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Synode: le Pape donne sa version

Une fois n'est pas coutume, j'ai traduit la catéchèse du pape d'hier, sur le déroulement du Synode. (11/12/2014)

>>> Ci-contre: François et Soeur Cristina, Place St-Pierre, hier

Mieux vaut lire ce texte pas très long, et manifestement soigneusement pesé, que les compte-rendus et les résumés qu'en donnent les sites spécialisés. Il me paraît essentiel pour comprendre sa manière de communiquer, puisqu'il prend - très habilement - les fidèles à témoin. En particulier, s'il ne nie pas l'âpreté des débats dans la salle synodale, il repousse vigoureusement toute idée de censure. Il a compris que l'opposition n'est pas un simple fait anecdotique, et il essaie de la désamorcer en répondant aux critiques formulées non pas par par les médias laïcs, dont il n'ignore pas qu'ils sont ses alliés (il les a liquidés d'une boutade plutôt réductrice: ils confondent l'information religieuse avec les nouvelles sportives ou politiques!) mais par des observateurs sérieux, et nettement plus dangereux, comme les journalistes de langue italienne auxquels ces pages ont donné la parole. Reste à savoir s'il a convaincu.

J'ai choisi de traduire le texte, ne voulant pas m'approprier le travail d'autres sites (et dans l'attente de la traduction officielle).
Après cela, on ne pourra pas m'accuser de répéter ce que disent "les médias"!!!
Texte en italien: w2.vatican.va

     

L'ASSEMBLÉE EXTRAORDINAIRE DU SYNODE DES ÉVÊQUES SUR LA FAMILLE

Chers frères et sœurs, bonjour.

nous avons conclu une série de catéchèses sur l'Eglise. Nous remercions le Seigneur qui nous a fait faire ce chemin, redécouvrant la beauté et les responsabilités de l'appartenance à l'Eglise, d'être l'Église, nous tous.

Maintenant, nous commençons une nouvelle étape, un nouveau cycle, et le thème sera la famille; un thème qui s'insère dans ce temps intermédiaire entre deux Assemblées du Synode dédié à cette réalité si importante. Donc, avant d'entrer dans le parcours sur les différents aspects de la vie de famille, aujourd'hui, je désire repartir de l'Assemblée Synodale d'Octobre dernier, qui avait ce thème: «Les défis pastoraux sur la famille dans le contexte de la nouvelle évangélisation». Il est important de se rappeler comment il s'est déroulé et ce qu'il a produit, comment il a été et ce qu'il a produit (sic!).

Durant le Synode, les médias ont fait leur travail - il y avait beaucoup d'attente, beaucoup d'attention - et nous les remercions parce qu'ils l'ont fait, même avec l'abondance. Tellement de nouvelles, tellement! Cela a été possible grâce à la Salle de presse, qui chaque jour a fait un briefing. Mais souvent, la vision des médias était un peu dans le style de la rubrique des sports, ou de la politique: ils ont souvent parlé de deux équipes, pour et contre, conservateurs et progressistes, etc.

Aujourd'hui, je voudrais raconter ce qu'a été le Synode.

Tout d'abord, j'ai demandé aux Pères synodaux de parler franchement et avec courage, et d'écouter avec humilité, dire avec courage tout ce qu'ils avaient dans leur cœur. Dans le Synode, il n'y a pas eu de censure préalable, mais tout le monde pouvait - plus, devait - dire ce qu'il avait dans le cœur, ce qu'il pensait sincèrement. «Mais, il y aura des discussions». C'est vrai, nous avons entendu comment ont discuté les Apôtres. Le texte dit: il est sorti une forte discussion (ndt: le pape fait peut-être allusion à la Lecture qui ouvre habituellemnt l'audience). Les Apôtres se réprimandaient l'un l'autre, car ils cherchaient la volonté de Dieu sur les païens, s'ils pouvaient entrer dans l'Église ou non. C'était une chose nouvelle. Toujours, quand on cherche la volonté de Dieu, dans une assemblée synodale, il y a différents points de vue et il y a discussion et ce n'est pas une mauvaise chose! Toujours, [à condition] qu'on le fasse avec humilité et esprit de service à l'assemblée des frères. La censure préalable aurait été une mauvaise chose. Non, non, tout le monde devait dire ce qu'il pensait.
Après la Relation initiale du Cardinal Erdö , il y a eu une première étape, fondamentale, où tous les Pères ont pu parler, et tout le monde a écouté (l'italique est dans le texte officiel). Et c'était édifiant, cette attitude d'écoute qu'avaient les Pères. Un moment de grande liberté, dans lequel chacun a exposé ses pensées avec parresia (franchise) et confiance. À la base des interventions il y avait l'«instrument de travail», fruit de la précédente consultation de toute l'Église. Et ici, nous devons remercier le Secrétariat du Synode pour le grand travail qu'il a fait à la fois avant et pendant l'Assemblée. Vraiment, ils ont été près bons.

Aucune intervention n'a remis en question les vérités fondamentales de le sacrement du mariage, à savoir: l'indissolubilité, l'unité, la fidélité et l'ouverture à la vie (cf. Gaudium et Spes, §48; code Droit Canon §1055 à 1056 ). Cela n'a pas été touché.

Toutes les interventions ont été recueillies, et ainsi, on est arrivés au deuxième moment, c'est-à-dire un projet appelé Relation après la discussion ("Relatio post disceptationem"). Ce rapport a également été mené par le Cardinal Erdo, articulé en trois points: l'écoute du contexte et des défis de la famille; le regard fixé sur le Christ et l'Evangile de la famille; la confrontation avec les perspectives pastorales.

Sur cette première proposition de synthèse a eu lieu la discussion dans les groupes, qui a été le troisième moment. Les groupes, comme toujours, étaient divisés par langues, parce que c'est mieux ainsi, on communique mieux: italien, anglais, espagnol et français. Chaque groupe à la fin de son travail a présenté un rapport, et les rapports de tous les groupes ont été publiés immédiatement. Tout a été donné, pour la transparence, pour que l'on sache ce qui se passait.

À ce point - c'est le quatrième moment - une commission a examiné toutes les suggestions faites par les groupes linguistiques et le rapport final a été fait, maintenant le schéma précédent - écoute de la réalité, regard vers l'Evangile et engagement pastoral - mais essayant de répercuter le résultat des discussions dans les groupes. Comme toujours, un message final du Synode a été également approuvé, plus bref et plus informatif que le rapport.

Tel a été le déroulement de l'Assemblée synodale. Certains d'entre vous peuvent se demander: «les Pères se sont-ils disputés?». Ma foi, je ne sais pas s'ils se sont disputés, mais ils ont parlé haut, oui, ça c'est vrai. Et cela, c'est la liberté, c'est la liberté qui existe dans l'Eglise. Tout s'est passé «cum Petro et sub Petro», c'est-à-dire avec la présence du Pape, qui est une garantie pour tous de liberté et de confiance, et la garantie de l'orthodoxie. Et à la fin, avec mon discours, j'ai donné une lecture synthétique de l'expérience synodale.

Par conséquent, les documents officiels sortis du Synode sont trois: le message final, la relation finale et le discours final du Pape (ndt: les liens sont donnés vers les documents en italien, je laisse mes lecteurs rechercher leur version en français). Il n'y en a pas d'autres.

Hier, la Relation finale, qui était le point culminant de toute la réflexion des Diocèses jusqu'à maintenant, a été publiée et envoyée aux Conférences épiscopales, qui la discuteront en vue de la prochaine Assemblée, celle Ordinaire, en Octobre 2015. Je dis qu'elle a été publiée hier, - elle avait déjà été publié - mais hier elle a été publiée avec questions adressées aux conférences épiscopales et devient Lineamenta du prochain Synode .

Nous devons savoir que le Synode n'est pas un parlement, où il y a le représentant de cette Église, cette Église, cette Église ... Non, ce n'est pas cela. Il y a le représentant, oui, mais la structure n'est pas parlementaire, elle est totalement différente. Le Synode est un espace protégé afin que l'Esprit Saint puisse travailler; il n'y a pas eu de conflit entre les factions, comme au parlement où cela est autorisé, mais une confrontation des évêques, qui est venue après un long processus de préparation et qui désormais va continuer dans un autre travail, pour le bien de la famille, de l'Église et de la société. C'est un processus, c'est le chemin synodal normal. Maintenant, cette Relatio retourne dans les Églises particulières, et ainsi continue en elles le travail de prière, de réflexion et de discussion fraternelle afin de préparer la prochaine Assemblée. C'est cela, le Synode des Évêques.

Nous le confions à la protection de la Vierge, notre Mère. Qu'elle nous aide à suivre la volonté de Dieu, prenant les décisions pastorales qui aident plus et mieux la famille. Je vous demande d'accompagner ce parcours synodal jusqu'au prochain synode avec la prière. Que le Seigneur nous éclairer, nous fasse aller vers la maturité de ce que, comme Synode, nous avons à dire à toutes les Eglises. Et sur cela, votre prière est importante.