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Le cardinal Burke sur France 2 (suite)

Comme c'était prévisible, on n'a rien appris!

>>> Le Cardinal Burke sur France 2
>>> A voir éventuellemnt en "replay" (pendant une semaine) ici: pluzz.francetv.fr/videos/13h15_le_dimanche

Résumé des 40 minutes:
Le Vatican est un repaire de corrompus, de vautours et d'escrocs, la Curie est une institution sclérosée, et la Banque du Vatican, le paradis de la mafia et du blanchiment de l'argent du crime.
Au-dessus (et de toute façon à l'extérieur) la blanche soutane du pape François: il a troqué la luxueuse demeure de ses prédécesseurs pour un modeste deux pièces (sic!) et essaie malgré les oppositions des "ultra-conservateurs" (re-sic!) de nettoyer les écuries d'Augias, et d'avancer au pas des temps. Cible de méchants cardinaux frondeurs, mais aussi de la mafia (don Ciotti, le fameux "prêtre anti-mafia" a témoigné!), et de l'Etat islamique, il est même prêt à mourir pour défendre les valeurs de l'évangile (parole de Marco Politi, qui vient de publier un livre, un peu de promotion ne fait pas de mal).

J'exagère à peine.
Sur les 45 minutes d"émission, je retiens deux moments, représentant en tout 5 minutes au maximum.

1. Le cardinal Burke (vers 8'27).
Cette séquence vient après un assez long passage consacré aux fameux voeux à la Curie du 22 décembre dernier.

Certains [cardinaux] en ont gros sur le coeur. Un des plus influents a finalement accepté de nous recevoir.
Le cardinal Burke est américain, ultra-conservateur, et proche de l'ancien Pape Benoît XVI.
[L'entretien démarre en français, puis se poursuit en italien avec un sous-titrage approximatif]

- Vous êtes un immense admirateur de Joseph Ratzinger...
- Oh oui!

- Vous avez les oeuvres complètes..
- Toutes les qualités de Joseph Ratzinger... je crois que c'est l'amour, l'envie, d'être maître de la foi. Quand il y a de la confusion, de la contestation, je reviens toujours vers lui, spécialement vers les écrits sur la liturgie, mais aussi sur les questions doctrinales. Et maintenant je dois m'habituer à un (et non "ce" comme l'indique le sous-titre, une nuance qui n'est pas neutre) nouveau Pape.

Le cardinal Burke n'est pas en odeur de sainteté auprès du nouveau Pape. Il était dans l'assemblée le jour où François a envoyé ses flèches contre la Curie:

- C'est devenu une blague entre les cardinaux (rire): "Vous, combien de maladies avez-vous? " (là encore, le sous-titre est tendancieux).

Cela continue encore pendant deux ou trois minutes, entrecoupées par les images du Synode (cf. api.dmcloud.net).
Cet échange ne manquera pas d'être commenté:

- Je ne peux pas accepter que la Communion soit donnée à une personne qui se trouve dans une union irrégulière, parce que c'est de l'adultère. En ce qui concerne les personnes du même sexe, cela n'a rien à voir avec le mariage. C'est une souffrance que des personnes soient attirées sexuellement [contre la nature], par des personnes du même sexe
[ici s'insèrent les images du pape dans l'avion, prononçant la célèbre phrase "qui suis-je pour juger?"]

- Si le Pape persiste dans cette direction, que ferez-vous?
- Je résisterai, je ne peux pas faire autrement. Il n'y a pas de doute que c'est un temps difficile. C'est clair. C'est clair.


- C'est douloureux?
- Oui.

- C'est préoccupant?
-Oui.

- Selon vous, l'Eglise est menacée en tant qu'institution?
- Le Seigneur nous a assuré, comme il l'a assuré à Saint Pierre dans l'Evangile, que les forces du mal ne prévaudront pas. Non praevalebunt, disons-nous en latin. Elles n'auront pas la victoire sur l'Eglise.

Contrairement à ce qu'annonçait le programme télé que j'ai cité hier, l'entretien se termine de façon courtoise, le cardinal se contentant de consulter sa montre de gousset pour signifier qu'il est terminé (curieusement, le "va bene cosi" que l'on entend ici n'est pas dans le reportage).

Au final, l'incommunicabilité entre deux univers strictement disjoints, celui du cardinal, immergé dans la dimension religieuse, et celui des médias, incarné par une journaliste probablement athée juste soucieuse de boucler un reportage suceptible d'être polémique, est absolue.

* * *

2. Sandro Magister qui a droit à une séquence d'une minute, réussit dans ce bref laps de temps une parfaite synthèse de l'esprit du reportage (vers 15').

Des ennemis, François s'en est fait dans la Curie, mais aussi dans la presse. Le célèbre journaliste, spécialiste du Vatican, Sandro Magister, lui, n'hésite pas à contester publiquement les décisions de François. Un Pape qu'il juge plus cathodique que catholique.

- Sa popularité, elle lui profite d'abord à lui, plutôt qu'à l'Eglise. Il faut bien distinguer les deux. C'est sa popularité à lui, et souvent, il l'utilise même contre l'Eglise. Il se présente lui comme le bon Pape face à la Curie et l'Eglise pleines de vices.

- Vous pensez que c'est un pape narcissique?
- Ça n'engage que moi, mais je dirais que oui.

- Si le Conclave avait lieu auourd'hui, serait-il réélu?
- D'après moi, non. Non, parce que parmi ses électeurs, il y en a qui se posent ouvertement des questions sur la pertinence de leur vote.

Avec tout cela, que les fans de François se rassurent. Malgré tous ses ennemis, réels ou imaginaires, le pape est très aimé des fidèles, des non-croyants, et surtout des médias. Et ses opposants sont discrédités (par leur cupidité, ou leur étroitesse d'esprit), comme il se doit.

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