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Grandes manoeuvres en vue du Synode

Mgr Paglia, Président du Conseil Pontifical pour la famille, vient de co-écrire un livre avec le directeur de Famiglia Cristiana (l'équivalent italien de La Vie) sur le thème de la mission de la famille. Recension sur Vatican Insider

>>> Ci contre: www.edizionisanpaolo.it

Au milieu de phrases sur la beauté du mariage et de la famille et la grâce qui accompagne le sacrement - destinées à endormir la méfiance des fidèles les moins distraits - les deux auteurs laissent filtrer des indications sur la direction que risque de prendre le prochain synode. Il est difficile d'imaginer que Mgr Paglia agit sans l'aval du Pape. On peut donc supposer que ce sont ses idées qu'il annonce et développe.

Florilège significatif

Du livre, on a une confirmation fondamentale: le Pape Bergoglio a voulu un Synode «audacieux», qui s'engage dans la route de la «charité créative». C'est pourquoi il a invité les pères synodaux à «une confrontation sincère, ouverte et fraternelle».

[L'Evangile] nous permet d'ouvrir et de parcourir "de nouvelles routes et des possibilités insoupçonnées". Donc, ni fermetures ni ouvertures aventureuses, mais un "chemin de discernement spirituel et pastoral"

Si nous voulons commencer un nouvel humanisme, il faut une synthèse renouvelée entre la sagesse biblique et la culture contemporaine.

Dans la vie de l'Eglise, il y a toujours eu - et il y aura toujours - des pas en avant qui ont comporté des changements dans la pratique pastorale, et même des développements de la doctrine. L'Église est vivante et sa foi vit».

«Les divorcés remariés? Il faut comprendre plus profodément la doctrine»

C'est ce qu'affirme Mgr Paglia (président du Conseil Pontifical pour la Famille), qui, avec don Sciortino reprend sous forme de dialogue les thèmes du synode dans le livre «La Famiglia. Vocazione e missione nella Chiesa e nel mondo»

Domenico Agasso Jr
http://vaticaninsider.lastampa.it/
(ma traduction)
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Qui mieux que le Président du Conseil Pontifical pour la Famille et le Directeur de l'hebdomadaire Famiglia Cristiana peut dialoguer et réfléchir ensemble après le Synode extraordinaire et en vue de l'Assemblée ordinaire sur la famille (du 4 au 25 Octobre 2015)? Les analyses et propositions de - respectivement - Mgr Vincenzo Paglia et don Antonio Sciortino se trouvent dans le livre qui sort ces jours «La Famiglia. Vocazione e missione nella Chiesa e nel mondo», ed. San Paolo (La Famille. Vocation et mission dans l'Eglise et dans le monde), dans lequel les deux auteurs se concentrent sur l'un des principaux objectifs de l'introduction des deux Synodes par François: dire la beauté du mariage et de la famille.

Dans le volume émerge ce que s'est proposé le Pape: ne pas répéter une liste de préceptes et de vérités, qui ne touchent pas les «cordes» des personnes et l'environnement plus concret du quotidien, mais plutôt «prendre en charge, avec responsabilité pastorale, les interrogations que ce changement d'époque apporte avec lui».
Du livre, on a une confirmation fondamentale: le Pape Bergoglio a voulu un Synode «audacieux», qui s'engage dans la route de la «charité créative». C'est pourquoi il a invité les pères synodaux à «une confrontation sincère, ouverte et fraternelle».

A présent, Paglia et Sciortino reviennent sur les thèmes du synode, le moment historique actuel du point de vue du noyau familial. Et ils n'hésitent pas à toucher les sujets les plus sensibles et épineux, comme la question des divorcés remariés, et l'accès aux sacrements, les unions de fait (ndt: PACS à l'italienne), la préparation au mariage pour les fiancés (le dernier point n'est évidemment pas un «sujet épineux» au sens où l'entend l'auteur de l'article!!).

«2015 - écrit le directeur de Famiglia Cristiana dans l'introduction - sera l'année de la famille, même s'il n'y a pas d'évènement officiel établi par les institutions internationales comme l'ONU et les organismes similaires (??). Elle redevient protagoniste grâce à l'intuition de François qui a voulu deux synodes, un extraordinaires et un ordinaire, sur cette réalité fondamentale de la société et de l'Eglise».

Ainsi, «du 4 au 25 Octobre 2015, ce sera le deuxième tour des travaux synodaux, sur "La vocation et la mission de la famille dans l'Eglise et dans le monde contemporain", dont émergeront de nouvelles lignes opératives et de partage pour la pastorale du mariage et de la famille. Mais la famille sera également abordée dans deux autres événements ecclésiaux importants: à Philadelphie, aux États-Unis, du 22 au 27 Septembre 2015, à l'occasion de la huitième Rencontre Mondiale des Familles, ouverte non seulement au monde catholique, mais à toutes les personnes de bonne volonté qui veulent travailler à un nouveau printemps de la famille (ndt: cette remarque d'optimisme béat laisse songeur à un moment où, comme jamais, la famille semble entrer dans une ère de glaciation), à laquelle sera également présent le Pape François; et puis, pour la célébration de la 49e Journée mondiale des communications sociales qui, sur le choix de François en vue du Synode, a pour thème: "Communiquer la famille: environnement privilégié de la rencontre dans la gratuité de l'amour"»

Sciortino rappelle que «seul l'évangile, et rien d'autre, - comme l'a dit François - est la mesure et la vérification de "notre démarche sur le terrain des défis contemporains"». Et il nous permet d'ouvrir et de parcourir "de nouvelles routes et des possibilités insoupçonnées". Donc, ni fermetures ni ouvertures aventureuses, mais un "chemin de discernement spirituel et pastoral"».

Et «face à une crise profonde qui menace la famille, aux prises avec des problèmes de travail, pauvreté, individualisme, migrations, guerres, désagrégations, violence, abus et dépendance - énumère le Directeur Sciortino - mais aussi cohabitations, unions de fait, divorce, remariage, mères célibataires, unions entre personnes du même sexe, enfants nés dans des contextes inédits, accès aux sacrements pour les divorcés remariés (ndt: on reconnaît donc tout... et reconnaître, c'est l'étape qui précède accepter, puis approuver) ..., thèmes qui remettent en cause plus directement l'Eglise, toujours tendue entre la fidélité à la doctrine et la miséricorde envers ceux qui souffrent et demandent de l'aide», Paglia souligne: «Pour la première fois dans l'histoire, on remet en question ce triple pilier constitué du mariage, de la famille et de la vie, et on prétend le composer et le décomposer selon son bon plaisir».

Selon Sciortino «si nous voulons commencer un nouvel humanisme, il faut une synthèse renouvelée entre la sagesse biblique et la culture contemporaine. C'est cela, le cœur du défi, dont nous nous somme fait les interprètes avec Paglia. Afin d'impliquer quiconque a à coeur le sort de la famille, croyant et non-croyant. La famille, en effet, appartient à tous. C'est un patrimoine universel. Qui doit être protégé». (ndt: mais quid de la famille chrétienne?)

Sur le mariage «pour toujours», Paglia réfléchit: «Dans une société qui n'invite pas à assumer ses propres responsabilités, qui exalte le provisoire et banalise les engagements durables, le mariage «pour toujours» a-t-il encore un sens? Et que représentent la convivance et les sacrement pour ceux qui se marient à l'Église? Faire de nombreuses expériences, tout essayer, ne pas prendre la vie au sérieux, ne pas prendre toute ses responsabilités, ne pas prendre en charge, fuire, est à la limite une tentation toujours présente. Mais c'est précisément la limite qui nous définit, parce que la perception de la limite devient demande d'aide. Le sacrement a un pouvoir que nous ne pouvons même pas imaginer, parfois secret et caché. Toutefois, il lui faut commencer par le oui de notre liberté. Notre oui peut aussi être timide, hésitant, notre choix peut également être fait avec une conscience "enfant", mais Dieu n'est jamais banal. Et ensuite, plus nous agissons en personnes sérieuses avec lui, plus il est sérieux avec nous, et nous répond avec une promptitude bouleversante, jamais en reste de générosité».

Sur la cohabitation «souvent préféré par beaucoup», Paglia affirme: «Concernant le mariage, il une révolution copernicienne: quand on cohabite, on reste ensemble aussi longtemps que les choses vont bien. Il se peut qu'on lutte de toutes ses forces, mais on admet d'emblée qu'il y a une alternative. Il n'y a même pas besoin d'aller chez le juge, ni de dépenser de l'argent pour les avocats. Quand deux personnes se marient, en revanche, la mesure de leur perception n'est plus eux deux, comme individus. On ne se demande plus "comment vont les choses", mais "que peut-on faire pour qu'elles aillent de mieux en mieux", parce que quoi qu'il arrive, le mariage doit continuer et il serait naïf de penser que pour cela un "travail" continu et constant n'est pas nécessaire. Quand ils se marient, ils ne sont plus seulement elle et lui, mais une "troisième chose", une seule chose. Un "troisième chose" que les psychologues appellent de nombreuses façons, mais que nous, croyants, appelons sacrement, suscité par l'Esprit Saint et enrichi de ses fruits, qui sont l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la douceur, la maîtrise de soi. Ces fruits, Dieu les envoie à tous Ses enfants qui les lui demandent. Et même, plutôt que les envoyer, il en inonde, non pas pour lui ou pour elle, mais pour cette nouvelle chose que tous deux forment ensemble».

Puis, à propos de la «Relatio Synodi» dans laquelle on a saisi l'invitation des Pères synodaux à réfléchir «sur la possibilité que les divorcés remariés accèdent aux sacrements de pénitence et de l'Eucharistie», le chef du Dicastère de la famille dit: «Le texte du rapport final du Synode reflète l'opinion de la majorité (même si ce n'est pas des deux tiers) des évêques présents [qui est] d'approfondir cette question.

Et il ajoute: «L'accès éventuel aux sacrements doit être précédé par un chemin pénitentiel sous la responsabilité de l'évêque diocésain. La question doit être encore approfondie, en gardant à l'esprit la distinction entre une situation objective de péché, et des circonstances atténuantes, étant donné que "l'imputabilité et la responsabilité d'une action peuvent être diminuées ou annulées" par divers "facteurs psychologiques ou sociaux" (Catéchisme de l'Eglise catholique, 1735). Ce sont des mots qui exhortent avec décision à aller de l'avant dans la recherche de possibles pistes de solution. Dans la vie de l'Eglise, il y a toujours eu - et il y aura toujours - des pas en avant qui ont comporté des changements dans la pratique pastorale, et même des développements de la doctrine. L'Église est vivante et sa foi vit».
Donc ces changements «ont toujours été accueillis avec le plus grand soin de ne pas blesser la cohérence nécessaire avec la révélation et la tradition, mais en même temps, en reconnaissant loyalement les raisons objectives d'une compréhension plus adéquate de l'enseignement et une meilleure cohérence de la pratique de la foi».
Paglia cite Saint Jean XXIII, qui «avec une grande sagesse pastorale, à ceux qui le critiquaient pour ses ouvertures, disait: "Ce n'est pas l'Evangile qui change, c'est nous qui le comprenons mieux". Je suis convaincu qu'également pour la question que nous traitons, nous devrions procéder dans cette perspective, c'est-à-dire comprendre la doctrine de manière plus profonde: non pas pour céder à une attitude de laxisme envers l'esprit mondain, mais pour éclairer l'action pastorale de manière cohérente avec le sens de la foi. Dans l'Eglise, le vrai pasteur aide les fidèles - même ceux qui sont dispersés - à se confier au Seigneur: en encourageant la reconnaissance des fautes, mais aussi en soutenant le chemin de conversion».



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