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Le titre d'une encyclique

Pourquoi "Laudato si"? Un avis personnel - pour ce qu'il vaut. Une réflexion de Father Z. Benoît XVI, sur le vrai Saint François.Les inadmissibles attaques préventives d'un blog "catho bien pensant". Et une mise au point d'une lectrice italienne (2/6/2015, mise à jour le 3/6, nouvelle mise à jour le 4/6)

Dans la ligne de la rupture calculée avec la tradition, qu'il a choisie de suivre depuis le premier jour de son Pontificat (son nom, jamais porté avant et non suivi d'un numéro d'ordre, son habitation, sa façon de s'habiller, je ne parle ici que de ce qui est apparent, mais non moins significatif pour autant), le Pape aurait donc choisi pour titre de sa première encyclique effective (on ne peut pas vraiment compter Lumen Fidei, l'encyclique dite "à quatre mains", mais en fait l'oeuvre de Benoît XVI) un vers du cantique des Créatures du Saint d'Assise, «Laudato si'», en dialecte de la région d'Ombrie.
D'autres ont déjà disserté mieux que moi sur le choix d'un titre qui n'est pas en latin, reprenant comme c'est la coutume les premiers mots du texte de l'Encyclique.

Sandro Magister (*) a relevé que le choix d'un titre en langue vulgaire, s'il est inhabituel, n'est pas inédit (cf. magister.blogautore.espresso.repubblica.it). Il a même dressé une liste, dont l'exemple le plus célèbre est la fameuse encyclique en allemand de Pie XI en 1937, contre le nazisme, "Mit brennender Sorge" - mais évidemment, l'intention et le contexte étaient bien différents: en 1937, il fallait se faire comprendre des destinataires, qui étaient allemands; en 2015, il est peu probable que le Pape s'adresse à ceux des habitants de l'Ombrie qui pratiquent encore le dialecte. Dans le premier cas, il s'agissait de raisons d'ordres pratiques, dans le second, d'ordre "esthétique" - puisque l'intention est de s'adresser au monde, dans le sens le plus "global" que ce mot revêt aujourd'hui.

Le titre porte donc un fort message, qui n'est pas uniquement l'annonce de son contenu. Non pas l'écologisme prêté à Saint François, mais la volonté du Pape de se démarquer en tout de ses prédécesseurs, et de "faire original" à tout prix: le titre apparaît alors comme une sorte de slogan, ue trouvaille des communicants chèrement payés, à défaut d'être efficaces, qui travaillent pour le Saint-Siège.

Ce titre (puisque, répétons-le, nous ne connaissons pas le contenu) inspire à Father Z une réflexion intéressante, qui tourne, elle, autour du contenu attendu, et de la vraie personnalité de Saint François d'Assise.

L'encyclique à venir sur l'«environnement», l'«écologie humaine», et les souffrances éternelles de l'enfer

31 mai 2015
Father John Zühlsdorf
wdtprs.com
Traduction (partielle)
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On dit que la prochaine encyclique du pape - sur «l'environnement» - s'appelera «Laudato sii». Certains disent qu'elle est en latin. Mais non. C'est du dialecte ombrien du XIIIe siècle, que saint François d'Assise devait connaître et dans lequel il écrivit son Cantique du Soleil.

Bien sûr, la gauche catholique (ndt: l'oxymore par excellence!) parie pour la dénonciation des multinationales et du libre marché, et la rencontre magistérielle avec la science de pacotille.
(...)
Quand je pense à saint François, il ne me vient pas d'images de batifolages à travers des champs de fleurs où chantent les oiseaux. A la place, je vois François se répandant en injures contre les prêtres qui ne se servent pas d'ornements et de vaisselle précieux pour la Messe. Le vrai François l'a fait, à sa manière.

[Et] quand je pense au Cantique du Soleil, j'entends la dernière partie:

Laudato si mi Signore, per sora nostra Morte corporale,
da la quale nullu homo uiuente pò skappare:
guai a quelli ke morrano ne le peccata mortali;
beati quelli ke trouarà ne le Tue sanctissime uoluntati,
ka la morte secunda no ‘l farrà male.


Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre soeur la Mort corporelle,
dont nul homme vivant ne peut échapper à l'étreinte.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel! Heureux ceux qu'elle trouvera à faire Ta très sainte volonté.
La seconde mort ne pourra pas leur faire du mal.

* * *

Les gens qui font la promotion et ont des relations sexuelles entre personnes du même sexe violent la volonté évidente de Dieu.
L'homosexualité est un péché mortel. Le péché mortel tue dans l'âme la vie de grâce. Le péché mortel sépare une personne de l'amitié de Dieu. Les gens qui meurent en état de péché mortel, meurent en dehors de l'amitié de Dieu. Ils ne verront jamais le ciel. Jamais. Pour l'éternité, ils subiront la douleur de la perte de Dieu, si profonde qu'elle est appelée l'agonie éternelle de l'Enfer et est connue comme le feu éternel.

Dans cette encyclique sur l'«environnement» ... sur l'«écologie», le Saint-Père devra aborder ce que nous pouvons appeler l'«écologie humaine», c'est-à-dire la «loi naturelle», en particulier ce qui concerne l'évidence de ce que Dieu a fait en créant l'espèce humaine:

26- Puis Dieu dit: " Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre, et sur les reptiles qui rampent sur la terre. "
27- Et Dieu créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu: il les créa mâle et femelle.
28- Et Dieu les bénit, et il leur dit: " Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de là mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre. "


(Livre de la genèse, chapitre 1 )

Et pour finir sur le vrai Saint François, le mieux est de laisser la parole à Benoît XVI.
Marie-Christine me rappelle que le 31 août 2006, rencontrant à Castelgandolfo les prêtres du diocèse d'Albano, le Pape leur rappelait ce qui caractérisait vraiment le Saint d'Assise: la conversion.

(..) J'ai appris qu'ici, à Albano, a été représentée la vie de saint François. S'engager dans ce sens signifie entrer dans la personnalité de saint François, de son époque, et élargir ainsi sa propre personnalité. Il ne s'agit que d'un exemple, d'une chose apparemment assez singulière. Cela peut être un moyen d'éduquer à élargir sa propre personnalité, à entrer dans un contexte de tradition chrétienne, à réveiller la soif de mieux connaître à quelle source a puisé ce saint.
Ce n'était pas seulement un écologiste ou un pacifiste. C'était surtout un homme converti.
J'ai lu avec grand plaisir que l'Evêque d'Assise, Mgr Sorrentino, précisément pour éviter cet "abus" de la figure de saint François, à l'occasion du VIIIe centenaire de sa conversion, désire proclamer une "Année de la conversion" pour voir quel est le véritable "défi".
Peut-être pouvons-nous tous motiver un peu la jeunesse pour faire comprendre ce qu'est la conversion, en faisant référence également à la figure de saint François, pour rechercher une voie qui élargisse la vie. Avant, François était presque une sorte de "playboy". Puis, il a senti que ce n'était pas suffisant. Il a entendu la voix du Seigneur: "Rebâtis ma maison". Peu à peu, il a compris ce que signifiait "bâtir la Maison du Seigneur".

Mise à jour du 3/6: Calomniez, calomniez

(*) A propos de Sandro Magister, je lis sur un blog catho bien-pensant (**) le qualifiant de «vaticaniste» (guillemets dans le texte, il faut oser!) et de désinformateur francescophobe, qu'il «annonçait en mai que l'encyclique ne paraîtrait pas, "étant désavouée par la Congrégation pour la doctrine de la foi"».
Avant de conclure aimablement «Bravo l'artiste».
Cela m'a sans doute échappé (je lis très souvent, mais pas toujours, Sandro Magister). J'aimerais bien avoir la référence.
Si quelqu'un peut m'aider, cela m'évitera de chercher. A moins que ce ne soit une invention?

Par ailleurs, il est totalement inexact d'affirmer, comme le fait l'article, que "Gotti Tedeschi, discret depuis 2012, sort du silence": Ettore Gotti Tedeschi, resté silencieux par loyauté jusqu'au départ de Benoît XVI - qui l'a toujours soutenu - , et dans les premiers temps du Pontificat de François, n'a cessé de s'exprimer depuis avril 2014, il l'a fait à de multiples reprises dans la presse italienne en général, et La Nuova Bussola Quotidiana en particulier, dont il est un intervenant récurrent: j'ai signalé et traduit la plupart de ses interventions (taper son nom dans le moteur de recherche Google interne) - sauf la dernière en date, puisque Jeanne Smits m'avait précédée (ici).
Entre autre, la justice italienne l'a blanchi de toutes accusations portées contre lui (cf. benoit-et-moi.fr/2014-I) par un lobby qui n'est pas celui fantasmé par l'auteur de l'article... qui feint de l'ignorer (***). Un lobby beaucoup plus discret sur les ennuis judiciaires de Mgr Paglia. Et le pape François, pourtant peu avare de son temps, a toujours refusé de le recevoir pour entendre ses explications (cf. Gotti Tedeschi s'exprime dans la presse italienne, 7/4/2015).
J'ajoute que la lettre ouverte qu'il a adressée au Pape a été publiée par La Bussola Quotidiana, que notre très informé blogueur semble ne pas connaître. Sandro Magister, comme l'explique Jeanne Smits qui est ici sa source avait seulement "rappelé le scandale de la présence de Jeffrey Sachs, proche conseiller de Ban Ki-moon, au récent symposium sur le climat et le développement durable au Vatican", citant en lien dans son article la lettre de "La Bussola".

Voilà qui fait beaucoup d'inexactitudes et d'approximations (mais la liste n'est pas exhaustive), de la part de quelqu'un qui prétend "réinformer" et qui accuse les autres de "désinformation".

Ce qui est grave, ce sont les commentaires des suiveurs de notre blogueur, qui n'hésitent à salire l'honneur d'un homme dont ils ignorent tout, parlant de la nécessité de "nettoyer les écuries"!! Ce qui, à mon humble avis, relève de la très grave diffamation.

* * *

(**) Cathos bien-pensants: c'est ainsi que son auteur qualifie par dérision ceux qui ne sont pas d'accord avec lui. Retour à l'envoyeur. Lequel a une conception très personnelle du dialogue, de l'ouverture à l'autre, et de la miséricorde (un mot, ce dernier, dont il a par ailleurs plein la bouche): il devrait mieux lire François qui ne cesse de dénoncer avec vigueur les ragots, la calomnie et le sparlare d'autrui.

(***) Le blogueur cite la Croix du 25/5/2012:
M. Gotti Tedeschi avait-il été impliqué dans l'affaire des fuites de documents confidentiels, étrangement montée par l'antenne des « libéraux conservateurs » au Vatican ?

Cette accusation est elle aussi tombée, ayant été reconnue sans objet par la justice italienne. Et ce sont ses accusateurs qui ont dû répondre devant cette dernière.
Détails ici (entre autres): benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/gotti-tedeschi-est-innocent.

Mise à jour du 4/6: Ce n'est pas du dialecte

Une lectrice italienne, Rosa, (de Milan), m'écrit:

Chère Beatrice, le texte de St Francois d' Assise qui commence pour "Laudato sii, o mi Signore" n'est pas rédigé en dialecte ombrien, mais en vulgaire italien (ndlr: italien vulgaire?), c'est à dire en italien du XIIIe siècle, l'italien que notre poète Dante emploiera dans sa Divine Comédie quelques décennies plus tard, en l'élevant au rang de langue nationale. C'est un peu le cas de la Ballade des pendus, si je me souviens correctement des mes leçons de littérature française à l'école. On a chosi cette prière de St Francois pour exploiter une fois encore la fausse image "révolutionnaire" et "écologiste" du Saint de la part des médias et aussi pour "épater le bourgeois".
(...)

* * *

Effectivement, la notice wikipedia en italien du "Cantique des Créatures" précise d'emblée:

Le Cantique des Créatures (
Canticum ou Laudes creaturarum), aussi connu comme le Cantique de Frère Soleil , est le plus ancien poème de la littérature italienne connu. ] L'auteur est François d'Assise et, selon la tradition, son l'écriture remonte à deux ans avant sa mort en 1226...

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