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Le Suddeutsche Zeitung dans ses (basses) oeuvres

Le quotidien allemand a exhumé un texte écrit en 1972 par le Professeur Ratzinger, et relevé une "modification" dans le dernier tome des oeuvres complètes de Benoît XVI. Bis repetita (19/11/2014)

Rappel!

En janvier 2011, donc à huit mois de la visite de Benoît XVI en Allemagne, le Süddeutshe Zeitung publiait déjà un scoop dont celui qui fait l'objet de cet article est un vulgaire copié-collé.
Le quotidien "libéral" (lire: gauchiste) avait déjà "exhumé" une pétition signée par Joseph Ratzinger en 1970, prétendument "ouverte au célibat des prêtres"!

La misérable tentative d'instrumentalisation avait fait pschitt, on en trouvera le détail ici: benoit-et-moi.fr/2011-I/ (il y a une coquille dans la datation de l'article).
Je pourrais réécrire tel quel le premier paragraphe!

Bis repetita

UN NOUVEAU SCOOP DE SZ
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Hier, un lectrice m'a alerté sur un article paru sur le site italien www.giornalettismo.com, rapportant dans les grandes lignes un scoop publié par le SZ du 17 novembre, sous la plume de Matthias Drobinski - un journaliste que la Repubblica qualifiait récemment de "plus influent vaticaniste allemand", pour avoir écrit une recension élogieuse du dernier pensum de Küng, dans lequel ce dernier faisait la promotion de l'euthanasie (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II-1).
L'article de SZ a été traduit en anglais par The Eponymous Flower.

L'article en italien titre: Le pape émérite Benoît XVI a modifié un de ses écrits de 1972 dans lequel il prenait parti en faveur de la communion des divorcés. Le changement indique que le premier pape à avoir démissionné dans l'histoire de l'Eglise a rompu le silence sur les activités de son successeur François, une promesse faite au moment de l'abandon du trône de Pierre.

On en trouvera en Annexe A ma traduction rapide.

Depuis, l'information a été reprise par Franca Giansoldati (qui a récemment interviewé François, et ne peut certes pas être soupçonnée de sympathie pro-Benoît) sur Il Messagero, sous un titre qui enfonce le clou, faisant cette fois passer Benoît XVI pour une girouette: Comunione ai divorziati, Ratzinger ha cambiato opinione, prima era favorevole e adesso non più. Notons en passant que la "vaticaniste" n'est pas très bien informée, car elle semble croire qu'en 1972, Joseph Ratzinger était «cardinal à Munich».

Etant donné le timing de la publication, on peut soupçonner qu'il s'agit d'une tentative de discréditer le Pape émérite, en l'accusant de parjure (il a rompu une promesse solennelle faite au moment de la renonciation) et d'ingérence dans le gouvernement de l'Eglise en général, et dans la gouvernance de François en particulier.
Marco Tosatti, toujours pertinent, apporte un éclairage différent:

Dans les œuvres complètes de Benoît XVI un article de 1972 a été publié, mais sans le passage dans lequel Ratzinger, alors simple théologien, ouvrait la possibilité de communion pour les divorcés remariés. Cette expurgation est intéressante, parce que le passage était fréquemment cité par le cardinal Walter Kasper, promoteur de l'Eucharistie pour les divorcés remariés.
Selon Vincent Twomay, qui fut l'élève du Professeur Ratzinger, et qui s'exprime dans l'Irish Time, le Pape émérite ne veut pas que l'on puisse instrumentaliser des propos qu'il avait tenus comme jeune théologien, et qu'il n'a jamais répétés, ni comme préfet de la CDF, ni encore moins comme Pape.

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En réalité, donc, le prétendu scoop du SZ n'en est pas vraiment un: indépendamment du fait qu'il est normal qu'un homme puisse évoluer, en 40 ans, et surtout qu'en 1972, Joseph Ratzinger était simplement professeur de théologie à l'université de Ratisbonne, et n'avait donc aucune responsabilité dans la hiérarchie de l'Eglise, on peut voir derrière tout cela la "patte" de Walter Kasper!
Rappelons que tout le monde connaissait déjà la position de Benoît XVI sur la question des divorcés-remariés, et s'il avait été favorable à une évolution, il aurait eu tout le temps de faire la réforme en huit ans de pontificat!

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Un lecteur, Claude K., très attentif observateur de la papauté passée et présente m'apporte par ailleurs quelques précieux éléments d'information, dont un au moins laisse perplexe....

GESAMMELTE SCHRIFTEN?
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Il est à noter que Benoît réécrit (la fin d')un texte qui, normalement, devrait être réimprimé tel quel, puisqu'il trouve place dans le 4e volume de ses "Gesammelte Schriften" (oeuvres complètes).
De deux choses l'une: soit des précisions ou corrections sont signalées, mais alors ce doit être en note (de bas de page ou de fin) ou dans un chapeau d'introduction de l'éditeur; soit l'auteur produit une nouvelle version de son article, datée de 2014, et qui doit alors être publiée comme telle, au même titre que celle de 1972. Pour le dire autrement, nous ne sommes pas ici dans le cas de la nouvelle édition d'un ouvrage, revue, corrigée, augmentée, etc. (qui d'ailleurs n'annule pas les éditions antérieures) mais dans le cas d'une édition complète des tous les écrits de l'auteur... Sinon la version publiée initialement disparaît tout simplement des "Gesammelte" Schriften...
Les Allemands sont très scrupuleux dans ce genre d'édition "critique", comme le confirme d'ailleurs la présentation de l'éditeur:

«Sie wird von kundiger Hand und mit akribischer Sorgfalt erstellt und in einer bibliophilen Ausgabe mit hochwertiger Optik und herausragender Ausstattung publiziert. Die Ausgabe ist auf 16 Bände angelegt. Jeder Band versammelt alle Schriften, die Joseph Ratzinger zum jeweiligen Bandthema verfasst hat.» (je suggère à mes lecteurs d'utiliser le traducteur automatique, que je n'ose reproduire ici, mais qui donne le sens général)

Il est également intéressant (ou plutôt extrêmement curieux!) de noter que le grand éditeur Herder, dans la présentation du vol. concerné, fait état de l'article de la Süddeutsche Zeitung !!!:

«Dieser Band enthält neben der »Einführung in das Christentum« auch einen Text über die Ehe, den Papst Benedikt XVI. eigens für diese Ausgabe verändert oder, wie es in den editorischen Anmerkungen heißt, »neu gefasst« hat. Die Süddeutsche Zeitung ist der Meinung, dass der emeritierte Papst damit »aus dem Schweigen getreten« sei und überraschend in die aktuelle Scheidungsdebatte eingreife (Seite 1 der SZ-Ausgabe vom 17.11.2014, Schlagzeile »Der Dagegen-Papst«)» (là encore, en attendant mieux, je renvoie mes lecteurs au traducteur automatique).

Il sera intéressant de voir les suites qui seront données à cette affaire.

Elle confirme que la guerre en vue du prochain Synode est d'ores et déjà ouverte, et que, comme au pancrace, "tous les coups seront permis".
Et la presse laïciste va peser de tout son poids.

     

ANNEXE

Benoît XVI rompt son silence sur la communion pour les divorcés
Süddeutsche Zeitung révèle que le pape émérite a modifié un texte composé en 1972
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Le pape émérite Benoît XVI a modifié un de ses écrits de 1972 dans lequel il prenait parti en faveur de la communion des divorcés. Le changement indique que le premier pape à avoir démissionné dans l'histoire de l'Eglise a rompu le silence sur les activités de son successeur François, une promesse faite au moment de l'abandon du trône de Pierre.

BENOÎT XVI ET LA COMMUNION AUX DIVORCÉS -
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Le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung fait remarquer une nouveauté importante dans la relation entre le pape émérite Benoît XVI et son successeur, François. Dans le nouveau volume qui rassemble les œuvres écrites par Joseph Ratzinge, il y a en effet une modification importante sur l'un des thèmes qui fait le plus discuter l'Église, la concession de l'Eucharistie pour les personnes divorcées. En 1972, le brillant théologien, professeur à l'Université de Ratisbonne avait écrit un livre dans lequel, tout en soulignant l'indissolubilité du mariage, s'ouvrait la possibilité d'accorder la communion à ceux qui se mariaient pour la deuxième fois, «dans le cas où le second mariage a lieu après une longue période et est vécu dans l'esprit de foi, et que sont respectées les obligations morales envers les enfants et la nouvelle femme».
Une telle hypothèse n'était pas considérée comme incompatible avec la tradition de l'Eglise par le théologien Joseph Ratzinger, qui pourtant 42 ans plus tard, a changé le texte composé quand il était professeur à l'Université de Ratisbonne.

BENOÎT XVI ET SA NOUVELLE POSITION SUR LA COMMUNION AUX DIVORCÉS
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Le Süddeutsche Zeitung explique comment la nouvelle contribution publiée dans le livre qui recueille toutes les œuvres de Joseph Ratzinger est complètement différente par rapport à la première formulation. «Le texte peut être lu à la page 600, et est tout à fait différent de celui de 1972. Le pape émérite a révisé la conclusion, exprimant ainsi une thèse opposée, même si les arguments abordés précédemment sont restés les mêmes. La phrase sur la possibilité de donner la communion aux personnes divorcées qui se remarient manque. A la place, Benoît XVI recommande une extension de la procédure d'annulation du lien matrimonial rendue par le tribunal de la Rote romaine.
"Si l'Eglise considérait qu'un mariage est nul et non avenu pour immaturité psychologique, un nouveau mariage serait autorisé. Même sans cette procédure, un divorcé pourrait en outre être actif dans la communauté ecclésial, et devenir un parrain baptisé ".

BENOÎT XVI ET LE PAPE FRANÇOIS
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Le quotidien allemand fait remarquer que la refonte du texte décidée par Benoît XVI est un fait d'une grande importance politique. «Le pape émérite intervient dans la discussion sur la façon dont l'Église catholique devrait d'aborder le divorce des fidèles».
SZ souligne que les points de vue exprimés par Joseph Ratzinger en 1972 sont très proches des thèses du cardinal Walter Kasper (ndt: ben voyons!!!), qui ont été rejetées par le front conservateur du Synode qui a pris fin il y a quelques semaines. Les évêques les plus liés au vieux pontife se sont opposés à la position d'ouverture illustrée par Kasper, qui remarquait comment dans certains cas et après une période de pénitence les divorcés remariés peuvent accéder aux sacrements.
«Les changements écrits par Benoît XIX peuvent être lus comme une réponse à Walter Kasper. Le pape émérite semble avoir rompu sa promesse de ne plus intervenir dans les affaires de l'Eglise catholique», écrit le Süddeutsche Zeitung.
Le quotidien allemand se demande si cette intervention a été décidée pour signaler au Pape François une limite à son action, tandis que pour le théologien Eberhard Schockenhoff (1), Ratzinger semble vouloir proposer un compromis qui dédramatise le débat actuel dans l'Eglise. «Quel que soit le motif, Benoît XVI a rompu le silence, et maintenant, il faudra voir quelles seront les conséquences», conclut le quotidien allemand.

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NDT:
(1) Voici ce que je trouve sur lui: paroissiens-progressiste.over-blog.com/article-divorces-remaries-le-theologien-eberhard-schockenhoff-demande-a-repenser-la-pastorale
No comment!