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Le Pape et la soutane

C'est un fait qui peut paraître anodin, surtout si on le compare aux "voeux" à la Curie d'hier, mais au fond très significatif (23/12/2014)
>>> Ci-contre: don Camillo et "don Chicchi" (benoit-et-moi.fr/2014-I...don-camillo-et-don-chichi)

     

Il y a quelque temps, Antonio Mastino, dans un article courageux que j'ai traduit ici (Le Pape qui n'aime pas les prêtres ) rapportait cette anecdote qui vaut d'être relue, particulièrement aujourd'hui, parcce qu'elle s'inscrit dans un ensemble dont les "voeux" à la Curie ne sont que l'aboutissement:

Ce devait être fin octobre, à midi. Cour des miracles et foire aux vanités de Sainte Marthe.
Le Pape Bergoglio, gros mangeur, entre au restaurant (...) Il avance tumultueux et impérieux. Soudain il ralentit et jette son regard sur un pauvre petit prêtre en soutane, qui prend son repas assis à une table. Il le passe au scanner de ce regard froid que ceux qui lui sont proches mais pas intimes connaissent, lorsque les caméras s'éteignent, et puis d'un coup, poursuivant sa marche, et se tournant vers un des prétoriens il ordonne: «Ce prêtre-là ne me plaît pas! Que je ne le voie plus ici». (...) Ce qui est curieux, ou triste plutôt, c'est que - en ce lieu où même le pape se balade en civil, à ce qu'on dit - ce pauvre petit prêtre en soutane qui mangeait son plat de pâtes, il ne savait même pas qui c'était. (...) Des choses comme ça, qu'il s'agisse de prêtres ou d'évêques, il en arrive tous les jours à Sainte Marthe; je connais des évêques qui sont sortis en larmes de la suite impériale, et pas par émotion.

L'anecdote pouvait paraître forcée (personnellement, je suis convaincue qu'elle est authentique), mais elle vient d'être confirmée, à travers une autre anecdote, par Jean-Marie Guénois, cette fois, dans son dossier du Figaro Magazine (qui en passant fait un tabac sur le Réseau).
Les propos sont évidemment mesurés. Venant d'un journaliste qu'on ne peut soupçonner de "bergogliophobie", elle n'en est est que plus impressionnante...

Tout ce que la papauté conservait d'impérial, il l'a cassé. Plus de génuflexion devant lui. Encore moins de baisemain. Ce pape, qui se sent d'abord évêque de Rome - le mot «pape » effleure peu ses lèvres - n'a-t-il pas reproché sa soutane, l'autre jour, à un prélat qu'il recevait pour une réunion de travail ? Costume sobre et clergyman suffisent.

La soutane, dira-t-on, allons donc! Comme si la foi était une question de chiffons. Cela ne touche en rien la Doctrine (la Doctrine, avec majuscule, avec ce Pape, elle commence à avoir bon dos)
Et encore: il n'y a pas l'épaisseur d'un cheveu de différence entre Benoît XVI et François. Ou, selon une formule qui doit sans doute être lue au cinquième degré: Benoît XVI et François, c'est blanche soutane et soutane blanche.

Eh bien... pas sur le sujet de la soutanne, justement.

Un article de il Giornale daté du 22 décembre (juste avant les fameux "voeux") revient sur la "dératzingérisation" en cours évoqué par de Jean Marie Guénois:

L'exemple le plus évident regarde l'habit sacerdotal. Par une circulaire interne, Benoît XVI avait imposé la soutane à tous les consacrés qui travaillent pour le Saint-Siège. Tandis que François, selon le Figaro "a reproché sa soutane, l'autre jour, à un prélat qu'il recevait pour une réunion de travail"...

Il Giornale met en lien un article de l'irremplaçable Sandro Magister.
Cet article date du 19.11.2012.
Après avoir rappelé des instructions dans le même sens données par Jean Paul II en 1982 pour le port de l'habit ecclésiastique, il cite la circulaire de 2012, et il commente:

La nouvelle circulaire, qui est datée du 15 octobre 2012 et a été diffusée au cours du récent synode des évêques, porte la signature du cardinal secrétaire d’état, Tarcisio Bertone, qui l’a écrite - comme on peut le lire dans le texte - "sur une vénérable injonction", cest-à-dire sur les indications de Benoît XVI.
Elle sonne comme un rappel au "devoir d’exemplarité qui incombe surtout à tous ceux qui travaillent au service du successeur de Pierre".
Mais ce n’est pas tout. La lettre veut également être un "encouragement explicite" pour tous ceux qui se rendent en visite à Rome, "y compris les épiscopats", souligne-t-elle.
Il n’y a pas, dans le texte, de référence explicite aux religieuses qui travaillent au Vatican, mais, par analogie avec les religieux, la règle devrait s’appliquer aussi à elles.
L’indication est donc très claire. Ceux qui ont la possibilité de se rendre dans les bureaux du Vatican pourront voir dans quelle mesure elle va être respectée.
....

Aussitôt que cette circulaire a été connue, un site catholique italien résolument progressiste l’a commentée de la manière suivante :

"Est-ce là le style de la nouvelle évangélisation ? Tout commentaire est difficile. Nous ne pouvons que revenir au 'pacte des catacombes' - dont lanniversaire tombe précisément aujourdhui, puisquil fut signé le 16 novembre 1965 par une quarantaine de pères conciliaires - qui affirme, entre autres : 'Nous renonçons pour toujours à l'apparence et à la réalité de la richesse, spécialement en ce qui concerne les vêtements (étoffes riches, couleurs voyantes) et les insignes en matière précieuse : ces insignes doivent en effet être évangéliques'".
Mais ni dans la circulaire du Vatican du 15 octobre, ni dans la lettre de Jean-Paul II de 1982, il n
est fait allusion à lobligation de porter des "étoffes riches" et des "couleurs voyantes", ou des "insignes en matière précieuse".

Il y est simplement recommandé de porter la soutane, c’est-à-dire le vêtement même qu’a toujours aimé porter l’évêque brésilien dom Helder Camara, justement le plus illustre des quarante signataires de ce “pacte" pour une Église servante et pauvre.