Accueil

Vacances studieuses, vacances de foi

C'étaient celles de Benoît XVI en 2010, à Castelgandolfo (8/7/2014)

Images: voir Une année avec le Pape

     

Le 7 juillet 2010, Benoît XVI partait pour Castelgandolfo, où il devait rester jusqu'au début d'Octobre.
C'était la première fois qu'il ne s'autorisait aucune escapade - les années précédentes, il s'était rendu pour une quinzaine de jours dans le Val d'Aoste, dans les Dolomites (Lorenzago di Cadore) et dans le Haut-Adige, ou Sud Tyrol (Bressanone).
Comme les années précédentes, toutefois, après s'être accordé deux ou trois semaines de repos relatif, c'est-à-dire à peu près libre d'engagements publics, il allait reprendre tout doucement ses activités au mois d'Août, avec la tenue des audiences générales à Castelgandolfo, puis entièrement en septembre, avec l'agenda très chargé de l'année de travail.

Parmi les raisons de son choix, il y une qui avait été peu citée: à chacune de ses vacances précédentes, des gens malintentionnés prenaient une calculette, et faisaient des comptes avec leurs gros doigts, feignant de découvrir au terme de calculs d'apothicaires ce qu'ils avaient évidemment l'intention de faire passer auprès de l'opinion: que les vacances du Saint-Père coûtaient une fortune au contribuable italien - ce qui était évidemment une grossière falsification. Il suffit pour s'en convaincre de relire ce que j'écrivais en 2007: benoit-et-moi.fr/2007.

Du reste, les vacances 2010 devaient être particulièrement bien remplies.
Des vacances studieuses. Fin juillet, durant une semaine, il recevait le journaliste Peter Seewald, lui concédant une longue interviewe qui devait devenir le livre "Lumère du monde".
Et puis le Saint-Père travaillait sur les discours qu'il devait proncer lors du voyage au Royaume-Uni (16-19 septembre) puis, plus tard, en Espagne (6-7 novembre)

Ce bel article paru sur le quotidien romain Il Tempo nous raconte aussi "des vacances de foi".

     

Des vacances de foi

Le pape à Castel Gandolfo
Raffaele Iannuzzi
IlTempo
8 juillet 2010 (ma traduction)
----------------

L'été du pape a commencé .
Les détails sont importants .
Les vacances seront vécues de manière que je dirais théologale, et à Castel Gandolfo. Le retour à la tradition des vacances de Paul VI est un signe à lire dans le cadre d'un Pontife qui devient de plus en plus lui-même .

Jusqu'ici, il avait accepté les invitations reçues en son temps par Karol Wojtyla et ressenties comme sa mission en quelque sorte vicariale envers son prédécesseur (ndt: ce n'est pas tout à fait exact pour ce qui concerne le séjour à Bressanone). Maintenant , Ratzinger est un homme de Dieu appelé à répondre au grand défi de notre temps : la foi . Le retour à la foi . Et tout change, par rapport à sa mission. Le génial théologien Joseph Ratzinger a été l'ami d'un autre théologien génial, le suisse Hans Urs von Balthasar , et il a appris que la personne se réalise entièrement dans sa mission . C'est sa mission qu'il vit et incarne . Ainsi , le Pape - après une année difficile et après de nombreuses épreuves - rentre en lui-même , comme son maître Augustin le suggérait aux vrais disciples du Christ , et retourne aux sources . Radicalement .

Avec son style limpide et "franciscain", entouré d'amis et d'intellectuels d'importance, qui cependant, avec lui, se font alliés d'une joie partagée. Le travail ne manquera pas parce que, dans l'expérience chrétienne , les vacances sont vacatio (absence) de stress , mais pas de travail. Une façon de revenir à la source éternelle .

Tous se sont rués sur les publications futures du pape théologien. Mais ce n'est que le résultat d'un processus et d'un style évangélique qu'il faut bien rappeler . En profondeur. L' ordre intérieur produit un ordre extérieur et une force productive inégalée . Ratzinger est un maître du christianisme . Il est déjà un modèle et il ne banalise aucun lien avec la réalité. Il creuse, et découvre les merveilles continuelles de la recherche, avec une joie qu'aucun professeur d'université ne réussirait à reproduire. C'est là le témoignage d'un chrétien humble , qui, devenu pape, a pleuré pour le péché des autres (ndt: à Malte) et s'est mis au travail pour gouverner l'Église, avec la Curie aussi . Un caractère comme celui-là ne peut et ne doit pas être soumis à l'examen des notes des rédactions. Ce qui est important, ce n'est pas tant ce qu'il écrit; bien sûr, nous savons tous qu'il est sur le point de terminer un autre volume sur les Evangiles , mais il serait bon de se demander pourquoi un homme de ce calibre ressent la nécessité de ramener l'Église aux Evangiles qui racontent l'histoire humble et miraculeuse de Jésus-Christ.

Pourquoi?
Lever le regard vers la figure de ce Vicaire du Christ particulier offre une lecture correcte et non triviale du monde contemporain. Parce que , aujourd'hui, on écrit à nouveau des livres sur le diable et le mal; on reparle de liturgie et de spiritualité ; on reprend le fil rouge du Concile, mais sans fétichisme; tout cela grâce - peut-être surtout grâce - à ce pape. Aucune stratégie politique pour l'Église, nul procès au monde . Mais Jésus, simplement Jésus.
Le théologien Ratzinger se consacre à la formation humaine et spirituelle de ses anciens élèves, et s'entretient en aimables conversations avec des théologiens, des chercheurs, des étudiants . Il le fait même en vacances. Il se passionne pour la recherche , pour le Christ et l'Eglise . Il vit de ces passions brûlantes . C'est tout.

"Vacatio" n'est pas vide de l'esprit , mais plénitude irrépressible de la passion d'un homme .
Pourquoi le monde et la société dite «laïque» ne vont-ils nulle part? : C'est simple! parce que presque personne ne vit encore de passion brûlante. Les résultats, on les voit.

  © benoit-et-moi, tous droits réservés