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Pour une vraie réforme de l'Eglise

On a besoin de l'autorité du Pape pour savoir quoi croire, et comment. Avec délicatesse et subtilité, Ettore Gotti-Tedeschi "corrige" François... Très belle tribune, dans "La Nuova Bussola".

Il ne cite François que deux fois, dont une pour rappeler "son" encyclique, "Lumen Fidei".

On dit qu'il faudrait un Pape libéral, mais en réalité on voudrait un Pape plus «honoraire» qu'effectif. Un Pape qui ne serait pas inspiré par l'Esprit-Saint, un Pape qui ne fait pas de Magistère, mais se limite à consoler et à parler de pauvreté (matérielle, mais pas spirituelle) et d'emploi. On voudrait un pape qui transforme le catholicisme «romain» en catholicism humain.

Réforme de l'Église? En reconfirmant l'autorité du Pape

Ettore Gotti Tedeschi
www.lanuovabq.it
(ma traduction)
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Déjà à la fin du XIXe siècle, on demandait avec insistance à l'Eglise catholique de se réformer, s'adaptant aux exigences de la modernité. Ceci afin de ne pas perdre une partie du monde catholique, de conquérir le monde laïque et de soutenir les vocations avec des propositions plus modernes. Ce rapprochement de la modernité, au risque de la crédibilité de l'Eglise elle-même, signifiait déjà alors réformer la liturgie, redimensionner les dogmes, relativiser le péché, accepter les nouveaux défis scientifiques, et ainsi de suite. Saint-Pie X, au lieu de reconnaître la validité de ces exigences, les condamna. Si les demandes des modernistes étaient acceptées le catholicisme serait transformé en une sorte de socialisme (nous dirions aujourd'hui en un organisme sans but lucratif).
Le modernisme sembla vaincu, mais ce «renouveau» resta une tentation vivante, très vivante.

L'hypothèse que le catholicisme peut être réformé, comme on insiste à le proposer aujourd'hui, reste-t-elle donc vraie?
Peut-être, mais comme l'explique l'Encyclique Lumen Fidei, pas comme l'espère quelque théologien.
Nos derniers temps, de manière de plus en plus accélérée, ont créé de nouvelles tentations, de nouvelles formes du péché et de moins en moins de sensibilité à les reconnaître.
Que doit faire l'Église: continuer à les considérer comme péché ou commencer à les excuser parce qu'ils sont de plus en plus difficiles à vaincre?
En théorie, l'Église elle-même aurait dû «s'équiper» pour contrer l'évolution des tentations et du péché, en revanche le risque couru était celui de configurer le péché selon la force employée pour le combattre. On dirait que certains veulent protéger l'Eglise du mal plutôt que la renforcer pour le combattre.
Mais la question clé est: la compréhension et l'excuse le péché, implicitement réalisées, ont-elle amélioré l'homme et la société? Doit-on penser, comme le laissent imaginer certains théologiens contemporains illustres, que l'homme est plus libre et meilleur s'il peut pécher, étant entendu qu'il est compris et excusé (même si c'est seulement dans la pratique) par l'Eglise? Et donc, comme conséquence de cette compréhension, cet homme s'approche-t-il à nouveau de la foi?

Je voudrais exposer quelques réserves sur les risques de cette attitude.

Tout d'abord j'ai l'impression qu'au lieu de trouver les églises pleines de pécheurs repentis et nouvellement convertis, celles-ci sont moins fréquentées par les fidèles à la tradition, confus et désorientés.
Mais [cette attitude] est aussi tournée en dérision par ceux qui voient avec satisfaction nier les principes doctrinaux. Tout comme elle est appréciée par ceux qui voudraient qu'enfin, l'Église se limite à faire de l'apostolat social plutôt que doctrinal. Les réserves augmentent en observant que dans les séminaires, on enseigne la théologie du relativisme et on insiste, sans une préparation adéquate, pour soutenir l'œcuménisme et le dialogue. Pendant ce temps, avec une certaine superficialité, on exalte l'écologisme, qui est indépendant de la création et échappant des mains, pourrait devenir la doctrine universelle moderne.

Je comprends qu'aujourd'hui une fermeture rigide (du type Contre-réforme) qui impose des règles externes rigides de religiosité, ne donne pas la certitude d'accroître la foi et de surmonter le mal, parce que qu'elle pourrait appauvrir la piété, l'esprit, et augmenter la méfiance d'un monde hostile à l'Église. Mais le risque inverse est de refroidir la recherche d'unité de vie. Beaucoup croient que le vrai problème réside désormais (comme l'a aussi expliqué François en illustrant les 15 maladies du clergé qui mettent en évidence les défauts d'un sacerdoce bureaucratique) dans la maigre formation doctrinale et morale du clergé, dans le «prêtre de profession» plutôt que par vocation, avec une âme sacerdotale et une vie intérieure moindres. Et ce qui est grave, c'est que cela, à son tour, a entraîné une capacité plus faible à influencer la société. Bien sûr, il y a toujours eu de vrais saints (et des miracles), mais l'indifférence croissante a causé la méfiance envers eux et réduit leur capacité d'influencer. On entend de plus en plus parler d'œcuménisme, sans remarquer que la première rupture à guérir est celle à l'intérieur du monde catholique, avant celle avecd'autres confessions chrétiennes.

Une véritable réforme devrait concerner trois points: ce qu'il faut croire, comment croire, qui devrait avoir l'autorité de le décider.

Les réformes dites moderniste se sont toujours occupées des trois points Mais surtout du troisième, ayant toujours eu l'anxiété de changer l'Autorité de l'Église, sans laquelle aucune réforme (quoi et comment) ne serait possible. Pour pouvoir obéir à des consciences souvent malformées, on voudrait ne pas avoir à obéir au Pape. Ainsi, on dénonce l'Eglise comme imposant des dogmes, y compris de façon coercitive.
Dans le même temps, on revendique le droit à la conscience d'être catholique par conviction plutôt que par ordre du pape, on renonce à l'apostolat, on excuse le péché, mais surtout, on commet l'erreur que je considère comme la plus grave: on promeut, comme une priorité, la résolution de la misère matérielle et sociale, plutôt que la résolution de la misère spirituelle.

Cette dernière est la véritable origine de toutes les autres misères et elle est le véritable «métier» de l'Eglise. Par conséquent, on renonce à l'enseignement de la doctrine catholique (si elle n'est pas populaire ou politiquement correcte), on renonce à l'apologétique. On laisse ainsi s'écrouler la transcendance en faveur de l'immanence. La vérité ne vient plus avant la liberté, mais elle n'est acceptée que si elle résulte du dialogue. Les dogmes doivent évoluer, et le premier qui doit évoluer est celui de l'infaillibilité du Pape. Tout cela au nom d'un progrès dont on ne comprend même plus le sens. Progrès dans la doctrine signifie-t-il changement? Non, progrès signifie augmenter la valeur d'une chose qui reste elle-même. Changer, cela signifie la transformer en quelque chose d'autre.

Si ceci est clair, je pense qu'il est compréhensible qu'il ne s'agit pas tant de penser à des réformes pour l'Eglise, sacrée par le dépôt de la foi et les moyens qui doivent être utilisés pour la répandre. Peut-être suffit-il de confirmer l'autorité du Pape (et de la hiérarchie) qui confirme ce qu'il faut croire et comment croire. Le Pape émérite Benoît XVI conclut Caritas in Veritate en expliquant que pour résoudre nos problèmes (dûs à la culture nihiliste dominante), ce ne sont pas les instruments qui devraient être changés, mais les hommes qui les utilisent. Cela signifie faire en sorte que le catholique soit à nouveau présent dans chaque rapport social, soit indispensable à la société, soit à nouveau une caste utile et soit reconnu comme tel, ne soit pas apprécié par le monde uniquiement s'il fait de l'aide sociale, un socialisme humanitaire.
Le catholique doit reconnaître son esprit de foi et revenir à imiter le Christ, pour changer le monde. Pour cela, il ne peut pas se passer de l'autorité spirituelle et morale du Pape, qui s'impose avec sa crédibilité et sa foi. L'Eglise doit certes être consolatrice, mais d'abord, elle doit être enseignante.
On dit qu'il faudrait un Pape libéral, mais en réalité on voudrait un Pape plus «honnoraire» qu'effectif. Un Pape qui ne serait pas inspiré par l'Esprit-Saint, un Pape qui ne fait pas de Magistère, mais se limite à consoler et à parler de pauvreté (matérielle, mais pas spirituelle) et d'emploi. On voudrait un pape qui transforme le catholicisme «romain» en catholicism humain.
Relisons et méditons l'encyclique de François (!!) «Lumen Fidei», là est écrit ce que signifie «réformer» l'Église.

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