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Djihad

Une réflexion personnelle sur "ces jeunes français qui partent en Syrie". Et un article du Père Scalese datant de 2009. (18/11/2014, mise à jour le 19)

>>> Photo ci-dessous: www.leparisien.fr

     

Le cas récent d’un jeune au nom bien français né dans un petit village de haute Normandie, qui est devenu musulman (et s’est habillé avec une tunique longue, barbe longue, etc. et qui allait prier à la mosquée sur le sol français, sans que vraiment sa famille lui ait proposé autre chose) et qui dans la logique de ses convictions de récent converti plein de fougue est partie faire de l’ « humanitaire guerrier » du côté de la Syrie, est l’exemple de cette analphabétisation des catholiques par une pastorale qui a oublié l’essentiel, dans un pays, la France, qui depuis les Lumières - au moins - est plongé dans un climat d’hostilité à la Foi catholique particulièrement bien distillé à tous les niveaux.
(Carlota)

     

Le jeune Français de souche, normand, nous précise-t-on, et surtout «élevé dans la religion catholique» (a-t-on suffisamment entendu son nom - parce qu'il ne laisse aucune place à l'équivoque - tourner en boucle dans les médias, avec les interviews des voisins et des grands parents, tous plus "franchouillards" les uns que les autres) si gentil, si bien élevé, parti faire le djihad, et qui a franchi le pas de l'horreur en massacrant des otages, mérite une autre réflexion que celle que nous assènent les désinformateurs de profession.
Une réflexion en profondeur, qui implique aussi nos pasteurs, à nous, catholiques.

Abou Abdallah Al Faransi alias Maxime Hauchard, 22 ans, racontait en juillet dernier sur une chaîne de télévision «sa joie de mourir pour le djihad». Il avait trouvé un «idéal». Malheureusement, il s'est trompé: il n'a trouvé qu'un succédané maléfique à son besoin de s'engager.

Le temps n'est-il pas venu de s'interroger sur le modèle de société que l'Occident a à proposer aux jeunes comme lui en quête d'idéal? Un Occident dont les «valeurs» sont aux antipodes des valeurs chrétiennes (avortement, euthanasie, contraception, préservatif, unions homosexuelles), et la fin suprême, la jouissance personnelle («faire la fête»!), peut-il être une idée pour laquelle on est prêt à se sacrifier?
Dans un récent billet consacré aux commémorations de la première guerre mondiale, Guillaume Faye (dont je ne partage pas entièrement l'analyse, notamment lorsqu'il compare le martyre chrétien - qui serait intéressé - et le sacrifice du patriote - entièrement gratuit, dit-il) écrit, à juste titre :

On mesure la gigantesque différence de mentalité entre la jeunesse d’aujourd’hui et celle qui fut mobilisée en 14-18. Le patriotisme était un sentiment qui dépassait l‘individualisme: on acceptait de souffrir et de donner sa vie pour la patrie, c’est-à-dire pour une instance collective nommée ”France”. Il y a de multiples lettres de jeunes soldats, très émouvantes, qui écrivent à leur famille (ils ont entre 18 et 30 ans) en expliquant que, dans l’assaut du lendemain, ils vont probablement y passer mais qu’ils sont fiers de mourir pour la France. L’un d’eux signe : «soldat de France», en disant adieu aux siens. Ils renoncent à toute une vie, avec une sorte de provocation patriotique qui méprise la mort et surmonte la peur.

Le patriotisme d'alors (peut-être moins éloigné des motivations de «ces jeunes français qui basculent dans le djihad» que de son succédané d'aujourd'hui) était la défense de ce que ces jeunes hommes pensaient être les vraies valeurs, et qui y ressemblaient peut-être encore un peu..
Aujourd'hui, le patriotisme a été vidé de sa substance, éviscéré, et plus personne ne songerait à mourir en son nom (il faudrait être dingue, littéralement!): ridiculisé, foulé aux pieds par les suppôts du nouvel ordre mondial, tout ce qu'il en reste, dit Guillaume Faye c'est une caricature dégradée, dégénérée, ces supporters sportifs, «s’adonnant au festivisme qui est un simulacre de bonheur dans une société où les suicides comme les anti-dépresseurs n’ont jamais été si nombreux».

* * *

A ce sujet, il m'est revenu en mémoire une réflexion du Père Scalese datant de juin 2009, et que j'avais traduite ici.
Je la recopie plus bas, pour plus de commodité.
J'imagine que dans le contexte actuel, elle va en faire hurler certains, qu'on pourra taxer le Père Scalese d'angélisme et accuser le missionnaire catholique qu'il cite ici d'aveuglement, de complaisance envers l'islam, etc., voire de se dérober à son devoir de convertir.
Or, il ne s'agit pas de défendre l'islam contre le christianisme, mais de comparer les musulmans aux (ex-)chrétiens d'Occident "qui ont abjuré leur foi", ou plus globalement, à l'Occident qui a pris congé de Dieu (ce que Benoît XVI n'a cessé de dénoncer). Le constat ne peut être qu'accablant.

A ce titre, les propos du Père Scalese me paraissent propres à alimenter la réflexion que j'aimerais , en toute modestie, susciter à travers cette page. N'y a-t-il pas là une explication à la question implicite posée au début: que vont faire les jeunes français en Syrie et en Irak?

     

ISLAM, FOI ET DISCIPLINE

Islam, foi et discipline
querculanus.blogspot.com/2009/06/islam-fede-e-disciplina
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J'ai lu sur AsiaNews la très belle interviewe du Père Carlo Buzzi, missionaire du PIME (Pontifical Institute for Foreign Missions), au Bangladesh, qui, ayant choisi de vivre parmi les musulmans, connaît bien cette réalité.

Eh bien, les deux aspects qui, selon le Père Buzzi, caractérisent l'Islam sont la profonde foi en Dieu et une vie réglée par la religion (prière, jeûne, aide du prochain). Pour nous, qui sommes habitués à juger tout et tous de haut en bas, cela pourrait sembler prévisible (scontato); mais ce n'est pas le cas.
Ce n'est pas le cas, parce qu'en Occident il n'y a plus ni la foi ni, au moins, la pratique chrétienne. Et c'est pourquoi nous ne sommes pas capables de reconnaître et d'accepter que dans une autre partie du monde cela existe encore. Puisque nous, sous la coupe de siècles de rationalisme et de "lumières", nous ne croyons plus, nous pensons qu'il n'est pas possible qu'il y ait encore quelqu'un qui croie vraiment et s'abandonne totalement en Dieu. Et ainsi nous étiquetons la foi des musulmans comme « fanatisme ».

Ne parlons pas non plus de la pratique religieuse. Désormais, nous sommes « adultes » ; nous n'avons plus besoin de certaines expressions, adaptées à des peuples ignorants. Nous nous entendons directement avec Dieu, comme le fait remarquer avec acuité le missionaire du PIME :

« Beaucoup de chrétiens pensent : je parle avec Dieu, je m'arrange avec le Seigneur, il n'est pas nécessaire d'aller à l'église, j'aime Dieu et mon prochain, cela suffit. Pas le musulman: il sait qu'il y a une règle précise qui doit être observée: prier cinq fois au jour, aller à la mosquée, faire le jeûne, faire la charité légale, être solidaires avec ceux qui ont moins que nous, etc. ».

C'est pourquoi nous "liquidons" l'Islam de façon expéditive comme pharisien et hypocrite.
Que ce soit bien clair, le Père Buzzi reconnaît qu'il y a de l'hypocrisie, du pharisianisme, du légalisme et de la contrainte dans l'Islam ; mais cela ne signifie pas que tous les musulmans soient hypocrites: la plupart d'eux croit vraiment dans ce qu'ils font.

À côté de la foi, qui est une attitude intérieure sur laquelle il est bien difficile de porter un jugement tant parmi les chrétiens que parmi les musulmans, je crois qu'il est important de réfléchir un instant sur ce second aspect de la religion, celui de la discipline extérieure. Aujourd'hui, nous y avons renoncé de manière presque définitive, parce que nous le considérons comme secondaire, sinon superflu. Le Père Buzzi fait osserver:

« Nous mettons trop l'accent sur le fait intérieur, sur la conscience personnelle (qui peut aussi être obscurcie, ignorante) et pas sur la légalité de l'observance de la Loi, les musulmans mettent trop l'accent sur la pratique extérieure et légaliste et parfois même "pharisienne" de la Loi ».

Qu'il y ait un suprématie de l'intériorité sur l'extériorité, il n'y a aucun doute. Le fait est qu'à force de spiritualiser le christianisme, il s'est tellement raréfié, qu'il a disparu entièrement. L'observance extérieure, sur laquelle les musulmans exagèrent peut-être, a sa (relative) importance. Certes, si nous prétendons conquérir le salut grâce à elle (comme le pensaient les pharisiens) nous faisons fausse route ; mais lorsque l'observance est l'expression d'une attitude d'humilité, d'obéissance, de « soumission » (= Islam) à Dieu, elle est non seulement importante, mais nécessaire, indispensable, parce qu'elle nous place dans l'attitude juste que nous devons assumer face à Dieu. Face à Dieu nous ne pouvons avoir aucune prétention : si nous voulons être sauvés par lui, nous devons reconnaître notre condition de mendiants.

Sans considérer l'autre aspect, souligné par le missionaire : le caractère qui crée la soumission à une telle discipline :

« À 6 heures du matin, les enfants, qu'il pleuve ou qu'il fasse beau, leur petit tapis sous le bras, vont à la mosquée et ils y restent jusque vers sept heures. L'islam est enraciné, parce que c'est difficile de prier cinq fois par jour, de se lever tôt, la circoncision qu'on leur pratique autour de six-huit ans est une grande souffrance. Ensuite le jeûne, qui est un fait communautaire, une émulation avec l'autre : As-tu fait le jeûne ? Je l'ai fait…. Le jeûne est un sacrifice, mais ils l'affrontent avec une grande détermination. Ensuite il y a la prière. Se lever à cinq heures pour prier tous les jours marque la vie, crée le caractère, la décision, l'esprit de sacrifice. L'Islam, je vois qu'il est fort parce qu'il crée des gens qui vivent la foi avec conviction ».

Exactement ce que nous avons définitivement perdu. Que pouvons-nous attendre d'un Occident dont l'unique idéal de vie, scrupuleusement inculqué depuis les premières années de la vie est : s'amuser ?
C'est pourquoi nous avons peur de l'Islam : pas parce qu'ils sont des terroristes (comme certains voudraient nous faire croire), mais parce qu'ils sont spirituellement plus forts que nous.

Mais nous sommes chrétiens ; eux non ! Je suis désolé, nous ne sommes plus chrétiens: nous avons abjuré notre foi. C'est vrai, les musulmans ne reconnaissent pas la divinité du Christ; mais ils sont dans la condition de pouvoir le rencontrer: leur attitude est précisément celui des « pauvres du Seigneur », prêts à accueillir le salut lorsque celui-ci se manifestera. Il ne me semble pas fortuit qu'il y ait en eux une certaine admiration du christianisme : évidemment, ils en saisissent la supériorité. Et je pense que cela suffit pour être agréables à Dieu. Avec Pierre je peux dire : « En vérité je me rends compte que Dieu ne fait pas de préférences de personnes, mais celui qui le craint et pratique la justice, à quelque peuple qu'il appartienne, est accepté de lui» (Act 10:34 - 35). Et que Dieu se prépare un peuple qui nous remplace, quand l'apostasie sera consommée?

     

Mise à jour (19/11/2014)

Tordre le coup aux idées reçues (cela vaut dans les deux sens!)
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Carlota me signale cette excellente analyse d'ajourd'hui, sur ce site: l'auteur commente le rapport que le Centre de prévention sur les pratiques sectaires liés à l’islam (CPDSI) a publié sur le profil type des jeunes tentés par l’islam radical et le djihad.
Allant au-delà des apparences (lesquelles arrangent bien les médias, car elles tendraient à prouver qu'il n'y a pas de corrélation entre immigration et terrorisme islamiste - c'est le fameux slogan "tordre le cou aux idées reçues"), il constate que l'étude "basée sur 160 familles qui ont contacté le CPDSI... [ce qui est] peu lorsque l’on estime qu’au moins 1000 ressortissants français sont partis combattre au sein des milices de l’État islamique", fait ressortir que "les familles qui ont contacté le CPDSI sont toutes de nationalité française. 90 % d’entre elles ont des grands-parents d’origine française et 84 % seraient issus des classes moyennes et supérieures, avec une forte représentation des milieux enseignants et éducatifs".

Comme par hasard...
Voilà une étude qui tombe à pic!

L'auteur affirme que "cette enquête ne correspond pas, loin s’en faut, à ce qu’annonce et interprète la propagande médiatique. Basée uniquement sur des témoignages volontaires de parents inquiets de la dérive islamiste de leurs enfants, elle n’est pas représentative de l’ensemble des jeunes vivant en France qui s’engagent dans la voie du terrorisme islamiste".
Avant de conclure dans le même sens que moi, il commente que "la quasi-absence des familles musulmanes dans cette enquête, comparée au poids réel des maghrébins dans les filières djihadistes, démontre que celles-ci ne semblent pas s’inquiéter des « dérives radicales » de leur progéniture"…