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Benoît XVI: discours à la FAO

... et video: le 16 novembre 2009 (à presque 5 ans jour pour jour de la visite de son prédécesseur), à l'occasion du sommet mondial sur la sécurité alimentaire. (21/11/2014)

Il est important de rappeler – je l’ai aussi observé dans l’Encyclique Caritas in Veritate – que « la dégradation de l’environnement est (…) étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine : quand ‘l’écologie humaine’ est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage ».
C’est vrai : « le système écologique s’appuie sur le respect d’un projet qui concerne aussi bien la saine coexistence dans la société que le bon rapport avec la nature ». «Le point déterminant est la tenue morale de la société dans son ensemble ». C’est pourquoi, « les devoirs que nous avons vis-à-vis de l’environnement sont liés aux devoirs que nous avons envers la personne considérée en elle-même et dans sa relation aux autres. On ne peut exiger les uns et piétiner les autres. C’est là une grave antinomie de la mentalité et de la praxis actuelle qui avilit la personne, bouleverse l’environnement et détériore la société »

(Benoît XVI, discours à la FAO, 16 novembre 2009)


Le jeudi 20 novembre, le Pape François s'est rendu au siège de la FAO (Food and Agriculture Organisation), à Rome, où se tient la seconde Conférence internationale sur l'alimentation.

MÈRE TERRE, SOEUR TERRE
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Le bulletin VIS fournit une traduction approximative de son discours, sous un titre qui évoque les paroles de l'Internationale, "Les affamés de la terre réclament dignité, non l'aumône".

Dans la transcription "officielle" en italien (la Croix nous dit qu'il a été prononcé en espagnol) sur le site du Vatican, on relève ce passage, prononcé, semble-t-il, "a braccio", en s'écartant du texte qu'il avait en main, et qui préfigure peut-être l'encyclique annoncée sur l'écologie:

E qui penso alla nostra sorella e madre terra, al Pianeta. Se siamo liberi da pressioni politiche ed economiche per custodirlo, per evitare che si autodistrugga. Abbiamo davanti Perù e Francia, due conferenze che ci lanciano una sfida. Custodire il Pianeta. Ricordo una frase che ho sentito da un anziano, molti anni fa: “Dio perdona sempre, le offese, gli abusi; Dio sempre perdona. Gli uomini perdonano a volte. La terra non perdona mai! Custodire la sorella terra, la madre terra, affinché non risponda con la distruzione.

Dans la traduction de VIS, la réfèrence à la "soeur terre" a disparu mais on trouve bien la référence à "notre mère la terre" juste au dessus - une seule fois.

Je pense à notre mère la terre: Si nous sommes libres de conditionnements politiques et économiques, nous éviterons sa destruction. Attention (??) donc aux conférences qui se tiendront au Pérou et en France pour envisager une bonne gestion de la planète. Je me souviens d'un vieil homme que disait que Dieu pardonne toujours. Certes, il pardonne offenses et mauvaises actions, l'homme aussi pardonne parfois, mais la terre ne pardonne jamais. Nous devons choyer la terre afin d'éviter qu'elle anéantisse l'humanité.

Une terminologie inhabituelle (chez un Pape!) que je ne me rappelle pas avoir entendu chez Benoît XVI (qui parlait plutôt de Creato, "création"), et qui rappelle certes le «Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre...» du Cantique des créatures de St François d'Assise (lequel ne parlait pas de «planète»), mais aussi les écologistes politiques qui vénèrent la déesse "Gaïa", et en particulier le président bolivien Evo Morales... (mais pas seulement: cf. benoit-et-moi.fr/2012(II)), ami du Pape, qui l'a reçu récemment au Vatican avec les "mouvements populaires" [(*)].

Une autre chose remarquable, c'est que François n'a pas prononcé une seule fois le nom de son prédécesseur, qui pourtant s'était lui même rendu au siège de la FAO à Rome le 16 novembre 2009, à l'occasion du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire, et y avait prononcé un discours de haute tenue entièrement en français (la langue officielle de la FAO), prenant bien soin, lui, de citer ses prédécesseurs Jean Paul II et Paul VI, et faisant référence à l'encyclique Caritas in Veritate, qui consacrait au §27 un long développement à la faim dans le monde (encyclique également ignorée par François).
Il y affirmait déjà avec force (ce qu'a dit aussi François) qu'en opposition aux thèses malthusiennes, "la Terre est en mesure de nourrir tous ses habitants".
On lira un compte-rendu (expliquant les circonstances de la visite, et accompagné de quelques photos) ici: benoit-et-moi.fr/2009.

L'oubli du Pape François est rectifié de façon significative par Angela Ambrogetti qui, sur sa page FB, met le lien vers KTO, qui avait diffusé en direct la visite de Benoît XVI.
Le magnifique discours du Pape, contenant même de nombreuses suggestions concrètes, est à lire sur le site du Vatican: www.vatican.va.

     

Note

(*) Lors d'une conférence de presse le 22 septembre 2009 au siège des Nations unies à New York, Evo Morales réclamait l'instauration d'un référendum dans les différents pays pour voter en particulier sur la rédaction d’une déclaration de l'ONU sur les droits de la Terre mère. Et il reprenait pratiquement les mêmes arguments en décembre 2009 lors du sommet sur le réchauffement climatique de Copenhague. (fr.wikipedia.org).

Dans son pays, il met apparemment ses théories en pratique, puisqu'il a même légiféré sur la "mère-terre". Voilà par exemple ce que nous apprend ce site:

La Bolivie va devenir le premier pays au monde à conférer à la nature des droits légaux conséquents dans un effort pour arrêter le changement climatique et l’exploitation du monde naturel, et pour améliorer la qualité de vie du peuple bolivien.
Elaborée par des groupes sociaux de la base et adoptée par les politiciens, l
a Loi de Mère Terre reconnaît les droits de toutes les choses vivantes, et confère au monde naturel le même statut qu’aux êtres humains.
La législation se fonde sur les grands principes de vivre en harmonie avec la Terre et de donner la priorité au «bien collectif».
Au cœur de la Loi réside la compréhension que la Terre est sacrée, qui émane de la vision du monde andin indigène de la «Pachamama» (la Mère Terre) comme entité vivante.
... (la suite ici)