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Qui était vraiment Dom Helder Camara?

Pas tout à fait l’icône unanimement saluée par les médias au moment où s’ouvre la phase diocésaine de l’enquête en vue de sa béatification. Article sur Corrispondenza Romana, traduit par Anna.

Info

Helder Pessoa Câmara, ou plus simplement, Dom Helder, né le 7 février 1909 à Fortaleza au Brésil et mort le 27 août 1999 à Recife, est un évêque catholique brésilien, archevêque d'Olinda et Recife de 1964 à 1985, qui est connu pour sa lutte contre la pauvreté dans son diocèse et dans le monde.
(fr.wikipedia.org)
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Don Helder Camara, surnommé "l'évêque rouge" de Recife au Brésil, pourrait être béatifié. Le processus a été officiellement lancé dimanche et il illustre le retour en grâce à Rome de toute une série de théologiens sud-américains.
(www.rts.ch)
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On l’appelait « l’évêque des pauvres », ou encore « l’évêque rouge », voire « l’agitateur » : au Brésil, tous se souviennent de Dom Helder Camara. Et ce samedi, s’ouvrira la phase diocésaine de l’enquête en vue de la béatification de cet ancien archevêque de Recife, et grande figure de la théologie de la libération en Amérique latine.
Non-violence active, justice sociale comme condition de la paix : tels étaient les points essentiels de l’engagement de ce pasteur au style bien affirmé, fervent défenseur d’une Eglise proche des pauvres et au service de l’humanité blessée. Un engagement qui le poussa à s’opposer vigoureusement à la dictature militaire, un style qui suscita parfois l’incompréhension, voire l’hostilité de certains de ses confrères, sans parler de ses relations souvent tumultueuses avec la curie romaine. Mais la fidélité et l’indéfectible attachement à l’Eglise restèrent, jusqu’au bout, fondamentales pour Dom Helder Camara.
(Entretien avec José de Broucker, journaliste, ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire la Vie, auteur de plusieurs ouvrages sur Dom Helder Camara: fr.radiovaticana.va)
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Voir aussi l'article de La Croix:
L’archevêque d’Olinda et Recife, Mgr Fernando Saburido, ouvrira officiellement, dimanche 3 mai en la cathédrale du Saint-Sauveur d’Olinda, la phase diocésaine de l’enquête en vue de la béatification de son prédécesseur Dom Helder Camara (1909-1999). Cette figure de la théologie de la libération en Amérique latine, avait largement contribué à la définition de « l’option préférentielle pour les pauvres ».
Lors d’une conférence de presse, mercredi à Recife, Mgr Saburido a annoncé que la Congrégation des causes des saints, à Rome, avait estimé que « rien ne s’oppose » de la part des autorités romaines, à l’ouverture de l’enquête en béatification.

Curieusement, la notice Wikipedia est très évasive sur la période précédant sa nomination d’archevêque d'Olinda et de Recife, en 1964.

Cet article, publié le 7 avril dernier sur le site Corrispondenza Romana (agrémenté dans la version originale en italien de nombreuses notes) comble ce vide et rétablit quelques vérités dérangeantes volontairement négligées par les thuriféraires

Qui était vraiment Dom Helder Camara?

www.corrispondenzaromana.it/
7 avril 2015
Traduction de Anna
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On a beaucoup parlé ces derniers jours de Dom Helder Câmara, dont le procès en béatification a été récemment approuvé par le Vatican. Pour l'italien moyen la figure de Mgr Helder Pessoa Câmara (1909-1999), évêque auxiliaire de Rio de Janeiro, ensuite archevêque métropolite de Olinda-Recife, est presque inconnue.
Qui était Dom Helder?

UNE PROPAGANDE À LA LIMITE DU RIDICULE
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Les seules informations sur Mgr Câmara qui filtrent de la presse locale proviennent de fabriques de propagande tellement partiales que je ne crains pas de les définir à la limite du ridicule.
Je me souviens très bien, par exemple, de la réaction de la presse à l'époque de la disparition de Dom Helder en aoȗt 1999. Les médias italiens rivalisèrent en panégyriques, lui conférant des titres grandiloquants comme "Prophète des pauvres", le "Saint des favélas", "voix du Tiers Monde", "Saint Helder d'Amérique", et ainsi de suite. Ce fut une sorte de canonisation médiatique .
Cette machine de propagande semble s'être réactivée avec l'ouverture du procès en béatification, signé au Vatican le 25 février dernier. Quelques informations à ce sujet ne feraient aucun mal.

MILITANT PHILO-NAZI
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Peu de gens le savent, peut-être, mais Helder Câmara débuta sa vie publique comme militant de la droite philo-nazie.
Il fut en effet gérarque de la Ação Integralista Brasileira (AIB), le mouvement philo-nazi fondé par Plinio Salgado. En 1934, le père Câmara entra dans le Conseil Suprême de l'AIB. Deux ans plus tard il devint secrétaire personnel de Salgado, et ensuite Secrétaire national de l'AIB, participant comme protagoniste aux rassemblements et aux marches para-militaires qui singeaient celles des nazis en Allemagne. Ses convictions pro-nazies étaient tellement profondes, qu'il s'était fait ordonner prêtre portant sous la soutane l'uniforme des milices intégristes, la tristement célèbre "chemise verte".
En 1949 l'archevêque de Rio de Janeiro voulut le nommer comme son évêque auxiliaire mais le Saint Siège refusa à cause de son passé philo-nazi. La nomination n'arriva que six ans plus tard. En attendant, Helder Câmara avait mûri son passage de l'intégrisme philo-nazi au progressisme philo-marxiste. Lorsqu'en 1968 l'écrivain brésilien Otto Engel écrivit une biographie de Mgr Câmara, il reçut une "injonction" de la Curie d'Olinda-Recife l'invitant à ne pas la publier. L'archevêque ne voulait pas faire connaître son passé philo nazi...

DE LA JUD AU PC. L'ACTION CATHOLIQUE BRÉSILIENNE
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En 1947 le père Câmara fut nommé Assistant général de l'Action Catholique brésilienne qui, sous son impulsion, se mit à glisser vers la gauche jusqu'à embrasser, dans certains cas, le marxisme léninisme. La migration fut évidente surtout dans la JUD (Juventude Universitaria Catòlica), dont Câmara était particulièrement proche. Luiz Alberto Gomez de Souza, ancien secrétaire de la JUD, écrit: "L'action des militants de la JUD (…) aboutissait à un engagement qui s'est progressivement révélé socialiste".

La révolution communiste de Cuba (en 1959) fut saluée avec enthousiasme par la JUD. D'après Haroldo Lima et Aldo Arantes, dirigeants de la JUD, "la recrudescence des luttes populaires et le triomphe de la révolution cubaine en 1959 ouvrirent la JUD à l'idée d'une révolution brésilienne".
La dérive vers la gauche fut facilitée par l'implication de la JUD avec l'UNE (União Nacional de Estudiantes), proche du Parti Communiste. "Comme résultat de son militantisme dans le mouvement estudiantin - poursuivent Lima et Arantes - la JUD fut poussée à définir un agenda politique plus large pour les chrétiens d'aujourd'hui. Au congrès de 1960 elle finit par approuver un document (…) dans lequel elle annonçait son adhésion au socialisme démocratique et à l'idée d'une révolution brésilienne".

Pendant le gouvernement de gauche du président João Goulart (1961-1964), une faction radicale se forma à l'intérieur de la JUD, initialement appelée "O Grupão", (le Grand Groupe), qui se transforma ensuite en "Ação Popular" (AP) qui finit par se définir socialiste en 1962. Au congrès de 1963, l'AP approuva ses propres Statuts, dans lesquels "le socialisme était adopté et la socialisation des moyens de productions était proposée". Les Statuts contenaient, entre autre, un éloge de la révolution soviétique et une reconnaissance de l'"Importance décisive du marxisme dans la théorie et la pratique révolutionnaire".

La dérive, toutefois, ne s'arrêta pas là. Au congrès national de 1968, Ação Popular se proclama marxisme léniniste, changeant son nom en Ação Popular Marxista-Leninista (APML). Et puisque rien ne la séparait plus du Parti communiste, en 1972 elle finit par se dissoudre et s'incorporer au Partido Comunista do Brasil. À travers cette migration, de nombreux militants de l'Action Catholique finirent par participer à la lutte armée pendant les années de plomb brésiliennes.

Contre l'avis de nombreux évêque brésiliens, Mgr Helder Câmara fut un des défenseurs les plus enthousiastes et les plus convaincus de la migration à gauche au sein de la JUD.

CONTRE PAUL VI ET AUTRES BIZARRERIES
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En 1968, au moment où le Pape Paul VI publiait l'encyclique Humanae Vitae, Mgr Helder Câmara prit ouvertement position contre le Pontife, qualifiant sa doctrine sur les contraceptifs d' "erreur destinée à tourmenter les épouses et à troubler la paix de nombreux foyers".
Dans un poème qui fit vraiment scandale, l'archevêque de Olinda-Recife ironisait aussi sur les femmes "victimes" de la doctrine de l'Église, contraintes, selon son avis, de générer de "petits monstres":
«Enfants, Enfants, enfants! Si tu veux le coït, tu dois procréer! Même si ton enfant naît sans entrailles, les jambes rachitiques, la tête énorme, moche à en mourir!».
Helder Câmara défendait aussi le divorce, approuvant la position des églises orthodoxes qui "ne préjugent pas de la possibilité d'un nouveau mariage religieux à ceux qui ont été abandonnés [par leur conjoint]". Interrogé si cela ne donnerait pas raison aux laïcistes, il répondit: "Qu'importe de crier victoire, puisqu'on a raison?".
Le turbulent archevêque réclamait aussi haut et fort l'ordination sacerdotale des femmes. S'adressant à un groupe d'évêques pendant le Concile Vatican II, il leurs demandait avec insistance: "Dites-moi, s'il vous plaît, s'il existe des arguments réellement décisifs qui empêchent l'accès aux femmes à la prêtrise, ou bien s'agit-il d'un préjugé masculin?".
Et qu'importe si le Concile Vatican II a ensuite écarté cette possibilité. De l'avis de Câmara, "nous devons dépasser les textes conciliaires, dont l'interprétation revient à nous".
Les excentricités ne s'arrêtaient pas là. Dans une conférence tenue devant les Pères Conciliaires en 1965, il déclarait: "Je pense que l'homme créera artificiellement la vie, il parviendra à la résurrection des morts et (…) il obtiendra des résultats miraculeux dans le revitalisation de patients mâles par la greffe de prostates de singes".

DU CÔTÉ DE L'URSS, DE LA CHINE ET DE CUBA
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Les prises de position concrètes de Dom Helder en faveur du communisme (même si parfois il en critiquait l'athéisme) furent nombreuses et cohérentes.
Tristement célèbre est par exemple son intervention du 27 janvier 1969 à New York, au cours de la IVe conférence annuelle du Programme Catholique de coopération interaméricaine. Une intervention tellement alignée avec le communisme international qu'elle lui valut l'épithète d' "Archevêque rouge", appellation qui resta par la suite indissociablement liée à son nom.
Après avoir durement reproché aux USA leur politique anti-soviétique, Dom Helder proposa une diminution drastique des forces armées américaines, alors qu'il appelait l'URSS à garder ses capacités militaires afin de pouvoir faire face à l' "impérialisme". Conscient des conséquences de cette stratégie, il s'en défendit à l'avance: " Ne me racontez pas que cette approche mettrait le monde en proie au communisme!".
Après l'attaque aux Etats-Unis, Helder Câmara fit le panégyrique de la Chine de Mao Tse-Tung, alors au milieu de la "révolution culturelle" qui provoqua des millions de morts. L'Archevêque Rouge demanda formellement l'admission de la Chine communiste à l'ONU, avec comme corollaire l’expulsion de Taïwan. Il termina son intervention avec un appel en faveur du dictateur cubain Fidel Castro, qui à l'époque aidait les sanglantes guérillas de l'Amérique Latine. Il demanda aussi que Cuba fût ré-admise au sein de l'OEA (Organisation des États Américains), dont elle avait été expulsée en 1962.

Cette intervention, si ouvertement pro-communiste et anti-occidentale, fut dénoncée par le Prof. Plinio Corrêa de Oliveira dans le manifeste "L'Archevêque Rouge ouvre la porte de l'Amérique et du monde au communisme":
"Les déclarations contenues dans le discours de Dom Helder dessinent les contours d'une politique de reddition sans conditions du monde au communisme. Nous sommes en face d'une réalité choquante: un évêque de Sainte Église Romaine engage le prestige dérivant de sa dignité de successeur des Apôtres pour démanteler les remparts de la défense militaire et stratégique du monde libre face au communisme. Le communisme, à savoir le plus radical, implacable, cruel et insidieux ennemi qui s’en soit jamais pris à l'Église et à la civilisation chrétienne".

UN PROJET DE RÉVOLUTION COMMUNISTE POUR L'AMÉRIQUE LATINE
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L'épisode le plus consternant fut la dite "affaire Comblin".
En juin 1968 fut révélé à la presse un document explosif préparé sous l'égide de Mgr Helder Câmara par le prêtre belge Joseph Comblin, professeur de l'Institut Théologique (Séminaire) de Recife. Le document proposait, ouvertement, un plan subversif pour démanteler l'État et établir une "dictature populaire" de matrice communiste. En voici quelques points:

> Contre la propriété. Dans le document, Comblin soutient une triple réforme, agraire, urbaine et d'entreprise, partant du principe que la propriété privée et donc le capital sont par leur nature injustes. Toute utilisation privée du capital devrait être interdite par la loi.

> Égalité totale. L'objectif, affirme Comblin, est de rétablir l'égalité totale. Toute hiérarchie, aussi dans le domaine politique et sociale que dans celui ecclésiastique, doit être abolie.

> Révolution politique et sociale. Dans le domaine politique et social, cette révolution égalitaire préconise la destruction de l'État à l'aide de "groupes de pression" radicaux qui, après avoir pris le pouvoir, devront établir une "dictature populaire" de fer afin de museler la majorité, considérée "indolente".

> Révolution dans l'Église. Pour consentir à cette minorité radicale de gouverner sans entraves, le document propose l'annulation virtuelle de l'autorité des Évêques, qui seraient assujettis au pouvoir d'un organe composé uniquement d'extrémistes, une sorte de "Politburo" ecclésiastique.

> Abolition des forces armées. Les forces armées doivent être dissoutes et leurs armes distribuées au peuple.

> Censure de la presse, radio et télévision. Presse, radio et télévision seront étroitement contrôlées jusqu'à ce que le peuple soit parvenu à un niveau acceptable de "conscience révolutionnaire". Les élites qui ne sont pas d'accord doivent quitter le Pays.

> Tribunaux populaires. Accusant le Pouvoir Judiciaire d'être "corrompu par la bourgeoisie", Comblin propose l'institution de "tribunaux populaires extraordinaires" afin d'instituer des jugements sommaires à l'encontre de ceux qui s'opposeraient à ce vent révolutionnaire.

> Violence. Au cas où il ne serait pas possible de réaliser ce plan subversif avec des moyens normaux, le professeur du séminaire de Recife considérait légitime le recours aux armes afin d'établir, manu militari, le régime qu'il théorisait.

LE SOUTIEN DE HELDER CÂMARA
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Le "Document Comblin" fit au Brésil l'effet d'une bombe atomique. Au milieu de la vive controverse qui s'ensuivit, il père Comblin ne nia pas l'authenticité du document, mais affirma qu'il ne s'agissait que d'un brouillon" (sic!). De son côté, la Curie de Olinda-Recife admit qu'il provenait bien du séminaire diocésain, mais qu'il "ne s'agissait pas d'un document officiel" (encore sic!).
Se faisant l'interprète de la légitime indignation du peuple brésilien, le Prof. Plinio Corrêa de Oliveira écrivit alors une lettre ouverte à Mgr Helder Câmara, qui fut publiée par 25 journaux. Dans la lettre on lit: "Je suis convaincu d'interpréter le sentiment de millions de brésiliens en demandant à Votre Excellence qu'elle expulse de l'Institut Théologique de Recife et de l'archidiocèse l'agitateur qui profite du sacerdoce pour poignarder l'Église, et qui abuse de l'hospitalité brésilienne pour prêcher le communisme, la dictature et la violence au Brésil".
Helder Câmara répondit de manière évasive. "Tous ont le droit d'être en désaccord. Moi j'écoute tout simplement toutes les opinions". Il confirma toutefois en même temps le père Comblin dans sa fonction de professeur du séminaire, le soutenant par son autorité épiscopale. Finalement, le gouvernement brésilien révoqua le permis de séjour du prêtre belge, qui dut quitter le Pays.

THÉOLOGIE DE LA LIBÉRATION
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Mgr Helder Câmara est aussi resté dans l'histoire pour être un des paladins de la dite "Théologie de la Libération", condamnée par le Vatican en 1984.
Deux déclarations résument cette théologie.
La première, du compatriote de Dom Helder, Léonardo Boff: "Ce que nous proposons est le marxisme, le matérialisme historique, dans la théologie.
La deuxième, du péruvien Gustavo Gutierrez, père fondateur du même courant: "Ce que nous entendons par théologie de la libération est la participation au processus politique révolutionnaire". Gutierrez nous explique aussi la signification de cette participation: "Ce n’est que dans le dépassement d'une société divisée en classes, (…) et dans l'élimination de la propriété privée de la richesse créée par le travail humain, que nous serons en condition de jeter les bases d'une société plus juste. C'est pourquoi les efforts pour programmer une société plus juste en Amérique Latine s'orientent de plus en plus vers le socialisme".

AMI DES PAUVRES OU DE LA LIBERTÉ?
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Le plus grand mensonge sur Helder Câmara a été peut-être celui de le présenter comme un ami des pauvres et défenseur de la liberté.
Le titre de défenseur de la liberté sied très mal à quelqu'un qui a célébré quelques-unes des dictatures les plus sanguinaires qui ont émaillé le 20ème siècle, le nazisme d'abord, le communisme ensuite, en toutes ses variantes: soviétique, cubaine, chinoise…
Mais celui d'ami des pauvres ne convient vraiment pas à celui qui a soutenu des régimes qui ont provoqué une pauvreté tellement épouvantable qu'ils ont été qualifiés par le cardinal Joseph Ratzinger de "honte de notre temps".
Une analyse attentive de l'Amérique Latine - pays après pays - montre clairement que là où les politiques proposées par Dom Helder ont été mises en pratique, le résultat a été une augmentation considérable de la pauvreté et du mécontentement populaire. Là où des politiques contraires ont été appliquées, le résultat a été une croissance générale de la richesse.
Un exemple vaut pour tous: la réforme agraire, dont Dom Helder Câmara fut le promoteur principal et qui s'est au contraire révélée "le pire échec de la politique publique de notre Pays", selon les paroles non suspectes de Francisco Graziano Neto, président de l'INCRA (Instituto Nacional de Colonização e Reforma Agrària), c'est à dire le dicastère en charge de la mise en œuvre de la réforme agraire.

Indro Montanelli (*) avait raison lorsqu'il disait: "La gauche aime tellement les pauvres que chaque fois qu'elle va au pouvoir elle en augmente le nombre".

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(*) Journaliste et essayiste italien (1909-2001), témoin et protagoniste lucide et caustique de presque un siècle de la vie intellectuelle de la droite italienne, directeur pendant 40 ans du Corriere della Sera et fondateur de Il Giornale.

Et aujourd'hui?

Commentant l'information, Yves Daoudal écrit sur son blog, le 2 mai:

On rappellera seulement que, pour le remplacer à la tête du diocèse de Recife, Jean-Paul II avait écarté les deux poulains de l’archevêque pour nommer Mgr José Cardoso Sobrinho, lequel fut chargé d’éradiquer la propagande de la soi-disant théologie de la libération : fermeture de l’Institut de théologie de Recife et du séminaire régional, renvoi des prêtres étrangers, mise sous le boisseau des travaux de la « commission Justice et Paix »…

Ainsi la béatification de Helder Camara sonnera-t-elle comme un désaveu de Mgr Sobrinho (histoire de lui faire payer aussi ses propos lors de l’affaire de l’avortement d’une fillette en 2009) (*), de Jean-Paul II, et de Joseph Ratzinger qui était l’homme du combat contre la « théologie » de la libération. Bref, d’une pierre au moins trois coups… Et qui fera une méchante tache sur l’histoire de l’Eglise.

(*) Cf. http://benoit-et-moi.fr/2009-II

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