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S'agenouiller devant le Christ...

ou pas. A propos de la procession du Corpus Domini, à Rome (6/6/2015)

Voici une video retouvée dans mes archives, qui illustre deux célébrations de la fête du Corpus Domini, à travers la traditionnelle procession de la Fête-Dieu à Rome, entre les Basiliques Sainte-Marie Majeure et Saint-Jean de Latran: en 2012, avec Benoît XVI, et en 2013 avec François:

Tandis que Benoît XVI restait agenouillé sur un prie-Dieu installé sur une espèce de char spécielemnt équipé, François suivait la procession à pieds dans la foule.

En 2014, le Pape François n'avait pas participé personnellement à la procession, comme ses prédécesseurs le faisaient avant lui.
Le Père Lombardi, interpelé par les journalistes sur cette absence arguait que la procession du Saint-Sacrement devait rester un «événement exclusivement liturgique».
Et la Croix précisait: «C’est aussi pour ne pas occuper injustement le centre de cet "événement" ainsi que pour ménager ses efforts physiques avant son déplacement le 21 juin en Calabre que le pape âgé de 77 ans a préféré, cette année, ne pas accompagner cette procession vers Sainte-Marie Majeure partie depuis la basilique du Latran».
On appréciera au passage le message subliminal envoyé aux prédécesseurs de François, qui, eux, occupaient "injustement" le centre ce cet évènement!

On pourra relire ici le témoignage, recueilli sur le site Messa in Latino d'une mère de famille ayant participé à la procession: benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/la-procession-du-corpus-domini-orpheline-du-pape

Jeudi de cette année, le même épisode s'est reproduit, avec la même explication (comme en témoigne ce tweet transmis par Marie-Christine).

Pour la deuxième année consécutive, le pape François n'a pas pris part à la traditionnelle procession du Corpus Domini hier de la basilique Saint-Jean de Latran à la basilique de Santa Maria Maggiore, choisissant d'être conduit en privé au terme de la procession où il a donné l'habituelle Bénédiction eucharistique. N'aurait-il pas pu demander au cardinal Vallini, son vicaire à Rome, au cardinal Pell ou à un autre cardinal d'accompagner l'Eucharistie, à la place des deux prêtres ou diacres anonymes que l'on voit sur la photo?
Dans sa première année de pontificat, il avait étonné le monde avec l'une de ses exclusivité «Regardez comme je suis différent de tous les autres papes» en marchant derrière l'Eucharistie (monté comme d'habitude sur un char spécial pour être visible de tous ceux qui suivent la procession le long de Via Merulana). Jean-Paul II et Benoît XVI accompagnaient l'Eucharistie au cours de ces processions sur le char, à genoux sur un prie-Dieu devant le Saint-Sacrement.
Il est notoire que JMB/PF ne peut pas se mettre à genoux ou faire de génuflexion en raison d'un problème d'arthrite ou de sciatique qui lui cause une douleur intense, ce qui est censé expliquer pourquoi il ne fait pas de génuflexion, même pendant la Consécration (bien qu'il ait été photographié à genoux devant l'icône mariale à Santa Maria Maggiore, le lendemain de son élection, et, bien sûr, avec Benoît XVI à Castel Gandolfo, et plus tard à Mater Ecclesiae. La première fois, il s'agissait évidemment d'une opprtunité historique et donc un 'must', et avec B16, de quoi cela aurait-il eu l'air s'il ne s'était pas mis à genoux tandis qu'un homme de 10 ans plus âgé le faisait)?

Cela n'a pas échappé à Antonio Socci. Je reproduis un message posté hier sur sa page Facebook:

Après le énième (?) Corpus Domini d'un Pape Bergoglio ennuyé, ne participant pas à la procession avec le peuple (et encore moins agenouillé, comme le faisait Jean Paul II), voici comment vivait cette procession le grand Pape Wojtyla, agenouillé pendant le trajet, même quand il était désormais très malade:

[Le récit, tiré du livre d'Andrea Tornielli "L'ultimo miracolo. Perchè Giovanni Paolo II è santo", ext celui de l'une des dernières processions du Corpus Domini auxquelles Jean Paul II a assisté. La date n'est pas précisée. Original ici: oblatiorationabilis.blogspot.it].

«Après quelques instants - poursuit don Konrad (ndt: Konrad Krajewski, qui fut cérémoniaire de Jean -Paul II et de Benoît XVI, actuellemnt en charge des oeuvres de Charité de François - l'elemosineria apostolica) - au niveau de la Pontificia Università Antonianum, Jean-Paul II a répété de nouveau: "Je veux me mettre à genoux", et moi, avec beaucoup de difficulté à devoir répéter le refus, j'ai redit qu'il serait plus prudent d'essayer de le faire près de Santa Maria Maggiore; et à nouveau, j'ai entendu ce murmure. Toutefois, après un certain temps, arrivé à la Curie des Pères Rédemptoristes, le Pape s'est exclamé avec détermination, et presque en criant, en polonais: "Ici il y a Jésus! S'il vous plaît .. "». Quelques mots, presque un cri d'appel à l'aide. Il voulait se mettre à genoux, il voulait adorer la présence du Christ dans le pain consacré. Il ne voulait pas être assis en face de Jésus. Cette fois, la supplication touchante obtint le résultat espéré.
Il n'était plus possible de le contredire. Le Maître des Cérémonies (Piero Marini) a été témoin de ces moments. Nos yeux se sont rencontrés, et, sans rien dire, nous avons commencé à l'aider à se mettre à genoux. Nous l'avons fait avec beaucoup de difficulté, et lui essayait de se soutenir; mais ses genoux ne le portaient plus, et nous avons dû le remettre immédiatement sur la chaise, parmi des difficultés qui n'étaient pas seulement physiques, mais étaient également dûes à l'encombrement des vêtements liturgiques».

Comment mieux conclure qu'en donnant, une fois encore, la parole à Benoît XVI, à travers l'homélie qu'il avait prononcé à l'occasion de la Fête-Dieu, le 22 mai 2008:

S'agenouiller devant le Seigneur

Après le temps fort de l'année liturgique, qui s'est centré sur Pâques et se déroule sur trois mois - d'abord les quarante jours du Carême, puis les cinquante jours du temps pascal -, la liturgie nous fait célébrer trois fêtes qui ont plutôt un caractère "synthétique": la Très Sainte Trinité, puis le Corpus Domini, et enfin le Sacré Cœur de Jésus. Quel est le sens exact de la solennité d'aujourd'hui, du Corps et du Sang du Christ? La célébration elle-même que nous accomplissons nous le dit dans le déroulement de ses gestes fondamentaux: avant tout, nous sommes rassemblés autour de l'autel du Seigneur, pour être ensemble en sa présence; en deuxième lieu, il y a aura la procession, c'est-à-dire le cheminement avec le Seigneur; et enfin l'agenouillement devant le Seigneur, l'adoration, qui débute lors de la messe et accompagne toute la procession, mais culmine dans le moment final de la bénédiction eucharistique, quand nous nous prosternerons devant Celui qui s'est abaissé jusqu'à nous et a donné sa vie pour nous.
...
(..) on ne peut manquer de penser au début du "décalogue", les dix commandements, où il est écrit: "Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude. Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi" (Ex 20, 2-3). Nous trouvons ici le sens du troisième élément constitutif du Corpus Domini: s'agenouiller en adoration devant le Seigneur. Adorer le Dieu de Jésus Christ, qui s'est fait pain rompu par amour, est le remède le plus valable et radical contre les idolâtries d'hier et d'aujourd'hui. S'agenouiller devant l'Eucharistie est une profession de liberté: celui qui s'incline devant Jésus ne peut et ne doit se prosterner devant aucun pouvoir terrestre, aussi fort soit-il. Nous les chrétiens nous ne nous agenouillons que devant Dieu, devant le Très Saint Sacrement, parce qu'en lui nous savons et nous croyons qu'est présent le seul Dieu véritable, qui a créé le monde et l'a tant aimé au point de lui donner son Fils unique (cf. Jn 3, 16). Nous nous prosternons devant un Dieu qui s'est d'abord penché vers l'homme, comme un Bon Samaritain, pour le secourir et lui redonner vie, et il s'est agenouillé devant nous pour laver nos pieds sales. Adorer le Corps du Christ veut dire croire que là, dans ce morceau de pain, se trouve réellement le Christ, qui donne son vrai sens à la vie, à l'univers immense comme à la plus petite créature, à toute l'histoire humaine comme à l'existence la plus courte. L'adoration est une prière qui prolonge la célébration et la communion eucharistique et dans laquelle l'âme continue à se nourrir: elle se nourrit d'amour, de vérité, de paix; elle se nourrit d'espérance, parce que Celui devant lequel nous nous prosternons ne nous juge pas, ne nous écrase pas, mais nous libère et nous transforme.

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