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Qui se soucie de la transmission de la foi?

Ce thème, pourtant crucial, a malheureusement été largement ignoré au récent Synode pour la Famille. Quelques suggestions raisonnables de Monique T.

Gerrit van Honthorst (Utrecht, 1590-1656),
L’enfance du Christ, 1620.
Musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg)

Qui se soucie de la transmission de la foi?

Le thème de la transmission de la foi aux jeunes générations était au programme du synode sur la famille. Plus personne n'en parle; certains sujets ayant accaparé toute l'attention des Pères et du public. Il est vrai qu'en trois semaines de "batailles" sur des sujets brûlants, il serait bien étonnant que l'on trouve le temps d'aborder de façon sérieuse le thème de la transmission de la foi aux jeunes. Le sujet est tellement crucial qu'il faudrait lui consacrer tout un synode, avec la ferme intention de fuir le verbiage stérile et de prendre des mesures
concrètes.
Il est certainement opportun et louable de convertir quelques âmes isolées des périphéries mais il est encore plus important de transmettre la foi aux nouvelles générations; sans quoi une religion disparaît rapidement d'un continent entier. Voulons-nous priver nos descendants du Trésor précieux de la foi que d'antiques missionnaires et martyrs ont déposé dans le coeur de nos ancêtres?
Les religions non chrétiennes s'investissent beaucoup dans la transmission et on voit que les jeunes n'abandonnent pas la religion de leurs parents alors que c'est monnaie courante chez les chrétiens, sauf chez les chrétiens d'Orient dont nous aurions beaucoup à apprendre.
La foi est un don de Dieu que la liberté de l'homme accueille ou rejette mais encore faut-il que s'exerce une médiation humaine investie dans la proposition de la foi. C'est cette médiation qui semble défaillante, au moins dans les pays occidentaux.

Examinons rapidement les différentes étapes de la formation d'un jeune.

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1. LA TRANSMISSION DANS LA FAMILLE.
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Il faudrait aider les familles. Dès le baptême du premier enfant, la paroisse devrait entrer en jeu. La préparation au baptême est aussi succincte que la préparation au mariage. En fait, il faudrait procéder à une catéchèse d'un an des parents, selon leur niveau, au moyen du Catéchisme de l'Eglise catholique (CEC) [(*)], sans omettre de se référer aux nombreuses citations des Ecritures qu'il propose. Ce document, exempt (grâce à l'esprit clair du Cardinal Ratzinger) du style ampoulé et lourd de nombreux documents romains, est négligé par les formateurs, pour des raisons idéologiques, alors qu'il est parfaitement adapté, avec un peu d'aide, à l'édification d'un adulte moyen. On pousse des hurlements chaque fois que quelqu'un propose une exigence aux laïcs. "Comment? Le Catéchisme, vous n'y pensez pas? Une formation d'un an? C'est irréaliste!" On a peur de faire fuir les gens. Je crois que c'est le contraire qui est vrai. En fait, on sous-évalue les capacités des gens. On les méprise. A cause de cette dictature de la miséricorde, l'Eglise finit par disparaître dans l'insignifiance.
Les parents seraient mieux armés pour initier leurs enfants à la foi. Au cours de cette formation, il faudrait insister sur l'importance de la prière en famille et sur la nécessité de donner l'exemple en allant à la messe régulièrement (qu'on les accueille personnellement à la messe!).
Il est certain que ceci est difficile à mettre en oeuvre dans une famille où l'un des parents est non catholique ou peu soucieux de pratiquer. On devrait donc pouvoir recevoir une formation préalable avant le baptême du premier enfant.

2. LE CATÉCHISME ET L'AUMÔNERIE.
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Le rythme d'une heure par semaine est évidemment insuffisant. D'autant plus que les pertes de temps sont multiples: enfants qui arrivent en retard ou qui partent en avance pour aller au judo ou au violon, temps perdu à découper ou à coller au lieu d'étudier l'Evangile ou de prier.
Les catéchistes n'ont pas le temps, dans l'année, d'aborder des sujets essentiels dont les enfants n'entendront jamais parler de toute leur vie, comme les fins dernières. Un élève peut très bien sortir d'une aumônerie sans savoir qu'il a une âme et sans aucune idée de ce qui se passe après la mort. Des enfants "catéchisés" croient à la réincarnation etc...
Les sacrements autres que l'Eucharistie sont survolés. On ne connaît pas les exigences du mariage. Les garçons ignorent tout du sacerdoce et on voudrait qu'il y ait beaucoup de vocations! A certains endroits, les enfants ne se sont jamais confessés dans le cadre du catéchisme. Bien sûr, il est impossible qu'ils le fassent plus tard!
Ce sont donc les contenus qui sont à revoir aussi bien que le temps consacré au catéchisme.
Les catéchistes, toujours très dévoués, avouent eux-mêmes manquer de formation. Le curé de la paroisse ne pourrait-il pas choisir les catéchistes un an à l'avance (au lieu de les désigner au dernier moment parmi les parents et sans aucune garantie) afin de leur donner une formation accélérée à partir du précieux CEC? Il pourrait vérifier s'il ne confie pas les enfants à de véritables hérétiques ou à des personnes qui ne donnent pas un bon témoignage de vie. Un curé m'a avoué, sans aucune gêne, que la grande majorité de ses catéchistes n'allaient à la messe que deux ou trois fois par an.
Je suis incompétente pour dire ce que doit faire un diacre mais mon bon sens me dit que les diacres seraient de merveilleux catéchistes capables d'éveiller des vocations au sacerdoce. Ils sont peu nombreux et peu disponibles mais leur présence dans la catéchèse élèverait le niveau.
Il est très regrettable que les hommes ne s'impliquent pas d'avantage dans la catéchèse. Les petits-garçons n'ont pas de figure masculine de chrétien à laquelle s'identifier (si leur père est absent ou incroyant).
Ils finissent par penser que la religion est une affaire de femmes et même de vieilles femmes car, dans leur famille seule une grand-mère va à la messe.
La catéchèse devrait être l'activité phare d'une paroisse, le premier centre d'intérêt du curé. Au lieu de cela, elle est souvent moins valorisée que le dialogue interreligieux ou l'oecuménisme ou les réunions avec des retraités ou les oeuvres dirigées vers les périphéries!
C'est vraiment un mauvais calcul, une vision de taupes et un péché
contre les nouvelles générations.

3. LES UNIVERSITÉS CATHOLIQUES.
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La transmission de la foi est-elle digne d'éloges dans les universités?
De temps à autre, on entend parler de prises de position contraires au Magistère de l'Eglise, de recteurs qui tiennent tête à l'évêque du lieu, de théologiens fantaisistes. L'Eglise tente de soustraire les étudiants aux idées déviantes. La transmission est altérée.

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Il faudrait beaucoup de compétence pour analyser toutes les entraves à la transmission de la foi et proposer des remèdes. Le thème est si important pour l'avenir qu'un synode pourrait s'y consacrer. Il faudrait écouter les chrétiens d'Orient.
Monique T.

Note

(*) Pour une approche encore plus facile, n'oublions pas le Compendium (ou "abrégé") du CEC.
On pourra relire à ce sujet une interview que le cardinal Ratzinger avait accordée en 2003 à la revue "30 giorni": benoit-et-moi.fr/2014-II-1/benoit/le-catechisme-dans-un-monde-post-chretien-i .
Le préfet de la CDF expliquait alors: «Pour bien dialoguer, il est nécessaire de savoir de quoi nous devons parler. Il est nécessaire de connaître la substance de notre foi. C’est pourquoi un Catéchisme est aujourd’hui plus nécessaire que jamais»

Voir aussi la présentation qu'en avait faite le Saint-Père lui-même lors de la publication du Compendium le 28 juin 2005: benoit-et-moi.fr/2014-II-1/benoit/le-catechisme-dans-un-monde-post-chretien-ii


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