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"J'aime cet homme"

Grâce à Jeannine qui vient de me le remettre en mémoire, redécouvrons l'hommage magnifique à Benoît XVI dans le numéro spécial de la revue Magnificat publié à l'occasion de la visite du Pape en France, en septembre 2008

Il en évoque un autre, émanant de Jean Sévilla qui, ayant rencontré le cardinal Ratzinger en octobre 2001 après les attentats des Tours jumelles de New York, écrivait dans le Figaro Magazine après l'élection d'avril 2005:

Une heure en tête à tête avec le tout-puissant cardinal Ratzinger: le journaliste qui a eu ce privilège se rappelle pourtant la simplicité de son interlocuteur, la gentillesse de son accueil, son sourire, la profondeur de son regard aux yeux clairs et le timbre calme d’une voix s’exprimant dans un français parfait, ponctué de l’accent chantant d’un Allemand du Sud. De sa personne émanait un fascinant mélange de bienveillance humaine et d’altitude intellectuelle.
A l’issue de l’entretien, le journaliste, qui ne pouvait savoir qu’il venait d’interviewer un futur pape, était sorti du Vatican avec un profond sentiment de paix.

Quelle responsabilité écrasante ont les médias, presque tous les médias (même ceux catholiques, hélas) pour avoir diffusé sciemment auprès du grand public, pendant huit ans une image si fausse, si lourdement, si grossièrement éloignée de la réalité et même aux antipodes, simplement parce qu'ils avaient peur (à juste titre, du reste) de la force de sa parole.
Et dix ans après, les mêmes, ayant (dans le meilleur des cas) furtivement essuyé une larme de crocodile en s'excusant - "nous ne le connaissions pas" - osent ne lui rendre hommage que pour son "geste prophétique", qui a ouvert la voie au "printemps de François".

La bénédiction de Benoît XVI
Paris, Quai de Montebello, 12 sept. 2008, 18h30 (photo de moi!)

J'aime cet homme

Paul-Marie Varennes
Directeur de la rédaction de Magnificat
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J'ai eu la chance d'être reçu par Joseph Ratzinger et d'avoir de longs entretiens avec lui. Comme tous ceux qui l'ont pratiqué, j'ai bien sûr été conquis par son exquise urbanité.
Mais ce qui m'a le plus frappé, ou plutôt le plus touché, c'est la délicate charité intellectuelle dont faisait preuve ce grand esprit à l'égard du petit esprit que je suis.
Quand je venais lui exposer mes idées, il m'écoutait avec une sympathie toujours teintée d'un intérêt soutenu, bien que, sans doute, ce fût la dixième fois qu'il entendait les mêmes arguments. Jamais il ne m'interrompait, me laissant aller jusqu'aux derniers recoins des tenants et aboutissants de mon exposé. Quand j'avais fini, il me réexposait mes propos de manière synthétique, et beaucoup mieux que j'en avais été capable. C'était me faire la politesse de vérifier qu'il avait bien compris ma pensée, et qu'il ne la trahirait pas dans sa réponse. Non, il ne trahissait pas ma pensée, il la clarifiait, au point que j'avais presque déjà la réponse que j'étais venu quérir.
Enfin, il éclairait mes obscurités à la lumière de l'Ecriture e de la Tradition.

C'est bien cet homme exquis qui est venu nous visiter à Paris puis à Lourdes, en tant que successeur de Pierre, pour nous confirmer dans la foi.
J'ai retrouvé son affectueuse pudeur, qui est chez lui la suprême expression de la charité. Si je n'avais pas su qu'il était déjà ainsi avant son élection au souverain pontificat, j'aurais pensé qu'il avait fait une retraite au désert, et qu'il y avait appris à vaincre toutes les tentations du succès, du vedettariat et du pouvoir.
Face aux marques d'enthousiasme et de vénération dont sa personne a été l'objet au cours de ce voyage apostolique, d'un geste, d'un regard, d'une attitude, il semblait implorer ceux qui se prosternaient devant lui, comme pour leur dire, à l'instar de Pierre au Centurion: «Relève-toi, je ne suis qu'un homme moi aussi» (Actes, 10.26). C'est que, pour lui, la vraie Charité consiste à conduire ceux qu'on aime au Père, par le Christ Jésus - unique médiateur entre Dieu et les hommes -, notre frère en humanité, notre Dieu, notre Sauveur.
Oui, c'est bien le même homme, celui que j'aime, qui est venu nous visiter.
Cependant, cet homme a radicalement changé. Il est le même en tout, mais en tout avec une largeur, une hauteur, une profondeur, que ne sont données qu'à ceux à qui le Seigneur a dit: «Quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture, et tu allais où tu voulais. A partir de maintenant, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te mèneras là où tu ne voulais pas aller» (Jean 21, 18).

Seigneur, qu'il est bon d'être conduit en Ton nom par un tel pasteur.

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