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Iconoclastes

La formidable réflexion de Juan Manuel De Prada à propos du saccage du musée de Mossoul, renvoie dos à dos les profanateurs "bruts de coffre" islamiques, et ceux de l'occident post-chrétien, leurs complices "objectifs". Sans parler du vandalisme sous la Terreur, et celui pendant la guerre d'Espagne. Traduction de Carlota

>>> Cf. La fin de la civilisation occidentale.. (Mgr Negri)

ICONOCLASTES

Juan Manuel de Prada
www.abc.es/historico-opinion
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Si les partisans de l’État Islamique voulaient vraiment blesser la douce conscience humanitaire de l’Occident néo-païen, ils se seraient filmés lançant des pierres aux chiens ou attaquant des taureaux à coup de lances. Mais comme les partisans de l’État Islamique ne sont pas les ennemis de l’Occident néo- païen, mais leurs alliés paradoxaux (dans une commune stratégie conçue par le Nouvel Ordre Mondial), ils se filment égorgeant et décapitant des chrétiens, ce qui ne provoque que de l’indifférence (et une inavouable jubilation), sauf quand les chrétiens meurent en prononçant le nom du Christ (car alors ils arrivent à provoquer une moue de répugnance dans la douce conscience humanitaire de l’Occident néo-païen).
Pour que l’intérêt de l’Occident néo-païen ne retombe pas (on sait bien que les goûts corrompus par le vice demandent de la variété), les partisans de l’État Islamique se sont filmés faisant tomber de leur piédestal des statues assyriennes du musée de Mossoul qu’ils ont ensuite martelés avec une fureur aveugle jusqu’à les réduire en miettes. Un spectateur distrait pourrait confondre cette vidéo archiconnue avec une performance d’oligophrénie (ndt: pathologie mentale) de Joseph Beuys ou d’un quelconque de ces escrocs qui exposent leur camelote dans cette foire de la pacotille appelée ARCO (ndt Art Contemporain) pour la sidération des complexés et des snobs.

Avec cette vidéo iconoclaste (cf. La fin de la civilisation occidentale.), les partisans du dit État Islamique nous démontrent de nouveau leur paradoxale alliance avec l’Occident néo-païen. Car finalement l’iconoclastie barbare des islamistes, ne se distingue pas tellement de l’iconoclastie raffinée de l’Occident néo-païen, qui détruit l’art au cours long des siècles avec divers alibis esthétiques, idéologiques, philanthropiques ou même religieux, des déguisements buonistes sous lesquels la haine de la Beauté se cache, et en dans terme ultime, la haine de Celui qui a créé la Beauté, en semant sa graine dans nos âmes.

1793

Profanation des sépultures royales, Basilique Saint-Denis

Cette haine de la Beauté acquiert dans le monde islamique un aspect féroce et spectaculaire; en Occident, une telle haine s’est manifestée tout au long de l’Histoire de façons très diverses, en échauffant parfois la foule grossière (pensons au pillage des hordes révolutionnaires ; aux spoliations de l’armée napoléonienne ou au vandalisme sacrilège de tant d’Espagnols transformés en hyènes pendant la Seconde République ou l’immédiat après-guerre civile) ; mais surtout en empoisonnant ses élites qui peuvent en arriver à utiliser leur élitisme comme alibi de leurs excès: pensons à la fureur iconoclaste de Luther et des autres « réformateurs » protestants ; pensons à l’avarice saccageuse de nos très fameux financiers qui ont favorisé la désagrégation, la vente et le détournement de notre patrimoine artistique ; pensons aux bêtises postconciliaires qui, avec l’alibi de la réforme liturgique, ont dépouillé des milliers d’églises de leurs autels, des stalles, des tabernacles, des retables, des lutrins, des statues. Pensons, enfin, à toute l’évolution de l’« art contemporain », seule vérité ayant droit de cité et dont le but ultime n’est rien d’autre que de vitupérer, cracher, déféquer sur la Beauté, jusqu’à gommer sa trace de nos âmes, en accomplissant ce souhait d’Ivywood (ndt Lord Ivywood, un personnage de Chesterton, cf. www.amisdechesterton.fr), le protagoniste de « l’auberge volante », qui prêchait l’art de « briser toute les barrières jusqu’à cesser de montrer des formes reconnaissables, jusqu’à se fondre dans le pur néant, jusqu’à nous inonder dans son vomi, pour nier plus pleinement l’œuvre du Créateur.

Dans cette tâche iconoclaste, comme dans la persécution religieuse, les partisans de l’État islamique et de l’Occident néo-païen vont la main dans la main : à l’un il revient de le faire d’une façon plus truculente ; à l’autre d’une façon plus fine et brillante. Tous les deux, comme la Bête de la Terre et la Bête de la Mer, cheminent l’un tout à côté de l’autre, en se faisant des caresses et des gestes d’affection, sous le regard complaisant (attendri !) du Nouvel Ordre Mondial.

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