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Des interviews très orientées

A propos de l'interview de Mgr Ratzinger à la Passauer Neue Press, Teresa revient sur une autre interview, celle accordée fin mars par Georg Gänswein à La Nacion

>>> Quelques mots de Mgr Georg Ratzinger (interview dans Passauer Neue Press)

Mon amie Teresa a repris sur son site l'interview de Mgr Georg Ratzinger par la Passauer Neue Press, traduite par Isabelle, que j'ai publiée hier. Elle l'a assortie d'un commentaire personnel, qui reflète tellement mon propre sentiment qu'il mérite, il me semble, une entrée spéciale dans ces pages.

Elle y dénonce la tentative par les médias d'instrumentaliser les proches du Pape émérite dans le but de tresser des louanges à François, et tout en reconnaissant qu'ils ne peuvent pas dire autre chose, et le font pour la "bonne cause", elle déplore qu'ils y mettent parfois un peu trop de zèle (je m'empresse de dire que le reproche ne s'applique évidemment pas au frère du Pape émérite).

A ce sujet, elle revient sur l'interview que Georg Gänswein a récemment accordée au quotidien argentin La Nacion - interview menée par Elisabeth Piqué, biographe et amie personnelle de François. (voir ici: americamagazine.org/content/dispatches/ganswein-pope-francis-full-surprises-and-some-unpredictability , avec les liens vers les originaux en espagnol).
Des lecteurs me l'avaient signalée, on me demandait d'en faire état, et même de la traduire (il aurait fallu que je me fasse aider pour l'espagnol!), y voyant un "bel exemple" de continuité entre les deux papes.
Comme Teresa, j'ai choisi de zapper, n'y ayant pour ma part rien vu de plus (dans le meilleur des cas) qu'une tentative de "calmer le jeu" au moment où l'on entend des rumeurs de schismes, et surtout pour ne pas avoir à dire des choses déplaisantes.

Mais je laisse la parole à Teresa:

L'information était publiée le 3 avril 2015, dans la Passauer Neue Presse, le journal régional qui couvre Ratisbonne, sous le titre «RATZINGER DÉFEND FRANÇOIS CONTRE LES CRITIQUES»; le souci dont Mgr Georg Ratzinger a parlé au journaliste de la PNP est que Benoît XVI puisse être considéré ou vu à tort comme un «anti-pape», puiqu'il ne penserait jamais à intervenir de quelque manière que ce soit les affaires de l'Église, maintenant qu'il n'est plus le pape.

J'ai un vrai problème avec des interviews comme celles-ci qui, il me semble, ont pour intention d'instrumentaliser les proches de Benoît XVI - son frère et son secrétaire particulier, Mgr Georg Gaenswein - en les amenant à dire des choses favorables sur François (puisque de toute évidence, ils ne diront jamais rien de défavorable). Et, peut-être pire encore, de dire - en étant largement cité - que Benoît XVI partage les vues de son successeur et est à 100% derrière lui.

Parce que, quand ils sont interrogés directement, ils ne peuvent rien dire d'autre, sauf à aggraver l'idée peu charitable promue par des éléments anti-Benoît depuis qu'il a pris sa retraite - et même avant l'élection de son successeur -, que Benoît XVI entend exercer son influence dans l'Eglise tant qu'il est vivant.
Le problème, bien sûr, c'est que les détracteurs de Benoît XVI ont tendance à considérer Joseph Ratzinger / Benoît XVI comme rien de plus qu'un «homme ordinaire», c'est-à-dire, comme chacun d'entre nous qui n'a pas été doué des grâces extraordinaires dont Dieu l'a pourvu. Et ils projettent sur lui ce qu'ils feraient si eux («un homme ordinaire») étaient à sa place ...

J'ai donc «rejeté» l'interview que Georg Gänswein a accordée il y a deux semaines à Elisabeth Piqué, la biographe de Bergoglio, pour le journal argentin La Nacion; il y exprimait un éloge inconditionnel de François, qui est, bien sûr, son patron officiel. L'article s'ouvrait sur une citation de Georg Gänswein disant que «Benoît XVI est très impressionné par François». Je respecte les opinions indépendantes de GG et son droit à les exprimer, mais je n'allais pas me donner plus d'aigreur d'estomac - littérales et autres - en la traduisant.

Franchement, l'impression générale qui se dégage des louanges de GG à François, consciemment ou inconsciemment, c'est que ce dernier est supérieur à Benoît XVI dans ses habitudes de travail, dans sa vie de prière et Dieu sait quoi d'autre. De la façon dont GG voit les choses, c'est possible, et c'est peut-être un simple préjugé qui me fait reculer devant ses louanges (..)

J'ai serré les dents après des déclarations similaires de GG dans des interviews précédentes - un trop grand nombre, à mon avis - dans la conviction qu'il se met en quatre pour dire ces choses afin de neutraliser toutes les histoires de prétendues manœuvres en coulisses de Benoît XVI pour s'immiscer dans les affaires du Vatican, comme le «Synode de la famille», en opposition aux initiatives bergogliennes. C'est très bien, mais je pense qu'il en fait trop, et l'interview à La Nacion a «dépassé les bornes»!

Pendant tout le temps que je lisais, mon esprit ne cessait de crier, «S'il vous plaît, Georg Gänswein, arrêtez! Vous n'avez rien dit de factuellemnt nouveau sur Benoît XVI depuis un an, et votre nouveau patron n'a certainement pas besoin de vos louanges excessives - il a plus qu'assez de sycophantes qui le font pour lui». Mais comme Mgr Gänswein est un homme honorable, je ne doute pas de sa sincérité dans l'expression de cette admiration pour François, et il a parfaitement le droit de le faire et de dire ce qu'il veut dire. Je souhaite juste qu'il cesse de le faire!

Toutes ces louanges sur François, venant de quelqu'un qui travaille avec lui et doit l'accompagner dans toutes ses manifestations publiques, me font-elles changer d'avis à propos de JMB? Non, parce que les points que GG soulignent n'ont en général rien à voir avec mes objections majeures à JMB, ou bien les contournent ...

(Teresa)

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