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Curie: la purge continue

Nouveau cours...

Le billet de Sandro Magister, daté d'hier, faisait état d'un "changement d'équipage au culte divin". Il s'y rajoute aujourd'hui la confirmation du limogeage du cardinal Burke. Sans parler d'une étrange nomination au Conseil pontifical pour la culture, évoquée dans la Bussola. (8/11/2014)

CHANGEMENT D'ÉQUIPAGE AU CULTE DIVIN. [Et pour Burke, Malte est de plus en plus proche] (*)
Settimo Cielo
7/11/2014
(Traduction d'Anna)
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La révolution dans la Curie romaine préconisée par le Pape François continue de faire tomber des têtes.
Le 5 novembre on été congédies, avec effet immédiat, les deux sous-secrétaires de la congrégation pour le culte divin, l'anglais Antony Ward, 66 ans, et l'espagnol Juan-Miguel Ferrer Grenesche, 53 ans.
Particulièrement significative semble être la destitution de Mgr Ferrer, démissionné à l'échéance du premier quinquennat de son mandat.
Benoît XVI avait en effet nommé le prélat espagnol en juillet 2009, le faisant venir de Tolède où il avait été vicaire général du cardinal Antonio Cañizares Llovera, que le même pape Joseph Ratzinger avait depuis peu nommé préfet de la congrégation.
Cette année, Cañizares a été renvoyé en Espagne, en tant qu'archevêque de Valence, où il a fait son entrée le 4 octobre dernier, et maintenant, avant que la nomination de son successeur ne soit annoncée, le sous-secrétaire voulu par lui subit lui aussi le même destin.
On ne sait pas si le nouveau préfet de la congrégation sera choisi en continuité avec la sensibilité théologique et liturgique, typiquement ratzingérienne, de Cañizares. Ce n'est certainement pas le cas pour le nouveau sous-secrétaire.
Maggioni, en effet, affecté depuis le lointain 1990 à la congrégation pour le culte divin, est proche, par sa sensibilité liturgique, de l'ancien maître des cérémonies pontificales Piero Marini, qui fut assistant du véritable architecte de la réforme liturgique post-conciliaire, ce même Annibale Bugnini dont Paul VI, - "pas tout à fait satisfait" de la réforme, comme l'a répété récemment sur "Avvenire" le cardinal Giovanni Battista Re - se débarrassa finalement, l'envoyant comme nonce en Iran.

Mgr Ferrer Grenesche au contraire s'est toujours montré attentif à la grande tradition, y compris dans le domaine du chant liturgique (cf. Chant grégorien, La revanche annoncée, 23/5/2012).
Il n'a pas manqué de participer, avec le Cardinal Raymond L. Burke au récent pèlerinage à Rome promu par les fidèles liés à l'ancienne liturgie pré-conciliaire, libéralisée par Benoît XVI avec le motu proprio "Summorum Pontificum".

A propos de Burke, et de sa destination confirmée en tant que patron des Chevaliers de Malte, peu ont remarqué qu'un des éléments, peut-être le seul, de réelle nouveauté du "Rescriptum ex audencia Sanctissimi" (ndr: nouvelle norme sur les renonciations d'office, cf. VIS) , émané par le Saint-Siège le 5 novembre dernier, concerne le fait que non plus seulement "les cardinaux à la tête d'un dicastère de la curie romaine", mais aussi les autres cardinaux occupant des offices de nomination pontificale", sont "tenus" - c'est à dire obligés - de présenter leur renonciation à leur charge, à 75 ans pile.
Cela signifie qu'à partir du 5 novembre devront aussi donner leur démission les cardinaux ayant dépassé les 75 ans, qui occupent des postes non curiaux, qui traditionnellement n'avaient pas d'échéance temporelle.

Se trouvent donc dans cette obligation, par exemple, non seulement les archiprêtres des basiliques papales (celui de Sainte Marie Majeure, l'espagnol Santos Abril y Castello, qui a 79 ans), mais aussi les cardinaux patrons des ordres chevaleresques de nomination pontificale.
C'est le cas de l'actuel Grand Maître de l'Ordre du Saint Sépulcre, l'américain Edwin F. O'Brien, qui a dépassé les 75 ans en avril dernier.
Et c'est le cas précisément de l'actuel Patron de l'Ordre de Malte, le cardinal Paolo Sardi, qui a dépassé les 80 ans le 1er septembre dernier et devra donc au plus vite libérer le poste pour son successeur. (ndr: c'était donc l'unique but de ce texte!!)

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(*) Post Scriptum
En date du 8 novembre, le jour suivant la publication de ce billet, le cardinal Raymond L. Burke a été nommé patron du Souverain Ordre Militaire de Malte. A sa place, comme nouveau préfet du suprême tribunal de la signature apostolique, le pape a nommé l'archevêque Dominique Mamberti. Et, au poste de Mamberti, en tant que nouveau secrétaire pour les relations avec les Etats, a été nommé l'archevêque anglais Paul Richard Gallagher, nonce apostolique en Australie.

     

Apparemment, le pape ne m'a pas écoutée!! (cf. Que faire du Cardinal Burke? )
Je plaisante. mais pour le cardinal Burke, ce n'est pas une si mauvaise nouvelle. Il assure sa liberté de parole.

Dans un ordre d'idée voisin, voici un article, informant d'une nomination troublante, au "ministère de la culture" vatican, trouvé ce matin dans La Bussola.
Le père D'Ors est l'un de ces religieux qui font dresser les cheveux sur la tête à notre curé madrilène (cf. Soeur Caram, et les Franciscains de l'Immaculée). Mais apparemment, il plaît au Pape.

Décidément, le "nouveau cours" s'accélère, la rupture est désormais consommée.

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PADRE D'ORS, UN PRÊTRE (UN PEU TROP) DE FRONTIÈRE
Lorenzo Bertocchi
http://www.lanuovabq.it/it/articoli-padre-dors-un-prete-un-po-troppo-di-frontiera-10875.htm
8/11/2014
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Il se définit comme «écrivain mystique, érotique et comique», il s'appelle Pablo D'ors (petit-fils du célèbre critique d'art espagnol Eugenio d'Ors), il est actuellemnt prêtre du diocèse de Madrid. Il a récemment été nommé consultant du Conseil pontifical pour la Culture, le dicastère dirigé par le cardinal Ravasi, celui de la Cour des Gentils.
«Pourquoi le Pape François m'a choisi? Mystère. - a-t-il déclaré à la Repubblica - Il a peut-être demandé: Qui est le prêtre le plus marginal à Madrid?».

De cette interview, nous apprenons qu'avant d'être consacré, il a passé une vie «riche d'amour, de lecture, de voyages, y compris téméraires» et cela l'a aidé pour sa vocation mûrie à 27 ans. Oui, parce que «connaître l'amour humain vous aide à mieux connaître l'amour divin». Qui sommes-nous pour juger? Personne, mais qui sait ce qu'en pensent les rangs de vierges qui dans l'histoire de l'Eglise se sont donnés corps et âme au Seigneur ...

Désormais, le pauvre catholique terre à terre, se sent inadapté, je l'avoue. Sous la pression de la culture, la «haute» culture, il se rend compte que ses pauvres convictions, apprises de quelque vieux curé de montagne, sont de la camelote, de la culture de série B. Il faut se moderniser, cesser d'être «alternatifs», dit d'Ors, et vivre le christianisme en «dialogue» avec le monde.

Don Pablo auteur de romans , comme celui sur la femme slovaque qui couche avec les plus grands écrivains du XXe siècle, et d'essais, comme le best-seller «Biographie du silence», dit que chacun «devrait faire de sa vie une œuvre d'art». Pour descendre à la portée de notre culture misérable, Vasco Rossi (chanteur de rock italien) dirait peut-être «une vie téméraire», de celes pleines de problèmes.

Et alors, brisons les amarres. Les prêtres pourraient mieux vivre avec une femme à leurs côtés parce que - soutient le prêtre à la page - les temps sont désormais mûrs». Mais c'est juste une opinion personnelle, «au Conseil pontifical, on ne parlera pas de cela. Mais on parlera bel et bien des femmes prêtres. «Je pense que derrière la prochaine réunion plénière, c'est prévu».

Absolument favorable au sacerdoce féminin («et je ne suis pas le seul») d'Ors est fidèle à la ligne consistant à faire de sa vie une œuvre d'art, selon lui «un critère important pour mesurer la vitalité spirituelle d'une personne est son ouverture au changement. Résister à la vie est un péché parce que la vie est un accomplissement continu. Panta Rei (Τα Πάντα ῥεῖ : tout passe).

Et nous qui avions pensé construire notre vie sur le roc solide, nous constatons qu'au contraire, c'est sur le sable que nous pouvons vivre avec une authentique vitalité spirituelle. Bienvenue à la pluie, que débordent les rivières et soufflent les vents, laissons-nous emporter par le tourbillon de la vie. C'est cela la nouvelle ascèse? Nous devons vraiment nous mettre à jour.
Pour ce faire, il faudrait fréquenter un cours tenu depuis des années par le nouveau consultant du dicastère du Vatican: «Chercheurs de montagne». Un séminaire de formation spirituelle pour lequel il n'y a pas besoin d'adhérer à une quelconque confession religieuse ou pratique spirituelle, même si le travail est effectué «principalement» à partir de la tradition chrétienne et «secondairement» de celle bouddhiste Zen. D'illeurs, dit d'Ors dans une autre interview, «si je n'étais pas chrétien, je serais bouddhiste».

Gravissant cette montagne, peut-être que le pauvre catholique terr-à-terre, apprendra que la meilleure façon d'accompagner un moribond est «juste écouter, s'oubliant soi-même, ce qui est la chose la plus difficile». Réponse de D'Ors à la question posée par La Rzepubblica: «Comment accompagner une personne qui va mourir?»

L'autre jour, je suis passé du côté de ma vieille paroisse de montagne, le curé n'est plus depuis des années, il est monté au ciel. Il se mettait en quatre pour se rendre au chevet des moribonds, apporter un réconfort humain, mais surtout celui du sacrement. Pour s'assurer de sauver l'âme.

A bien y réfléchir, je préfère rester un catholique terre à terre, je laisse l'aggiornamento aux Conseils pontificaux, et j'espère qu'au moins à mon dernier souffle, j'aurais affaire à un prêtre pas trop à la page.

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L'article de La Repubblica ici: www.repubblica.it/cultura/2014/11/05/news/padre_d_ors_apriamo_la_chiesa_alle_donne_sacerdote (Ouvrons l'Eglise aux femmes prêtres)...
D'Ors fait aussi l'objet d'un article dans l'Avvenire.