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Le cardinal Burke en conférence à Vienne

Le 4 novembre dernier, il était à Vienne pour présenter l'ouvrage collectif dit "des 5 cardinaux" écrit afin de réfuter les thèses de Kasper, et en expliquer la genèse. Transcription et traduction de Anna (4/12/2014)

     

(D'Anna)

J'ai trouvé sur le site <le pagine di don camillo> la transcription complète en italien de la présentation du livre "Demeurer en la vérité du Christ", faite par le cardinal Burke le 4 novembre à Vienne, dont j'avais moi-même commencé à transcrire la version originale en anglais.

C'est un gros travail que la personne a fait là.
La vidéo du site Una Voce Austria a quelques coupures. Il vaut donc mieux s'en remettre à la version entière à laquelle vous accédez directement par le site Rorate Coeli.
Il faudrait aussi, comme elle le fait, garder autant que possible la suite des phrases comme elles sont et la ponctuation un peu approximative car Burke parlait sans lire. On dira donc que c'est du langage parlé (mais très maîtrisé!).

L'exposé du cardinal Burke

L'inspiration de ce livre est venue, peut-être, pour ainsi dire par via negativa, dans le sens que chez plusieurs cardinaux qui écoutèrent le long discours du Cardinal Kasper pendant le Consistoire extraordinaire des 20 et 21 février, est née une grande inquiétude au sujet de l'éventualité qu'un certain nombre de présupposés erronés dans sa thèse puissent rester sans réponse. Nous avons vu que le discours, qui normalement aurait été quelque chose de confidentiel pour les cardinaux, fut immédiatement publié en plusieurs langues modernes, y compris cette édition anglaise.

Nous avons donc pensé à ce que nous pouvions faire afin de répondre à la présentation du cardinal Kasper: il a demandé qu'on en discute, il soutenait qu'il apportait simplement des idées et demandait d'en discuter; nous avons ainsi décidé de lui répondre en faisant quelque chose de très sérieux, parce qu'il a fait de très sérieuses allégations, par exemple qu'on peut trouver dans les Pères de l'Eglise une approbation de donner accès aux sacrements de la pénitence et de la Sainte Communion à ceux en des unions irrégulières. Il a aussi loué l'approche de l'Eglise Orthodoxe Orientale, la dite Oekonomia, la permission d'un deuxième, même un troisième mariage qu'ils appellent parfois mariage pénitentiel (penitential marriage), en tout cas c'est une réalité très difficile à définir. En général nous avons jugé que sa présentation n'exprime pas l'éternelle tradition de l'Eglise, tant dans la doctrine que dans la discipline, en ce qui concerne le mariage et la Sainte Communion.

Nous avons ainsi commencé à travailler décidant quels arguments il aurait fallu traiter et nous voulions trouver des figures faisant autorité pour les traiter, et avons pensé qu'il était très important qu'un certain nombre de cardinaux donnent leur contribution au livre, puisqu'un cardinal de l'Eglise avait présenté cette position argumentant en faveur d'un changement en ce qui a été l'enseignement constant et la pratique de l'Eglise,en la matière. Cinq cardinaux se sont ainsi réunis, comprenant deux du monde germanique, le cardinal Walter Brandmüller historien de l'Eglise très connu qui a aussi dirigé pendant 10 ans le Comité Pontifical pour les Sciences Historiques, et aussi le cardinal Gerhard Ludwig Müller; et puis le cardinal Carlo Caffarra, archevêque de Bologne qui est un très connu expert en théologie morale, mais aussi un excellent juriste et, je dois dire, membre du tribunal suprême de la Signature Apostolique; le cardinal Velasio De Paolis, qui est un expert en droit canonique, et moi.

Nous avons aussi voulu faire appel à la science de professeurs ou auteurs bien connus en des secteurs spécifiques, un dans les Saintes Ecritures et ici nous avons été très contents de recevoir une contribution exceptionnelle de la part du Père Paul Menkowski, de la Société de Jésus, qui travaille à l'Université de Chicago aux Etats Unis d'Amérique, concernant la pratique des orientaux. Au sujet de la question des Pères de l'Eglise, nous avons été bénis par la collaboration de John M. Rist qui est professeur , je pense que c'est à Oxford, c'est Oxford ou Cambridge, mais les anglais seraient très vexés, bon c'est écrit ici qu'il est titulaire en lettres classiques et philosophie à l'Université de Toronto, émérite, déjà titulaire de la chaire de philosophie "Kritzel" à la Catholic University of America - mais en tout cas il a terminé ses études en Angleterre; concernant la question des églises orientales, qui est une question très complexe et difficile, nous avons reçu la collaboration exceptionnelle de l'archevêque Cyril Vasil, secrétaire de la Congrégation des Eglises Orientales, c'est un catholique ukrainien et il a déjà fait du travail scientifique en la matière. Le Directeur de la publication (editor général) est le Père Robert Dodaro, un augustinien originaire des Etats-Unis d'Amérique, mais qui est le Président de l'Augustinianum.

Nous avons aussi voulu - ceux parmi nous qui étaient cardinaux savaient ce que nous voulions dans le livre et nous savions que c'était important, si nous voulions présenter le livre, il devait aussi sortir en plusieurs langues. Nous avions donc cette tâche devant nous de produire, dans un délai de très peu de mois, un travail de très grande crédibilité; et puisque notre objectif, et je veux souligner cela, ce n'est pas un travail polémique: le but est ici de présenter la splendeur de la vérité concernant le mariage dans l'Eglise Catholique Romaine. Je pense que si vous lisez le livre vous en tirerez une pleine appréciation de l'extraordinaire beauté, car c'est la vérité du mariage dans le magistère catholique à qui nous sommes tous appelés.

Et ainsi nous devions aussi trouver un éditeur et je ne peux pas exprimer assez d'estime et de gratitude au père Robert Dodaro qui a édité ce livre avec un groupe de collaborateurs. Comme vous pouvez le penser, les essais - les essais originaux - étaient rédigés en plusieurs langues mais il a fallu tous les traduire en cinq langues. Nous avons publié le livre simultanément en anglais, français, allemand, italien et espagnol. Grâce à Dieu toutes les éditions ont réussi merveilleusement bien, et vous avez ici aujourd'hui l'édition allemande.

Et puis, comme vous pouvez l'imaginer, dans un travail comme celui-ci, le diable était à l'oeuvre avec ses tours habituels et il nous a fallu surmonter beaucoup d'obstacles, mais je remercie Dieu, je veux en ce contexte et en votre présence exprimer ma plus profonde gratitude à Dieu Tout Puissant et à l'intercession de la Sainte Mère de Dieu et à celle de Saint Joseph, qui, nous pensons, avaient un intérêt spécial au projet, grâce à leur intercession nous avons pu achever ce travail. L'autre, le seul point que je veux faire ressortir est, comme je dis, que ce n'est pas un travail polémique, nous avons répondu au cardinal Kasper en présentant des études crédibles en tous les domaines où il avait mis sérieusement en doute le magistère et la pratique de l'Eglise. Si je peux, Père (vous devez me dire quand je dois m'arrêter) je mettrais en évidence quelques points et puis je m'arrête, car nous voulons laisser de la place aussi à la discussion.

Comme j'ai déjà dit le titre "Demeurer en la vérité du Christ" est tiré de Familiaris Consortio, la splendide exhortation apostolique post-synodale de Saint Jean-Paul II, et il parle du ministère apostolique d'assurer que la vérité de l'Eglise reste dans la vérité du Christ et de la conduire de plus en plus profondément dans cette vérité. Ceci était notre objectif.
Dans un certain sens la vérité concernant le mariage est le véritable fondement de la vie de l'Eglise: si on n'enseigne pas correctement la vérité au sujet du mariage nous mettons en discussion l'amour de Dieu pour nous, car le mariage est le sacrement de l'amour divin, le sacrement de l'amour de Dieu - fidèle, durable et procréateur - pour son peuple saint.

C'est la première cellule de vie de la société, et elle a été sous attaque par le monde, nous le savons, depuis le début, en notre temps par une mentalité très sécularisée.
Si nous revenons à ce texte magnifique de Mathieu 19, que je crois aucun chercheur sérieux ne doute être les paroles mêmes du Christ - c'est un texte tellement riche et le père Menkowski le déploie magnifiquement dans son texte - mais dans ces mots je voudrais souligner ceci: les Phaarisiens, les docteurs de la Loi essayant de piéger Jésus lui demandaient pourquoi Moïse avait permis le divorce, et Notre Seigneur utilise un mot très intéressant, il dit: "Ce n'était pas ainsi depuis le début." En d'autres mots, il fait référence à la loi naturelle, à la façon dont Dieu nous a faits et que l'amour entre homme et femme est fait pour être fidèle, durable et procréatif. C'est un point que je voulais souligner avec beaucoup de force.

Le livre a été distribué, ou nous avons essayé de le distribuer à tous les membres du Synode. J'espère qu'il a contribué aux travaux du Synode. Un des aspects précieux du livre est la dernière partie, l'annexe, qui contient les textes du Magistère sur le mariage et le divorce dans les langues originales et en traduction, dans la langue où le livre a été publié. C'est une ressource de grande utilité.

Une des tristesses, des profondes tristesses de ce Synode, au moins pendant la première semaine, a été l'oubli presque apparent du Magistère. C'était comme si l'Eglise traitait pour la première fois du mariage et qu'elle en fît l'objet de son enseignement, alors que l'Eglise a, dans sa doctrine et sa discipline, une des connaissances parmi les plus profondes possibles. Et j'ai rappelé Familiaris Consortio, mais on pourrait rappeler Humanae Vitae du pape Paul VI, Casti Connubii du pape Pie XI, et ainsi de suite. Le pape Benoît a lui aussi enseigné de la même manière.

Si je puis revenir sur un dernier point, Père, et puis je m'arrête - je voudrais continuer longuement sur cela et je serais heureux de le faire, mais je ne dois pas abuser de votre patience - mais une des idées les plus insidieuses contenues dans la présentation du cardinal Kasper et qui a continué de s'insinuer dans les débats du Synode est que, oui, nous soutenons la doctrine de l'Eglise concernant l'indissolubilité du mariage, même en disant: qui pourrait mettre en doute la doctrine de l'indissolubilité du mariage? Nous ne parlons que d'une question de discipline.
En d'autres mots, le mariage est indissoluble, nous le croyons, mais en certains cas lorsqu'une personne est mariée, devant Dieu, mais que ce mariage a failli d'une façon ou d'une autre, sans commenter à qui revient la faute ou autre, mais que cette personne a consciemment et volontairement essayé un autre mariage et vit avec quelqu'un qui n'est pas son mari ou sa femme, en quelques uns de ces cas nous n'appelons pas l'indissolubilité du mariage (we do not call the indissolubility of mariage), nous admettons les personnes au sacrement de la confession et de la Sainte Communion.

Ce doit être une négation de l'indissolubilité du mariage, parce que lorsque quelqu'un va se confesser, par exemple, et confesse un péché, cette personne a la ferme intention de s'amender (
of amendment), autrement la confession ne peut pas être valide, et comment quelqu'un qui vit dans une union adultère peut-il confesser cette faute si lui ou elle entend rester dans cette situation? Ceux-ci sont simplement les faits. En d'autres mots, ce que je veux souligner, c'est que la discipline de l'Eglise ne peut jamais être autre que fidèle à sa doctrine et que tout le droit canonique - et j'ai dédié une partie de ma vie à l'étude du droit canonique et j'en ai une profonde connaissance (conscience) - mais l'ensemble du droit canonique est au service de la vérité de la foi, de la grande beauté de notre vie dans le Christ, et ne peut jamais.. - si la discipline de l'Eglise est utilisée de quelque façon pour justifier ce qui n'est pas vrai selon la doctrine de l'Eglise, alors elle n'est pas la véritable discipline de l'Eglise.

Dans mon bref essai, qui est le dernier de la série, je le démontre aussi sur la base des lois procédurales de l'Eglise, car pendant le synode, et avant, le cardinal Kasper a fait une attaque, plutôt frontale, au processus (process) ecclésiastique pour la déclaration de nullité du mariage, et moi j'essaye de montrer dans mon essai, que, alors que le cardinal affirme ce qu'il affirme, et c'est justifié "Allons, ces aspects individuels du processus (process) lui-même, ce n'est pas la loi divine". Et évidemment ça ne l'est pas, mais est loi divine le fait que l'Eglise doive répondre à une accusation de nullité de mariage (must respond to an accusation of nullity of mariage) par un procès qui parvienne à la certitude morale de la vérité par rapport à cette demande.

Ceci la loi divine l'exige, et alors ce que nous devons dire à nous même est: en tous ces siècles de discipline canonique, tous ces canonistes, incluant des grandes figures comme le pape Benoît XIV- Prospero Lambertini, le cardinal Pietro Gasparri, est-ce qu'ils étaient tous des imbéciles (fools)? N'avaient-ils pas compris ce qu'ils essayaient de protéger, à savoir le lien sacré du mariage? et tous ces différents éléments qui font partie du processus, tous jouent un rôle important mais - moi en tant que canoniste je dois l'affirmer avec vous - mais en général, tout genre de discussion qui essaye de dire que l'Eglise ne peut pas maintenir son enseignement sur l'indissolubilité du mariage, et qui nie au même temps cette vérité dans la pratique de l'Eglise, cela simplement n'est pas catholique, ne passe pas, n'est pas acceptable.

Et, ceci est vraiment le dernier point, je pourrais l'appeler lutte ou bataille en défense de la vérité du mariage, et Dieu sait si le mariage a été attaqué: comme je l'ai dit depuis le début, dans notre société sécularisée la mariage a été sous tant d'attaques: l'Eglise catholique doit, en vue de sa propre intégrité mais aussi de son service - la mission de l'Eglise est de sauver le monde - elle doit faire tout ce qu'elle peut en ce temps, alors que l'intégrité du mariage est à nouveau prise d'assaut, elle doit faire tout ce qu'elle peut pour soutenir, afin de garder haute la vérité concernant le mariage et lui donner voix, cueillir toute opportunité en écrivant ou parlant, ou aussi dans le témoignage personnel, de personne à personne, afin d'aider notre monde à comprendre le mariage comme Dieu l'a créé depuis le début, comme la voie pour notre société pour la fidélité, le bonheur, la paix dans notre société.
Et maintenant je m'arrête.