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Gotti Tedeschi s'exprime dans la presse italienne

Interviews à La Repubblica, à Libero... Il revient sur son éviction de l'IOR, les obscurités qui l'entourent, la désobéissance à Benoît XVI. Et dit qu'il n'attend plus de "réhabilitation" de la part de François

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Pour (essayer de) comprendre ce que dit l'ex-directeur de l'IOR, à propos du volet financier - qui est forcément très complexe - de la crise de la Curie sous Benoît XVI, de la volonté de transparence de ce dernier, et des obstacles auxquels elle s'est heurtée, voir aussi:

¤ Un dossier de moi, en mai 2012: L'ARGENT, LE NERF DE LA GUERRE.
¤ Et un article de Sandro Magister en juin 2012, traitant la question de façon quasi-exhaustive.

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L'occasion de ces interviews croisées était l'annonce faite le 1er avril dernier de la signature d'un accord financier entre le Saint-Siège et l'Etat italien: visnews-fr.blogspot.fr/2015/04/signature-dune-convention-en-matiere

Ior: Pell aussi réhabilite Gotti Tedeschi

2 avril 2015
Matteo Matzuzzi
www.formiche.net
(ma traduction)
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«Le pape Benoît a essayé sérieusement d'améliorer cette situation: avec Mgr Viganò, avec Gotti Tedeschi, avec Von Freyberg, il voulait améliorer la situation. Il ne faut pas penser que le pape Benoît n'a rien fait et qu'en revanche nous pouvons tout faire. Nous faisons quelque chose sur les fondations qui ont été préparées à l'époque par le pape Benoît».
Pour la première fois depuis qu'il est préfet de la Secrétairerie pour l'économie, le cardinal australien a rappelé l'oeuvre entreprise par Ettore Gotti Tedeschi, quand il était à la tête de l'IOR, avant d'être désavoué et démis au printemps de 2012

«Je suis agréablement surpris», dit aujourd'hui à La Repubblica l'ancien président de l'institut qui a son siège dans l'antique tour Nicolas V: «Le Cardinal Pell est une personne digne, et bien intentionnée, mais je crains qu'il soit en train de découvrir combien il faut lutter pour réussir dans le milieu où il essaie de servir l'Eglise dans ce rôle».
En particulier, Gotti Tedeschi se demande si «on a expliqué à Pell pouquoi il a fallu si longtemps pour nommer le nouveau président» puisqu'entre son éviction et la nomination de von Freyberg, neuf mois au moins se sont écoulés et la désignation de ce dernier s'est produite alors que la renonciation de Ratzinger était déjà annoncée.

«Pell connaît-il toute la situation?»
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Le processus de nettoyage et de transparence, précise Gotti, consiste «en une loi contre le blanchiment d'argent, en procédures nécessaires pour mettre en œuvre la loi, en la constitution d'une autorité de contrôle (l'AIF, Autorité d'Information Financière) qui doit vérifier que la loi est appliquée en conformité avec les procédures; il a été voulu par le pape Benoît, il a été promulgué par le pape Benoît (avec le motu proprio du 3 Décembre 2010), mais il a été changé (mystérieusement?) par d'autres, entre Décembre 2011 et Janvier 2012».
Et cela a produit, de l'avis de l'ancien président de l'IOR, «les conséquences que nous connaissons tous, y compris mon éviction infâmante, puisque que j'étais opposé audit changement».
Le problème, de l'avis de Gotti Tedeschi, est que peut-être George Pell n'est pas pleinement conscient de cette situation.

«L'accord avec l'Italie ne modifie pas le cadre»
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L'intellectuel catholique qui a joué un rôle de premier plan dans la rédaction de l'encyclique Caritas in Veritate , s'arrête sur ce sujet dans une interview publiée aujourd'hui dans le quotidien Libero. «C'est vrai que Benoît XVI a cherché à améliorer la situation des finances du Vatican, mais on l'a empêché de terminer le travail et les personnes chargées de poursuivre la réforme ont été chassées. Nous devons donc comprendre QUI a contrecarré la volonté du Pape aujourd'hui émérite et pourquoi il l'a fait».
Selon le quotidien, «le sentiment est que même Pell a du mal à mettre en ordre les pièces du puzzle et à faire table rase de tous les jeux de pouvoir qui gravitent autour de la banque du pape», et de toute façon «l'accord d'hier avec l'Italie n'a certainement pas modifié le cadre».

Réhabilitation
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Une autre question est liée à l'éviction de l'évêque Carlo Maria Viganò, quoiqu'envoyé dans la plus prestigieuse ambassade au monde: «Il a essayé d'assainir les comptes du gouvernorat de la Cité du Vatican, mais il a été pénalisé, humilié et muté à Washington comme nonce. Pourquoi donc?».

Une dernière question, souligne encore Libero, concerne la «réhabilitation» formelle de Gotti Tedeschi, à propos de laquelle l'ancien chef de l'IOR réclame la clarté. La réhabilitation advint en Février 2013, «sur l'indication précise de Joseph Ratzinger», mais depuis lors, il n'a jamais été interrogé, ni n'a remis les pieds au Vatican. La question, alors, est évidente: pourquoi cet ordre du Pontife «a-t-il été désobéi, ignoré jusqu'à maintenant?».

L'article de La Repubblica est ici: www.repubblica.it.
Il n'y a pratiquement rien de plus que ce que rapporte Matteo Matzzuzzi.
Je note toutefois que celui-ci a "omis" de citer le dernier échange:

Gotti-Tedeschi: «Aucune source plus autorité Mgr Georg Gänswein, secrétaire personnel du pape Benoît XVI, ne peut être davantage crue, quand il explique ce qui s'est réellement passé. Et Mgr Georg le fait avec une interview en Octobre 2013 (1), où il explique que Benoît n'était pas au courant de cette décision de me désavouer, il n'était pas non plus d'accord. Depuis ce jour, j'ai vainement demandé de nombreuses fois, verbalement et par écrit, à être entendu et à prouver la vérité. Jusqu'à ce que le pape Benoît XVI, à la fin de 2012, établisse publiquement ma réhabilitation. Celle-ci me fut officiellement annoncée par le secrétaire d'État le 7 Février 2013. Trois jours après le pape Benoît renonçait. Et après, il ne s'est plus rien passé».

Question: Vous attendez à présent un appel du pape Bergoglio?
«Non, je n'attends plus aucun appel du Pape François. Trop tard».

(1) Dans une interview du 22 octobre à Il Messagero (cf. benoit-et-moi.fr/2013-III/benoit/une-interviewe-de-mgr-gaenswein, à la question «Est-il vrai que le pape Ratzinger a été maintenu dans l'ignorance de l'éviction de Gotti Tedeschi de l'IOR ?», Mgr Gänswein répondait:

« Je me souviens bien de ce moment. C'était le 24 mai. Ce jour-là il y avait eu aussi l'arrestation de notre majordome, Paolo Gabriele. Contrairement à ce que l'on pense, et il n'y a aucun lien entre les deux événements (???), tout au plus une coïncidence malheureuse, et même diabolique.
Benoît XVI , qui avait appelé Gotti à l'IOR afin de poursuivre la politique de transparence, a été surpris, très surpris par l'acte de défiance envers le professeur. Le pape l'estimait et l'aimait, mais par respect pour les compétences de ceux qui avaient la responsabilité, il a choisi de ne pas intervenir à ce moment. Par la suite, pour des raisons d'opportunité, le Pape, même s'il n'a jamais reçu Gotti Tedeschi, a maintenu le contact avec lui d'une manière appropriée et discrète».

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