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Un musée du piano pour le Pape pianiste

La musique peut devenir une prière: Discours de Benoît XVI, le 17 octobre 2009, à l'issue d'un concert exceptionnel retraçant, à travers des instruments anciens, l'évolution du piano du XVIIIe siècle au début du XXe siècle (3/9/2014)

     

Le 17 octobre 2009, l’Académie internationale de Piano d’Imola offrait à Benoît XVI un concert qui se proposait de retracer l’histoire et l’évolution du piano sur des instruments originaux, depuis le piano-forte de la fin du XVIIIe siècle jusqu'au grand queue des début du XXe siècle.
Au clavier, la pianiste chinoise Jin Ju.
Il Giornale présentait l'évènement:

SEPT PIANOS EN L'HONNEUR DU PAPE
Pietro Acquafredda
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Quelle autre raison, sinon la passion pour la musique et la pratique du piano, ont pu inciter le Pape Benoît XVI à accepter un concert de piano offert par l'Académie d'Imola?
Franco Scala, directeur de l'Académie raconte comment les choses se sont passées.
«J'ai écrit à la Secrétairerie d'État pour offrir au pape un concert privé, assez inhabituel, pour lequel nous apporterions au Vatican les pièces les plus précieuses de notre collection de pianos. Sept instruments, signés par les principaux fabricants européens, sur chacun desquels un morceau serait joué, par la pianiste d'origine chinoise Jin Ju, accueillie parmi les enseignants de notre académie. Pendant des semaines j'ai attendu une réponse. Et puis il y a un mois, le Vatican m'a communiqué que le pape était heureux d'accepter notre proposition, intrigué par la présence simultanée de tant d'instruments, et fixant le concert à aujourd'hui, mais pas dans ses appartements, plutôt dans la salle Paul VI.
Où il n'y a qu'un précédent historique quand, un quart de siècle plus tôt, Arturo Benedetti Michelangeli joua devant Jean-Paul II.

Le pape voulait s'asseoir au milieu des instruments, afin de les admirer de près.
«Ce n'était pas possible - a conclu Scala - parce que les sept instruments sont déployés côte à côte, et ce sera le pianiste qui se déplacera; toutefois, nous avons prévu que le Pape sera assis à quelques mètres, pour lui faire accomplir agréablement un voyage intéressant à travers les sons de piano depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'au début du XXe siècle».

Jin Ju commencera par le clavecin "bien tempéré" de Bach (Prélude n°1, vol 1), puis continuera avec Domenico Scarlatti, Mozart, Tchaïkovski (des 4 Saisons, elle jouera Octobre et Août), Beethoven (Sonate au Clair de lune sur un piano Conrad Graf de 1825), Chopin (Ballade n°4 sur un piano d'Erard de la fin du XIXe siècle), et terminera par Liszt (Paraphrases sur le Rigoletto de Giuseppe Verdi, sur un Steinway de 1885).

     

A l'issue du concert, Benoît XVI - se comportant non pas comme un prince de la Renaissance mais comme un amoureux de la beauté et un amateur éclairé désireux de faire partager sa passion et d'ouvrir les gens à la dimension spirituelle et même religieuse de la musique - régalait l'assistance d'un de ces discours de musicologue raffiné qui concluaient tous les concerts auxquels il assistait. Je l'avais traduit à l'époque, omettant les deux premiers paragraphes consacrés aux salutations et aux remerciements , et je contate qu'à ce jour, la version en ftrançais ne figure toujours pas sur le site du Saint-Siège.

La musique peut devenir une prière

(...)
Chers amis, nous avons ce soir été entraînés dans un parcours idéal captivant à travers l'histoire et l'art, qui a retracé l'évolution du pianoforte, puis du piano, un des instruments de musique les plus connus, objet de prédilection des compositeurs les plus célèbres, instrument capable d'offrir toute une gamme de nuances musicales harmoniques.

Les sept instruments utilisés, à partir de l'importante collection d'Imola, qui en a plus d'une centaine, sont en eux-mêmes un patrimoine esthétique, artistique et historique, à la fois parce qu'ils émettent des sons qui ont été entendus par les hommes dans le passé, et parce qu'ils témoignent du progrès dans la fabrication des pianos, révélant les intuitions et les perfectionnements successifs apportés par d'habiles et incomparables manufacturiers.

Ce concert nous a permis, encore une fois, de profiter de la beauté de la musique, langage spirituel et donc universel, véhicule plus que jamais adapté à la compréhension et à l'union entre les personnes et les peuples.

La musique fait partie de toutes les cultures et, pourrait-on dire, accompagne toute expérience humaine, de la douleur au plaisir, de la haine à l'amour, de la tristesse à la joie, de la mort à la vie. Nous voyons comment, au fil des siècles et des millénaires, la musique a toujours été utilisée pour donner forme à ce qu'on ne réussit pas à faire avec des mots, susciter des émotions difficiles à communiquer sinon.

Ce n'est donc pas un hasard si toutes les civilisations ont accordé de l'importance et de la valeur à la musique dans ses différentes formes et expressions.
La musique, la grande musique, détend l'esprit, suscite des émotions profondes et invite presque naturellement à élever l'esprit et le cœur vers Dieu dans toutes les situations, aussi bien joyeuses que tristes, de l'existence humaine.
La musique peut devenir prière.
Merci encore à ceux qui ont organisé cette belle soirée.
Tous, chers amis, je vous bénis de tout coeur.


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