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Chronique d'une encyclique annoncée

Les pronostics et les attentes de Monique

>>> Ci-contre: François et Ban Ki-moon

>>> Voir aussi le dossier: L'Encyclique écologique

Avant même d'être publiée, l'Encyclique de François sur l'écologie a déjà fait couler beaucoup d'encre, y compris par le choix de son titre, et l’utilisation de la figure de Saint François d’Assise, ou de l’idée que s’en fait l'imaginaire populaire.

Le sujet est sensible, et les attentes énormes, dépassant largement le monde catholique en raison des énormes intérêts qui sont en jeu. Economiques, mais aussi idéologiques et politiques, puisque selon certaines lectures, il s'agirait rien moins, de la part de l'ONU et des instances mondialistes qu'elle représente, que de "recruter" l'Eglise dans ses rangs, notamment sur le thème délicat du contrôle de la démographie via l'avortement, voire la stérilisation. Une inquiétude qui n’est pas sans objet si l’on pense au tapis rouge déroulé ces derniers temps au Vatican pour le gourou des thèses onusiennes, Jeff Sachs : certes, on pourrait objecter qu’il ne s’agit que de consulter les opinions les plus diverses, ce qui est peut-être légitime, mais je n’ai pas entendu dire que de semblables honneurs avaient été accordés à des opposants à ces thèses, qui ne manquent pourtant pas dans leurs rangs de scientifiques de haut niveau.

Qu'il y ait interférence dans le domaine politique est indéniable. La Croix souligne aujourd'hui, à juste titre le timing: "Rendue publique avant la conférence internationale contre le réchauffement climatique organisée par la France en décembre à Paris, [l'encyclique] vient appuyer les efforts de ceux qui militent pour un accord conséquent sur le réchauffement climatique".

D'où les durs affrontements entre les "négationnistes", marginalisés, et les autres, dont les tenants d'un écologisme politique fortement teinté de revendications socialisantes (ceux que Claude Allègre appelait les "pastèques": verts à l'extérieur, mais rouges dedans).

Grosso modo, il y a en effet dans l'orbe catholique deux partis - si l'on exclut les "sans opinion", qui sont certainement la majorité:
- d'un côté, ceux qui pensent que "la protection de la planète" ne rentre pas dans le domaine de compétences de l'Eglise. Parmi eux, notamment, les "conservateurs" (généralement qualifiés d’"ultra-conservateurs"), les mouvements pro-vie, avec en fer de lance la "droite conservatrice" américaine (les français ne sont pas représentés dans cette mouvance), qui voient comme une ingérence (inacceptable) toute prise de position politique du Pape, sur quelque sujet que ce soit (voir l'intervention pour le rapprochement entre les USA et Cuba)
- de l'autre, les "libéraux" (au sens français de "progressistes"), et en bloc, les "pro-Bergoglio", pour qui tout ce que fait ou dit le Pape est bien.

Les deux partis passent leur temps à s'invectiver, se traitant mututuellement d'"anti-bergogliens primaires" et d'"écolophobes" (voire, le cas échéant de "catholiques autoproclamés", comme s'il y avait par opposition des catholiques légitimes et estampillés!), respectivement de "bergogliens béats" (mais de façon moins agressive).

Entre eux, les médias qui, s'ils faisaient correctement leur travail, devraient servir de modérateurs, mais qui se sont massivement rangés du côté des seconds, pour des raisons qu'il est facile d'imaginer, et qui sont prêts à extraire de l'Encyclique quelques formules-choc conformes à leurs attentes, pour en faire leurs titres... avant de passer à autre chose.

L'Encyclique (et donc le Pape) saura-t-elle rester super partes?

Si l'on se réfère à ce qu'on a lu jusqu'à présent, le plus gros risque qu'elle court, c'est finalement de ne pas être lue, et qu'on se contente de ce qui a été dit avant - mais n'est-ce pas le sort habituellement réservé aux textes papaux, réduits par les médias à des squelettes caricaturaux, pour coller aux objectifs de leurs commanditaires?

* * *

Je vais donc ressortir un de mes aphorismes préférés: comme le disait Pierre Dac "la prédiction est un art difficile... surtout quand elle concerne l'avenir".
Mais Monique, comme on va le voir, ne craint pas de prendre des risques....
Rendez-vous le 18 juin, date annoncée pour la publication.

L'Encyclique que j'attends...

Monique T.
5 jui 2015
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Nous ne connaissons pas encore le contenu de l'encyclique "Laudato si" mais il n'est pas interdit d'imaginer les sujets que le Pape pourrait (devrait?) aborder.
Je crois qu'il faut de toute façon louer l'initiative du Pape qui ose traiter un sujet d'une importance cruciale pour toute l'humanité, donnant au catholicisme une portée universelle, selon son propre nom. La lecture de cette encyclique promet d'être passionnante, c'est pourquoi, avec tout le respect que m'inspirent ce texte magistériel et son auteur, je prends la liberté d'en imaginer le contenu, au risque de me tromper du tout au tout!


* * *

PREAMBULE
- La nécessité de préserver et de faire fructifier la Création confiée par Dieu aux hommes
- l'homme n'est pas le maître absolu de la Création (mais il en est le sommet).
- L'impossibilité de jouer la nature contre l'homme. L'homme fait partie de la Création: il n'est pas fondamentalement l'ennemi de la nature.

LES CHOIX ENERGETIQUES
- Quels sont les choix les moins dangereux pour l'avenir de la planète?
- les combustibles fossiles: sont-ils pires que le nucléaire? Le dérèglement climatique (s'il est bien dû à l'augmentation du CO2) est un fléau mais que dire des accidents nucléaires et de la gestion des déchets de cette technologie? Que doit faire l'humanité confrontée au choix entre plusieurs maux, et non entre un bien et un mal, en attendant que les énergies renouvelables puissent prendre le relais (si on y parvient un jour)?
- le nucléaire: est-ce un choix vraiment moral, digne d'être cautionné par l'Eglise?
- l'énergie solaire: ses limites dans l'état actuel de notre technologie.

AGRICULTURE
- pollution des terres, des nappes phréatiques et des cours d'eau par les engrais et les pesticides.
- une agriculture biologique est-elle possible compte tenu du nombre d'habitants de la planète?
- exposition des agriculteurs à des produits cancérigènes
- nocivité potentielle des plantes OGM? Problème des semences.
- élevage du bétail avec des supplémentations en hormones, que les humains ingèrent.
- utilisation de certaines terres arables (nécessaires aux pauvres) pour cultiver des bio-carburants (pour les "riches")
- empoisonnement progressif des consommateurs (y compris les enfants) par des produits saturés de chimie ou modifiés.

INDUSTRIE
- utilisation de matériaux nuisibles à la santé
- travail des ouvriers dans un environnement malsain
- dissémination dans la nature de déchets non traités
- négligence dans le recyclage des objets industriels usagés
- inondation des marchés par des gadgets inutiles et laids, quasiment impossibles à recycler
- émission de fumées, quand on pourrait les filtrer

L'ETRE HUMAIN: SON CORPS ET SA SANTE MENTALE
- la contraception chimique (qui pollue le corps de la femme aussi bien que l'environnement)
- l'avortement (refus de la Création)
- les stérilisations forcées imposées par certains Etats
- la fécondation in vitro et la manipulation des embryons
- la GPA
- la théorie du genre (on conteste les données de la nature)
- le mariage des duos homosexuels (contre-nature)

...

IL y aurait bien d'autres points à évoquer. Mais on a déjà une triste panoplie de la manière dont les hommes agressent la nature et refusent le primat de Dieu sur la Création.

* * *

CONCLUSION :
Attendons de lire l'encyclique. Si François reste dans des généralités, ou si son texte n'est qu'un réquisitoire contre le réchauffement climatique ou contre les riches, il y aurait de quoi être vraiment déçu!

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