Page d'accueil

Floraison de vocations à Heiligenkreuz

«L'Eglise catholique qui a suivi Benoit XVI et est fidèle à la vérité catholique fleurit». Dixit Antonio Socci. Un reportage dans la revue "Il Timone", traduit par Anna.

>>>
Voir à ce sujet: Le coeur du monachisme est l'adoration (discours de Benoît XVI à l'Abbaye de Heiligenkreuz, le 9 septembre 2007)

Sur sa page Facebook, Antonio Socci présente ainsi l’article qui suit :

L'Eglise du progressisme bergoglien s'écroule, et au contraire, l'Eglise catholique qui a suivi Benoit XVI et est fidèle à la vérité catholique fleurit. Un extraordinaire reportage.

Rappel

En octobre dernier, je reprenais un article du site Pro Liturgia faisant état de la floraison de vocations à l’abbaye de Heiligenkreuz, en Autriche.
Occasion de rappeler la visite qu’y avait faite Benoît XVI lors de son voyage apostolique au sanctuaire marial de Mariazel,, en 2007, à travers des photos, une video, et le récit de l’un des moines, publié dans le livre de témoignages « Des célébrités parlent du Pape », rassemblés par G. Gänswein pour le 85e anniversaire du Saint-Père. Karl Josef Wallner, professeur de théologie dogmatique au monastère était en effet présent à la rencontre de Benoît XVI avec les moines (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II-1/benoit/benoit-xvi-a-heiligenkreuz.

DANS LE DÉSERT DE L'ÉGLISE AUTRICHIENNE, L'ESSOR DES CISTERCIENS "RATZINGÉRIENS" DE HEILIGENKREUZ

www.iltimone.org
Mars 2015
Andrea Galli
Trduction de Anna
-----

Entre juin et juillet de l'année dernière, la prestigieuse abbaye bénédictine historique de Melk, en Autriche, a tenu ses exercices spirituels.
Eugen Drewermann a prêché pour l'occasion à la communauté des moines: un nom qui aujourd'hui ne dit peut-être pas grand-chose, mais qui pendant les années 80 et 90 a été très à la mode dans le monde germanique et pas seulement, surtout à cause de son livre Fonctionnaires de Dieu. Psychodrame d'un idéal (ndt: Titre italien "Funzionari di Dio. Psicogramma di un ideale", je ne sais pas s'il a été traduit en français, et le cas échéant sous quel titre), selon lequel le clergé souffre d'une névrose endémique dȗe à certains aspects de la doctrine comme le sacrifice de la Croix ou la Trinité, ainsi qu'à des aspects disciplinaires comme le célibat ecclésiastique.
À Drewermann fut révoquée la possibilité d'enseigner dans des institutions catholiques, ensuite il fut suspendu a divinis et en 2005 il quitta lui-même l'Église. L'histoire de son invitation à Melk, qui peut paraître invraisemblable, serait passée sous silence si elle n'avait pas été relancée par un site internet vigilant et si un groupe de fidèles n'avait pas décidé d'écrire à Rome, à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dénonçant la chose ainsi que d'autres faits concernant l'abbaye. Parmi lesquels, la rigueur de l'Abbé Gerhard Wilfinger à l'égard des moines qui avaient critiqué l'initiative, le style de vie mondain du même Wilfinger et sa tolérance vis-à-vis de comportements scandaleux à l'intérieur de sa communauté.

L'épisode n'est qu'un des nombreux qu'on pourrait citer concernant la condition de l'Église autrichienne, une des plus malades, pour utiliser une expression forte mais pas excessive, parmi celles des Pays historiquement catholiques d'Europe. Nous l'avons choisi parce qu’ il est le parfait contrepoids d'un autre cas, toujours autrichien: celui d'une oasis de spiritualité cristalline, d'orthodoxie et de zèle liturgique dans un contexte de dissolution croissante du catholicisme dans l'esprit du monde. Il s'agit de l'abbaye cistercienne de Heiligenkreuz, située dans la petite ville à qui elle a donné le nom (qui signifie littéralement Sainte Croix), à une poignée de kilomètres de Vienne.

Un saint fondateur, un Abbé de la Providence
------
Elle fut fondée en 1135 par le noble Léopold, de la dynastie des Babenberg. Son fils était entré dans la communauté cistercienne de Morimond, en France, et lui avait demandé son aide pour implanter cette expérience aussi en d'autres terres. Léopold est vénéré aujourd'hui comme le saint et patron de l'Autriche. Son fils Othon devint évêque de Freising et est considéré comme le père de l'historiographie allemande; il est béatifié et ses reliques sont justement à Heiligenkreuz.

Entre 1938 et 1945, sous le nazisme, le monastère fut presque entièrement exproprié et de nombreux religieux en furent éloignés. La guerre terminée, ce fut à l'abbé Karl Braunstorfer de reprendre une histoire millénaire et de la projeter vers le futur. Il prit part aux travaux du Concile Vatican II et en revint chargé de responsabilités, ayant à mettre en œuvre l’"aggiornamento" prévu sans affecter le charisme de l'ordre ni les équilibres délicats au sein de l'abbaye. Il se consacra, entre autres, avec une minutie de chartreux, ou mieux de cistercien, à la rédaction d'un nouveau bréviaire en latin et à une application de la réforme liturgique qui ne pénalisât pas le chant grégorien, essentiel dans la vie des moines. "L'abbé Braunstorfer a été une bénédiction, un vrai homme de Dieu" affirme le père cistercien Karl Wallner, "grâce à lui les turbulences qui ont marqué les années 70 dans tellement de domaines de l'Eglise, n'ont pas eu d'écho ici, ou très peu. Il est aujourd'hui serviteurt de Dieu et sa cause de béatification a été ouverte".

Le fait d'avoir traversé indemnes cette saison chaotique, et de s'en être épargné les conséquences, a porté ses fruits à Heiligenkreuz, et en abondance. C’est aujourd'hui le monastère cistercien le plus grand d'Europe. Pendant les trente dernières années, alors que d'autres communautés vieillissaient et se rétrécissaient de façon dramatique, il a vu ses moines augmenter de 42 à 86, avec un âge moyen de 46 ans. Rattaché à l'abbaye, il existe depuis 1802 un institut de théologie, de droit pontifical depuis 2007, qui a pris le nom du Pape Benoît XVI. Ses étudiants sont actuellement 274, dont 190 proviennent d'Allemagne, Autriche et Suisse, le reste de partout dans le monde: Europe de l'Est, Asie, Amérique du Nord et Amérique Latine. Parmi eux, 160 sont séminaristes ou religieux, ce qui fait de la "Hochschule-Papst Benedict XVI" le centre de formation théologique avec le plus grand nombre de candidats au sacerdoce dans le monde de langue allemande et qui s'attelle actuellement à l'extension de ses locaux pour faire face à l'augmentation des inscriptions.

Tradition et vérité portent leurs fruits
-------
Comment se fait-il que des jeunes d'Autriche, Allemagne ou Suisse, et de Pays très lointains également, y arrivent pour étudier, alors qu'ils pourraient choisir des destinations plus proches ou des sièges métropolitains plus prestigieux?
Selon le père Karl Wallner, qui est directeur de la Hochschule, "c'est grâce à l'ambiance qui s'est créée avec le temps, avec une relation harmonieuse entre naturel et surnaturel. Presque 5000 jeunes viennent visiter chaque année l'abbaye et l'école et sont frappés par l'ambiance aussi simple que vitale. Nous ne sommes pas traditionalistes: nous célébrons avec soin mais dans le novus ordo, raison pour laquelle, tandis qu'auparavant nous étions critiqués par les milieux progressistes, après le motu proprio Summorum Pontificum nous nous sommes attiré également des critiques des milieux traditionalistes. Nous ne sommes pas traditionalistes mais nous nous efforçons de faire respirer la Tradition, et une théologie qui soit authentiquement catholique, fidèle au Magistère dans toute sa beauté et profondeur.
De nombreux séminaristes qui vivent dans des séminaires éteints ou au contact avec des milieux théologiques stériles, trouvent ici les encouragements pour leur croissance et la sève pour leur vie de foi".
Une autre donnée singulière confirme cela. Les enseignants de la Hochschule - parmi eux deux noms de prestige de la culture catholique européenne comme le français Rémi Brague et l'allemande Hanna Barbara Gerl-Falkovitz - ne sont pas payés. Ils le font gratuitement, nous dit le père Wallner, car ils sont gratifiés par le public motivé et enthousiaste qui est en face d'eux.

Un autre facteur qui a contribué à l'épanouissement de Heiligenkreuz pendant les deux dernières décennies a été Joseph Ratzinger. L'ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a, à plusieurs reprises, déjà dans les années 80, visité cette communauté atypique de cisterciens. Un lien en est né qui ne s'est jamais interrompu. En 2007, lors de son voyage apostolique au Sanctuaire de Mariazell en Autriche, Benoît XVI fit une halte à Heiligenkreuz: un geste inattendu qui fut peu compris. Il voulut rendre hommage au "plus ancien monastère cistercien du monde resté actif sans interruption", comme il le déclara en cette occasion, mais surtout pour son exemplarité à conserver vivant aujourd'hui l'esprit des origines, l'esprit de Saint Benoît, dont la règle est suivie justement aussi par les cisterciens, et celui de Saint Bernard de Clairvaux, qui, comme le Pape le rappela, "avait un ascendant si plein d'enthousiasme et d'encouragement sur de nombreux jeunes de son temps appelés à Dieu, car il était animé par une spéciale dévotion mariale". Et "là où il y a Marie, là il y a l'image première de la donation totale et de la suite (sequela) du Christ". Benoît souligna "qu'un monastère est surtout cela: un lieu de force spirituelle", raison pour laquelle, en arrivant dans un endroit comme Heiligenkreutz, on a la même impression que lorsqu’après une longue promenade dans les Alpes, qui vous a coȗté de la sueur, on peut se rafraîchir finalement près d'un ruisseau d'eau de source".

L'école théologique de l'abbaye, qui porte à présent le nom de Benoît XVI, consacre évidemment une attention particulière à la pensée du Pape émérite. L'abbé actuel, Maximilian Heim, a été récompensé en 2011 du prix de la Fondation Joseph Ratzinger-Benoît XVI, comme "un des plus fins représentants de la nouvelle génération de théologiens s'inspirant de l'œuvre de Ratzinger". Le directeur le la Hochschule, le père Karl Wallner, a collaboré étroitement avec le cardinal Gerhard Ludwig Müller, curateur de l'opera omnia de Ratzinger et, on peut dire, gardien de l'héritage ratzingérien à la Congrégation pour la doctrine de la foi.

  benoit-et-moi.fr, tous droits réservés