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Une homélie de François décryptée

Celle prononcée lors de messe avec les nouveaux cardinaux, dimanche 15 février . Exceptionnelle explication de texte sur le site The Remnant. Traduction de Anna

Le Père Rosica, porte-parole du Vatican pour le monde anglophone parle rien moins que de "document de travail pour le Synode"…
Avant de l’aborder, on peut commencer par lire l’homélie en question, sur le Site du Saint-Siège: w2.vatican.va.
Et pour le point de vue « profane », celui du journal suisse « Le Temps», qui a parfaitement saisi de quoi il retourne, et qui, tout en affichant une neutralité de bon aloi, est évidemment emballé. Le schéma Pape contre Eglise se consolide !(voir en Annexe).

L'article de The Remnant, très long (un grand merci à Anna pour le travail de traduction), me semble une lecture indispensable pour comprendre le cours que suit de façon chaque jour plus évidente le Pontificat actuel.

Original en anglais ici: remnantnewspaper.com

SIGNALISATION PAPALE: LE PAPE FRANÇOIS ET LA FAUSSE DICHOTOMIE

L'homélie du Pape François lors du dernier consistoire des cardinaux qui se sont rencontrés à Rome cette semaine est une réaffirmation du programme de son pontificat. Le père Rosica, son porte-parole de langue anglaise, a écrit sur twitter: "Plus que toute autre chose que j'ai entendue de lui (le pape), l'homélie d'aujourd'hui est la déclaration de son pontificat".

Supposons un instant que le pape soit conscient des implications de ce qu'il dit, et que les gens proches de lui disent la vérité lorsqu’ils répètent que ce qui arrive est par sa volonté, et examinons ce que cette "déclaration de mission" dit à l'Eglise.

François manifeste évidemment à nouveau ses intentions pour le Synode, et pour l'issue envisagée par la faction Kasper. La question de la Communion aux divorcés remariés n'est jamais nommée, mais les termes utilisés en parlant du sujet sont évidents. Ils sont complètement du côté des kaspériens, adhérant sans un iota de divergence aux prémisses de la proposition Kasper: que la loi de Dieu doit être renversée ou ignorée pour élargir la miséricorde de Dieu. Une contradiction complètement incompatible avec la théologie catholique, avec la logique et la raison naturelle.

Je ne vais pas donner une analyse théologique détaillée, mais une simple clarification point par point, dans le contexte de ce que le pape entend. Cela peut être décrit comme une salve dans la guerre idéologique menée aux plus hauts niveaux pour la suprématie dans l'Eglise. Je vais parcourir le texte de l'homélie consistoriale essayant d'ajouter quelques clarifications pour ceux qui seraient dans la position d'essayer d'expliquer ce que quelques-uns parmi nous considèrent comme le grand danger posé par ce pape.

Cité du Vatican, 15 février 2015

“Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier”… Jésus, saisi de compassion, étendit la main, le toucha et lui dit : “Je le veux, sois purifié !” (cf. Mc 1, 40-41). La compassion de Jésus ! Ce “pâtir avec” qui le rapprochait de toute personne souffrante! Jésus, ne se ménage pas, au contraire il se laisse impliquer dans la douleur et dans le besoin des gens… simplement, parce qu’il sait et veut “pâtir avec”, parce qu’il a un cœur qui n’a pas honte d’avoir “compassion”.

François utilise le point de départ, la prémisse fondamentale des kaspériens, il utilise leur terminologie et répète leurs accusations contre quiconque oserait soutenir ou défendre la doctrine traditionnelle de l'Eglise.
Commençons par la configuration : les révolutionnaires kaspériens avancent toujours une présumée "compassion" ou "miséricorde" comme la raison pour laquelle les "règles" de nier la Communion aux pécheurs sexuels publics - toujours définies comme en substance inutiles, arbitraires ou du moins "obsolètes" - doivent être renversées ou, selon le plan de Kasper, simplement ignorées. Cela est illustré par la référence répétée à l'analogie avec l'aspect médical, curatif de la miséricorde de Dieu, de l'Eglise comme "hôpital de campagne" de la miséricorde.

Ce qui n'est jamais mentionné, c'est la nécessité du repentir, ou ce que le repentir est en réalité. La "miséricorde" - d'où le concept de justice est soigneusement excisé - est toujours décrite comme la seule action de la volonté de Dieu pour l'Homme. La justice, et donc la nécessité du repentir - la metanoia, le détournement définitif de l'homme de son péché - est simplement rejetée. La notion même de "justice" est présentée comme un anathème à un Dieu "compatissant".

A la place, nous avons le pape François qui assimile l'obéissance à Dieu dans sa loi divine à l'injustice, au manque de compassion, à la "marginalisation".

« Il ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts » (Mc 1, 45). Cela signifie que, en plus de guérir le lépreux, Jésus a pris aussi sur lui la marginalisation que la loi de Moïse imposait (cf. Lv 13, 1-2. 45-46). Jésus n’a pas peur du risque d’assumer la souffrance de l’autre, mais il en paie le prix jusqu’au bout (cf. Is 53, 4).

Pour les vrais chrétiens de François, la loi de l'Eglise n'a pas plus d'importance que les antiques lois "diététiques" de Moïse, à renverser pour la primauté de la "compassion du Christ". Ce qui est écarté ce sont évidemment les paroles du Christ qui a dit que la Loi de Moïse n'a pas été renversée, mais qu'il était Lui-même l'accomplissement de la vieille loi, et que pour L'aimer nous devons obéir à ses commandements.

Ce qui est oublié, en outre, c’est ce que le Christ a dit, avec beaucoup de mots, que le divorce était permis par la vieille loi à cause de la "dureté des cœurs". Ce qui signifierait que c'est le besoin d'adoucissement des cœurs sous la nouvelle règle de Jésus qui rend le mariage indissoluble.
Un des problèmes majeurs auquel la faction Kasper doit faire face est que l'injonction contre le divorce et le "remariage" était claire et explicite et dans les paroles propres du Roi et Créateur de l'Univers:

"Des pharisiens s'approchèrent de lui pour le mettre à l'épreuve; ils lui demandèrent: "Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n'importe quel motif?" Il répondit: "N'avez-vous pas lu ceci? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme, et dit 'A cause de cela l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair.' Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni que l'homme ne le sépare pas."

"Les pharisiens lui répliquent: "Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d'un acte de divorce avant la répudiation?"

Jésus leur répond: "C'est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes. Mais au commencement il n'en était pas ainsi. Or je vous le dis: si quelqu'un renvoie sa femme - sauf en cas d'union illégitime - et qu'il en épouse une autre, il est adultère". (Mat, 19: 3-9. Trad. MamE, 2013)

Loin d'être un acte de "miséricorde" pour permettre le divorce, ou comme les kaspériens le voudraient, pour simplement l'ignorer comme s'il était négligeable, Notre Seigneur affirme ici qu'il est suffisamment important pour Lui pour l'amener à exercer Sa divine autorité sur le champ, et abroger la Loi mosaïque tout simplement, sans aucune ambiguïté. Il l'affirme très clairement, en face de l'autorité religieuse du moment: le divorce était permis à cause de la dureté du coeur.

Voici le Chef guérisseur de l'Eglise, le Dieu-fait-homme, dispensateur de la miséricorde divine, qui nous dit que nous ne pouvons pas changer l'ordre de l'univers pour répondre à nos convenances ou préférences momentanées. Que d'essayer de le faire serait en effet [être] dépourvu de compassion.

Ce qui est le plus ironique ici, c'est un pape suggérant que les paroles claires du Christ peuvent être renversées ou ignorées pour appliquer la "miséricorde" du Christ à ceux qui se sont "marginalisés" par leur refus d'obéir à Son commandement - un commandement qu'il a en plus donné pour remédier à leur "dureté de coeur".

Si nous montrons notre amour du Christ en obéissant à Ses commandements, que montre le refus d'obéir? Que montre le désir de changer toute la pratique de l'Eglise et d'approuver cette désobéissance? Y penser est effrayant.

Le Pape François poursuit:

La compassion porte Jésus à agir concrètement : à réintégrer celui qui est exclu ! Et ce sont les trois concepts-clé que l’Église nous propose aujourd’hui dans la liturgie de la parole : la compassion de Jésus face à l’exclusion et sa volonté d’intégration.

Exclusion : Moïse, traitant juridiquement la question des lépreux, demande qu’ils soient éloignés et exclus de la communauté, tant que dure leur mal, et il les déclare "impurs" (cf. Lv 13, 1-2. 45-46).

L'implication évidente ici est que c'est la "compassion" du Christ qui mène la charge pour "réintégrer" ceux qui ont été chassés de l'Eglise, à cause de "règles" stupides et sans compassion. Celui qui espère qu'un pécheur se repente, qu'il se détourne définitivement de son péché, est un de ces méchants sans cœur ostracisant les pauvres et les malades qui ne peuvent pas s'aider par eux-mêmes, les montrant du doigt et criant "à l'impur".

En assimilant le pécheur sexuel, l'adultère, le co-habitant, l'homosexuel actif - une personne qui en réalité a volontairement refusé le pardon compatissant de Jésus - au lépreux qui ne peut pas arrêter d'être un lépreux, nous avons la condamnation papale de quiconque soutient le besoin de repentance comme prémisse nécessaire de la miséricorde de Dieu.

Nous sommes les vrais méchants, ceux qui refuseraient injustement - par égard pour quelques "règles" dépassées et incompréhensibles - de réintégrer le pauvre innocent souffrant qui a involontairement été infecté par une maladie. Nous sommes, en effet, assez méchants pour vouloir chasser et condamner quelqu'un pour le fait d'être malade.

Mais évidemment tout cela est fondé sur une fausse prémisse. Un lépreux est quelqu'un qui souffre d'une maladie, qui a vraiment besoin d'un médecin. Un homme vivant avec une femme sans être marié avec elle s'est mis dans cette situation par sa volonté, et par sa volonté il peut y remédier. Il peut décider aujourd'hui de ne plus pécher et de changer sa vie.

Le Pape François travaille encore l'analogie en rajoutant, réellement, une couche:

Imaginez combien de souffrance et combien de honte devait éprouver un lépreux: physiquement , socialement, psychologiquement et spirituellement ! Il n’est pas seulement victime de la maladie, mais il éprouve en être aussi le coupable, puni pour ses péchés ! C’est un mort-vivant, “comme quelqu’un à qui son père a craché au visage” (cf. Nb 12, 14).
En outre, le lépreux inspire la peur, le dédain, le dégoût et pour cela il est abandonné de sa propre famille, évité par les autres personnes, exclu de la société, ou plutôt la société elle-même l’expulse et le contraint à vivre dans des lieux éloignés des gens bien-portants, l’exclut. Et cela au point que si un individu bien-portant s’était approché d’un lépreux il aurait été sévèrement puni et souvent traité, à son tour, de lépreux.

Il est sans doute populaire dans les écrits de la gauche catholique de faire un parallèle entre les histoires bibliques du dur traitement réservé au lépreux et le supposé traitement des pécheurs de la part de l'Eglise. Le but est de montrer les conséquences du péché comme rien moins qu'un injuste accablement de la part de Pharisiens malveillants et de ceux qui appliquent "rigidement" la loi morale.

Il était peut-être vrai dans le 1er siècle de la Palestine que les lépreux étaient traités comme si leur maladie était honteuse, mais nous savons tous maintenant que la lèpre est une maladie. Il s'agit d'un sophisme rhétorique de diversion, un amalgame entre la souffrance de la maladie et les conséquences du péché, avec un appel plutôt éhonté à l'émotivité.

Le but est d'amener les auditeurs du pape à recevoir le message et commencer à pointer un tout autre genre d'accusation contre ceux qui refusent de s'aligner au programme de "miséricorde" de Kasper.

Nous avons iciune autre formule accrocheuse du pape à surveiller: l'"exclusion sociale" est un trait commun du jargon marxiste latino-américain, les organisations censées combattre l' "exclusion sociale" ayant eu un rôle central dans la marxisation de l'Eglise catholique, avec la même ruse que le pape utilise ici. Bergoglio était connu en Argentine pour son intérêt spécial au "problème de l'exclusion sociale", qui reste un trait caractéristique de ce pontificat.

Le point central, dans le discours marxiste, est que ce ne sont que les méchants, les sans-cœur, les rigoristes, les riches avec un intérêt injuste dans le statu quo qui veulent perpétuer les injustices systémiques qui ont provoqué l' "exclusion sociale". Il ne faut pas oublier que ce grief d' "exclusion sociale" est en général élargi pour y inclure ceux qui souffrent à cause de leur homosexualité.

Naturellement, il manque là encore un trait à l'homélie du pape: que ceux qui se sont exclus de l'Eglise par leurs libres choix peuvent "éprouver de la honte" mais que cette honte est franchement justifiée. Un lépreux qui serait poussé à avoir honte de sa lèpre est traité injustement. Toutefois, dans notre culture courante, une personne divorcée et remariée, ou une personne qui vit avec une autre sans être mariée, n'est même pas remarquée. La Révolution sexuelle, qui s'est infiltrée dans l'Eglise, a réglé la question pour la culture générale: ici il n'y a rien à voir.

Non ! Ce n’est pas la repentance et le pardon des péchés que l’'Eglise offre aux pécheurs, mais la "réintégration" tout en restant dans le péché:

Intégration : Jésus révolutionne et secoue avec force cette mentalité enfermée dans la peur et autolimitée par les préjugés. Toutefois, il n’abolit pas la Loi de Moïse mais il la porte à son accomplissement (cf. Mt 5, 17), déclarant, par exemple, l’inefficacité contre-productive de la loi du talion ; déclarant que Dieu n’apprécie pas l’observance du Sabbat qui méprise l’homme et le condamne ; ou quand, face à la pécheresse, il ne la condamne pas mais au contraire la sauve du zèle aveugle de ceux qui étaient déjà prêts à la lapider sans pitié, estimant appliquer la Loi de Moïse.

Il faudrait peut-être dire que les catholiques orthodoxes qui s'opposent au Plan Kasper ne demandent pas la lapidation des adultères, mais leur conversion et le salut par la grâce des Sacrements, à travers la repentance et la détermination à vivre selon les lois de Dieu, en droiture et justice aux yeux de Dieu et des hommes.

Il vaudrait aussi la peine de rappeler que lorsque le Christ a sauvé la femme de la lapidation, Ses derniers mots n'ont pas été: "Désolé, Mademoiselle, ces gens désagréables vous embêtaient. Revenez chez vous en paix à vos liaisons adultères."

En insistant pour que la femme renonce à ses choix de vie de péché, peut-être que Jésus, s'est momentanément "autolimité":

Jésus, nouveau Moïse, a voulu guérir le lépreux, il a voulu le toucher, il a voulu le réintégrer dans la communauté, sans “s’autolimiter” par les préjugés ; sans s’adapter à la mentalité dominante des gens; sans se préoccuper du tout de la contagion.

Voici une autre calomnie courante de la part des Kaspériens: que la seule raison que l'on aurait de s'opposer à leur Plan est le dégoût personnel ou l'aversion envers ceux qui sont en des situations de péché. "Préjugé et conformité à la mentalité prédominante".

Il faut aussi faire attention au sous-entendu de l'expression "se préoccuper de la contagion". Nous sommes convaincus que personne ne pense qu’en allant avec une personne divorcée ou adultère, on pourrait être "infecté" par l'adultère. C’est toutefois une accusation commune contre ceux qui essayent de vivre selon la loi morale, lesquels - étant des troglodytes ignoranst - croient que l'homosexualité est "contagieuse". Nous voyons peut-être ici le signe d'une plus large application de la nouvelle définition de "miséricorde".

Mais évidemment, il est "scandaleux" d'insister pour qu'une personne renonce à ses péchés.

Jésus répond à la supplication du lépreux sans hésitation et sans les habituels renvois pour étudier la situation et toutes les éventuelles conséquences ! Pour Jésus ce qui compte, avant tout, c’est de rejoindre et de sauver ceux qui sont loin, soigner les blessures des malades, réintégrer tous les hommes dans la famille de Dieu ! Et cela scandalise certains !

Et Jésus n’a pas peur de ce type de scandale ! Il ne pense pas aux personnes fermées qui se scandalisent même pour une guérison, qui se scandalisent face à n’importe quelle ouverture, à n’importe quel pas qui n’entre pas dans leurs schémas mentaux et spirituels, à n’importe quelle caresse ou tendresse qui ne correspond pas à leurs habitudes de pensée et à leur pureté rituelle. Il a voulu intégrer les exclus, sauver ceux qui sont en dehors du campement (cf. Jn 10).

La machine à insulte du pape se met en branle ici dans sa manière familière, mais dans le contexte de ce qui était dit avant, l'identité des cibles est évidente.

On arrive finalement à la substance philosophique, au coeur de la "déclaration de programme".

Il y a deux logiques de pensée et de foi : la peur de perdre ceux qui sont sauvés et le désir de sauver ceux qui sont perdus. Aujourd’hui aussi il arrive, parfois, de nous trouver au croisement de ces deux logiques : celle des docteurs de la loi, c’est-à-dire marginaliser le danger en éloignant la personne contaminée, et la logique de Dieu qui, avec sa miséricorde, serre dans ses bras et accueille en réintégrant et en transfigurant le mal en bien, la condamnation en salut et l’exclusion en annonce.

Ce n'est qu'un autre exemple, de ce dont ce pontificat semble être fait, d'un pape apparemment aveugle aux lacunes et contradictions internes de ses idées. François a souvent montré qu'il aime créer une fausse dichotomie, et cela est classique. Pour dire les choses simplement, ce n'est pas "ou/soit" (ndt : le "ou" exclusif de la logique) mais "les deux/et".

L'idée qu'il est possible d' "aller aux périphéries" avec rien de significatif à offrir aux "marginalisés", alors qu’on abandonne le troupeau en place, devrait frapper même le plus simple et le plus crédule des papistes comme une affirmation étrange et contradictoire.

Il semble affirmer qu'un Fidèle intégral voudra nécessairement "rejeter les malades", qu'il est dans la nature du fidèle d'être cruel et sectaire. Mais cela est logiquement absurde puisque c'est cette Foi, cette loi divine qui exige miséricorde (authentique) et compassion pour le malade et le pécheur.

Après cela les choses commencent à se détériorer et il devient vraiment difficile de comprendre ce point:

Ces deux logiques parcourent toute l’histoire de l’Église : exclure et réintégrer.

Excellent enrobage de l'accusation marxiste contre l'Eglise catholique: que son ministère a été inconstant, variable, oscillant entre pureté spirituelle et brutale corruption matérialiste.

Mais alors:

Saint Paul, mettant en œuvre le commandement du Seigneur de porter l’annonce de l’Évangile jusqu’aux extrêmes limites de la terre (cf. Mt 28, 19), scandalisa et rencontra une forte résistance et une grande hostilité surtout de ceux qui exigeaient aussi une observance inconditionnelle de la Loi mosaïque de la part des païens convertis. Même saint Pierre fut durement critiqué par la communauté quand il entra dans la maison du Centurion païen Corneille (cf. Ac 10).

La route de l’Église, depuis le Concile de Jérusalem, est toujours celle de Jésus : celle de la miséricorde et de l’intégration.

S'agirait-il d'une autre Eglise? Différente de celle qui a toujours bougé entre "le rejet et le rétablissement"? Combien d'Eglises y a-t-il?

Cela ne veut pas dire sous-évaluer les dangers ou faire entrer les loups dans le troupeau, mais accueillir le fils prodigue repenti; guérir avec détermination et courage les blessures du péché; se retrousser les manches et ne pas rester regarder passivement la souffrance du monde.

Il sous-entend que tout effort d'amener le pécheur à un authentique repentir, à une conversion radicale et un changement total de direction dans sa vie morale, signifie "rester regarder passivement la souffrance du monde".
La souffrance matérielle du monde semble être le début et la totalité de la préoccupation du pape. Il respecte la doctrine catholique en appelant cela "les blessures du péché" mais il s'attend clairement à ce que ceux d'entre nous qui sont préoccupés par les effets surnaturels du péché sur l'âme du pécheur, ne soient pas intéressés à s'occuper des pauvres.

Nous avons ensuite d'autres expressions de mépris pour ceux qui voudraient insister sur la compatibilité de la divine miséricorde avec la justice divine:

En conséquence : la charité ne peut être neutre, aseptisée, indifférente, tiède ou impartiale ! La charité contamine, passionne, risque et implique ! Parce que la charité véritable est toujours imméritée, inconditionnelle et gratuite ! (cf. 1 Co 13). La charité est créative pour trouver le langage juste afin de communiquer avec tous ceux qui sont considérés comme inguérissables et donc intouchables. …
Nous ne découvrons pas le Seigneur, si nous n’accueillons pas l’exclu de façon authentique ! Rappelons-nous toujours l’image de saint François qui n’a pas eu peur d’embrasser le lépreux et d’accueillir ceux qui souffrent toutes sortes de marginalisation. En réalité, chers frères, sur l’évangile des exclus, se joue, se découvre et se révèle notre crédibilité !

Il nous dit chaque jour ce qu'il a prévu pour l'Eglise. Présenter la miséricorde du Christ comme justification pour rompre avec la loi du Christ, placer la miséricorde de Dieu en opposition avec sa justice, affirmer la proposition folle, antirationnelle qu'elles sont naturellement opposées et inconciliables.

Si nous avons accepté l'évidence et voyons que François fait partie de ce mouvement - nous ne pouvons pas l'appeler une conspiration puisque elle est confectionnée devant les caméras le la presse mondiale - nous devons nous demander pourquoi cette question spécifique.

La gravité de cette crise imminente ne peut pas être surestimée. Si cette proposition est acceptée, elle aura des conséquences de bien plus grande portée que toute autre manipulation post-conciliaire comme la Communion dans les mains ou les filles d'autel. Elle frappera d'un seul coup les véritables piliers de la Foi: l'Eucharistie et le sacerdoce. L'Eucharistie, dont la présence a été à peine préservée dans la Nouvelle Messe, sera systématiquement profanée. Et ceux dont on s'attendra à ce qu'ils soient les profanateurs seront les prêtres, qui seront punis s'ils s'y refusent.

Ce sera aussi le mot de la fin de tous les espoirs de restaurer la Foi par le travail d'une jeune et fidèle relève de prêtres, puisque seulement ceux qui auront montré leur disponibilité à profaner la Sainte Eucharistie seront déclarés aptes pour le séminaire.

Annexe

Une analyse "profane" sur le site suisse du "Temps"

Le pape prêche aux cardinaux le devoir de compassion
Antonino Galofaro
www.letemps.ch
François ne veut exclure personne de l’Eglise. Il l’a réaffirmé dimanche devant quelque 160 cardinaux
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François a exhorté son Eglise à «se retrousser les manches et à ne pas regarder passivement la souffrance du monde». Au terme du consistoire qu’il a réuni la semaine dernière à Rome, le pape a invité les quelque 160 cardinaux qui avaient fait le déplacement à une plus grande ouverture, à «aller chercher ceux qui sont loin dans les périphéries essentielles de l’existence». Une exhortation solennelle lancée dimanche matin en la basilique Saint-Pierre.

Personne ne doit être exclu de l’Eglise de François. Son exemple est Jésus qui, venant en aide à un lépreux par compassion, risque de payer le prix de la marginalisation, de l’exclusion. «La compassion le porte à agir concrètement, à réintégrer celui qui est exclu», rappelle le souverain pontife. Et il compte bien sur tout le collège cardinalice pour prendre exemple directement sur le Christ, comme il le fait. Le lépreux représente les brebis égarées que le pape veut à tout prix réintégrer et – il insiste plusieurs fois sur ce point – sans préjudice.

Aussitôt ces paroles prononcées, les regards se sont tournés vers le synode sur la famille d’octobre dernier, lorsque ces brebis égarées se sont incarnées en divorcés-remariés réclamant la communion, en homosexuels, en personnes vivant en union libre. Les débats avaient été âpres avant d’aboutir à un premier message aux catholiques à travers le monde. Les discussions reprendront dès cet automne lors de nouvelles assemblées au Vatican. Et l’homélie de ce dimanche «devrait être le document de travail pour le synode», espère sur Twitter le Père Thomas Rosica, porte-parole occasionnel du Saint-Siège.

Mais «réintégrer tous les hommes dans la famille de Dieu scandalise certains», regrette François. Sans nommer personne, il condamne alors ceux «qui se scandalisent face à n’importe quelle ouverture, à n’importe quel pas qui n’entre pas dans leurs schémas mentaux et spirituels». Les paroles sont dures et aussi directes que celles prononcées lors de son discours de clôture du dernier synode, le 18 octobre. Il critiquait alors les «traditionalistes» qui succombaient à la «tentation du raidissement hostile», à la volonté de «s’enfermer dans la certitude de ce que nous connaissons et non de s’ouvrir à que nous devons encore apprendre et atteindre».

Le pape a parfois critiqué la position trop angélique à son goût des «progressistes et des libéraux». Mais il s’est davantage fait remarquer par son ouverture. Comme lorsque, il y a plus d’un an, il en a déconcerté beaucoup en déclarant: «Si une personne est gay, et qu’elle cherche Dieu avec de la bonne volonté, qui suis-je pour la juger?»

Mais les traditionalistes, les «docteurs de la loi marginalisent le danger en éloignant la personne contaminée», a déploré dimanche le pape Bergoglio. Et ne craignent plus de s’exprimer ouvertement contre lui. Le cardinal américain Raymond Leo Burke en est devenu le plus farouche opposant, du moins publiquement. «Je ne peux pas accepter que l’on donne la communion à des couples non mariés devant l’Eglise, explique-t-il aux caméras de France 2 quelques jours avant le consistoire. Parce que leur union irrégulière, c’est de l’adultère.» Quant aux homosexuels, ils sont «contre nature». Préfet du Tribunal de la Signature apostolique, il est relégué en novembre dernier au rôle de cardinal patron de l’Ordre de Malte. Mais il reste confiant, «les forces du mal ne vaincront pas». Qui sont ces forces du mal? Il ne le précise pas.

Le pape y tient, et insiste dimanche: «La route de l’Eglise est celle de ne condamner personne éternellement.» Mais à aucun moment il ne s’est prononcé sur des changements doctrinaux. Il a plutôt indiqué dimanche à tous les cardinaux le seul comportement à adopter, après avoir tancé la Curie romaine, à l’occasion des vœux de Noël, il y a près de deux mois. Parmi les maladies qui gangrènent le corps dirigeant de l’Eglise, François avait notamment stigmatisé «l’arrogance» et ceux qui se sentent «immortels» ou «indispensables».

Fidèle à ses propres paroles, le pape François ne veut exclure personne de l’Eglise, mais il ne veut personne «s’isolant dans une caste qui n’a rien d’authentiquement ecclésial». La doctrine est certes importante, mais pour lui l’emportent la charité et l’accueil des exclus. Et il avertit, en vue du prochain synode, aussi bien les traditionalistes que les progressistes: intégrer «ne veut pas dire sous-évaluer les dangers ou faire entrer les loups dans le troupeau, mais accueillir le fils prodigue repenti».

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