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Les prophéties de "Non è Francesco" (II)

Seconde partie du chapitre du livre d'Antonio Socci qui évoque longuement les visions d'Anne-Catherine Emmerich

>>> Première partie: Les prophéties dans "Non è Francesco" (I)

>>> Tous les articles reliés ici: Autour d'Anne-Catherine Emmerich

>>> Ci-contre: la quatrème de couverture.

«Ils ont construit une grande église, étrange et extravagante; tout le monde devait y entrer pour se réunir et avoir les mêmes droits; évangéliques, catholiques, sectes de tout genre: ce devait être une vrai communion de profanes, il y aurait un seul berger et un seul troupeau. Il devait y avoir aussi un pape, mais ne possédant rien et qui soit un [simple] employé. Tout était préparé à l'avance et beaucoup de choses étaient déjà faites: mais à l'emplacement de l'autel il y avait seulement la désolation et l'abomination. Telle devait être la nouvelle église, et c'est pourquoi on mettait le feu à l'édifice de l'ancienne église. Mais Dieu avait d'autres desseins».

Fatima e dintorni

"Non è Francesco"
Antonio Socci,
éd. Mondadori, septembre 2014 pour la version originale (Ma traduction)
Pages 227 et suivantes

J’ai donc essayé d'en comprendre plus. J'ai essayé de vérifier les sources. Tout d'abord, le texte sur les Visions de Catherine Emmerich, publié par Cantagalli, suggère que les prophéties de la mystique allemand proviennent d'une mosaïque de visions - le passé et l'avenir de l'Eglise - où il est très difficile de trouver un ordre et une référence historique objectifs.En 1820, il lui a été donné de voir «sept périodes de temps», mais elle ne put ni les définir ni les identifier. Elle put toutefois saisir «toute la dévastation que l'incrédulité porta à l'Église, et le renouveau futur de celle-ci».Organisé selon un ordre thématique, ce livre propose en effet les images prophétiques que nous avons vues sur la crise dans l'Église.Mais ici, il n'y a pas la vision des «deux papes» du 13 mai 1820. Il y a en revanche la vision prophétique sur le «retrait» d'un Pape qui - elle aussi - nous projette à nos jours:

«Je ne sais pas comment ce soir, je suis arrivée à Rome, je me suis retrouvée près de l'église de Santa Maria Maggiore, et là j'ai vu beaucoup de gens pauvres et dévots, remplis de peur et de préoccupation en raison du retrait du pape. Pour cette raison, il y avait de l'inquiétude et les gens étaient venus supplier la Mère de Dieu ... Puis j'ai vu apparaître la Mère de Dieu, qui m'a dit que le danger allait augmenter et donc que les gens devraient prier avec ferveur et dévotion ... et prier de façon spéciale afin que l'église des ténèbres retombe à nouveau dans l'abîme» (25 Août).

Une autre vision saisit un moment suivant le «retrait» du pape, même si elle a eu lieu avant celle citée. En outre, dans cette seconde vision, on continue à l'appeler le Pape et le Saint-Père, et - bien sûr - on ne sait pas si et dans quelle mesure elle correspond à la situation actuelle:

«Je vois le Saint-Père en grand tourment; il vit dans un autre édifice entouré de quelques personnes de confiance, ses forces sont pour affronter la faction mauvaise. Si les forces du mal ont le dessus, il souffrira encore de grandes tribulations avant sa mort. Je vois l'église de l'obscurité qui croît et a une influence négative sur le sentiment du monde»

La Emmerich parle de «la peine d'âme» du Saint-Père, très fatigué, et de l'Eglise, de la nécessité de prier, du Pontife qui demeure «caché pour échapper aux sinistres menaces».
Elle explique:

«Il se cache parce qu'il ne peut plus tenir debout, un prêtre reste auprès de lui, c'est un de ses amis, très dévoué, rempli de la grâce de Dieu, qui voit et annote beaucoup, et communique tout fidèlement au Saint-Père»

Le mystique dit qu'elle a parlé «dans la prière» avec ce prêtre et lui a révélé qui sont les «très hauts fonctionnaires et fiduciaires du Saint-Père» avec des intentions mauvaises, afin que le Pape se méfie de «ceux qui lui sont proches (sont à ses côtés) mais sont en réalité ses ennemis» (10 août 10 1820).
Une vision de Noël 1819 est ainsi rapportée:

«je vis autour de l'Église de Pierre une énorme quantité de personnes, certaines occupées à la détruire et beaucoup d'autres, au contraire, à la reconstruire. Je vis le pape en prière entouré de faux amis, qui souvent agissaient de façon contraire à ses dispositions»

Dans une vision des 7 Octobre 1820, elle voit le Vatican

«enveloppé de flammes. Je fus très troublée, personne n'essayait d'éteindre cet incendie et j'ai eu l'impression que les habitants voulaient peut-être être brûlés».

Puis elle vit le Pape vieux et malade et elle lui parla

«des évêques qui seraient nommés et je lui parlai aussi du danger de quitter Rome. Selon moi, il ne devrait pas le faire, autrement, sans sa présence dans la ville, tout tomberait dans la confusion.. [Mais] il était persuadé de quitter la ville et me répondit que ce danger ne pouvait être évité»

J'ai essayé de chercher des sources plus anciennes pour trouver la prophétie des «deux Papes» et j'ai finalement trouvé une vie de Emmerich en allemand, écrite par le père KE Schmoeger. Je n'ai pu en repérer qu'une traduction en français, en trois volumes, publiée à Paris en 1872.
Voici le texte de la vision du 13 mai 1820:

«La nuit dernière, de vingt-trois heures à trois heures du matin, j'ai eu une vision des plus admirable de deux Églises et de deux papes et d'une infinité de choses anciennes et nouvelles»

Après, elle raconte l'une des choses anciennes qu'elle a vues et ici nous comprenons l'importance de ce jour, le 13 mai, où intervint la vision et, un siècle plus tard, la première apparition de Fatima (ndt: en effet le 13 mai 1917).
La mystique s'est trouvée dans la Rome du VIIe siècle, précisément quand le pape Boniface IV offrit en don à l'empereur byzantin Phocas, le Panthéon qui abritait les statues des dieux païens et qui en effet en 609 a été converti en église catholique et rempli de statues de saints.
Pour cet événement - qui marqua symboliquement la victoire définitive du christianisme sur le paganisme - le Pape institua la fête de Tous les Saints, en fixant la date précisément - le 13 mai.
Ceci est le commencement, parce qu'ensuite la vision traverse les siècles et la mystique voit apparaître l'inverse: à savoir l'irruption à Rome d'«une autre église des ténèbres» remplie d'idoles, et sa prévalence sur la véritable Église.

«Alors je vis aussi le rapport entre l'un et l'autre Pape, entre l'un et l'autre temple»

Il lui fut dit qu'une Église était «très petite en nombre et pauvre d'appuis humains, mais était forte en volonté» parce que c'était celle qui au cours des siècles «avait renversé de nombreux dieux et réuni beaucoup de cultes dans son unique culte».

Au contraire, l'autre église «était forte par le nombre de ses membres, mais peu solide en volonté, parce que - permettant le faux temple - elle avait abandonné l'unique vrai Dieu, et la seule religion réelle, se perdant dans les nombreux faux dieux et les fausses religions».
Puis la mystique explique:

«Je vis le résultat de cette contrefaçon de l'Eglise. Je la vis grandir et je vis des hérétiques de toutes les conditions venir à Rome. Je vis augmenter la tiédeur du clergé local et je vis que se produisait un grand obscurcissement. Puis la vision s'élargit dans toutes les directions. Je vis partout les communautés catholiques opprimées, harcelées, emprisonnées et privées de toutes les libertés. Je vis que beaucoup d'églises avaient été fermées. Je vis partout une grande misère. Je vis des guerres et le sang versé. Je vis un peuple féroce, ignorant, intervenir avec violence, mais cela ne dura pas longtemps. J'eus à nouveau une vision dans laquelle l'église de Saint Pierre était arrachée de ses fondations, suivant un plan mis au point par la secte secrète, juste au moment où elle était endommagée par les tempêtes. Mais je vis aussi le secours qui arrivait dans le temps de plus grande affliction. Je vis à nouveau la Sainte Vierge ses poser dessus de l'église et étendre son manteau sur elle».

Puis arriva un nouveau Pape «à la fois doux et sévère» et je vis «tout se renouveler l'église qui s'élevait jusqu'au ciel».

Voici le passage qui est d'habitude également cité :

«Ils ont construit une grande église, étrange et extravagante; tout le monde devait y entrer pour se réunir et avoir les mêmes droits; évangéliques, catholiques, sectes de tout genre: ce devait être une vrai communion de profanes, il y aurait un seul berger et un seul troupeau. Il devait y avoir aussi un pape, mais ne possédant rien et qui soit un [simple] employé. Tout était préparé à l'avance et beaucoup de choses étaient déjà faites: mais à l'emplacement de l'autel il y avait seulement la désolation et l'abomination. Telle devait être la nouvelle église, et c'est pourquoi on mettait le feu à l'édifice de l'ancienne église. Mais Dieu avait d'autres desseins».

C'est un passage qui a été considéré comme en relation avec l'époque actuelle. Toutefois, tout de suite après il y a une autre phrase énigmatique («le cardinal se vit sur le point de mourir, il se repentit, confessa ses péchés et revint à la vie») dont on ne comprend pas à qui et à quoi il pourrait se rapporter et fait penser qu'il s'agit pour Emmerich d'une histoire du passé récent.
Cependant, il est également vrai que ce patchwork d'images, faits et visions, même chez les prophètes bibliques, pouvait en même temps se référer à des faits proches et à venir. Et souvent ça l'était.

Une autre vision fut ainsi rapportée par la Emmerich:

«Je vis de nouveaux martyrs, pas du temps présent, mais dans le futur: toutefois, je vois qu'on les opprime déjà. J'ai vu ceux de la secte secrète miner sans relâche la grande Église et j'ai vu avec eux une horrible bête qui venait de la mer ... En ce temps, j'ai vu d'un bout à l'autre du monde de nombreuses personnes bonnes et pieuses, surtout des ecclésiastiques, harcelés, emprisonnés et opprimés et j'eus la perception qu'un jour ils seraient martyrisés»

D'autres éléments de ces visions sont les profanations des églises ([1]) et les abus commis pendant les liturgies, le risque terrible que le Pape quitte Rome, la tentative, en un certain lieu, de faire d'une église catholique un temple luthérien et une «grand tribulation» dûe au fait qu'on «prétendait du clergé une concession qu'il ne pouvait pas faire» (et j'ai vu des vieux prêtres pleurer).
Et aussi «la haine toute particulière envers la dévotion au Rosaire» de la part des ennemis de l'Eglise et «l'importance d'une telle dévotion».

Enfin une vision symbolique. La mystique voit le Pape sur un trône placé comme dans un jardin. Puis dans divers autres jardins, les évêques et les épiscopats sous la forme de plantes, fleurs et fruits. Et les canaux de communication, comme autant de fils et de rayons qui les unissent au siège de Rome:

«Je vis sur la terre, dans le jardin, l'autorité spirituelle du moment et je vis au-dessus, dans l'air, l'approche de nouveaux évêques. Ainsi, par exemple, je vis dans l'air, au-dessus d'un jardin où se trouvait le sévère supérieur, un nouvel évêque avec tous les symboles épiscopaux. Et je vis autour de lui des protestants qui voulaient le faire descendre dans le jardin, mais pas aux conditions que le Pape avait posées. Eux essayaient de le faire glisser vers le bas par tous les moyens, ils abîmaient certaines parties du jardin ou y jetaient des mauvaises graines. Je les ai vus parfois dans un endroit, d'autres fois dans un autre, cultivant la terre ou la laissant au repos, ne pas enlever les décombres, etc. Tout était plein de pièges et de ruines. Je les ai vus intercepter et détourner les voies (chemins) menant au Pape. Et j'ai vu plus tard que quand ils introduisaient l'évêque de la façon qu'ils s'étaient proposés, il était un intrus, introduit contre la volonté du pape et je vis qu'il ne possédait pas légitimement l'autorité spirituelle».

Une ultime citation significative:

«Je vis une quantité d'ecclésiastique frappés d'excommunication et ne semblant pas s'en soucier ou même le savoir. Et encore qu'ils soient excommuniés, quand ils prennent part à certaines affaires, ils entrent en associations et adhérent à des opinions sur lesquelles pèse l'anathème. Je vois ces hommes entourés par une brume comme si c'était un mur de séparation. Ainsi, on peut comprendre comment Dieu tient compte des décrets, des ordres et des actes en défense du chef de l'Église, et [comment Dieu] les maintient en vigueur même quand les hommes ne se soucient pas de les transgresser et qu'ils en rient ».

à suivre...

Note

(1) Comment ne pas penser à Anne-Catherine Emmerich, en lisant ce qu'écrit Yves Daoudal le 9 février sous le titre "Le satanisme se répand" :

La collégiale Notre Dame des marais de Montluel, dans l’Ain, est fermée jusqu’à vendredi, jour où aura lieu une messe de réparation. Car jeudi ou vendredi dernier le tabernacle a été fracturé et quelque 200 hosties consacrées ont été volées.
Parmi les profanations d’églises, qui sont de plus en plus nombreuses (c’est la quatrième, rien que dans l’Ain, en quelques jours), les vols d’hosties consacrées sont également en hausse. Il est clair que lorsqu’on vole des hosties sans rien voler d’autre, c’est forcément pour un culte satanique.

La bonne nouvelle est qu’il y a de plus en plus de gens qui croient en la réalité de la présence du corps du Christ.
La mauvaise nouvelle est que ce n’est pas pour étendre le règne de Dieu.

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