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Avis aux "monsignori" bien-pensants

... "allez prendre des leçons chez Biffi", leur dit ironiquement Rino Cammilleri, à propos de l'accueil des naufragés de la Méditerranée. Et il pose de très bonnes questions, que presque tout le monde oublie...

>>> Document: le cardinal Biffi sur l'immigration

Il convient de noter que la situation de l'Italie diffère de la nôtre par certains aspects (ils sont en première ligne, par leur situation géographique) mais sur le fond, faisant partie de l'UE, ils sont confrontés aux mêmes problèmes, et surtout le clergé y tient généralement le même langage...

Cari Monsignori buonisti, allez prendre des leçons chez Biffi

Rino Cammilleri
26 avril 2015
www.lanuovabq.it
Ma traduction
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Je lis (sur Il Giornale) que le Directeur de la Fondazione Migrantes, Mgr Perego, a qualifié de «honteux» le plan approuvé par l'UE sur l'urgence-immigration. Pourquoi? Parce que ce plan ne pense qu'à contrer les trafiquants plutôt qu'à protéger les migrants. Le chef de l'organisme émanant de la Conférence épiscopale italienne, s'exprimant sur Radio InBlu , s'en est également pris au ministre de l'Intérieur Alfano, qui voudrait couler les bateaux des passeurs: «Des mots comme couler, détruire, repousser, sans être accompagnés de mots comme protéger, sauver, accueillir, n'ont aucune perspective».

Quoi que cela signifie, nous sommes le seul pays européen riverain qui n'utilise pas de murs électrifiés (Espagne) et ne tire pas sur les bateaux (Grèce), mais pour certains, ce n'est pas encore assez.
D'accord, Mgr Perego est encore un prêtre et sur certaines questions, les prêtres doivent faire leur métier. Mais peut-être les popes orthodoxes sont-ils moins charitables que les prêtres catholiques, étant donné qu'en Grèce, par exemple, l'orthodoxie est la religion d'Etat (contrairement à l'Italie) et l'appartenance religieuse est obligatoire même sur la carte d'identité; mais il ne semble pas que le clergé grec fasse autant d'histoires sur la politique d'Etat de fermeture aux migrants. Peut-être se rend-il compte que le pays est sur un baril de poudre et ce n'est pas le moment d'aiguillonner l'âne surchargé dans la montée (traduction d'un vieux proverbe sicilien). L'Espagne a elle aussi un clergé nourri, et le pays est économiquement en meilleure santé que le nôtre. En outre, il a un premier ministre de centre-droit, pas d'extrême-gauche, comme Tsipras. Mais, là aussi, prudence et profil bas.

Bon, cessons de digresser. Nous disions qu'après tout, un prêtre est un prêtre et jouer au samaritain fait partie de son rôle. Il convient toutefois de dire, "en passant", que si l'on veut être pointilleux, le Samaritain de l'Evangile a dépensé pas mal d'argent pour loger, soigner et assister le pauvre type. Signe qu'il en avait. Mais ne pinaillons pas. Aujourd'hui, une morale franciscaine (!!) semble avoir contaminé la classe dirigeante italienne, des communistes aux prêtres. N'était-ce pas un prêtre, le protagoniste de la comédie musicale "Ajoute une place à table" (Aggiungi un posto a tavola) où Garinei & Giovannini chantaient «... si tu pousses un peu la chaise, tu es encore à l'aise, toi aussi»? Quiconque connaît un peu l'histoire dirait que même Richelieu était prêtre et que saint François, qui n'était pas prêtre, a encouragé les Croisés. C'est vrai, de l'eau a passé sous le pont.

Mais il y a un prêtre, même un évêque, et même un cardinal, qui est toujours avec nous, Giacomo Biffi. En son temps il a parlé en pasteur et maître des chrétiens, c'est-à-dire de façon réaliste, sur l'immigration, et il a dit une chose de bon sens absolu: l'immigration doit être gérée. C'est-à-dire pas de barrières mais pas non plus "Oves et Boves" (les vaches et les moutons). La charité doit être celle des Saints, concrète et possible, sinon c'est de la démagogie idéologique ou de la folie (quand ce n'est pas - à Dieu ne plaise - de la ruse intéressée). Et il a dit, le cardinal, que les immigré de culture chrétienne sont mieux intégrables que les musulmans. Il fut submergé par la clameur des pharisiens, bien-pensants ou cléricaux, avec l' habituel argument imbécile «quand c'étaient nous les migrants». Imbéciles, parce que, quand les migrants étaient les Italiens, ceux qui nous accueillaient utilisaient les propres critères indiqués par Biffi: quotas et sélection ethnique.

Personnellement, je viens d'une famille sicilienne restait divisée, moitié ici et moitié là-bas, parce que les Américains ont rejeté ma tante, une enfant, qui avait une conjonctivite qu'à Ellis Island ils ont prise pour un trachome. Résultat: mon grand-père et les enfants les plus âgés, oui, ma grand-mère et les petits, non. Mon père n'a connu ses frères «américains» qu'à 40 ans. Une autre époque? Non, parce qu'aujourd'hui encore, les États-Unis utilisent des critères très rigides avec ceux qui veulent mettre le pied sur leur territoire. Mais nous sommes "catho-communistes", donc pro-Tiers Monde et philo-prolétaires, et nous sommes scandalisés quand nous voyons ceux qui sont accueillis être désinfectés sans vêtements: tout le monde sait que, selon la Convention de Genève, la désinfection doit être subie en smoking. En effet, la gale et la tuberculose sont de retour parmi nous à la "sans façon" (en français dans le texte); là encore, je pourrais donner des exemples personnels mais la place manque.

En ce qui concerne le scandale produit par Biffi sur la prétendue «discrimination religieuse», on pourrait produire des tonnes d'exemples, puisque nous sommes tous Charlie. Mais nous voulons rester sur un plan strictement économique. Il y a des pays islamiques qui débordent de richesses: pourquoi donc n'accueillent-ils pas leurs frères de foi et dans le besoin? Et même, comment se fait-il que ces derniers ne pensent même pas à migrer vers ces rivages mais préfèrent le nôtre? Nous sommes des «croisés», des «infidèles», «moralement corrompus», et pourtant, c'est ici qu'ils viennent. Tous. Les monarchies du pétrodollar sont les plus gros acheteurs d'armes dans le monde, ils ont tellement d'argent qu'ils ne savent littéralement pas quoi en faire. Nous avons tous vu, à l'époque, les images des réfugiés Koweïtiens fuyant l'invasion de Saddam dans leurs luxueuses Volvo.

Saoudiens, Koweïtiens, Qataris, etc., ont des revenus par tête à donner le vertige et franchement, même s'ils poussaient la chaise pour ajouter une place à table pour l'ami en plus, ils seraient encore à l'aise. Au lieu de cela, ils construisent des murs, pas des ponts. Ils ne veulent pas de pauvres dans leurs pattes, même coreligionnaires. Et les pauvres, bien que coreligionnaires, ne veulent pas aller chez eux. Ils préfèrent vivre parmi les athées post-chrétiens que sous la charia. La meilleure preuve que les «cultures» ne sont pas tous égales. Méditez, bonnes gens. Quand la dictature communiste de Mengistu est tombée, les Israéliens mirent en place l'Opération Moïse, un gigantesque pont aérien pour faire partir les Falashas, les éthiopiens de religions juive. Ils laissèrent tous les autres dans le chaos politique et militaire, mais au moins, pour leurs coreligionaires, ils eurent de la compassion.

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