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Deux ans avec François

Une revue de presse allemande qui tranche avec le consensus français, sur le site Katholisches.info. Traduction de Isabelle

J’ai trouvé sur katholishes.info un article composé comme un florilège d'extraits de la presse allemande qui dressent un bilan sans concession des deux ans écoulés depuis ce terrible 13 mars 2013.
Quelle différence avec l'unanimité béate de la presse francophone!..
Voici le lien de l'article allemand: www.katholisches.info/2015/03/13/zwei-jahre-papst-franziskus-kleine-zufaellige-presseschau/
(Isabelle)

Deux années de pontificat de François – Petite revue de presse, glanée au hasard

13 mars 2015

(Rome) Le pape François a célébré aujourd'hui le deuxième anniversaire de son élection. A cette occasion, une petite revue de presse des médias allemands, non exhaustive et glanée au hasard

Südwestrundfunk

"Après deux années riches en paroles, ce que François veut réellement n'est toujours pas clair. L'euphorie du début de son pontificat s'est envolée. Les pas qu'il fait semblent n'avoir aucune direction précise; au lieu de faits concrets, on a des paroles fleuries".
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Le pape des paroles", un commentaire de Lucas Meyer-Blankenburg, SWR-Kirchenredaktion

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Rheinische Post

"Si les fidèles de l'Eglise pouvaient décerner un brevet de sainteté, François l'obtiendrait ! Il n'est sans doute aucun pape avant lui qui ait joui d'une telle approbation mais également suscité d'aussi grandes espérances. Et c'est bien là que le pontificat pourrait échouer. Car ceux qui sont accablés de peines et de soucis regardent vers Rome. Ils espèrent que des actes suivront les annonces. François a évoqué, mais sans les résoudre, les questions qui concernent le mariage et la famille, la morale sexuelle et le rôle de la femme, l'autorité et l'Eglise institutionnelle".
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Pour François, le temps presse", Rheinische Post

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Augsburger Allgemeine

"L'enthousiasme des débuts pour le pape François est passé. Et, à l'intérieur du Vatican même, le pape divise ses cardinaux en deux camps, se créant ainsi de puissants ennemis. A présent, est-ce que même les fidèles le laissent tomber? 'Papa piacione', ainsi l'appelle-t-on au Vatican, ce qui signifie 'le pape qui ne cherche qu'à plaire'. Car les applaudissements des athées, des critiques de l'Eglise et des brebis égarées hors du 'droit chemin', lui sont assurés. Cela doit paraître suspect au monde catholique ou, à tout le moins, à d'importants secteurs de celui-ci.
Deux ans après son entrée en charge, François a divisé l'Eglise. Depuis toujours ont existé différents camps, différentes opinions, et aussi de violentes guerres de tranchées. 'Cela n'a jamais été aussi grave', dit un prélat, qui depuis des années observe le Vatican de l'intérieur."
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Le pape François divise l'Eglise", de Julius Müller-Meiningen, Augsburger Allgemeine

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Badische Zeitung

"François, qui a eu 78 ans en décembre et, dès lors, est plus âgé maintenant que ne l'était Benoît XVI lors de son élection, force une 'dynamique de la rupture'. De cette dynamique procède le deuxième Synode sur la famille, l'automne prochain au Vatican, où il s'agira de la manière dont Rome traite sacramentellement les divorcés remariés, – ou encore ceux qui ont contracté des unions homosexuelles et lesbiennes qu'ils souhaiteraient faire bénir. Après le synode, c'est le pape seul qui doit décider – un synode n'est pas un concile.
La réaction, enthousiaste ou effrayée, susceptible de rallier une majorité ou de provoquer un schisme, aux décisions de François conditionnera la question de savoir si celui-ci démissionnera à son tour et, si oui, quand il le fera, démystifiant ainsi encore davantage sa fonction".
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Deux ans de pontificat de François : des nuages gris dans la fumée blanche", de Gerhard Kiefer, Badische Zeitung

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Katholische Nachrichten-Agentur

"On a peine à imaginer aujourd'hui qu'immédiatement après l'entrée en charge de François, on ait sérieusement envisagé la possibilité suivante: que le pape abandonne la prétention à l'exercice d'une autorité pontificale universelle et se contente plus au moins d'un rôle de primus inter pares. En conclusion du synode des évêques, François a souligné le primat de la juridiction pontificale en des termes plus forts que ceux jamais employés par son prédécesseur Benoît XVI".
"Miséricorde et projets de réforme. Le pape François a mis en route beaucoup de choses en deux ans" de Thomas Jansen, KNA

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Radio Vatican (rédaction allemande)

" 'Le pape continuera à mener à bien son programme', telle est la conviction du cardinal Kasper. 'Mais ce qu'il a écrit dans Evangelii Gaudium est le programme d'un siècle, qu'aucun pape ne peut réaliser dans le temps que dure sa charge. Son principe n'est pas tant de pourvoir des postes que d'initier des processus, appelés à être irréversibles. C'est là son intention'. Cela a certainement, selon le cardinal, des conséquences pratiques, comme on peut le voir dans les nominations cardinalices : 'il veut changer le visage de l'Eglise – pas sa substance – et donner une orientation nouvelle'."
"Deux années de pontificat de François. Changer le visage de l'Eglise", interview avec le cardinal Walter Kasper, Radio Vatican (rédaction allemande)

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Frankfurter Allgemeine Zeitung

"La sympathie était acquise à François dès le début. Ensuite il y eut un dérapage après l'autre. Petit à petit, même ses fans les plus inconditionnels pressentent qu'en définitive, il y a un seul coupable. A savoir: lui-même. Mais la récréation est terminée. Il faut désormais chaque jour s'attendre à tout : fermes conseils pour l'éducation, digressions douteuses sur l'appariement des mammifères à deux et à quatre pattes, anecdotes pleines de bonnes intentions et plaisanteries mal racontées: François offre tout, mêlant sérieux théologique et nonchalance sud-américaine. Il a semblé longtemps que cela lui rendait même service : enfin un pape au langage clair, qui appelle un chat un chat, qui ne parle pas comme un théologien pompeux, mais comme un vrai pasteur d'âmes, qui sait ce que sont véritablement les hommes. Ainsi réussit-on l'une ou l'autre fois à réinterpréter en faveur du pape des choses proprement incompréhensibles et inacceptables. Et quand les choses allaient vraiment mal, on tenait pour responsables les médias et on invoquait des malentendus: quelqu'un avait, une fois de plus, compris le pape tout à fait de travers. François restait hors d'atteinte. Mais cela a bien changé.
[...] La mesure est comble. Mexicanisation de l'Argentine: une "panne" qui ajoute un nouveau chapitre à la série. Difficultés de séparer les domaines public et privé. Doutes sur les objectifs du pape. Beaucoup de désirs pris pour la réalité: 'un vent frais au Vatican'. Propos indignés après l'allocution de Noël".
"L'imprévisible. Deux ans de pontificat de François" de Markus Gunther, Frankfurter Allgemeine Zeitung



Texte: Giuseppe Nardi

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