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Le Synode doit faire une annonce claire et ferme

… et la pratique pastorale ne doit pas être séparée de la doctrine. Après des prélats aussi en vue que les cardinaux Caffara et Burke, c'est aussi ce que réclament 500 prêtres britanniques dans une lettre publiée sur le Catholic Herald

A lire sur ce sujet:

¤ Une longue et belle interview du cardinal Burke par Jeanne Smits, sur son blog [(1)]
¤ Le texte de la lettre des prêtres gallois et anglais: www.catholicherald.co.uk

"QUE LE SYNODE FASSE UNE ANNONCE CLAIRE ET FERME"

Lorenzo Bertocchi
25 mars 2015
La Nuova Bussola Quotidiana
Traduction Anna
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Tandis que le Cardinal Kasper invite à la prière afin que les décisions du Synode aillent vers "une évolution (un développement) de la tradition", quelque 500 prêtres d'Angleterre et du Pays de Galles signent une lettre dans laquelle ils demandent aux pères "une annonce claire et ferme de l'enseignement moral immuable de l'Église.

Sur la possibilité d'accès à l'Eucharistie pour les divorcés remariés, point sur lequel le cardinal Kasper voudrait un "développement" particulier, les prêtres d'outre-Manche ont une idée résolument différente. "Nous affirmons l'importance, écrivent-ils, du maintien de la discipline traditionnelle de l'Église concernant la réception des sacrements, et que la doctrine et la pratique restent fermement et inséparablement en harmonie". La question de l'unité entre doctrine et pastorale est au cœur du débat synodal, ainsi que l'a récemment déclaré aussi Mgr. Kurz, président de la Conférence Épiscopale des États-Unis. Il est nécessaire que soit garantie l' "unité" entre les deux car, a affirmé le prélat américain, "l'unité et l'intégrité de la façon dont nous adorons, dont nous croyons et la manière dont nous offrons le soin pastoral".

Le problème - comme l'a clairement relevé le cardinal Caffarra - est que derrière le paratonnerre du changement de la pastorale pourrait se cacher toute autre chose. Se référant aux thèses du cardinal Kasper lors du consistoire de 2014, l'archevêque de Bologne a dit que "ce n'est pas seulement une question de praxis, on touche ici à la doctrine. Inévitablement. On peut dire aussi qu'on ne le fait pas, mais on le fait." C’est pourquoi on ne peut pas réduire le débat synodal à une simple question de factions "politiques", mais il faut veiller aux enjeux fondamentaux. Face à la "confusion" les prêtres anglais et gallois réaffirment leur "fidélité inébranlable aux doctrines traditionnelles concernant le mariage et la véritable signification de la sexualité humaine, fondée sur la Parole de Dieu et enseignée par le Magistère de l'Église pendant deux mille ans".

Le problème du rapport entre pastorale et doctrine a été abordé récemment aussi par le cardinal Burke, dans une longue interview à la blogueuse française Jeanne Smits [(1)] . La distinction faite par ceux qui ne posent le changement qu'au niveau pastoral, tandis que la doctrine resterait intacte, "est une fausse distinction", a-t-il affirmé. Outre la question de l'eucharistie aux divorcés remariés, la référence concerne aussi les autres thèmes incertains du synode, ceux des soi-disant unions "irrégulières" et de l'homosexualité. "Il est impossible, a dit Burke, de séparer la vérité de l'amour, une vie hors de la vérité ne peut être une vie d'amour". Si vous "donnez accès à la Sainte Communion à des personnes qui se trouvent en des unions maritales irrégulières, vous affirmez par le fait même quelque chose à propos de l'indissolubilité du mariage", c'est-à-dire à propos de la doctrine. Comme le disait le cardinal Caffarra, on peut donc aussi affirmer qu'on ne touche pas la doctrine, mais en réalité, on le fait.

Quoi que l’on fasse, la question reste la même, comme l'a remarqué aussi le cardinal africain Sarah. L'idée d'enfermer le Magistère dans une jolie boite le séparant de la pratique pastorale - a-t-il affirmé dans son livre-interview "Dieu ou rien" - est une forme d’hérésie, de pathologie schizophrène.
"Une bataille est en cours", a dit le cardinal Kasper en Angleterre, et il est important qu'on en discute, comme l'a demandé à plusieurs reprises le Saint Père. Il faut toutefois faire attention.

Aller au-delà de l'apparence, s'efforcer de comprendre, lire attentivement les documents officiels et, surtout, ne pas se laisser prendre facilement par les bons sentiments. "La miséricorde, même le cardinal Kasper l'a dit, n'est pas mollesse pastorale".

Note de traduction

(1) Interview du cardinal Burke à lire ici: leblogdejeannesmits.blogspot.fr
On relève en particulier ces paroles du cardinal:

Il semble qu’aujourd’hui des personnes qui ne contestaient pas l’enseignement de l’Eglise parce que, clairement, l’autorité de l’Eglise interdisait certaines discussions, se sentent désormais très libres de contester jusqu’à la loi morale naturelle, sans même parler d’un enseignement comme Humanae Vitae qui ne fait que reprendre l’enseignement constant de l’Eglise sur la contraception.

et aussi cet échange:

- Jeanne Smits: Certains ont dit, après la publication de la relatio post disceptationem, qu’une manipulation avait eu lieu, consistant à introduire dans le cadre du synode des questions qui n’ont en réalité rien à voir avec la famille.

- Cardinal Burke: Il est clair qu’une manipulation a eu lieu, dans la mesure où les interventions des membres du synode n’ont pas été publiées, et que le rapport d’étape ou relatio post disceptationem, tel qu’il a été publié, n’avait en réalité rien à voir avec ce qui avait été présenté. Et il est donc évident à mes yeux que certains individus qui avaient forcément une forte influence sur les processus synodaux ont mis en avant un programme qui n’a rien à voir avec la vérité sur le mariage telle que Notre Seigneur nous l’enseigne, et telle que l’Eglise nous la transmet. Ce programme vise à justifier les relations sexuelles hors mariage, les actes sexuels entre personnes de même sexe, et d’une certaine manière à relativiser nettement et même à occulter la beauté de l’enseignement de l’Eglise sur le mariage qui est l’union fidèle, indissoluble et procréatrice entre un homme et une femme.

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