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Crise de l'homme et féminisation dans l'Eglise

Une longue interview-choc du cardinal Burke. Traduction de Anna (11/1/2015)

     

Le cardinal Burke a accordé récemment une longue interview au site <Emangelization>, portail internet d'un mouvement qui se donne pour objectif d'«attirer des hommes (genre masculin!) à Jésus-Christ et Son Eglise catholique».
La Croix du 8 janvier (Urbi et Orbi, service payant) note que «Pour le cardinal Leo Burke, l’Église catholique est trop "féminisée" ».
J'imagine qu'il y a une certaine ironie sous-jacente.
Mais les propos du courageux cardinal sont diamétralement opposés au politiquement correct: il s'inscrit de façon radicale CONTRE les folies du gender. Il parle du féminisme radical, de la famille, notamment du rôle du père, de l'explosion de la pornographie, de la liturgie, du sacerdoce, du péché...
Tout pour se faire des ennemis parmi les lecteurs de La Croix, et d'autres - qui sont les seuls à avoir le droit de s'exprimer au nom de l'Eglise depuis quelque temps.
Sauf à s'enfermer dans le déni, force est pourtant de constater que les effets qu'il décrit sont sous les yeux de tous. Tout se tient.
Certains passages qui s'appuient sur ses souvenirs personnels sont d'une grande beauté: c'est une femme qui écrit cela!
Texte en anglais: www.newemangelization.com/uncategorized/cardinal-raymond-leo-burke-on-the-catholic-man-crisis-and-what-to-do-about-it/
Traduction de Anna.

     

LE CARDINAL RAYMOND LEO BURKE SUR LA "CRISE DE L'HOMME" CATHOLIQUE ET CE QU'IL FAUT FAIRE
Matthew James Christoff
5 janvier 2015
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J'ai eu récemment le grand honneur d'avoir une audience avec Son Eminence le Cardinal Raymond Leo Burke et de parler de la situations des hommes catholiques aux Etats-Unis. En voici la transcription complète.


Matthew James Christoff du New Emangelization Project: Votre Eminence, nous sommes heureux d'avoir la chance d'être ici avec vous. Nous allons parler aujourd'hui de la situation des hommes catholiques aux Etats-Unis et comment attirer plus d'hommes dans la nouvelle Evangélisation. Pour commencer, voudriez-vous décrire la situation des hommes dans l'Eglise catholique d'aujourd'hui.

Cardinal Raymond Leo Burke: Je pense qu'il y a eu une grande confusion par rapport à la vocation spécifique des hommes dans le mariage et des hommes en général dans l'Eglise durant les 50 dernières années. Cela a été provoqué par de nombreux facteurs, mais le féminisme radical qui a attaqué l'Eglise et la société depuis les années 1960 a laissé les hommes très marginalisés.
Malheureusement le mouvement féministe radical a fortement influencé l'Eglise, l'entraînant à traiter les problèmes des femmes au détriment de problèmes cruciaux pour les hommes; l'importance du père, dans l'union matrimoniale ou pas; l'importance du père pour les enfants; l'importance de la paternité pour les prêtres; le rôle vital d'un caractère viril; l'accent sur les dons particuliers que Dieu donne aux hommes en vue du bien de toute la société.
La bonté et l'importance des hommes ont été obscurcies, et pour toutes sortes de fins pratiques elles n'ont pas été mises en évidence du tout. Cela en dépit de la longue tradition qui a existé dans l'Eglise, surtout à travers la grande dévotion à Saint Joseph, de mettre l'accent sur le caractère viril de l'home qui sacrifie sa vie pour l'amour de sa maison, qui se prépare à défendre avec chevalerie sa femme et ses enfants et qui travaille pour faire vivre sa famille. Beaucoup de cette tradition qui préfigure la nature héroïque de la virilité a été perdue aujourd'hui dans l'Eglise.

Tous ces traits vertueux du sexe masculin sont très importants pour l'enfant à observer tandis qu'il grandit et mûrit. Une saine relation avec le père aide l'enfant à dépasser l'amour intime avec la mère, construisant une discipline afin que l'enfant puisse éviter un narcissisme excessif. Cela permet à l'enfant d'être capable de s'identifier correctement comme une personne en relation avec les autres; cela est vital pour les garçons et les filles.

La relation de l'enfant avec son père est la clé de son auto-identification qui se met en place pendant la croissance. Nous avons besoin de la relation très forte et confirmante avec la mère, mais en même temps c'est la relation avec le père, qui est plus distante mais non moins aimante, qui discipline nos vies. Elle apprend à l'enfant à vivre une vie désintéressée, prêt à faire n'importe quel sacrifice pour être fidèle à Dieu et les uns aux autres.
Je me souviens qu'au milieu des années 70 des jeunes hommes me disaient qu'ils étaient, d'une certaine façon, effrayés par le mariage à cause d'attitudes radicalisantes et auto-centrées des femmes qui apparaissaient à l'époque. Ces jeunes gens craignaient que s'engager dans un mariage nne marcherait pas à cause de la demande constante et insistante de droits pour les femmes. Ces divisions entre femmes et hommes on empiré depuis lors.
Tout le monde comprend que les femmes ont été et peuvent être maltraitéespar les hommes. Les hommes qui abusent des femmes ne sont pas de vrais mais de faux hommes ayant manqué à leur propre caractère viril en maltraitant les femmes.
La crise entre l'homme et la femme a été aggravée par l'effondrement complet de la catéchèse dans l'Eglise. Des jeunes gens ont grandi sans une instruction appropriée en ce qui concerne leur foi et la connaissance de leur vocation. On n'a pas appris aux jeunes qu'ils sont faits à l'image de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. On n'a pas enseigné à ces jeunes gens toutes ces vertus nécessaires pour être un homme et porter à leur accomplissement les dons particuliers d'être mâle.
Pour empirer les choses, il y a eu une sorte d'approche catéchétique duveteuse et très superficielle à la question de la sexualité humaine et de la nature de la relation maritale.
En même moment, dans la société, s'est produite une explosion de la pornographie, particulièrement corrosive pour les hommes parce que elle déforme totalement toute la réalité de la sexualité humaine. Elle amène les hommes et les femmes à voir leur sexualité humaine en dehors de la relation entre un homme et une femme dans le mariage.
Le don de la sexualité humaine devient un moyen d'auto-gratification souvent au dépens de l'autre personne, que ce soit dans des relations hétérosexuelles ou des relations homosexuelles. Un homme qui n'a pas été formé avec une identité propre comme homme et comme père deviendra finalement très malheureux. Ces homme pauvrement formés deviennent dépendants de la pornographie, de la promiscuité sexuelle, de l'alcool, des drogues, et de toute la gamme des addictions. Mais, dans tout ce mélange, est-ce que je parle trop?

* * *

Matthew: Non, non [rire].

Cardinal Burke: A empirer cette triste confusions des hommes dans la culture, il y a eu aussi une grande perte de la vie familiale. La culture est devenue très matérialiste et consumériste, conduisant le père, et souvent aussi la mère, à travailler de longues heures. La mentalité de consommation a conduit à l'idée que la vie des enfants doit être remplie avec des activités: école, sports et musique et tous genres d'activités tous les soirs de la semaine.
Toutes ces choses sont bonnes en soi, mais une perte d'équilibre s'est produite. La vie de famille où les enfants passent un temps adéquat avec leurs parents a été perdue dans beaucoup de familles. Les familles n'ont plus des repas ensemble. Je me souviens que mon père nous donnait des cours et nous apprenait les bonnes manières au souper. Le fait d'avoir passée du temps à parler avec mes parents a été très important dans ma croissance. Quand j'étais jeune prêtre, j'étais attristé d'entendre des pères et des enfants me dire qu'ils parlaient rarement ensemble, et que quant ils le faisaient, ce n'était que brièvement.
Les familles devraient avoir au moins un repas ensemble chaque semaine où toute la famille est ensemble. Un garçon ou un jeune homme a peu de chances de construire une identité masculine correcte, ni les vertus masculines, s'il ne vit pas avec un père et une mère, où il peut être témoin de cette unique et complémentaire interaction entre l'homme et la femme dans la vie familiale, dans laquelle la vie humaine est bien accueillie, élevée (nurtured) et développé.
Toutes ces forces se sont réunies et ont grièvement blessé les hommes.
L'Eglise, hélas, n'a pas réagi efficacement à ces forces culturelles destructives; au lieu de cela, l'Eglise s'est laissée influencer par le féminisme radical et a largement ignoré les nécessités importantes des hommes.

Ma génération a considéré pour acquises les bénédictions que nous avions la chance d'avoir eues dans notre solide vie familiale et avec notre solide formation de la part de l'Eglise. Ma génération a permis à toute cette absurdité de la confusion sexuelle, du féminisme radical et de la décomposition de la famille de perdurer, ne comprenant pas que nous privions les générations suivantes des dons les plus précieux que nous avions eu la chance de recevoir.
Nous avons grièvement blessé l'actuelle génération. Comme évêque, des jeunes se sont amèrement plaints à moi: «Pourquoi ne nous a-t-on pas appris ces choses? Pourquoi n'avons-nous pas été plus clairement enseigné sur la Messe, la Confession et les prières traditionnelles?» Ces choses comptent car elles forment une vie spirituelle et le caractère des hommes.

Aller à la Confession et à la Messe du dimanche, prier le Rosaire ensemble en famille le soir, prendre les repas ensemble, tout cela donne une direction pratique dans la vie chrétienne. Apprendre qu'il n'est pas viril d'être vulgaire ou de blasphémer et qu'un homme est accueillant et courtois envers les autres, cela peut sembler de petites choses mais elles forment le carachtère d'un homme. Beaucoup de cela a été perdu.

* * *

Matthew: Eminence, quel a été l'impact de cette «crise de l'homme» dans l'Eglise?

Cardinal Burke: L'Eglise s'est beaucoup féminisée. Les femmes sont merveilleuses, naturellement. Elles répondent très naturellement à l'invitation d'être actives dans l'Eglise. A part le prêtre, le sanctuaire s'est rempli de femmes. Les activités dans la paroisse et même la liturgie ont été influencés par les femmes et sont devenues si féminines en beaucoup de lieux que les hommes ne veulent pas s'y impliquer.
Par exemple, il est devenu politiquement incorrect de parler des Chevaliers de l'Autel (Knights of the Altar), une idée fortement attrayante pour de jeunes hommes. Les Chevaliers de l'Autel insistent sur l'idée que de jeunes hommes offrent leur service chevaleresque à l'autel en défense du Christ dans les réalités sacrées de l'Eglise. Cette idée n'est plus la bienvenue en de nombreux endroits aujourd'hui.
Des aspects de la vie ecclésiale qui soulignaient le caractère masculin de la dévotion et du sacrifice ont été mis en sourdine. Le culte qui demande du temps et de l'effort a été simplement abandonné. Tout est devenu tellement simple et lorsque les choses sont simples, les hommes ne pensent pas qu'elles en vaillent l'effort.
Il y a eu et il continue d'y avoir de graves abus liturgiques qui aliènent les hommes.

En plusieurs endroits la Messe est devenue très "axée sur le prêtre", c'est comme un "spectacle du prêtre". Ce genre d'abus amène une perte du sens du sacré qui prive la messe son mystère essentiel.
La réalité du Christ Lui-même descendant sur l'autel et rendant présent Son sacrifice sur le Calvaire a été obscurcie. Les hommes sont attirés au mystère du sacrifice du Christ mais s'en détachent lorsque la Messe devient un "spectacle du prêtre" ou des banalités.

L'expérimentation liturgique généralisée après Vatican II a dépouillé le Rite de la Messe de beaucoup de son articulation attentive des Mystères Sacrés élaborée au cours des siècles. La Messe semblait devenir quelque chose de très familier, pratiquée par des hommes; le profond sentiment surnaturel du Mystère Sacré n'est plus clair.

La perte du sacré a conduit à une perte de la participation de femmes et d'hommes. Mais je crois que les hommes ont réellement été rebutés par la perte du sacré. Il est évident que beaucoup d'entre eux ne sont pas attirés dans une plus profonde spiritualité liturgique; beaucoup d'entre eux ne sont plus attirés par le service de l'autel.
Des jeunes hommes répondent à la rigueur, à la précision et à l'excellence. Quand j'ai été formé pour devenir servant d'autel, ma formation dura plusieurs semaines et on devait apprendre par coeur les prières aux pieds de l'autel. Le service était rigoureux et soigneusement exécuté. Tout d'un coup, au lendemain du Vatican II, la célébration de la liturgie devint négligée en plusieurs endroits. Elle devint moins attractive pour les jeunes hommes, car elle était exécutée négligemment.

L'introduction des filles dans le service d'autel amena aussi beaucoup de garçons à abandonner le service d'autel. Les filles aussi étaient bonnes dans le service d'autel, et donc au fil du temps beaucoup de garçons s'en éloignèrent progressivement. Je voudrais souligner que cette pratique d'avoir exclusivement des garçons servants d'autel n'a rien a voir avec l'inégalité des femmes dans l'Eglise.

Je pense que cela a contribué à une perte de vocations sacerdotales. Il faut une certaine discipline masculine pour servir comme enfant de choeur aux côtés du prêtre, et c'est au service de l'autel que de nombreux prêtres ont eu leur premières profondes expériences de la liturgie. Si nous ne formons pas de jeunes hommes comme enfants de choeur, leur offrant l'expérience de servir Dieu dans la liturgie, il ne faudrait pas s'étonner que les vocations aient fortement diminué.

* * *

Matthew: Il y a un grand besoin d'une Nouvelle Evangélisation des hommes dans l'Eglise, pour utiliser notre terme «New Emangelization». De petites mesures et des efforts progressifs ne sont pas susceptibles d'enrayer l'exode de l'Eglise de la part des hommes. Que doit-il se produire dans l'Eglise afin que des millions d'hommes tièdes soient attirés à nouveau dans une fervente vie de foi catholique?

Cardinal Burke: Tour d'abord, l'Eglise doit faire un effort concentré d'évangélisation d'hommes en livrant un message fort et cohérent sur ce que signifie être un fidèle catholique.
Il faut aborder très directement le sujet du défi exigeant et noble de servir Jésus Christ le Roi Eternel et Son Eglise Catholique. Les hommes sont assoiffés de sens au delà du monde ordinaire.

La culture dans laquelle nous vivons est en faillite et les jeunes hommes, surtout, en reconnaissent la fragilité. De jeunes hommes et de jeunes femmes veulent entendre des paroles adressées personnellement à eux afin que leurs vertus et dons soient utilisés pour le bien de tous. Nous voyons que les hommes ont faim du grand succès des conférences des hommes catholiques qui se développent aux Etats-Unis. C'est une preuve qu'ils répondent si l'Eglise leur tend une main d'une manière stimulante. Les hommes sont confrontés à de grandes tentations, en particulier comme je le disais à cause de la confusion sur la sexualité et ont désespérément besoin qu'on leur enseigne comment combattre ces tentations dans le Christ. Les hommes ont besoin d'entrer dans la prière et, avec l'aide de la grâce de Dieu, il peuvent surmonter ces pénibles tentations et devenir des hommes d'un caractère moral fort. Des hommes catholiques.

Nous voyons aussi que nos séminaires commencent à attirer de nombreux jeunes hommes forts souhaitant servir Dieu comme prêtres. Les jeunes hommes de la nouvelle récolte sont virils et sûrs de leur propre identité. Il s'agit d'une évolution positive, car il y a eu une période où des hommes féminisés et confus sur leur propre identité sexuelle sont entrés dans la prêtrise; malheureusement certains de ces hommes perturbés ont abusé sexuellement des mineurs; une terrible tragédie de laquelle l'Eglise porte le deuil.

Nous devons être très clairs avec les hommes à propos de la pureté, de la chasteté, de la modestie et même de la façon des hommes de s'habiller et de se présenter. Le comportement et l'habillement comptent car ils influencent leur relation au monde et influencent la culture. Les hommes doivent s'habiller et agir d'une manière qui soit respectueuse d'eux mêmes, des femmes et des enfants.

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Matthew: Un des thèmes fréquents dans le projet de recherche de la "New Emangelization" est que beaucoup d'hommes ne comprennent pas la Messe. Ils pensent que la Messe est féminisée et ne comprennent pas la puissante virilité de la Messe. Cela est spécialement vrai pour une majorité d'hommes catholiques qui sont des hommes catholiques superficiels (causals), des hommes qui sont superficiels avec leur foi. C'est crucial, car si un homme ne comprend pas la Messe il ne peut pas puiser dans les traces surnaturelles qui arrivent dans la Messe. Si un homme ne comprend pas lui-même la Messe il ne peut certainement pas enseigner à ses enfants ce qu'est la Messe.

Cardinal Burke: Oui. Une manière de ré-engager les hommes est de restaurer la dignité de la liturgie. Les hommes répondront quand il verront qu'un prêtre agit avec révérence au nom du Christ. Le hommes ne répondront pas si le prêtre se produit lui-même en spectacle. Offrir une Messe avec vénération a toujours attiré des hommes tout au long de l'histoire de l'Eglise. Et aujourd'hui aussi.

Nous devons catéchiser les hommes aux profondes réalités de la Messe. Comme je vous l'ai dit, la catéchèse a été défaillante, surtout celle des hommes. Catéchiser les hommes et célébrer la Messe avec vénération fera une grande différence. Il est tout aussi clair que de nombreux hommes répondront à la Forme Extraordinaire du Rite Romain, le rite célébré avant les réformes du Concile Vatican II.

J'ai été très frappé par le nombre des jeunes hommes attirés par la Forme Extraordinaire de la messe. Et cela non pas parce que la Forme Extraordinaire et plus valide que le Novus Ordo, la Forme Ordinaire. Les hommes sont attirés par la Forme Extraordinaire car elle est très richement articulée; elle demande de l'attention à ce qui est en train de se produire. Même l'usage d'un missel, avec l'accompagnement verbal à l'action de la Messe peut aider à y entrer plus pleinement.

La Forme Ordinaire, si elle est célébrée avec beaucoup de dévotion et une bonne musique, peut avoir le même effet positif sur des hommes. Des hommes ne vont pas à la Messe pour ce genre d'approche sentimentale, si elle devient un espèce de session de bien-être, ou s'il y a manque de révérence. Les hommes sont là pour recevoir Jésus Christ. Ils ont besoin de Le voir, de voir Sa présence dans la manière vénérante du prêtre.

* * *

Matthew: Le Sacrement de la Réconciliation a aussi été abandonné par la grande majorité des hommes catholiques. Un homme seul sur 50 va à la Confession chaque mois. Quelque 80 pour cent des hommes ne se confesse même pas une fois par an. Associé à l'épidémie de pornographie, surtout parmi les jeunes hommes, un grand nombre de jeunes catholiques sont en état de péché mortel. Comment l'Eglise peut-elle réintroduire et insister sur le besoin pour les hommes d'aller à la Confession?

Cardinal Burke: Tant que les hommes ne comprennent pas qu'il y a le Péché, et ce qu'est le Péché, et que le Péché offense Dieu gravement, ils n'iront pas se confesser. Les hommes ont besoin d'une rencontre avec Dieu, avec Notre Seigneur dans le Sacrement de la Pénitence afin de confesser leurs péchés, exprimer leur peine, et recevoir son pardon.
Les hommes ne vont pas à la Confession aujourd'hui parce que il y a un déni du Péché. Il y eu un moment après Vatican II où nombreux soutenaient l'idée qu'il n'y avait aucun péché sérieux.
Ceci est évidemment létal pour les hommes, surtout les jeunes. De jeunes hommes peuvent commencer à s'engager dans le péché sexuel de la masturbation. Des hommes m'ont raconté que quand ils étaient adolescents, ils confessaient au prêtre le péché de masturbation et il leur répondait: «Ce n'est pas une chose dont il faut se confesser. Tout le monde le fait». C'est faux.
Il s'agit de péchés dont il faut se confesser avec les autres genres de péchés, qu'il soient le langage grossier, le mensonge, le vol, ou quel qu'il soit. Le déni du péché a été une dégradation du sentiment de ce qui est requis des hommes en tant qu'hommes du Christ.

Affronter le péché est essentiel dans la capacité de s'aimer l'un l'autre. Comment un homme aime-t-il? Il aime en obéissant aux Dix Commandements. Après Vatican II, le grand appel à l'amour dans la lutte contre le péché a été perdu, conduisant aux plus horribles abus des individus, abusant d'eux-mêmes ou abusant des autres, à l'effondrement de la vie familiale, à une chute précipitée de la fréquentation de la Messe et à l'abandon du sacrement de Pénitence. Nous devons restaurer le sentiment du péché chez les hommes, afin qu'ils reconnaissent leurs péchés et expriment à cause d'eux une profonde douleur.

Quand cela arrive, la Confession devient une expérience belle et mystérieuse pour un homme. Car il peut alors savoir avec certitude qu'il a exprimé personnellement sa peine à Dieu, et il peut entendre les mots libérateurs de Dieu à travers Son ministre et que ses péchés sont pardonnés et il est absous.

* * *

Matthew: Quel conseil donneriez-vous à un prêtre afin de l'aider à évangéliser les hommes et à augmenter fortement leur engagement dans la paroisse?

Cardinal Burke: Tout d'abord, soyez viril vous-même. En d'autres mots, cultivez vos propres qualités viriles, car le prêtre est avant tout un père spirituel; il est un homme. Vous devez avoir des qualités viriles de dévouement, d'esprit chevaleresque et de discipline afin d'éviter des situations inappropriées pour un prêtre. Un prêtre doit avoir la confiance virile et la crédibilité d'être un père spirituel pour son troupeau, leur donnant des directives fermes et claires avec bonté et charité.

Deuxièmement, je leur conseillerais de réserver une attention spéciale aux hommes et de rechercher des moyens de les engager dans la vie de l'Eglise. Il est plus facile d'engager des femmes parce que nos soeurs sont très généreuse et ont du talent. Mais l'Eglise et chaque prêtre doivent faire un effort résolu afin d'attirer de bons hommes catholiques dans toute activité qu'il puisse y avoir dans l'Eglise. C'est essentiel à la Nouvelle Evangélisation.

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Matthew: Avez vous des réflexions finales Votre Eminence?

Cardinal Burke:
Je félicite beaucoup votre démarche de la Nouvelle Evangelisation des Hommes (New Emangelization). Elle est essentielle à la nouvelle Evangélisation en général. Lorsque le gouvernement français a unilatéralement imposé le soi-disant mariage du même sexe, qui n'est évidemment pas du tout un mariage, il a fait sortir dans la rue deux millions de personnes se ralliant derrière la simple image de pères et mères tenant leurs enfants par la main. Les pères sont essentiels à la famille.

Les hommes doivent réfléchir à leur propre expérience, même si elle est négative. Si un père a été absent dans leur vies, les hommes doivent comprendre ce dont ils avaient besoin dans un père et une mère. Pères et mères sont des dons merveilleux que Dieu nous a donnés.

Un don magnifique est également notre sexualité humaine comme Dieu l'a entendue, non pas, malheureusement, les nombreux abus dépravés du don de la sexualité qui interviennent dans le monde aujourd'hui. L'obscure confusion de la théorie du gender fait croire aux gens qu'ils peuvent créer leur propre identité sexuelle sur la base de pulsions et d'émotions. Nous avons eu une telle chance du don que Dieu nous a donné d'être un homme ou une femme. De notre côté nous devons répondre à la volonté de Dieu et développer nos dons d'être un homme ou une femme.



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