Page d'accueil

Au chevet de malades en phase terminale

Un discours de Benoît XVI, le 13 décembre 2009, dans un hôpital romain: le Pape rappelle la valeur de la dignité humaine, aussi dans la maladie (15/12/2014)

Sur le même sujet:
¤ L'accompagnement des malades
¤ Euthanasie: le non de Benoît XVI

Le dimanche 13 décembre 2009, le Saint-Père se rendait à l'Hospice du Sacré-Coeur, au Janicule, un centre de soins palliatifs gratuits pour les malades en phase terminale, s'occupant également de formation et de recherche.

Dans son discours, il insistait sur la nécessité de respecter la dignité de la personne dans la maladie en dépit des sollicitations d'une société vouée à l'efficacité:



     

Chers frère et sœurs!

J'ai accueilli avec plaisir l'invitation à rendre visite à l'Hospice « Fondazione Roma » et je suis très heureux de me trouver parmi vous.
(..)
L'Hospice « Fondazione Roma » est né en 1998, sous le nom d'Hospice du Sacré-Cœur, à l'initiative de celui qui était alors le président directeur général du Cercle de Saint-Pierre, le marquis Marcello Sacchetti, que je salue avec un vif respect et une profonde reconnaissance. La tâche de cette institution est de soigner des patients en phase terminale, pour en soulager le plus possible les souffrances et les accompagner avec amour au cours de leur maladie. En onze ans, les personnes hospitalisées à l'Hospice sont passées de trois à plus de trente, suivies quotidiennement par des médecins, des infirmiers et des volontaires. Nous devons leur ajouter les 90 personnes assistées à domicile. Tout cela contribue à faire de l'Hospice « Fondazione Roma », qui au cours du temps s'est enrichi du Service Alzheimer et d'un projet d'assistance expérimentale s'adressant aux personnes frappées de sclérose latérale amyotrophique, une structure particulièrement importante dans le monde de la santé romaine.

Chers amis! Nous savons que certaines graves pathologies entraînent inévitablement chez les malades des moments de crise, d'égarement et une sérieuse confrontation avec leur propre situation personnelle. Les progrès dans les sciences médicales offrent souvent les instruments nécessaires pour affronter ce défi, tout au moins relativement aux aspects physiques. Toutefois, il n'est pas toujours possible de trouver une cure pour chaque maladie, et, en conséquence, dans les hôpitaux et dans les structures médicales du monde entier on rencontre souvent la souffrance de nombreux frères et sœurs incurables, et souvent en phase terminale.
Aujourd'hui, la mentalité de l'efficacité qui domine, tend souvent à marginaliser ces personnes, les considérant un poids et un problème pour la société.
Qui possède le sens de la dignité humaine sait, en revanche, qu'elles doivent être respectées et soutenues lorsqu'elles affrontent les difficultés et les souffrances liées à leurs conditions de santé.
Dans ce but, on a toujours plus souvent recours aujourd'hui à l'utilisation de soins palliatifs, qui sont en mesure d'alléger les souffrances qui dérivent de la maladie et d'aider les personnes malades à la vivre avec dignité.
Toutefois, à côté des soins cliniques indispensables, il faut offrir aux malades des gestes concrets d'amour, de proximité et de solidarité chrétienne pour aller au devant de leur besoin de compréhension, de réconfort et d'encouragement constant. C'est ce qui est réalisé avec succès ici, à l'Hospice « Fondazione Roma », qui place au cœur de son propre engagement le soin et l'accueil attentif des malades et de leurs familles, en harmonie avec ce qu'enseigne l'Eglise, qui, à travers les siècles, s'est toujours révélée la mère aimante de ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit. En me réjouissant pour l'œuvre louable accomplie, je désire encourager ceux qui, se faisant des icônes concrètes du bon samaritain qui « éprouve de la compassion et prend soin du prochain » (cf. Lc 10, 34), offrent quotidiennement aux patients et à leurs proches une assistance adaptée et attentive aux exigences de chacun.

Chers malades, chères familles, je viens de vous rencontrer personnellement et j'ai vu dans vos yeux la foi et la force qui vous soutiennent dans les difficultés. Je suis venu pour offrir à chacun un témoignage concret de proximité et d'affection. Je vous assure de ma prière, et je vous invite à trouver en Jésus soutien et réconfort, pour ne jamais perdre la confiance et l'espérance. Votre maladie est une épreuve bien douloureuse et particulière, mais devant le mystère de Dieu, qui a assumé notre chair mortelle, celle-ci acquiert son sens et devient un don et une occasion de sanctification. Lorsque la souffrance et le découragement deviennent plus forts, pensez que le Christ vous associe à sa croix, car il désire adresser à travers vous une parole d'amour à ceux qui ont égaré le chemin de la vie et qui, renfermés sur leur égoïsme vide, vivent dans le péché et dans l'éloignement de Dieu. En effet, vos conditions de santé témoignent que la vraie vie n'est pas ici, mais auprès de Dieu, où chacun de nous trouvera sa joie s'il aura humblement placé ses pas dans ceux de l'homme le plus vrai: Jésus de Nazareth, Maître et Seigneur.

Le temps de l'Avent, dans lequel nous sommes plongés, nous parle de la visite de Dieu et nous invite à lui préparer la route. A la lumière de la foi, nous pouvons lire dans la maladie et dans la souffrance une expérience particulière de l'Avent, une visite de Dieu qui de manière mystérieuse vient vers nous, pour nous libérer de la solitude et du non-sens et transformer la douleur en temps de rencontre avec Lui, d'espérance et de salut. Le Seigneur vient, il est ici, à côté de nous! Que cette certitude chrétienne nous aide à comprendre également la « tribulation » comme la manière dont Il peut venir à notre rencontre et devenir pour chacun le « Dieu proche » qui libère et qui sauve. Noël, auquel nous nous préparons, nous offre la possibilité de contempler le Saint Enfant, la lumière véritable qui vient dans ce monde pour manifester « la grâce de Dieu, qui apporte le salut à tous les hommes » (Tt 2, 11). Avec les sentiments de Marie, nous nous confions tous à Lui, ainsi que notre vie et notre espérance.
Chers frères et sœurs! Avec ces pensées, j'invoque sur chacun de vous la protection maternelle de la Mère de Jésus, que le peuple chrétien invoque dans l'épreuve comme salus infirmorum et je vous donne de tout cœur une Bénédiction apostolique spéciale, gage de joie spirituelle profonde, et de paix authentique paix dans le Seigneur.

© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana