Page d'accueil | Pourquoi ce site

L'encyclique Laudato si' a "fuité"

Etrange: l'hebdomadaire L'Espresso la publie en avant-première, alors qu'elle ne devait être présentée que jeudi. Et une première réponse à LA question: l'Eglise se range-t-elle du côté des partisans du réchauffement climatique anthropique?

Merci à Marie-Christine qui m'a transmis l'information.

Il est évidemment absurde de tirer des plans sur un texte qui n'a pas encore été publié.
L'Encyclique "Laudato Si'" devait être présentée jeudi en conférence de presse.
A la suite d'une "fuite" probable, L'Espresso, hebdomadaire appartenant au même groupe de presse que La Repubblica, brûle la politesse au Saint-Siège, publiant en avant-première le texte complet en italien (cf. speciali.espresso.repubblica.it/pdf/laudato_si.pdf).
Dans quel but, et qui est derrière cette fuite inouïe?
Une explication s'impose.
En l'attendant, une lecture superficielle montre que nom de Benoît XVI, très habilement, est souvent cité, particulièrement à travers Caritas in Veritate, mais pas seulement: nécessité d'accréditer la continuité oblige.

Suit LA question: l'Eglise embrasse-t-elle la thèse du réchauffement climatique?
Eh bien, il semble que oui...
Utilisant encore une fois la fonctionnalité de recherche dans le texte avec le lecteur d'Adobe, je trouve au §23 la première occurrence du mot-clé "réchauffement" (riscaldamento).
Voici ma traduction des paragraphes 23 et 24, qui laissent peu de place au doute. Je n'ai pas été plus loin.

23.
Le climat est le bien commun de tous. Au niveau global, c'est un système complexe, en relation avec beaucoup de conditions essentielles pour la vie humaine. Il existe un consensus scientifique très consistant qui indique que nous sommes en présence d'un réchauffement préoccupant du système climatique. Dans les dernières décennies, ce réchauffement a été accompagné de l'élévation constante du niveau de la mer, et en outre, il est difficile de ne pas le mettre en relation avec l'augmentation des évènements météorologiques extrêmes, indépendamment du fait qu'on ne peut pas attribuer une cause scientifiquement déterminée à chaque phénomène particulier.
L'humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de changements des styles de vie, de production et de consommation, pour lutter contre ce réchauffement ou, au moins, les causes humaines qui le produisent ou l'accentuent. Il est vrai qu'il existe d'autres facteurs (comme le volcanisme et les variations de l'orbite de la Terre, le cycle solaire), mais de nombreuses études scientifiques indiquent que l'essentiel du réchauffement global de ces dernières décennies est dû à la grande concentration de gaz de serre (anhydride carbonique, méthane, oxyde d'azote et autres) émis principalement à cause de l'activité humaine. Leurs concentrations dans l'atmosphère empêche que la chaleur des rayons solaires réfléchis par la Terre soit dispersée dans l'espace. Ceci est particulièrement renforcé par le modèle de développement basé sur l'utilisation intensive de combustibles fossiles, qui est au centre du système énergétique mondial. L'augmentation de la pratique du changement d'utilisation des terres, principalement la déforestation à des fins agricoles a également influé.

24.
À son tour, le réchauffement a des effets sur le cycle du carbone. Il crée un cercle vicieux qui aggrave encore plus la situation et qui affectera la disponibilité des ressources essentielles comme l'eau potable, l'énergie et la production agricole des zones les plus chaudes, et provoquera l'extinction d'une partie de la biodiversité de la planète. La fonte des glaces polaires et de celles de haute altitude fait craindre la fuite de gaz naturel, et la décomposition de la matière organique congelée pourrait accentuer encore plus les émissions de dioxyde de carbone. À son tour, la perte des forêts tropicales empirentr les choses, car elles aident à atténuer le changement climatique. La pollution produite par le dioxyde de carbone augmente l'acidité des océans et compromet la chaîne alimentaire marine. Si la tendance actuelle se poursuit, ce siècle pourrait être témoin de changements climatiques inédits et d'une destruction sans précédent des écosystèmes, avec de graves conséquences pour nous tous. L'élévation du niveau de la mer, par exemple, peut créer des situations d'une extrême gravité si on tient compte du fait que le quart de la population mondiale vit près de la mer ou très près, et que la plupart des mégapoles sont situées en zones côtières.

  Benoit et moi, tous droits réservés