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L'Eucharistie et la dévotion au Sacré Coeur

Sur le blog <Settimo Cielo>, très beau témoignage, et plaidoyer "contre" la communion pour tous, d'un prêtre missionnaire, traduit par Anna

Sainte Marguerite Marie Alacoque (*)

La Communion à tous? Le Sacré Cœur dit non.

Settimo Cielo
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Dans les journaux du 25 février, dans le compte-rendu de la messe de requiem pour l'enterrement du metteur en scène de théâtre Luca Ronconi, célébrée dans la petite paroisse ombrienne de Civitella Benazzone, on lit que le curé, au moment de la communion, a dit: "Celui qui n'est pas baptisé ou n'est pas chrétien, ne peut pas faire la communion", et que ces mots "ont glacé les personnes présentes, provoqué de l'embarras et quelques murmures", jusqu'à l'exclamation: "Peut-être parce que nous, les gens de théâtre, nous étions auparavant enterrés en des lieux non bénis?".

Voici le énième symptôme de l'idée qu’on se fait couramment de la communion eucharistique et de comment la proposition de donner la communion aux divorcés remariés dérive en bonne mesure justement de cette réduction de l'eucharistie à un simple geste d'amitié, qu'il faut dûment élargir à tous.

Mais l'idée de la communion n'a pas du tout été celle-ci, jusqu'à il y a quelques décennies, même dans l'Occident sécularisé. Et elle ne l'est toujours pas pour la plus grande partie des fidèles partout dans le monde, où la vision classique de l'eucharistie persiste toujours.

Voici quelques notes qu'un valeureux prêtre italien en terre de mission a écritess dans son carnet, réfléchissant à l'abyssale distance qui court entre certaines orientations théologiques et pastorales et la dévotion des gens ordinaires.

Sacré Cœur de Jésus aidez-nous,

par ***
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Il me semble que jusqu'à présent, au sujet de la communion aux divorcés remariés, le débat est resté enfermé entre les deux pôles de la doctrine et de la pastorale.

Notre foi catholique n'est toutefois pas faite uniquement de ces deux éléments. L'ascèse, la mystique, les dévotions, où les avons-nous laissées?

La doctrine est étudiée par les théologiens, qui sont peut-être un millier. La pastorale est définie par le pape, les évêques, les pasteurs d'âmes qui sont peut-être un million. Mais l'ascèse et la mystique et les dévotions sont pratiquées par les simples chrétiens et ils sont peut-être un milliard.

Parmi les dévotions, plusieurs ont été créées, dont beaucoup ont été reconnues et approuvées par le magistère de l'Eglise: le Rosaire, le Sacré Cœur de Jésus, le Cœur immaculé de Marie, les Quarante Heures, la Via Crucis et tant d'autres encore.

Pénétrant dans cette abondance de dévotions, le chrétien est grandement aidé à ressentir le surnaturel et à trouver les consolations nécessaires pour sa vie, immanquablement parsemée d'épreuves, joies, inquiétudes.
Je voudrais m'arrêter sur la dévotion au Sacré Cœur de Jésus.
Marguerite Marie Alacoque naît et meurt en France entre 1647 et 1690; elle entre au monastère de la Visitation à Paray-le-Monial; à partir du 27 décembre 1673, pendant 17 ans, elle a de nombreuses apparitions et révélations.
Jésus lui apparaît et montre toujours son cœur comme nous le voyons dans les peintures. Un cœur avec dessus une petite croix enveloppée d'une flamme. Le cœur est entouré d'une couronne d'épines. Un cœur ardent d'amour mais qui souffre terriblement à cause des épines qui y sont enfoncées.
Parmi les douze promesses faites par Jésus au cours des apparitions émerge notamment celle qui dit: " A tous ceux qui pendant neuf mois de suite communieront le premier vendredi de chaque mois, je promets la grâce de la persévérance finale. Ils ne mourront pas en ma disgrâce, mais recevront les saints sacrements, et mon Cœur sera pour eux un refuge sûr en ce moment extrême".

Marguerite Marie Alacoque voulait garder pour elle toutes ces révélations mais son confesseur, le père Claude de la Colombière, plus tard proclamé saint, l'obligea à écrire tout ce qu'elle avait reçu.
Claude de la Colombière était membre de la Compagnie de Jésus. Ce fut grâce à lui et à tant d'autres de ses confrères jésuites que la dévotion se développa partout (cf. illustration : le Sacré Cœur avec Saint Ignace de Loyola et Saint Louis Gonzague). Mais malheureusement, à notre époque, de nombreux membres de cette même compagnie de Jésus sont partisans d'un mouvement qui va dans la direction opposée.

Soutenue par les papes et approuvée par l'Eglise universelle, depuis 350 ans cette dévotion est entrée dans la vie pratique de très nombreux chrétiens.

De très nombreuses églises et paroisses portent le nom du Sacré Cœur de Jésus, afin d'avoir la protection qu'il a promise.

Dans mon pays de mission nous avons huit paroisses qui portent le nom du Sacré Cœur. De celles-ci fait partie la dernière à laquelle j'appartiens, située dans un endroit très difficile où l'ai eu les preuves que le Sacré Cœur nous a protégés.

Sur la base de l'autre promesse qui dit: "Ma bénédiction se posera sur les maisons où l'image de mon Cœur sera exposée et honorée", en de très nombreuses maisons est exposée l'image du Sacré Cœur, même parmi les personnes qui appartiennent à d'autres religions.

Je tire de tout cela quelques considérations.

Le Corps du Christ. De toutes ces révélations nous découvrons que Jésus donne une très grande importance au don qu'il nous a fait de l'eucharistie, de ce Corps du Christ à lui, et qu'il souffre terriblement du fait que même les catholiques ne lui donnent pas cette importance. De cela quelques questions me viennent à l'esprit. La dévotion au Sacré Cœur de Jésus est-elle en accord avec les nouvelles théories d' "ouverture" concernant la communion? Si ces théories étaient approuvées, ne devrions-nous alors jeter aux orties le pauvre Saint Thomas More et tous les autres martyres du temps du schisme anglican? Ne faudrait-il alors mettre à la corbeille aussi toute la dévotion au Sacré Cœur avec ses 350 ans de foi et de pratique chrétienne? Qui aura le courage d'aller à l'encontre même du Sacré Cœur?

Miséricorde. Dans la dévotion au Sacré Cœur aussi on parle beaucoup de miséricorde, mais dans un sens tout autre de celui dans lequel on en parle dans le débat pour donner la communion aux remariés. Ici c'est une question de douleur de la part de Jésus, car ceux qui devraient l'aimer au contraire l'offensent. C'est plutôt Jésus qui demande l'aumône d'un peu de miséricorde de la part des hommes et qui se contente d'un jour de fête et d'une communion bien faite pour se sentir aimé.

Mystique. De cet humus mystique sont nées les dévotions au Sacré Cœur comme tant d'autres dévotions. Mais alors je me demande de quel autre rivage ou de quel autre mystique naît ce mouvement qui se dit d' "ouverture" à l'égard de comportements qui ne me semblent vraiment pas en syntonie avec l'ascèse, la mystique et la morale chrétienne. Ces théories viennent de quelque livre et de quelque théologien. Il ne me semble pas que du surnaturel soit venue dans le passé quelque révélation mystique soutenant de telles théories. Et alors, avec quelle certitude a-t-on le courage de renverser toute la doctrine et la mystique et l'ascèse de millénaires de christianisme?

Ouvertures. Des ouvertures envers celui qui est faible et pécheur dans l'Eglise il y en a toujours eues et il y en aura toujours. Je ne vois pas la nécessité de rédiger un document dans lequel il faut expliciter une règle qui ne fait que générer de la confusion. La charité on la fait, sans la rendre publique.

Catholicisme. J'ai la sensation que de nombreuses personnes sont fatiguées d'être catholiques. Alors qu'au contraire le catholicisme est une réalité unique dont nous devrions être heureux et fiers. Nous avons un pape qui est le vicaire du Christ. Nous avons sept sacrements tandis que les protestants n'en ont qu'un qui est le baptême. Parmi ces sacrements il y a la confession qui est un don immense qui nous donne la paix. Le Corps et le Sang du Christ nous font devenir une seule chose avec la deuxième personne de la Trinité. Nous avons le sacerdoce célibataire qui est le moyen le plus approprié pour administrer la grâce. Nous avons, unique partout dans le monde, le mariage sacramentel qui est la meilleure célébration de la chose la plus importante qu'il y ait au monde et qui est l'amour. Pourquoi chercher autour de nous et envier les idoles et les pompes éphémères que présente le monde?

(*) Il est question de Marguerite Marie Alacoque dans un article que Lucetta Scarafia avait écrit dans l'OR en septembre 2012, au moment où Hidegarde de Bingen était nommée Docteur de l'Eglise: benoit-et-moi.fr/2012(III)/articles/les-doctoresses-de-leglise

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