Page d'accueil

Echec de la pastorale "bisounours"

Encore un formidable article de notre "curé madrilène", traduit par Carlota (14/1/2015)

>>> Du même: Le scandale de la liberté d'expression

(Carlota)

J’avais lu le texte qui suit il y a quelques temps et bien avant les attentats de la semaine dernière à Paris.
Dans ce texte le Père Jorge González Guadalix évoquait l’échec d’une certaine pastorale, la pastorale sympa, que d’autres appelleraient « gnangnan » ou « bisounours », et que je dirais même «dévirilisée», mais en plus totalement contre-productive voire même bêtement provocatrice vis-à-vis des adversaires de l’Eglise. J’en vois une belle illustration dans ce qu’a écrit un certain Gérard Biard (cf. www.lepoint.fr), dans un message final de l’un des article du dernier exemplaire de C H : « Une dernière chose, importante: Nous voudrions envoyer un message au Pape François, qui lui aussi est Charlie, cette semaine nous n’accepterons que les cloches sonnent en notre honneur que si ce sont les Femen qui les font sonner ».

     

Échec et bêtise de la sympathie comme option pastorale
infocatolica.com/blog/cura.php
------

Il va de soi que c’est mieux de se trouver avec un prêtre qui salue aimablement et questionne sur la famille et prend un café si l’occasion se présente, plutôt qu’avec un autre qui en passant à côté de toi, te salue, s’il le fait, d’un grognement. Cela dit, nous connaissons tous, également, des prêtres qui n’ont jamais été des modèles de sympathie et qui cependant ont eu des paroisses très vivantes.

Je dis cela parce que nous avons eu dans l’Église durant des années des gens engagés pour qui la meilleure option pastorale était la sympathie, être bien et être aimable avec tout le monde. Des prêtres qui ont fait de cette tactique l’unique clef de leur ministère et dont on garde le souvenir avec tendresse, affection, et reconnaissance, de leurs bontés, de leur proximité, de leur bonhommie à la don Romualdo (1). Vous savez bien : quelle bonne personne était le Père Untel, ou comme il était sympathique l’autre Père Untel.
J’insiste en disant toujours qu’un curé sympathique c’est mieux qu’un curé version fagot d’épines. Mais au-delà de cette considération, c’est mieux un curé qui sait remplir ses obligations qu’un curé, une petite tape sur l’épaule, et tranquille qu’il ne se passe rien.
Parce que la sympathie a l’habitude d’aller à l’unisson avec la suppression de tout ce qui peut avoir pour conséquence de déranger. On supprime de la prédication tout ce qui pourrait être désagréable comme ce qui parle des fins dernières de l’homme, de la confession, du péché, du sixième commandement («tu ne commettras pas d’actes impurs»), des obligations chrétiennes de base, et l’on en arrive à prêcher majoritairement que Dieu est bon, qu’il pardonne toujours et qu’il ne se passe rien par ici. Des facilités pour tous: on en a fini des cours fastidieux sur les sacrements, de l’exigence de la confirmation et de la vie chrétienne pour les parrains et marraines (conditions pour leur acception au moment du baptême), c’est mieux de faciliter les choses. Puis l’on en vient à réduire le culte à des minima question quantité et qualité, des bêtises, mais la messe est une fête et non pas le sacrifice sur la croix, faisons de la liturgie sans façon, créative, terminons-en avec toutes ces rigidités ; de la liturgie décaféinée, ça oui, avec des processions d’offrandes bien jolies, un rite de la paix interminable, et beaucoup de gens faisant des choses pour que l’on voit que l’on participe et que nous sommes frères.
Comme il est bon le Père Untel. Comme il est sympathique, comme il facilite les choses, que ses messes sont si jolies, et ce n’est pas comme le Père Machin, qui passait la moitié de sa vie dans l’Église, était rigide avec les choses et qui te balançait de ces terribles sermons à tout casser.

La paroisse du Père Untel, le sympathique, elle se meurt. Les gens n’ont pas la moindre formation parce qu’ils n’y a pas de groupes de formation ou à peine, et quand il y en a, il n’existe pas un programme sérieux de formation, et pour les homélies cela fait des années qu’elles expliquent que Dieu est bon, et qu’il faut être avec les pauvres. Les célébrations complètement fadasses n’apportent rien. Des paroisses qui languissent, se fatiguent, s’épuisent, ne sont [plus] rien. Mais elles ont eu un prêtre super sympa qui saluait dans la rue et rentrait [même pour dire bonjour] dans les bars. Mais pas beaucoup plus.

NDT

(1)En référence probablement au personnage d’un curé qui apparaît dans une oeuvre du XIX ème, « Misericordia » du célèbre écrivain espagnol Benito Pérez Galdós que l’on peut dire « naturaliste » pour certains de ces romans

  benoit-et-moi.fr, tous droits réservés