE EUPHORIE CONCILIAIRE
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Quand le Concile Vatican II jeta dans l'Eglise catholique des bases nouvelles pour l'activité œcuménique, il avait déjà eu un long processus de recherches communes, qui avaient conduit à la maturation de quelques idées qui ont donc pu être rapidement mises en pratique. Durant cette phase, quand tout d'un coup, des nouveautés aussi importantes et inattendues devinrent possibles, l'espoir d'une fin rapide et complète de la division semblait fondée. Mais quand ce qui était devenu possible de l'intérieur fut traduit en formes officielles, une sorte de calme s'ensuivit nécessairement. Pour ceux qui avaient connu personnellement depuis le début le processus œcuménique, ou qui y avaient collaboré, un tel moment était prévisible, car ils savaient bien là où les solutions étaient en vue, et là où, au contraire, les limites étaient encore infranchissables. Au contraire, pour ceux qui étaient à l'extérieur, ce moment causa une grande déception; les accusations de culpabilité étaient inévitables, et elles furent volontiers dirigées vers les autorités ecclésiastiques.
Immédiatement après que le premier élan conciliaire fû retombé, on avait vu émerger le contre-modèle de l'oecuménisme «de la base», qui visait à faire surgir l'unité d'en bas s'il n'était pas possible de la faire venir d'en haut.

OECUMÉNISME "DE LA BASE" CONTRE OECUMÉNISME IMPOSÉ D'EN HAUT
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Dans cette conception, il était juste que l'«autorité» dans l'Église ne puisse rien accomplir qui n'ait préalablement mûri dans la vie de l'Eglise, comme intelligence et expérience de la foi. Là où, au contraire, aucune référence n'était faite à cette maturation, et où on affirmait une division de l'Église entre «Eglise de la base» et «Église ministérielle», il ne pouvait émerger aucune nouvelle unité significative.
Un œcuménisme de la base de cette nature ne crée finalement que des groupuscules, qui divisent la communauté, et même entre eux, ne réalisent pas une union plus profonde en dépit d'une propagande commune d'ampleur mondiale.

Pendant un certain laps de temps, il a semblé que les divisions traditionnelles des Eglises seraient surmontées à travers une nouvelle division, qui devait dans l'avenir, opposer une partie des chrétiens «engagés» dans le sens progressiste et, d'autre part, les chrétiens «traditionnels», qui auraient les uns et les autres fait des adeptes dans les différentes églises ayant existé jusque là. Dans cette optique naquit alors la résolution d'écarter entièrement les «autorités» de l'œcuménisme, car tout rapprochement, voire fusion sur ce plan n'aurait fait que renforcer l'aile traditionaliste du christianisme et aurait empêché la formation d'un christianisme nouveau et progressiste.

Aujourd'hui, ces idées ne sont pas encore complètement éteintes, mais il semble toutefois que le moment de leur floraison est maintenant derrière nous.
Une vie chrétienne, qui se définit dans son essence, selon les critères «d'engagement», est trop instable dans ses frontières pour créer l'unité et construire solidement à long terme une vie chrétienne commune.
Les gens persévèrent dans l'Eglise non pas parce qu'il y a des fêtes communautaires et des groupes d'action, mais parce qu'ils espèrent trouver des réponses à des questions vitales indispensables. Ces réponses n'ont pas été cogitées par les curés de paroisse ou d'autres autorités, mais elles viennent d'une Autorité plus grande et sont fidèlement administrées, au besoin, par les curés de paroisse qui servent d'intermédiaires. Les hommes souffrent aussi aujourd'hui, peut-être encore plus qu'auparavant; la réponse qui sort de la tête du curé de la paroisse ou d'un groupe «militant» ne leur suffit pas. Aujourd'hui comme toujours, la religion pénètre profondément dans la vie des hommes pour y atteindre un point d'absolu et, à beaucoup, seule sert une réponse qui vient de l'absolu. Là où les curés et les évêques n'apparaissent plus comme les médiateurs de ce qui est absolu pour eux aussi, mais ne proposent que leurs propres actions, c'est alors qu'ils deviennent une «église ministérielle» et, en tant que telle, inutile.

Avec tout cela, je veux dire que la stabilité du phénomène religieux provient de zones qui ne peuvent pas provenir de l'«œcouméne de base» et en outre que la recherche d'absolu marque aussi les limites de toute opération de type «autoritaire» dans l'Église. Cela signifie que ni une base «isolée», ni une autorité «isolée» ne peuvent être considérées comme porteuses d'actions oecuméniques; une réelle action oecuménique présuppose l'unité intime entre l'actions des autorités et l'authentique vie de foi de l'Eglise.

L'ERREUR DE RAHNER
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Ici, je vois une des erreurs fondamentales du projet Fries-Rahner. Rahner pense que les catholiques suivront sans aucun doute l'autorité; c'est un présupposé de la tradition et de la structure du catholicisme. De fait, les choses ne sont pas essentiellement différentes chez les protestants; si l'autorité décide de l'unité et s'y implique suffisamment, là non plus l'obéissance docile de la communauté ne fera pas défaut. Pour moi, il s'agit d'une forme d'œcuménisme d'autorité qui ne correspnd ni à la conception catholique ni à celle de l'Eglise évangélique.
Une unité faite par les hommes ne pourra être, logiquement, qu'un accord 'iuris humani'. Elle n'atteindrait pas, par principe, l'unité théologique entendue par Jean 17, et ne peut donc pas non plus être un témoignage du mystère de Jésus-Christ. Mais elle parlera uniquement en faveur de l'hableté diplomatique et de la capacité de compromis des responsables de la négociation. C'est déjà quelque chose, mais cela ne touche pas le plan vraiment religieux, dont il est précisément question en termes d'œcuménisme.

NON À UN OECUMÉNISME "CONTRACTUEL"
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Même les déclarations théologiques de consensus restent nécessairement sur le plan de l'intelligence humaine (scientifique), laquelle est capable de préparer certaines conditions essentielles pour l'acte de foi, mais ne concerne pas l'acte de foi en tant que tel.
Dans la perspective de l'avenir, il me semble donc important de reconnaître les limites de «l'œcuméne contractuel» et ne pas en attendre plus que ce qu'il peut donner: un rapprochement sur des aspects humains importants, mais pas l'unité elle-même.
Il me semble qu'on aurait pu éviter certaines désillusions, si tout avait été clairement présent depuis le début.
Ainsi, au contraire, beaucoup, après les succès des premières années post-conciliaires, ont conçu l'œcuménisme comme une tâche diplomatique selon des catégories politiques. De même qu'on attend de bons intermédiaires qu'ils parviennent au bout d'un certain temps à un accord acceptable pour tous, on a aussi pensé que l'on pouvait attendre cela de l'autorité ecclésiastique en matière d'œcuménisme. Mais de cette façon, on demandait trop à cette autorité. Ce qu'elle a pu faire après le Concile se fondait sur un processus de maturation qui n'a pas été accompli par elle, mais qui avait juste besoin d'être traduit en ordonnancement externe de l'église.

Mais, les choses étant ce qu'elle sont, que devons-nous faire? En vue d'une réponse, la formule qu'Oscar Cullmann (ndt: théologien luthérien, ami de Paul VI, mort en 1999) a inventée pour qualifier l'ensemble du débat m'est d'une grande aide: l'unité à travers la pluralité, à travers la diversité.
Certes, la rupture vient du mal, surtout quand elle porte à l'inimitié et à l'appauvrissement du témoignage chrétien. Mais si à cette rupture, le venin et l'hostilité sont progressivement soustraits, et si, dans l'acceptation réciproque de la diversité, il n'y a pas de réductionisme, mais plutôt la richesse nouvelle de l'écoute et de la compréhension, alors la rupture peut devenir une 'felix culpa', avant même qu'elle ne soit complètement guérie.

UNE MYSTÉRIEUSE PHRASE DE PAUL SUR LA "NÉCESSITÉ" DE LA DIVISION"
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Cher collègue, M. Seckler, vers la fin des années que j'ai passées à Tübingen, vous m'avez donné à lire un travail accompli sous votre direction, travail qui exposait l'interprétation augustinienne de la mystérieuse sentance de Paul: «Il est nécessaire qu'il y ait des divisions parmi vous [afin que l'on puisse reconnaître ceux qui sont approuvés de Dieu au milieu de vous]» (1 Co 11,19).
Le problème exégétique de l'interprétation de 1 Corinthiens 11:19 n'est pas en cause ici; à moi, il semble que les Pères n'avaient pas tort, en trouvant dans cette annotation localisée une affirmation ouverte sur l'universel (et H. Schlier pense lui aussi qu'il s'agit pour Paul d'un principe eschatologico-dogmatique). S'il est légitime de penser dans cette direction l'affirmation exégétique que la Bible se réfère toujours d'une certaine façon à un agir de Dieu, c'est-à-dire à une nécessité eschatologique, elle prend un poids spécial. Mais alors cela signifie que, si les divisions sont avant tout oeuvre humaine et culpabilité humaine, il existe toutefois aussi en elle une dimension qui correspond à des dispositions divines. C'est pourquoi nous ne pouvons les transformer que jusqu'à un certain point avec la pénitence et la conversion; mais à quel moment les choses arriveront au point où nous n'avons plus besoin de cette rupture [...], seul le Dieu qui juge et pardonne le décide.

L'UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ
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Sur la route indiquée par Cullmann, nous devons d'abord essayer de trouver l'unité à travers la diversité, c'est-à-dire: assumer ce qui est fructueux dans la division, désintoxiquer la division elle-même et recevoir de la diversité ce qui est positif; naturellemnt, dans l'espoir qu'à la fin, la rupture cesse radicalement d'être rupture et soit à la place une «polarité» sans contradiction. Mais quand on se penche trop directement vers cette dernière étape avec la hâte superficielle de tout faire par soi-même, on approfondit la séparation au lieu de la guérir.

ILLUSTRATION DE L'UTILITÉ DE LA SÉPARATION: CATHOLICISME ET PROTESTANTISME EN ALLEMAGNE
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Permettez-moi de vous dire ma pensée avec un exemple très concret. L'existence, à côté de l'Eglise, du protestantisme, avec sa générosité, ses blessures, et sa prétention spirituelle élevée, n'a-t-elle pas été à bien des égards une bonne chose pour l'Eglise catholique en Allemagne et ailleurs? Bien sûr, à l'époque de la lutte pour la foi, la scission était presque exclusivement opposition; mais par la suite de plus en plus d'éléments positifs pour la foi ont grandi des deux côtés, un positif qui nous permet de comprendre quelque chose du mystérieux «il est nécessaire» de Saint-Paul. Et vice versa, pourrait-on imaginer un monde exclusivement protestant? Ou n'est-il pas vrai que le protestantisme dans tous ses états, et justement comme protestation, il est entièrement lié au catholicisme, au point que sans lui, il serait presque impensable?

NOUS NE CONNAISSONS NI LE TEMPS NI LE LIEU DE L'UNITÉ
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Il en découle un double mouvement pour l'action œcuménique. Une ligne devra être celle d'une recherche pour trouver toute l'unité; pour imaginer des modèles d'unité; pour éclairer les oppositions à propos de l'unité. Non seulement dans les discussions savantes, mais surtout dans la prière et la pénitence. Mais à côté de tout cela, un second espace d'action devrait voir le jour, présupposant que nous ne connaissons pas l'heure et que nous ne pouvons pas connaître le moment et la façon dont l'unité se réalise. A tout cela s'applique la phrase de Melanchthon (1497-1560, disciple de Luther, c'est lui qui a rédigé la Confession d'Augbourg, le texte fondateur du luthéranisme présenté le 25 juin 1530 à Charles Quint lors de la Diète d'Augsbourg): «ubi et visum est quand Deo» (où et quand cela plaît à Dieu)

Dans tous les cas, il doit être clair que l'unité, ce n'est pas nous qui la faisons (de même que ce n'est pas nous qui faisons la justice avec nos oeuvres), mais en outre que nous ne pouvons pas toujours rester les bras croisés. Ce qui importe ici, c'est d'accueillir toujours à nouveau l'autre en tant qu'autre dans le respect de son altérité. Nous pouvons être unis même en étant divisés.

SOULIGNER CE QUE NOUS AVONS EN COMMUN
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Ce type d'unité, pour la croissance continue de laquelle nous pouvons et devons nous engager, sans la placer sous la pression trop humaine de la réussite et du «but final», connaît des routes nombreuses et variées et exige engagements de nombreux et variés. Tout d'abord, il est important de trouver, connaître et reconnaître les unités qui existent déjà et qui ne sont pas vraiment insignifiantes. Le fait qu'ensemble, nous lisons la Bible comme la Parole de Dieu; que nous est commune la profession de foi - formée dans les Conciles anciens sur la base de la lecture de la Bible - dans le Dieu un et trin, en Jésus-Christ, vrai Dieu et homme, dans le baptême et la rémission des péchés, et que nous est donc commune l'image fondamentale de Dieu et de l'homme: tout ceci doit être sans cesse mis à jour à nouveau, témoigné publiquement et approfondi dans la pratique. Mais en commun, nous avons aussi la forme fondamentale de la prière chrétienne, et le commandement éthique essentiel du Décalogue, interprété à la lumière du Nouveau Testament. A l'unité de fond de la confession de la foi devrait correspondre une unité du fond dans l'action. Il s'agit donc de rendre effective l'unité qui existe déjà, de la concrétiser et de l'amplifier. De multiples formes de rencontre à tous les niveaux (autorités, théologiens, croyants) et des formes d'activités communes font évidemment partie de cette exigence ; tout ceci doit être mis en œuvre en expériences concrètes et développé ultérieurement, comme cela se fait déjà dans une large mesure, grâce à Dieu.

GESTES SYMBOLIQUES D'UNITÉ
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A l'«unité dans la diversité» pourraient et devrait certainement s'ajouter des actions à caractère symbolique, afin de la garder constamment présente dans la conscience de la communauté. La suggestion de O. Cullmann de collectes œcuméniques mérite d'être rappelé à la mémoire.
L'utilisation de pain de l'eulogie (ndt: ou pain béni; Pains non consacrés, bénis par le prêtre et distribués à la fin de la messe aux assistants) présent dans l'Église d'Orient pourrait également être utile pour l'Occident. Lorsque la communauté eucharistique n'est pas possible, ce pain est un moyen réel et corporel d'être proche dans l'altérité et de «communiquer»; de porter l'épine de l'altérité et en même temps de changer la division en une prière réciproque.

RESPECTER L'ALTÉRITÉ
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La volonté de ne pas imposer à l'autre ce qui le menace (encore) dans le coeur de son identité chrétienne appartient également à cette «unité dans la diversité». Les catholiques ne devraient pas essayer de pousser les protestants à la reconnaissance de la papauté et de leur façon de comprendre la succession apostolique; l'insertion du mot dans l'espace du sacrement, et dans l'ordre juridique établi par le sacrement, apparaît clairement aux protestants comme une atteinte à la liberté, et nous devons respecter cela. Inversement, les protestants devraient éviter de pousser l'Eglise catholique à l'intercommunion, à partir de leur idée de la Dernière Cène, dès lors que pour nous, le double mystère du Corps du Christ - le Corps du Christ comme Église et Corps du Christ comme espèces sacramentelles - est un unique sacrement, et elever la corporéité du sacrement à la corporéité de l'Église signifie en même temps destruction de l'Église et du sacrement.
Ce respect pour ce qui représente pour les deux parties la nécessité de la division, n'éloigne pas l'unité; il en est un présupposé fondamental. De ce respectueux frein intérieur, face au «nécessaire» qui n'a pas été inventé par nous, mûrira beaucoup plus d'amour et encore plus de proximité que d'une forme de sollicitation violente, qui crée la répulsion et finalement le rejet.
Et ce respect, non seulement n'empêchera pas, par conséquent, la recherche d'une meilleure compréhension dans les espaces centraux du problème, mais aura pour résultat une maturation sereine et une gratitude joyeuse pour autant de proximité, en dépit de ce mystérieux «nécessaire».

CONCLUSION
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Nous imaginons que les concepts que je viens de mentionner ne plairont pas à beaucoup. Je crois qu'une considération devrait en tout cas être évitée: qu'il ne s'agisse que d'idées stagnantes et résignées, ou même d'un rejet de l'œcuménisme.
C'est tout simplement la tentative de laisser à Dieu ce qui est uniquement son affaire, puis d'explorer, en toute sincérité, ce qui est notre tâche. A cette sphère de nos tâches appartiennent l'agir et le souffrir, l'activité et la patience. Si l'on supprime l'une des deux choses, on gâche le tout. Si nous nous engageons dans ce qui nous revient, alors l'œcuménisme sera à l'avenir, et même plus qu'avant, une tâche hautement vivace et audacieuse. Je suis convaincu que - libérés de la pression du succès de nos énergies autonomes et de ses dates visibles et secrètes - nous arriverons au but plus vite et plus en profondeur que si nous commençons à transformer la théologie en diplomatie et la foi en «engagement» (ndt: en français dans le texte)

Cher Monsieur Seckler, j'espère que ces lignes pourront rendre mes idées œcuméniques un peu plus clairs.
Je suis, avec mes meilleures salutations, votre

+ Joseph Cardinal Ratzinger

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