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Le Pape et Medjugorje

Antonio Socci: "L'Eglise n'est pas contre Medjugorje (mais Bergoglio si)".

La voyante Mirjana

J'ai consacré en 2011-2012 plusieurs articles aux apparitions de Medjugorje (avec des textes de Messori, Rio Cammilleri, et même Tornielli), et en 2013, je les avais rassemblés en un petit dossier que l'on peut lire ici: benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/le-dilemne-de-medjugorje, complété par la traduction d'un billet de Sandro Magister intitulé "Sur Medjugorje, le baromètre pontifical vire au mauvais temps".

Dans son dernier billet, Antonio Socci réagit aux derniers développement, càd les faits rapportés ici: Le problème des homélies à Santa Marta .

L'Eglise n'est pas contre Medjugorje...
(mais Bergoglio si)

www.antoniosocci.com
Ma traduction
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Parmi le «peuple de Medjugorje» il y a beaucoup de désarroi et on entend ici et là des accents polémiques inhabituels, après l'annonce d'une décision prochaine de l'Eglise (que l'on prévoit sévère) sur les apparitions, après la énième interdiction d'un rassemblement public avec un des voyants et surtout après une énième boutade sarcastique du pape Bergoglio sur les apparitions.

POURQUOI?

C'est un peuple de personnes bonnes et fidèles qui ne comprennent pas pourquoi, avec l'énorme crise dans laquelle se trouve l'Eglise, on va frapper justement là où de nombreuses conversions ont lieu et où de nombreuses vocations fleurissent.
Dans l'Église, il y a depuis des années beaucoup de déviations doctrinales et disciplinaires, dans les ordres religieux, parmi les théologiens, dans les séminaires et même parmi les évêques, au point que l'orthodoxie et la morale catholiques sont souvent contestées publiquement.
Pourquoi - se demandent les fidèles - au lieu de rappeler ceux-ci à l'ordre intervient-on durement à Medjugorje où sont pratiquées la prière et la pénitence?
Il convient aussi de dire qu'à Medjugorje, se sont vérifiés - bien documentés - de nombreux cas de guérisons soudaines complètement inexplicables scientifiquement, en même temps qu'une quantité d'autres grâces moins sensationnelles.
Et le peuple chrétien voient dans ces signes la preuve de la présence mystérieuse de la Vierge en ce lieu, et ne comprend pas pourquoi l'Eglise ne le reconnaît pas.

L'EGLISE MÈRE ...

En réalité, envers Medjugorje, l'Eglise à a toujours eu une attention maternelle et gardé une attitude compréhensive qui - à ce que je crois - ne diminuera pas au cours des prochaines semaines.
Il est vrai que l'évêque compétent, du diocèse de Mostar, a toujours rejeté les apparitions, et il est vrai que la Conférence des évêques yougoslaves a pris, en 1991, une position - unique déclaration officielle de l'Église - dans laquelle, textuellement, il était notifié que «sur la base des recherches effectuées jusqu'à présent, on ne peut pas affirmer qu'il s'agit d'apparitions et de phénomènes surnaturels».
Toutefois, cette «Déclaration de Zadar» laissait la porte ouverte à des enquêtes futures et - reconnaissant la grande ferveur religieuse des pèlerins qui affluaient à Medjugorje - recommandait le «soin pastoral» des fidèles eux-mêmes, afin que l'on puisse «promouvoir une saine dévotion envers la Vierge Marie, en harmonie avec l'enseignement de l'Église».
En pratique, les pèlerinages privés étaient permis, accompagnés pastoralement, mais pas ceux officiels des diocèses, qui auraient pu donner l'idée d'une authentification des apparitions.
Tout cela est arrivé dans les années de Jean-Paul II qui, pour autant qu'on sache, croyait aux apparitions de Medjugorje, mais n'a jamais voulu que son sentiment personnel devienne le jugement officiel de l'Église. Parce qu'il fallait encore enquêter et rechercher la vérité.
Ce qu'a fait d'une façon particulière, soigneuse et complète, la Commission d'enquête institués par Benoît XVI en Mars 2010.
La Commission, présidée par le cardinal Ruini et composé d'experts, d'évêques et de théologiens a conclu ses travaux - au cours desquels tous les protagonistes et témoins ont été interrogés - au bout de quatre ans, et le 17 Janvier 2014, elle a remis les documents et les conclusions à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
On ne sait pas quelles sont les hypothèses de travail de la Commission (il semble que les «anticipations» soient fantaisistes). Le fait est que la Congrégation vaticane présidée par le cardinal Müller, après une année et demi d'examen des actes, est sur le point de parvenir à des conclusions.

... ET MAÎTRESSE

La nouvelle de ce tournant est sortie au même moment où la Congrégation demandait au diocèse de Modène d'annuler une réunion publique avec la voyante Vicka Ivanovic.
Cette «annulation» n'est pas la première. Déjà précédemment, le nonce aux États-Unis, sur les conseils de l'ex Saint-Office, était intervenu pour annuler des réunions similaires, rappelant que «la Congrégation pour la Doctrine de la Foi anquête sur certains aspects doctrinaires et disciplinaires du phénomène de Medjugorje. Pour cette raison, la Congrégation a affirmé que, concernant la crédibilité des "apparitions" en cause, tout le monde doit accepter la déclaration des évêques de l'ex-Yougoslavie (...). Il en résulte donc que le clergé et les fidèles ne peuvent pas participer à des réunions ou des conférences ou célébrations publiques où la crédibilité de ces "apparitions" est tenue pour certaine» (ndt: cette affaire est évoquée par Sandro Magister dans l'article cité plus haut).
Il s'agit de règles de conduite très strictes qu'aujourd'hui l'Eglise a résolu d'appliquer et qui préfigurent sans doute les règles futures.
Il est arrivé en effet que pendant des années et par tous les moyens, les messages de la Vierge de Medjugorje ont été diffusés librement, y compris par des ecclésiastiques, donnant ces derniers pour certains, ainsi que les apparitions elles-mêmes.
L'Eglise - semble-t-il - ne veut pas ôter au fidèle individuel la liberté de croire aux apparitions et de suivre les messages, mais n'entend pas permettre l'équivoque qu'il existerait une approbation officielle de l'Eglise elle-même.
Il est probable que les prochaines directives émanant du Saint-Siège seront un rappel rigoureux à tous, aux différents personnages qui ont fait de Medjugorje une occasion de se mettre personnellement en valeur, aux propagandistes, mais aussi aux voyants eux-mêmes qui, ces dernières années, se sont souvent transformés en leaders d'opinion (parfois pas vraiment impeccables) et sur certaines choses se sont également contredits mutuellemnt.
Ceux qui croient dans les apparitions de Medjugorje avec foi et simplicité ne doivent pas craindre le jugement qui est fait par l'Église, avec un soin de Mère et Maîtresse. Ils ne doivent pas craindre non plus d'éventuelles corrections apportant plus de sobriété et de prudence.
L'Eglise, dans dans la pondération de son oeuvre de «purification» du phénomène de Medjugorje, fait son devoir. Du reste, c'est la Vierge elle-même - pour ceux qui suivent les messages - qui invite à faire confiance à la hiérarchie de l'Église.
Bien sûr, certains «tirs» du pape Bergoglio ne semblent pas en ligne avec la prudence et le sérieux dont l'Eglise a usé jusqu'à présent et dont témoigne le travail de la Commission.

LE MÉPRIS DE BERGOGLIO

Tout d'abord, la blague de mardi dernier, quand, dans l'homélie à Santa Marta, il a ironisé sur «ceux qui ont toujours besoin de nouveauté de l'identité chrétienne» et cherchent "Mais où sont les voyants qui nous disent aujourd'hui la lettre que la 'Madonna' enverra à 16 heures?" Par exemple, non? Et ils vivent de cela. Cela n'est pas l'identité chrétienne. Le dernier mot de Dieu s'appelle "Jésus" et rien de plus».
La référence au message de la Vierge à des moments prédéfinis a été considéré comme une gifle par tous à Medjugorje, mais le pape oublie qu'en fait, à Fatima aussi, et dans d'autres apparitions approuvées par l'Eglise, la Vierge adonné aux voyants des rendez-vous précis.
Il ya deux ans, le pape avait dit une autre sortie sarcastique, disant que la Sainte Vierge «n'est pas un chef de bureau de la Poste, pour envoyer des messages tous les jours».
C'est un reproche qui contient du vrai si - par exemple - on le réfère à certaines réunions publiques avec les voyants de Medjugorje, où, dans les invitations, il est littéralement écrit «À 18 Heures, apparition».
Mais il est vrai que la Vierge a aussi donné des messages - et quels messages! - dans des apparitions reconnues, comme Fatima et La Salette. Ainsi, dans son humilité, la Vierge sert vraiment de «factrice» de Dieu.
Les paroles de Bergoglio donnent presque l'impression qu'il a un préjugé de méfiance envers les apparitions, comme il ressort d'ailleur d'un de ses livres où il dit: «J'éprouve une méfiance immédiate face aux cas de guérison, et même quand il s'agit de révélations ou de visions; ce sont toutes des choses qui me mettent sur la défensive. Dieu n'est pas une sorte de Correo Andreani (entreprise de services postaux, ndlr) qui envoie des messages constamment».
Bien que ces derniers mois, certains medjugorjiens se soient improvisés ardents bergogliens (captatio benevolentiae?), il semble que le pape argentins ne le leur rende pas.
Il vaut décidément mieux pour tout le monde faire confiance à l'objectivité, la compétence et la rigueur de la Commission Ruini et du cardinal Müller.

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