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Les fruits pourris de soixante-huit

On ne finit pas d'en voir les effets délétères. En particulier la perte du sens des responsabilités. Paolo Deotto, directeur du site <Riscossa Cristiana>, réagit à la publication d'une synthèse du Diocèse de Lyon en vue du Synode d'octobre

Le site du Diosèse de Lyon a publié ces jours-ci sur son site une «contribution pour le Synode 2015», qu’il présente en ces termes :

La publication en Français de la Relatio-synodi a été le point de départ d’un travail intense. Les paroisses ou mouvements qui le souhaitaient se sont emparés des questions des pères du synode : sous des formes variées, réunions, discussions ont débuté, pour ensuite rédiger une contribution.

Mi-mars, 110 contributions ont été reçues. Environ 60 paroisses, mais aussi des groupes ou mouvements, et des contributions individuelles.

22 représentants des paroisses ou mouvements se sont retrouvés ce samedi 21 mars pour prier, puis lire et synthétiser les contributions en un document de 7 pages selon 7 thèmes : cette synthèse diocésaine à été remise au cardinal et à la conférence des évêques de France.

Un grand merci, continuez à prier pour que l’Esprit souffle sur le synode !
(www.famille-lyon.catholique.fr)

L'Esprit, une fois de plus, a bon dos!
Suivent onze documents téléchargeables au format PDF dont certains intitulés laissent perplexes, pour ne pas dire carrément inquiets:

Paolo Deotto (notice biographique ici: www.edizionisolfanelli.it/paolodeotto), le directeur/fondateur du site Riscossa Cristiana, réagit à cette publication.
Article ici: www.riscossacristiana.it .
Traduction de Anna.

Miséricorde, angélisme et simple crétinisme.
La culture du pleurnichement.

Soixante-huit semble ne jamais devoir mourir, aussi bien dans le monde que - hélas - dans l'Église. La mélasse écœurante qui comprend miséricorde, accueil, accompagnement, etc., en plus de la déformation doctrinale, a un autre effet dévastateur: la destruction du sens de la responsabilité.

par Paolo Deotto
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Les dernières nouvelles en matière de divorcés-remariés et, évidemment, aussi de couples non mariés et de couples d'invertis, nous parviennent du Diocèse de Lyon. Rien de nouveau: on a lu désormais mille fois la ritournelle du "meilleur accompagnement" (je serais heureux si quelqu'un nous expliquait finalement ce que c'est…) dans les "situations difficiles", si bien qu'il semble également impossible de ne pas parler du présumé problème de l'admission des divorcés remariés à la Communion. Répétition d'un problème présumé, car le vrai problème n'existe pas. Pour connaître la doctrine catholique en matière de mariage, pas besoin d'être un théologien, il suffît d'avoir appris le Catéchisme.

Évitons aussi l'argument surréel d'une Église qui fait des "sondages" pour savoir ce que pensent les fidèles et les pasteurs en matière de morale familiale. Des plumes plus importantes que la mienne ont déjà clarifié que la Vérité ne surgit pas des sondages et des orientations, qu'elles soient vraies ou manipulées, de la majorité.

Je voudrais plutôt aborder brièvement un aspect particulier de cette période d'irrationalité dans laquelle l'Église s'est abîmée, parce que ce qui provient de sources ayant autorité (ou perçues comme telles), comme l'Église, provoque des effets non seulement en matière religieuse mais aussi dans les comportements individuels et sociaux.

Pourquoi ai-je mentionné dans le sous-titre un soixante-huit qui ne meurt jamais? Parce qu’un des pires aspects (à supposer qu'il y en ait eu de "meilleurs", ce qui n'est pas le cas), avec l'utilisation éhontée de la déformation et du mensonge, fut la destruction du sens de responsabilité.

Déformation et mensonge: lorsque nous lisons, dans le document du Diocèse de Lyon, que l'exclusion des divorcés remariés de l'Eucharistie « est cause de scandale pour de nombreux fidèles qui ne comprennent pas pourquoi le deuxième mariage est le seul péché impardonnable alors qu'il y a dans le monde des péchés d'amour bien plus graves », nous sommes devant deux possibilités.
La première est que celui qui a écrit ces mots n'a rien compris à la Doctrine et que justement il "déforme". Oui. Parce que le vrai "scandale" est une situation de péché qui perdure dans le temps. Les deuxièmes noces qu'un divorcé contracte génèrent juste une situation d'adultère permanent et le retour à un état de Grâce, nécessaire pour recevoir l'Eucharistie, ne peut advenir qu'avec le repentir et la cessation de la situation de péché.
La deuxième possibilité est le mensonge pur et simple: celui qui écrit ces choses sait très bien qu'il ment, et qu'il le fait pour se conformer au monde. Nous savons tous que le relativisme est la négation de la Vérité, qu'il est la création d'une "sub-vérité" aux frontières en perpétuel mouvement, toujours à la poursuite des caprices de la mode.

Nous voici en pleine mentalité soixante-huitarde. Celui qui a vécu de près (comme moi-même) cette noire période se souvient bien de combien l'altération éhontée de la réalité fut la règle, en vertu par ailleurs de l'ancienne morale léniniste qui enseigne que tout ce qui est conforme aux intérêts du Parti est "vérité". Le Parti actuellement au pouvoir, qui aspire à la destruction de la civilisation chrétienne (l'unique civilisation possible), n'a aucun scrupule à altérer la réalité ou à la lire à travers les lentilles fumées de l'idéologie. Comme en '68 la seule présence des agents de Police ou des Carabinieri était en soi une "provocation", justifiant en tant que telle l'accomplissement d'actes criminels, ainsi aujourd'hui les noces présumées d'un divorcé n'engendrent plus une situation de grave péché; elle deviennent au contraire une sorte de "chose" qui mérite attention, accompagnement, douceur, miséricorde, et plus il y en a mieux c'est, tant pis pour ceux qui, souvent avec sacrifices et douleur, parviennent à sauver l'unité de la famille.

On tombe alors en plein dans l'autre aberration née de la mentalité soixante-huitarde, car cet angélisme crétin fait oublier un principe fondamental qui doit être toujours présent dans les choix de la vie: chacun est libre de faire ce qu'il veut, mais il doit aussi être prêt à subir les conséquences de ses propres choix. Poussant le discours à l'extrême, dans le domaine aussi de la violation des lois morales et civiles: le braqueur ne devrait pas se plaindre si pendant le braquage il reçoit une balle de la part de la Police ou du braqué, lequel exerce son droit à la légitime défense. Il a fait son libre choix d'être un braqueur, et doit donc être prêt à en payer les conséquences.

68 fut au contraire précisément Maître de la culture du pleurnichement, parce que les jeunes voyous qui infestaient les places, lançaient des cocktails Molotov et atteignirent le pire (l'assassinat le 19 novembre 1969, via Larga à Milan, de l'agent de sécurité publique Antonio Annarumma), avaient toujours été prêts à se cacher, à tout nier, à faire rebondir les responsabilités sur une "répression" mythique et - hélas - jamais vue, aidés en cela aussi par un esprit "mafieux" qui "couvrait" le coupable et qui au pire, si celui-ci était (bien rarement) attrapé, l'acquittait par anticipation, comme un « camarade qui s'était trompé ». Ils étaient, eux, les pauvres jeunes dévoyés, des souffrants et des opprimés par une société qui les "oppressait".

Dans mes souvenirs de lycée il y a aussi ce goût quelque peu gascon - pas seulement propre à moi mais à mes camarades aussi - de dire « c'était moi » lorsqu'on avait fait quelque bêtise, presque en défi d'une autorité qui, de quelque façon qu'elle se manifeste, est toujours lourde pour un jeune. Ce « c'était moi » engendrait ensuite les inévitables punitions, car à l'époque les professeurs qui savaient éduquer existaient encore. Les proviseurs qui excluaient et les pères de famille qui punissaient. Mais ce « c'était moi » était endossé avec fierté par le jeune qui voulait se montrer un homme capable d'assumer ses responsabilités, qui savait avoir violé les règles, mais aurait eu honte de s'en cacher par la suite.

Nous vivons à présent les temps sombres de la masse grise. Les individus ont disparu - ce n'est pas pour rien qu'en 68 naquit cette divinité de l' "assemblée", entité abstraite dépouillant chacun des responsabilités individuelles - et donc tous (ou presque tous) exigent de pouvoir faire ce qu'ils veulent et de ne pas assumer ensuite les responsabilités de ce qu'ils ont fait.

Untel veut divorcer de son épouse légitime pour se mettre en couple avec une autre femme? Je vous en prie, allez-y. La grande conquête "civile" du divorce le lui accorde. Mais si untel est un homme et pas un gamin gâté et stupide, qu'il assume jusqu'au bout les responsabilités de ses choix. Et si un jour il s'apercevait que, grâce à Dieu, il est tourmenté par la souffrance de l'exclusion de l'Eucharistie, qu'il se comporte en homme et fasse les démarches nécessaires. Repentance, cessation de la situation de péché, confession. Ce tourment qu'il peut certainement vivre en lui-même est le signe clair de la miséricorde de Dieu, qui le conduit à revenir sur le juste chemin.

Untel est toutefois fait de chair et os, outre que d'âme, et a toutes les faiblesses propres aux hommes. Il voudrait bien recevoir les Sacrements, mais n'a pas encore la force pour se remettre en règle avec Dieu. C'est alors, et ceci est un véritable désastre, qu'intervient une Église qui ne se soucie plus de lui dire quelle est la juste voie pour sauver son âme, mais divague d' "accompagnements", de "parcours de discernement" et d'autres balivernes du même genre. Avec un excellent double résultat: qu'untel reste un enfant gâté et sot et que, avec de tels Pasteurs, il risque le sacrilège ici-bas (recevant indignement le Corps du Christ) et la damnation éternelle.

Un beau résultat, vraiment. Il est curieux de remarquer combien ces "progressistes" radotent toujours des discours vieux et rassis. La perte du sens de responsabilité est toujours un excellent refuge: il évite les efforts, évite de grandir, de devenir des hommes responsables.

Il serait vraiment nécessaire d'en finir avec ces balivernes sur les divorcés remariés: nous préparons, pour le futur, des légions d'âmes pour le diable et, dans le présent, nous dévirilisons une société qui , pour se redresser, aurait tellement besoin de vrais hommes. Et non pas d'enfants gâtés et stupides.

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