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Ancilla hominis

Un livre récemment paru en Italie pose la question: L'Eglise est-elle le corps mystique de l'homme? (23/3/2015)

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Le livre est en vente directement sur le site de l'éditeur (www.edizioniradiospada.com) où l'on trouvera aussi la table des matières.

Le livre de Danilo Quinto est publié chez un éditeur confidentiel (1), et il est pratiquement certain qu'il ne sera pas traduit en français... contrairement aux livres visant à discréditer l'Eglise, qui peuplent les rayons des grandes surfaces "culturelles". Mais la recension qui suit n'en perd pas pour autant son intérêt, pour alerter sur ce qui se passe en aujourd'hui dans l'Eglise.

Le titre se réfère à l'Annonciation, et à la réponse de Marie à l'Ange: "Ecce ancilla Domini" (voici la servante du Seigneur) - Luc 1,26-38.

Recension sur le site <Concilio Vaticano II>

Gianandrea de Antonellis
www.conciliovaticanosecondo.it (via le site bergoglionate.wordpress.com)
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Quelques mois après l'élection de François, parlant avec un ami, je lui avouai ma déception au sujet du nouvel "évêque de Rome". Il me répondit qu'il fallait lire attentivement, comme lui, les homélies quotidiennes de Santa Marta: "Au milieu de beaucoup de boue, comme un torrent impétueux, je trouve de véritables joyaux". Je lui répondis que nous ne parlions pas des sermons d'un prêtre de banlieue, mais des homélies du pape: du successeur de Pierre, j'attendais seulement des "perles", peut-être peu, mais bien visibles, n'ayant pas à être extraites d'un flot de "boue" ...

Danilo Quinto, journaliste et essayiste au passé politique de gauche radicale, venu à la vraie foi, qu'il a embrassée sans réserve, décrit sa stupéfaction de se trouver face à un pape qui contredit apparemment deux millénaires de tradition. Son essai, de mise à jour récente (il se termine par un chapitre sur le synode extraordinaire d'Octobre dernier), n'est pas un "instant-book": il s'agit d'une réflexion sereine qui met en lumière le désarroi de quelqu'un qui, venant du monde laïciste, voit la confusion et les contradictions provenir du sommet de l'institution qui doit proclamer au monde la vérité.

Dans ses pages, il y a le regret de quelqu'un qui est contraint de chercher cette vérité non pas criée sur tous les toits, mais recueillie comme des perles ou des diamants dans la boue. Si Introvigne est quotidiennement "contraint" d'"expliquer ce qu'a vraiment dit le Pape" sans que la salle de presse du Vatican ressente le besoin de le faire et sans que l'interessé ressente le besoin de s'exprimer plus clairement, de ne pas donner lieu à des équivoques, de ne pas attendre un mois pour réfuter une affirmation claironnée dans les journaux et qui dans l'intervalle a fait le tour du monde, ou de ne pas confier des sujets importants dans des boutades lors d'un voyage en avion, le fidèle reçoit pour le moins l'impression que l'actuel évêque de Rome ne sait pas se comporter pour une mission aussi délicate que celui du Vicaire du Christ.

Si nous additionnons tous les "bizarreries", en commençant par le remplacement de "Loué soit Jésus Christ" (ndt: prononcé par Jean Paul II à son apparition à la Loge des bénédctions) par le "bonne nuit!" du premier discours du pape ou le "bon appétit!" qui conclut l'Angélus du dimanche, pour arriver aux éloges embarrassants de la franc-maçonnerie et du B'nai B'rith, en passant par la critique indirecte (càd faite par des proches de Bergoglio) des paroles de Benoît XVI à Ratisbonne (quand le Pape se "permit" de critiquer l'irrationalité inhérente à l'Islam ) ou "le visage inexpressif de ceux qui récitent le chapelet devant les cliniquesqui pratiquent des interruptions de grossesse" (comme l'a dit Mgr Nunzio Galantino, qui n'a même pas voulu utiliser le terme "avortement"), il faut se demander si une révolution consciente est en cours dans l'Église, et pas seulement une simple distraction, constante, dûe à la disparition des règles les plus élémentaires de comportement.

L'Église de François - inutile de le nier - semble si désireuse de plaire au monde qu'elle est prête à renoncer à ses principes fondateurs: admiratrice du communisme et de l'islam (dans le discours pour la canonisation des martyrs d'Otrante le mot "Islam" ne revient même pas une seule fois, ne permettant pas d'en déduire la cause du martyre); prête à faire des compromis sur le sujet de la communion (la concédant même à ceux qui vivent dans un état de péché notoire) et donc à la banaliser; disposée à embrasser tous ceux qui sont loin, comme Pannella et Scalfari, mais inflexible seulement avec ceux qui sont les plus proches (les traditionalistes en général et les Franciscains de l'Immaculée, en particulier). "Qu'importe si François ne plaît pas aux traditionalistes", diront certains. Mais, comme l'a dit Mario Palmaro, à la mémoire de qui le livre est dédié, "le pape doit plaire à Dieu le Père, à notre Seigneur Jésus-Christ et à l'Esprit Saint, pas à Gnocchi et Palmaro. Mais nous doutons que ce pape plase à Dieu Tout-Puissant" (p. 13).

En confirmation de tous ces doutes, le dernier chapitre se concentre sur le synode extraordinaire sur la famille de 2014: au-delà de la tentative évidente de diriger les travaux vers un changement du concept traditionnel de mariage religieux, on est frappés par deux faits: les conclusions (relatio post disceptationem) qui reprennent et diffusent, dans un sens positif, la thèse défendue par le pape, mais rejetée par les prélats présents; et la poigne de fer (dans un inévitable gant de velours) pour les cardinaux dissidents, au premier rang desquels Raymond Leo Burke, relevé de son poste de préfet de la Signature apostolique.

L'essai de Danilo Quinto se pose une série de questions sur l'éloignement apparent de l'Église actuelle du socle de la Tradition, sur son ouverture excessive au monde qui semble en faire une "ancilla hominis", comme le dit le titre.
Face à toute cette confusion, l'auteur se déclare pourtant serein sachant que "tous les cheveux de notre tête sont comptés".
Reste, cependant, la conscience de la faillibilité du pape dans le magistère ordinaire et, par conséquent, le juste droit à la critique de la hiérarchie ecclésiastique suprême par les croyants individuels, dans le respect de la figure du Vicaire du Christ. Respect qui perdure dans chaque page de Quinto, et c'est pourquoi nous ne devons pas être induits en erreur par la couverture quelque peu irrévérencieuse, et lire un texte qui ne contient rien d'insolent.

(*) Note

Le livre est présenté en ces termes sur le site de l'éditeur:

SORTIE DE "ANCILLA HOMINIS", LE LIVRE LE PLUS INCORRECT DE L'ANNÉE
radiospada.org
Passionné et politiquement très incorrect, Danilo Quinto en appelle au Pastor Pastorum pour qu'il ne transige pas avec les loups. Une oeuvre indispensable pour s'orienter dans les marasmes et miasmes pseudocatholiques d'aujourd'hui.

ILARIA PISA

Prémisses. Ici, nous parlons de l'Eglise, des papes, du christianisme. Si vous cherchez des livres souriants, complaisants, si vous pensez vivre dans le moins pire des mondes possibles, si vous croyez que le catholicisme romain est un sentiment, si depuis cet amer printemps 2013, vous voyez tout plus rose et si votre rêve est un selfie au Vatican avec le pape régnant, ne perdez pas de temps à le lire: ce livre n'est pas pour vous.

Si au contraire vous préférez les mains jointes aux pouces qui font "OK" et "les visages inexpressifs" de ceux qui prient le chapelet aux maquillages épais de la télévision, et si au cours des derniers mois, quelque doute catholique embarrassant et bien peu mainstream vous est venu à l'esprit , voici le livre que décidément il vous faut.
(...)
Tous les petits tableaux dans les tons pastel que les médias ont créés autour de la figure de Jorge Mario Bergoglio après son élection au Trône pontifical, sont par Quinto soupesés, confrontés à des milliers d'années de Sainte Écriture et de doctrine infaillible, et finalement démontés méthodiquement et calmement. La passion dans la défense de l'Église ne doit pas faire perdre son calme: et les faits nus, la trame serrée des arguments de l'auteur, désarment même le lecteur prévenu et jettent sur la "lune de miel" du Pape du monde, une ombre extrêmement inquiétante. Avec des racines plongeant dans l'histoire ecclésiale d'au moins cinquante ans.

Rien n'échappe à Ancilla Hominis: de l'appel de François au leader radical Marco Pannella aux applaudissements embarrassants des francs-maçons, des interviews sur La Civiltà Cattolica au clin d'œil à la théologie de la libération, des équivoques sur le "dialogue" et sur le "ne pas juger" aux dérapages dans le domaine œcuménique. La réalité est impitoyable et Quinto la rationalise, mais il ne l'adoucit pas.

Pour certains François a fait une révolution copernicienne dans l'Église, et, enfin, un "et pourtant elle tourne" allait entailler l'immobilité rigide de ce "monolithe" ayant survécu à des millénaires et à la persécution. Mais le livre de Danilo Quinto indique qu'il n'y a pas de plus grande révolution qu'un "et pourtant elle reste", un point d'appui stable pour le monde, une pierre angulaire et de scandale: stat Crux, dum volvitur orbis .

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