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Synode-fiction

Les récentes interventions du cardinal Burke et la perspective du Synode d'octobre 2015 inspirent à Monique T quelques rélexions... mais il s'agit de "fiction!

>>> Qui a peur du cardinal Burke ? (II)

Synode-fiction

Monique t.
29 mars 2015
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Quand on lit les propos du Cardinal Burke, on se dit que le synode ordinaire de 2015 ne peut, en réalité, rien changer à la doctrine de l'Eglise sur la famille. Cette doctrine est si bien établie depuis des siècles, si claire et si COHÉRENTE que l'on ne peut rien toucher de substantiel sans provoquer l'effondrement de tout l'édifice. Le Cardinal souligne la LOGIQUE du projet de l'Eglise. Seuls quelques détails de discipline peuvent évoluer (préparation au mariage, reconnaissance de nullité etc...).

Personne ne sait ce que sera le synode d'octobre 2015 et personne ne peut prédire avec certitude les décisions du Pape. On peut seulement se perdre en conjectures, ou même s'alarmer, à partir de centaines de petits indices convergents émanant des laïcs consultés, du clergé et du Pape lui-même parlant depuis des avions ou sur terre. Ces indices nous portent à penser qu'une révolution est en marche mais il y a, en fait, une forte probabilité que tout le monde s'aperçoive au dernier moment que toutes ces audacieuses propositions se heurtent à des réalités dures comme le roc. L'indissolubilité du mariage en est une. La nécessité d'être en état de grâce pour communier en est une autre.

Puisqu'on ne peut pas prévoir la tournure des événements, on peut toujours imaginer un synode-fiction qui se proposerait d'emblée la réactivation de la doctrine déjà existante. Ce ne serait pas inutile car cette doctrine est consignée dans des centaines de documents et homélies que personne n'a lus (Familiaris consortio, Humanae vitae, Donum vitae, etc...) [*] et dont il conviendrait de faire la synthèse dans une nouvelle Exhortation apostolique destinée surtout à la jeunesse et rédigée pour elle. Grâce à son immense popularité, le Pape François jouirait d'une force incroyable de persuasion pour affirmer de nouveau, dans un langage clair et contemporain, toutes les richesses de l'enseignement de l'Eglise dans le domaine de la famille et de la sexualité. Tout autre Pape serait rejeté... mais pas lui. Sa responsabilité est donc immense!
Son pouvoir est grand! Saisira-t-il l'occasion?
A titre d'exemple, on l'écouterait peut-être s'il disait que la cohabitation et l'exercice de la sexualité en dehors du mariage ne correspondent pas à la vocation d'un catholique (qu'on ne se donne pas à l'essai), qu'on ne peut pas contracter un mariage sacramentel sans une sérieuse préparation, que les divorcés remariés doivent s'en tenir aux exhortations de Familiaris consortio, que l'encyclique Humanae vitae inclut une condamnation des procédés artificiels dont certains sont aléatoirement abortifs ( ce que beaucoup de gens ignorent encore), que les techniques de fécondation in vitro posent de graves problèmes moraux, etc, etc...
Dans le domaine positif, le Pape ne manquerait pas de trouver les mots pour encourager les jeunes au mariage, en leur rappelant que la grâce du sacrement ne manque pas à ceux qui la demandent!

Certains prétendent que tout a déjà été dit sur la famille et qu'on aurait pu faire l'économie de ce synode. Je crois qu'au contraire François, plus qu'aucun autre Pape, aurait le pouvoir de renouveler l'offre de l'Eglise dans ce domaine, sans entamer la doctrine. Les médias pourraient-ils ridiculiser les prises de position du Pape qu'ils adulent? Non, ils se ridiculiseraient eux-mêmes après tant de flatteries!

Note

[*] Ces textes sont en effet largement méconnus, les personnes intéressées feraient bien de les relire, avant de prendre part au débat sans rien connaître des enjeux, et les pasteurs seraient bien inspirés de les leur rappeler, et de les commenter, au lieu de disserter sur la miséricorde envers les "lontains", et l'ouverture aux "périphéries".
Ils sont à lire sur le Site du Saint-Siège:

  • Familiaris consortio (Exhortation apostolique de Jean-Paul II sur les tâches de la famille chretienne dans le monde d'aujourd'hui, 1981)
  • Humanae vitae (encyclique de Paul VI sur le mariage et la régulation des naissances , 1968)
  • Donum vitae - (Instruction de la CDF sur le respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation, 1987)

Pour mémoire:
Ici, le dossier que j'ai récemment consacré à l'encyclique de Paul VI: benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/humanae-vitae

Addendum

Monique T. me signale l'analyse perspicace de Denis Crouan, sur son site Proliturgia. Je me permets de la reproduire, car je pense, comme elle, et depuis longtemps, que c'est un très bon résumé de ce qui apparaît de plus en plus évident au fur et à mesure que l'échéance se rapproche:

Les objectifs et la stratégie de François apparaissent désormais de plus en plus clairement.
Le Pape a en vue de permettre l’accès à la communion aux divorcés remariés civilement. Ce qui serait reconnaître que la notion de péché - et par conséquent de pardon sacramentel - n’est que relative.
On devine aussi, à travers certains de ses propos, qu’il ne serait pas défavorable au mariage des prêtres.
Mais François sait que lui-même ne peut pas conduire l’Eglise à accepter de tels changements qui conduiraient tôt ou tard à modifier la doctrine. Alors il se tait ; il ne dit rien. Ou, lorsqu’il parle, il réaffirme l’enseignement traditionnel de l’Eglise.
Mais s’il se tait, prudemment, il laisse par contre parler des cardinaux qu’il a choisis pour être ses proches collaborateurs : des cardinaux dont les idées sont hasardeuses sur le plan doctrinal. Et ces cardinaux sont à présent suivis par un certains nombre d’évêques... Le but est donc atteint.
Que va-t-il se passer ensuite ? François ne dira rien qui puisse contredire la doctrine. Mais il laissera ses collaborateurs parler à sa place et suggérer des pratiques nouvelles sous couvert de... “pastorale”.
Puis, il invitera les prêtres et les évêques à “contextualiser”, c’est-à-dire à régler les problèmes au cas par cas, sans se soucier de la doctrine. Ce que s’empresseront de faire certains pour qui seule doit compter la “charité” qui ne juge rien ni personne et accepte tout.
Le prochain synode risque donc bien de conduire à un schisme.
Schisme qui, de fait, existe déjà puisque les divisions entre certains cardinaux - le Cardinal Marx et le Cardinal Müller, pour ne prendre que cet exemple - existent déjà.
Si le schisme éclate au grand jour - comme le prévoient déjà certains cardinaux -, François aura toujours la possibilité de se retirer (il a plusieurs fois fait allusion à un départ anticipé) ; dans ce cas, ayant préalablement su se rendre populaire, il apparaîtra aux yeux de beaucoup comme un très grand Pape qui souhaitait réformer l’Eglise mais n’a pas pu mener son projet à terme en raison de la fronde de quelques vieux cardinaux incapables d’évoluer...

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