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Un témoignage tonifiant

Un extrait du livre du Cardinal Sarah "Dieu ou rien", transcrit et commenté par Monique T.

DIEU OU RIEN,
éd. Fayard, 2015, p. 105 à 108.

En 2001, le Cardinal Sarah est nommé Secrétaire de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Voici ce que son expérience lui permet de dire.

En Europe, nous avons toujours l'impression que le catholicisme a entamé son agonie. Il suffit de rester une semaine à la Congrégation pour comprendre que l'Eglise possède au contraire une vitalité
extraordinaire. Nous vivons un "nouveau printemps du christianisme",comme aimait à dire Jean-Paul II. En 1900, il y avait 2 millions de catholiques africains; aujourd'hui, ils sont 185 millions. En Asie, le catholicisme, provoqué et stimulé par la tradition de différents mystiques, incarne la modernité. J'ajouterais que la beauté de l'Eglise ne réside pas dans le nombre de ses fidèles, mais dans leur sainteté.
J'ai pu suivre le travail de plus de mille diocèses et d'innombrables missionnaires qui se donnent généreusement aux autres dans les régions les plus arides et reculées de cette terre; avec des moyens dérisoires, ils apportent à l'humanité toute la bonté de Dieu. Souvent, les institutions missionnaires sont les seules à s'occuper des pauvres et des malades que personne ne veut regarder. Quand des gouvernements irresponsables, des armées cruelles ou des lobbies assoiffés de profits ont semé la terreur et le désespoir, il ne reste que les mains ouvertes
de Dieu qui, à travers le courage des messagers de l'Evangile, viennent consoler les plus pauvres. Parmi ces missionnaires, il y a des saints.
Beaucoup resteront inconnus, et pourtant leur sainteté est impressionnante.[...]
Dans ce grand dicastère, j'avais le sentiment de comprendre les intuitions fondamentales de Jean-Paul II. En Occident, où tout semble mourir, et le christianisme s'évaporer inéluctablement, il y a pourtant des fleurs cachées extraordinaires. Car le vrai printemps de l'Eglise, ce sont les saints! Comment oublier Jean-Paul II, Mère Teresa, et tous les saints de l'époque moderne?[...]
J'ai eu la chance d'avoir de nombreuses séances de travail avec le pape Benoît XVI, en particulier pour la nomination des évêques. Son humilité, son écoute, son intelligence m'ont toujours frappé.[...]
Dans ma vie, Dieu a tout fait; de mon côté, je n'ai voulu que prier. Je suis certain que le rouge de mon cardinalat est vraiment le reflet du sang de la souffrance des missionnaires qui sont venus jusqu'au bout de l'Afrique pour évangéliser mon village.
Quand je suis rentré à Rome (ndlr: d'un voyage en Inde), Benoît XVI m'a accordé une audience privée. Pendant cette rencontre, le Pape a eu cette phrase que je n'oublierai jamais: "Excellence, je vous ai nommé à COR UNUM car je sais qu'entre tous vous avez l'expérience de la souffrance et du visage de la pauvreté. Vous serez le mieux à même d'exprimer avec délicatesse la compassion et la proximité de l'Eglise auprès des plus
pauvres.

(Monique T.)

Cet extrait m'inspire quelques réflexions:

- On ne peut pas juger de la santé du catholicisme en se focalisant sur l'Europe.
- Les débats relatifs au synode sont en fait européo-européens. Ils ne reflètent pas les préoccupations du reste du monde. L'Afrique et l'Asie peuvent créer la surprise.
- Dans bien des pays, l'Eglise catholique est la seule institution capable de secourir les populations matériellement, moralement et spirituellement. L'Eglise des pauvres existait avant l'année 2013.
- Benoît XVI était très proche des pauvres mais avec une grande sobriété.
- Parmi les saints contemporains, on peut à coup sûr citer les chrétiens d'Orient chassés de chez eux. En abjurant leur foi, ils auraient pu conserver leur maison, leur confort, leur profession, les écoles de leurs enfants... Aucun n'a abjuré. Ils témoignent de l'extraordinaire vitalité du christianisme.
- Le Cardinal Sarah est doté d'une grande ampleur de vue.

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