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Saint Joseph et l'éclipse du père

Une belle réflexion de Riccardo Cascioli, en la fête de Saint Joseph

>>> Saint Joseph (voir aussi les articles en liens)

L'atelier de Saint Joseph, Aristides Artal.

Commentaire sur ce splendide tableau ici (benoit-et-moi.fr/2009), et sur le site Fides et forma.
La sérénité de la scène, l'image épanouie de virilité protectrice et bienveillante d'un saint Joseph dans la plénitude de sa force, sont la parfaite expression d'un art figuratif vraiment catholique, à propos de laquelle je cite Carlota:

Cette peinture irradie la foi, elle nous rend, dès les premiers dixièmes de seconde de contemplation, pleinement heureux et confiants. Elle est en outre tellement pleine d'enseignement même pour ceux qui n'auraient jamais entendu parler du Christ. Elle donne envie de partager ce moment merveilleux et d'en savoir plus sur les personnages de la scène.
Quant à la technique du peintre, elle rappelle la minutie des écoles flamandes et espagnoles.
L'art catholique c'est cela : la foi, l'accomplissement de soi dans le travail, l'enseignement de la Parole du Christ par le beau et la justesse des représentations, l'accessibilité par l'émotion....

Saint Joseph, clé pour interpréter la crise actuelle

Riccardo Cascioli
19 mars 2015
www.lanuovabq.it
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Cela peut sembler un hasard, mais la crise de la famille - au moins dans notre pays - est allé de pair avec la perte progressive de la dévotion à saint Joseph. À certains égards, il est paradoxal que cela se soit passé après le Concile Vatican II, que Jean XXIII avait placé justement sous la protection de Saint Joseph avec la Lettre apostolique Le Voci (1961). Mais sans doute la vague progressiste qui a suivi le Concile a fait en sorte que la dévotion à saint Joseph soit considérés comme l'un de ces superstitions préconciliaires qui ont été surmontées par une Église désormais prête à embrasser le monde.

De toute façon, la relation étroite entre la crise de la famille et l'obscurcissement de la figure de saint Joseph s'avère plus claire si l'on pense que de nombreux psychologues ont convenu que l'un des problèmes majeurs de notre société est l'éclipse ou l'absence du père. Les pères ont disparu, il manque un modèle de paternité, comme le fut au contraire Saint Joseph pour de nombreuses générations.

«Saint Joseph est la plus belle figure d'homme concevable et que le christianisme ait réalisé» disait don Luigi Giussani, soulignant que le père nourricier de Jésus était «un homme comme tous les autres, il avait le péché originel comme moi».

Il y a quelques années, Vittorio Messori s'était interrogé sur les motifs pour lesquels saint Joseph a été délibérément écarté par beaucoup dans l'Église, et il est intéressant de relire sa réflexion:

«Selon certains, elle (l'Eglise) aurait opéré ici cette "révolte contre les pères" qui a amené la culture moderne à rejeter le Père éternel lui-même; et a conduit, peut-être, un certain monde catholique à effacer cette figure qui plus que toute autre est liée à l'idée de la paternité humaine. La contestation de la famille aurait alors rendu peu sympathique à certains cette remarque de Luc («Jésus revint à Nazareth, et il leur était soumis», Luc 2:51) qui donne un aval évangélique à l'autorité, au sens fort, des parents. Les problèmes liés à la chasteté et à la virginité doivent également avoir contribué à l'effacement de cet époux "au-delà de l'eros". Difficile, sous le bombardement sexualiste, de comprendre la communauté de vie de Nazareth, impliquant un amour plein et profond, mais en même temps non orienté vers le sexe. Une nouvelle conjugalité, anticipatrice de l'état eschatologique (Luc 20:35), mais incomprise de beaucoup aujourd'hui» (La sfida della fede, 2008 - Le défi de la foi).

Aujourd'hui, à l'ère du martelage de la propagande gender, ces mots apparaissent encore plus dramatiquement vrais. L'effacement de Saint Joseph était la prémisse d'une œuvre de destruction de la société et de l'identité humaine. Tous les problèmes les plus graves auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui ont leur origine directement ou indirectement dans la destruction de la famille et du modèle de la paternité et de la maternité: de l'économie à la corruption, de la criminalité aux dépendances.

Et comment ne pas penser aussi aux difficultés qui ont surgi lors du Synode spécial sur la famille d'octobre dernier et dans le débat actuel, à comprendre la profondeur et les implications de la route indiquée par la famille de Nazareth. Un certain nombre d'évêques et de cardinaux ont montré une incapacité évidente à concevoir et croire possible la valeur de la chasteté dans l'amour, et de la vraie responsabilité paternelle. La baisse de la dévotion à saint Joseph, qui est aussi le patron de l'Eglise, a clairement conduit à la confusion chez les catholiques et même parmi les pasteurs.

La fête de saint Joseph que nous célébrons aujourd'hui est alors cruciale pour comprendre les racines de la crise actuelle de la société et de la confusion dans l'Église. Mais c'est aussi le point de départ pour commencer à inverser la tendance. Récupérer Saint Joseph, compter sur lui, contemplert sa paternité et en promouvoir la dévotion est déjà le début d'une société plus humaine.


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