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Premier dimanche de l'Avent

Le 1er décembre 2012, Benoît XVI célébrait ses dernières Vêpres du Premier dimanche de l'Avent, comme d'habitude en présence des étudiants de Rome. Cette année, agenda oblige, elles n'ont pas été célébrées par le Pape. Une réflexion triste et nostalgique d'Andrea Carradori, responsable du site Traditio Cattolica (3/12/2014)

>>> Ci contre: Collage de Gloria, pour les Vêpres de 2010.

     

PAS DE PREMIÈRES VÊPRES PAPALES DU PREMIER DIMANCHE DE L'AVENT:
«Une nostalgie intérieure d'infini, de transcendant» (Benoît XVI)
traditiocatholica.blogspot.it/
(ma traduction)
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«Une nostalgie intérieure d'infini, de transcendant» a envahi nos cœurs quand nous avons appris que cette année, les Premières Vêpres Papales du premier dimanche de l'Avent ne seraient pas célébrée dans la basilique vaticane.
L'année dernière, le Pape, imitant l'initiative de son prédécesseur, Benoît XVI, avait impliqué pour les premières Vêpres de l'Avent les étudiants universitaires romains.
En ce 2014 fatigué a été en revanche éliminé «un événement si unique» chargé de profonde spiritualité, antique et moderne, qui marquait solennellement le début du chemin d'attente de la venue glorieuse du Sauveur Jésus-Christ .
Peut-être.. aux agences de tourisme internationales, les premières vêpres de l'Avent importent peu ... et voila les projecteurs allumés en Orient, laissant Rome dans la pénombre...

Inconsolables, il ne nous reste qu'à nous confier au souvenir reconnaissant du pontificat de Benoît XVI qui, dans la liturgie, restaurée dans le sens originel ad crucem et ad orientem, avait indiqué le lumineux parcours salvifique des croyants .
Benoît XVI le «géant de la foi» tout en étant exposé jour et nuit aux loups a montré du doigt le chemin salvifique de la bonne et sainte Liturgie, avec foi et courage: quel grand enseignement, surtout pour les jeunes générations!
L'histoire enseigne que la liturgie catholique est un instrument efficace de perfection même pour ce monde qui est loin du Christ et de l'Église.
La société «laïque» a en réalité toujours admiré la gravité solennelle des rites catholiques et souvent la liturgie s'est transformée en école de conversion, et ciment extraordinaire et efficace pour la construction de la «civitas christiana».

Après le décevant «buona sera» du 13 mars 2013, l'un des premiers appels téléphoniques que j'ai reçus est celui d'un intellectuel anglican lucide qui, exprimant ses sincères «condoléances» a conclu: « .. soyez-en certains: nous allons tous y perdre, nous les premiers. Quand le niveau romain baisse tout le monde en souffre».
Il suffit en effet de revoir sur internet la cérémonie d'intronisation du nouveau Primat anglican Justin Welby, deux jours après la Messe de début de pontificat de François, pour donner tout à fait raison aux paroles prophétiques de mon ami anglican.
Au terme de cette douloureuse réflexion de début de l'Avent, pensons combien la bonne et sainte liturgie pourrait féconder et parfaire la foi en particulier dans les «périphéries existentielles»!
Mais seulement a nous, vox clamantis in deserto, est donné aujourd'hui de se lamenter et de pleurer publiquement cette désolation croissante dans le Saint Temple de Dieu.

Prions pour l'Eglise, le Pape et les Consacrés.
Andrea Carradori

     

Cinq jours après que l'homélie ait été prononcée, devant plus de 3000 jeunes venus du monde entier (voir ici: benoit-et-moi.fr/2012(III)/articles/les-vepres-avec-le-pape-des-etudiants-de-rome), elle n'avait toujours pas été traduite en français.
J'avais donc fait ma propre traduction.

«Celui qui vous appelle est fidèle» (1 Thessaloniciens, chapitre 5)
Chers amis de l’Université,

Les paroles de l'apôtre Paul nous guident pour comprendre le vrai sens de l'année liturgique, que nous commençons ce soir ensemble avec la récitation des Vêpres de l'Avent.
Le chemin tout entier de l'année de l'Eglise est orienté à découvrir et à vivre la fidélité du Dieu de Jésus-Christ qui dans la grotte de Bethléem se présentera à nous, encore une fois, dans le visage d'un enfant. Toute l'histoire du salut est un parcours d'amour, de miséricorde et de bienveillance: de la création à la libération du peuple d'Israël de l'esclavage en Egypte, du don de la Loi au Sinaï, au retour à la Patrie après la captivité babylonienne. Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob a toujours été le Dieu proche, qui n'a jamais abandonné son peuple. Plusieurs fois, il en a subi avec tristesse l'infidélité et attendu patiemment son retour, toujours dans la liberté d'un amour qui précède et soutient le bien-aimé, attentif à sa dignité et à ses aspirations les plus profondes.

Dieu ne s'est pas enfermé dans son ciel, mais il s'est penché sur l'histoire de l'homme: un grand mystère qui parvient à dépasser toute attente possible. Dieu entre dans le temps de l'homme de la façon la plus inattendue, se faisant enfant et parcourant les étapes de la vie humaine, afin que toute notre existence, esprit, âme et corps - comme saint Paul nous le rappelle - puisse se conserver, irrépréhensible, et s'élever à la hauteur de Dieu.
Et tout cela, il le fait par son amour fidèle envers l'humanité.
L'amour, quand il est vrai, tend par sa nature au bien de l'autre, au plus grand bien possible, et ne se limite pas simplement à respecter les engagements pris par amitié, mais il va au-delà, sans calcul ni mesure. C'est justement ce qu'a accompli le Dieu vivant et vrai, dont le mystère profond nous est révélé dans les paroles de saint Jean: «Dieu est amour» (1 Jn 4:8,16). Ce Dieu en Jésus de Nazareth assume en lui-même l'humanité toute entière, toute l'histoire de l'humanité, et donne un tour nouveau, décisif, vers une nouvelle manière d'être humain, caractérisé par l'«être» né de Dieu et tendre vers Lui (cf. l'Enfance de Jésus, p. 19).

Chers jeunes, Illustres Recteurs et Professeurs, c'est pour moi une grande joie de partager ces réflexions avec vous qui représentez ici le monde universitaire romain, où confluent, en dépit d'identités spécifiques, les universités d'Etat et privées de Rome, et les Instituts pontificaux, qui depuis tant d'années marchent main dans la main, donnant un témoignage vivant de dialogue fructueux et de collaboration entre les différentes disciplines et la théologie. Je salue et je remercie le Cardinal Préfet de la Congrégation pour l'éducation catholique, le recteur de l'Université de Rome "Foro Italico" et votre représentante, pour les paroles qu'elle m'a adressées en votre nom. Je salue chaleureusement le Cardinal-Vicaire et le ministre de l'Education, de l'Université et de la Recherche, ainsi que les différentes autorités académiques présentes.

Avec une affection particulière, je vous salue vous, chers étudiants des universités romaines qui avez renouvelé votre profession de foi sur la tombe de l'Apôtre Pierre. Vous vivez le temps de préparation aux grands choix de votre vie, et au service dans l'Église et dans la société. Ce soir, vous pouvez expérimenter que vous n'êtes pas seuls: les professeurs, les aumôniers universitaires, les responsables des collèges sont avec vous. Le Pape est avec vous! Et surtout, vous êtes insérés dans la grande communauté universitaire de Rome, où il est possible de cheminer dans la prière, dans la recherche, dans la confrontation, dans le témoignage de l'Evangile. C'est un don précieux pour votre vie; sachez le voir comme un signe de la fidélité de Dieu, qui vous offre des occasions de conformer votre existence à celle du Christ, pour vous laisser sanctifier par Lui jusqu'à la perfection (cf. 1 Th 5:23).
L'année liturgique que nous commençons avec ces Vêpres sera pour vous le chemin dans lequel revivre, une fois de plus, le mystère de cette fidélité de Dieu, sur laquelle vous êtes appelés à fonder, comme sur un rocher sûr, votre vie. Célébrant et vivant avec toute l'Eglise cet itinéraire de foi, vous ferez l'expérience que Jésus-Christ est l'unique Seigneur du cosmos et de l'histoire, sans lequel toute construction humaine risque de disparaître dans le néant. La liturgie, vécue dans son esprit véritable, est toujours l'école fondamentale pour vivre la foi chrétienne, une foi «théologale» qui vous implique dans tout votre être - esprit, âme et corps - pour vous faire devenir des pierres vivantes de l'édifice de l'Eglise et des collaborateurs de la nouvelle évangélisation. De manière particulière, dans l'Eucharistie, le Dieu vivant se rend si proche qu'il se fait nourriture qui soutient le chemin, présence qui transforme avec le feu de son amour.

Chers amis, nous vivons dans un contexte où souvent nous rencontrons l'indifférence à Dieu. Mais je pense qu'au fond de ceux - aussi parmi vos camarades - qui vivent l'éloignement de Dieu, il y a une nostalgie intérieure d'infini, de transcendant. Il est de votre devoir de témoigner dans les salles de cours, le Dieu proche, qui se manifeste dans la recherche de la vérité, âme de chaque effort intellectuel. À cet égard, je tiens à exprimer ma gratitude et mes encouragements pour le programme de pastorale universitaire intitulé: «Le Père l'a vu de loin. L'Aujourd'hui de l'homme l'aujourd'hui de Dieu », proposé par l'Office de Pastorale universitaire du Vicariat de Rome. La foi est la porte que Dieu ouvre dans nos vies pour nous conduire à la rencontre avec le Christ, en qui l'aujourd'hui de l'homme rencontre l'aujourd'hui de Dieu; la foi chrétienne n'est pas l'adhésion à un dieu générique ou indéfini, mais au Dieu vivant qui en Jésus-Christ, le Verbe fait chair, est venu dans notre histoire et s'est révélé comme Rédempteur de l'homme. Croire, cela signifie confier sa vie à Celui qui seul peut lui donner sa plénitude dans le temps et l'ouvrir à une espérance au-delà du temps.

Réfléchir sur la foi en cette «Année de la Foi», c'est l'invitation que je désire adresser à toute la communauté universitaire de Rome. Le dialogue en cours entre les universités publiques ou privées et celles pontificales laisse espérer une espérance de plus en plus significative de l'Eglise dans la culture non seulement romaine, mais aussi italienne et international. Les semaines culturelles et le symposium international des professeurs qui aura lieu en Juin, seront un exemple de cette expérience, qui je l'espère pourra se réaliser dans toutes les villes où sont présentes des universités publiques, privées et papale.

Chers amis, «Celui qui vous appelle est fidèle, et fera tout cela (1 Thessaloniciens 5:24); il fera de vous des annonciateurs de sa présence. Dans la prière de ce soir, nous nous mettons idéalement en route vers la grotte de Bethléem pour goûter la vraie joie de Noël: la joie d'accueillir au centre de notre vie, en suivant l'exemple de la Vierge Marie et de saint Joseph, cet Enfant qui nous rappelle que les yeux de Dieu sont ouverts sur le monde et sur chaque homme (cf. Zacharie 12:4). Les yeux de Dieu sont ouverts sur nous, car Il est fidèle à son amour! Seule cette certitude peut conduire l'humanité vers des objectifs de paix et de prospérité, en ce moment historique complexe et délicat.
Aussi la prochaine Journée Mondiale de la Jeunesse à Rio de Janeiro sera pour vous, jeunes étudiants universitaires, une grande occasion pour manifester la fécondité historique de la fidélité de Dieu, offrant votre témoignage et votre engagement pour le renouveau moral et social du monde. La remise de l'Icône de Notre-Dame Siège de la Sagesse à la délégation universitaire brésilienne par l'aumônerie de Rome, qui fête cette année son vingtième anniversaire, est un signe de l'engagement commun de vous, les jeunes universitaires de Rome.

A Marie, Siège de la Sagesse, je vous confie tous, vous et vos proches; l'étude, l'enseignement, la vie des universités; spécialement le processus de formation et de témoignage en cette Année de la Foi. Que les flambeaux que vous porterez dans vos aumôneries soient toujours alimentés par votre foi humble mais pleine d'adoration, pour que chacun de vous soit une lueur d'espoir et de paix à l'université.

Amen.