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Cooment faire pour que le pape soit écouté?

Samedi 14 novembre, devant l'association des médecins catholiques italiens, François a plaidé vigoureusement pour la vie. Mais certaines choses ont aujourd'hui besoin d'être réaffirmées avec une force que seul peut conférer un document officiel du Magistère, comme une encyclique. Réflexion. (16/11/2014)

     

Samedi 14 novembre, François recevait en audience 5000 membres de l'Association des médecins catholiques italiens.
La Croix, qui rapporte l'évènement, écrit:

Devant un auditoire de médecins catholiques italiens, reçus ce 15 novembre au Vatican, le pape a évoqué les pratiques médicales les plus controversées. Des questions qu’il se garde de trop aborder depuis le début de son pontificat...
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« La vie humaine est toujours sacrée ». C’est ce que le pape François a soutenu avec force devant 5 000 médecins catholiques italiens, samedi 15 novembre 2014 au Vatican, assurant que les atteintes à la vie étaient « un péché contre Dieu créateur ». Le pape a en particulier fustigé la « pensée dominante » qui propose une « fausse compassion » pour justifier des pratiques comme l’avortement, l’euthanasie, la procréation médicalement assistée ou encore la recherche sur les embryons.

Un discours (pour le moment en italien sur le site du Saint-Siège, mais il y a un résumé de Radio Vatican) qui s'inscrit sans aucun doute dans la continuité du magistère de l'Eglise. Mais dans un contexte qui ne le destine pas à l'universalité, car seuls les catholiques qui suivent de très près les affaires de l'Eglise sauront ce que le pape a dit "en interne" devant une assemblée relativement privée de catholiques convaincus.
A moins que les médias, qui ont tout pouvoir de répercuter ou non ces propos (pour critiquer le Pape? difficile pour eux, compte tenu de son niveau de popularité), ne jouent le jeu. On peut en douter.
On en revient à ce que disait Sandro Magister dans la récente interview accordé à Italia Oggi (cf. Voilà comment est le Pape):

Le christianisme mis dans la bouche de Bergoglio n'est plus provocateur, il ne pose pas de problème comme avant, il peut être traité avec courtoisie, supériorité, détachement. Le christianisme compte moins. .. En somme, d'une situation de confrontation ou de conflit, nous sommes passés au désintérêt.

Le même Magister qui dans son dernier billet sur Settimo cielo, évoquait cette rencontre, et écrivait:

Il sera intéressant de mesurer l'impact de ses paroles aussi sur cette opinion laïque qui chante ses louanges. Et qui essaiera d'y remédier en les reléguant dans l'oubli.

* * *

Le discours aux médecins catholiques sur la vie m'est venu à l'esprit en lisant cet article issu du blog du Père John Hunwicke (Fr Hunwicke's mutual enrichment), un prêtre catholique ex-anglican, aujourd'hui incardiné dans l'ordinariat personnel de Notre-Dame de Walsingham, que je viens de découvrir grâce à Teresa.
Le Père Hunwick - un prêtre qu'à première vue on ne peut guère qualifier de progressiste - , un peu par provocation (et non sans humour!), réclame au Pape une encyclique sur la famille: on sait que François en prépare une sur l'environnement, un sujet qu'un catholique peut trouver en ce moment pas vraiment d'une urgence cruciale pour la foi (il est vrai qu'il correspond parfaitement à ce que le monde attend de ce pape, et ne pourra qu'accroître sa popularité)
Il dit en substance que le Magistère doit être affirmé avec toute la solennité que suppose une encyclique... et que personne mieux que ce pape si populaire n'est susceptible de faire passer auprès de l'opinion publique des choses dont son prédécesseur n'aurait même pas pu imaginer parler.
Il parle ici des conséquences du Synode, et de la morale de la famille, mais cela vaut évidemment aussi pour le respect de la vie.

     

UNE ENCYCLIQUE?
5 Novembre 2014
Fr Hunwick (photo ci-contre).
http://liturgicalnotes.blogspot.fr/2014/11/an-encyclical-1.html
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Récemment, j'ai à plusieurs reprises exprimé mon point de vue qu'un rôle essentiel du Pontife Romain est de garder la vérité transmise par les Apôtres et d'agir comme un brise-lames contre les erreurs des novateurs. Benoît XVI a formulé cela avec brio, tout comme le Bienheureux John Henry Newman. C'est l'enseignement de Vatican I dans Pastor aeternus.

A l'heure où certaines erreurs doctrinales sur des questions de morale familiale semblent faire exploser les décibels, je présume que notre Saint-Père est en train de planifier en urgence, une grande encyclique afin de les corriger.
Certes, il n'a pas été muet pour réaffirmer l'enseignement intemporel de l'Eglise, mais ce n'est pas le genre de chose que les médias entendent et relaient facilement ... ne fût-ce que parce que cela ne colle pas avec le scenario plutôt contraignant qu'ils ont bâti autour de ce pape.
Ce qu'il faut, c'est le Magistère étalé avec une truelle suffisamment généreuse afin de réellement se faire entendre. Ce que les jardiniers et les bâtisseurs parmi nous pourraient voir comme une «encyclique-à-la-truelle».

Je sais que les Encycliques prennent beaucoup de temps car elle doivent passer par les dicastères compétents. Et ensuite être traduites en latin, que peu de personnes à Rome comprennent, de nos jours. Mais je souhaiterais qu'elle puisse être faite dès que possible, et de préférence avant le prochain Synode.
À l'heure actuelle, il semble presque y avoir une sorte de vacatio legis en ce qui concerne des éléments importants de la loi morale.
Tout cela est déjà arrivé. En avril 1967, The Tablet, Le Monde, et le National Catholic Reporter publiaient simultanément les textes intégraux de documents qui servaient très vraisemblablement à indiquer la forte probabilité que «la pilule» serait déclarée moralement irréprochable. Dans l'année précédant la publication d'Humanae vitae, cette attente avait durci en hypothèse rigide. Voulons-nous que quelque chose de semblable se reproduise? Ce serait complètement scandaleux et un abus gravissime à l'encontre du peuple des fidèle du Christ.

La persona si habilement construite autour du Pape actuel a le potentiel d'être très utile. Les gens sont plus disposés à l'écouter qu'ils ne l'ont été pour un pape depuis longtemps.
Mais cette persona ne peut pas vraiment être une fin en soi. Elle peut juste être une pièce de monnaie à dépenser plutôt qu'à amasser. François lui-même a parlé d'une papauté de «deux ou trois ans».
Sans doute le temps est-il venu, durant ces douze prochains mois, de faire appel au crédit accumulé par la persona Bergoglio, de l'utiliser.
Quand François dira enfin les choses de façon franche et directe, les journalistes ... et les multitudes crédules qui avalent tout ce qu'on leur raconte ... ne pourront pas juste dire «Eh bien, il semble qu'il l'ait dit...».
Ce n'est pas un pontife dont il sera facile pour les journalistes malhonnêtes d'expliquer qu'il est diplômé des Jeunesses hitlériennes via les Panzers jusqu'à l'Inquisition. Ils inventeront dans doute un mensonge de plus, probablement sur la façon dont un François «bon et aimant» a été «intimidé» par les «purs et durs» du Vatican (une sorte de version actuelle du «prisonnier du Vatican»); mais au moins le message de l'Evangile aura forcé son chemin sur la place publique.

Lorsque le cardinal Kasper affirmait partout que François partageait ses vues plutôt excentriques, le cardinal Burke a informé le monde que «Le pape n'a pas laryngite; le Pape n'est pas muet».
Très bien!