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Ainsi va l'Eglise

Le cardinal Dolan (pour se faire bien voir des médias?) compare les terroristes de l'ISIS et ceux de l'IRA... La réponse de Riccardo Cascioli

L'archevêque de New York, le jovial cardinal Dolan, dont on se rappelle qu'au dernier conclave, il était donné pour un papabile sérieux, et que son élection était même "supportée" par un certain nombre de "conservateurs", n'en finit pas de donner des gages au politiquement correct.
Après le scandale du défilé 2015 (qui aura lieu le 17 mars prochain) de la Saint Patrick (où, désigné comme "Grand Marshall", il a de facto accepté que pour la première fois, des militants LGBT défilent en tant que tels - et pas en tant que "personnes homosexuelles", cf. benoit-et-moi.fr/2014-II-1/actualites/la-victoire-dun-lobby et aussi benoit-et-moi.fr/2014-II-1/actualites/la-reddition-du-cardinal-dolan) voilà qu'allant au-devant des voeux des pires ennemis de L'Eglise, il compare publiquement l'IRA (*) et l'ISIS.

De cet alignement de l'Eglise au monde, l'élection de François ne serait-elle finalement qu'un symptôme - et pas forcément la cause? Et le Pontificat de Benoît XVI une belle parenthèse, qu'une large frange de l'Eglise voulait à tout prix refermer? Franchement, il y a des jours où l'on se pose la question....

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(*) Cf. fr.wikipedia.org/wiki/Official_Irish_Republican_Army
L'Official Irish Republican Army (en français : Armée républicaine irlandaise officielle) est une organisation paramilitaire républicaine irlandaise active pendant le conflit nord-irlandais entre décembre 1969 et mai 1972. Elle ne déposera totalement les armes qu'en février 2010. Perdant 21 de ses membres pendant le conflit, elle se rendit responsable de la mort de 52 personnes.

Terrorisme: même le cardinal fait feu sur les catholiques

Riccardo Cascioli
7 mars 2015
www.lanuovabq.it
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On peut comprendre le désir d'aider le monde musulman à prendre ses distances des terroristes islamiques, promouvant même aussi une révision de l'Islam; et la volonté de ne pas exacerber les tensions est sans doute louable. Mais pourquoi le faire en racontant des mensonges sur le christianisme? Ou en mettant en cause les catholiques, qui n'ont rien à voir là-dedans?

C'est injustifiable, même si c'est compréhensible, quand c'est le président américain Barack Obama qui le fait, comme quand il avait proposé un parallèle avec le bûcher des hérétiques au Moyen Age, presque pour justifier les terribles images du pilote jordanien brûlé vif dans une cage. Mais si c'est un cardinal de l'Église catholique romaine qui suggère certaines analogies, surtout quand il s'agit du Cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York, peu connu pour être un progressiste fanatique, il y a de quoi rester sans voix.

Et pourtant le cardinal Dolan a réussi à mettre sur le même plan l'Isis et l'IRA, l'Armée républicaine irlandaise responsable de plusieurs attentats terroristes en Irlande du Nord et en Angleterre entre les années 70 et 90 du siècle dernier.
Dans une interview à CNN, affirmant que les terroristes de l'Isis «ne sont pas de vrais musulmans», il s'est lancé dans cette analogie:

«Vous vous rappelez, il y a 30, 35, 40 ans, l'IRA en Irlande? L'IRA disait être catholique. Et ils étaient baptisés; ils avaient une identité catholique. Mais ce qu'ils ont fait était une perversion de tout ce que l'Eglise affirme. Et au grand mérite des évêques irlandais, je dois dire que chaque fois que l'IRA faisait exploser une voiture, une maison ou une caserne de l'armée britannique, les évêques irlandais disaient "ils ne sont pas catholiques".».

Avec tout le respect dû, il faut dire clairement que le cardinal Dolan a les idées assez confuses, tant sur l'ISIS que sur l'IRA, ou alors l'anxiété d'apparaître politiquement correct a désormais pris le dessus sur le devoir d'affirmer la vérité .

Laissons même de côté l'aspect quantitatif et qualitatif des actes de terrorisme (et sans considérer que l'IRA avait en face également des terroristes, de signe opposé), qui déjà, à lui seul, devrait décourager toute forme de comparaison: ce serait comme faire une analogie entre l'Allemagne nazie et le Venezuela de Chavez. Même si ce régime est condamnable et pervers, il serait plutôt difficile de le comparer avec les camps d'extermination. Mais ici, nous sommes encore dans le domaine du bon sens. Et laissons également tomber la référence au baptême comme preuve de la «responsabilité» catholique. A cette aune, même le nazisme et le communisme devraient être crédités au christianisme. Et là encore, le bon sens suffit pour éviter de dire des insanités.

Ce qui est vraiment grave, en revanche, c'est l'équation «l'ISIS est à l'islam ce que l'IRA est au catholicisme».
Eh bien non, c'est inacceptable.
Non seulement parce que - comme Dolan l'a souligné à juste titre (c'est au moins cela) - les évêques catholiques n'ont jamais approuvé les actes de terrorisme - mais même l'IRA n'a jamais songé à se proclamer une armée catholique. Au contraire, l'IRA avait une claire identité marxiste et jamais aucun de ses leaders n'a dit ou laissé entendre qu'ils se battaient pour une forme plus pure du catholicisme ou pour convertir les protestants à la vraie religion. L'IRA combattait pour l'indépendance de l'Irlande du Nord, c'était une armée républicaine contre les milices loyalistes et les «troupes d'occupation britanniques». Avec des méthodes erronées, avec des actes terroristes injustifiables, avec la terreur même contre la population catholique, mais jamais au nom de la foi catholique.

Ce qui n'est clairement pas le cas de l'ISIS, qui au contraire mène une guerre d'invasion et de terreur et le fait ouvertement au nom de l'Islam.
Une perversion?
D'abord, le cardinal Dolan devrait démontrer que d'autres pays islamiques se comportent de façon différente de l'Etat islamique: l'Arabie Saoudite, par exemple, où les décapitations sont peut-être plus fréquents que dans le califat, et où on ne plaisante pas avec la persécution contre ceux qui ne sont pas en ligne avec le régime. Le fait est qu'il n'y a pas un seul état islamique (il y a une conférence des pays islamiques) où existe, je ne dis pas la liberté et la démocratie, mais même le moindre respect des droits humains fondamentaux à commencer par la liberté religieuse.

Comme nous l'avons dit à maintes reprises, une chose est de dire que peut-être la majorité des musulmans sont contre la violence, l'autre est de dire que la violence et le fondamentalisme n'ont rien à voir avec l'islam. Fermer les yeux à la réalité non seulement nous rend vulnérables, mais n'aide pas non plus ceux qui dans l'Islam essaient de promouvoir une réforme religieuse.

Mais aujourd'hui, il semble que, dans ce processus d'auto-dissolution, nous ayons franchi une étape supplémentaire: pour démontrer que le terrorisme n'a rien à voir avec l'Islam, nous inventons l'existence d'un terrorisme catholique. Dont bien sûr nous devons avoir honte.
Pendant ce temps-là, le Califat avance impertubablement en coupant les têtes et en semant la terreur.

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