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Témoignage d'estime pour un ami

Benoît XVI a écrit une lettre d'introduction à un recueil de textes du Cardinal Bertone publié ces jours-ci (9/5/2015)

Benoît XVI sur la foi et le bien commun. Dans le dialogue avec les non-croyants

Osservatore Romano (via Il Sismografo)
10 mai 2015
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«L'Eglise doit s'impliquer dans les efforts que l'humanité et la société accomplissent pour un juste chemin» et «trouver un moyen d'argumenter qui concerne même les non-croyants».
C'est Benoît XVI qui l'affirme dans la lettre d'introduction - rédigée en allemand et publié en fac-similé avec la traduction italienne - au livre du cardinal Tarcisio Bertone La fede e il bene comune. Offerta cristiana alla società contemporanea (La foi et le bien commun. Offre chrétienne à la société contemporaine), présenté par Fabio Pisani (Libreria Editrice Vaticana). En effet, explique le pape émérite, «ce n'est que si elle va au-delà d'elle-même et assume la responsabilité pour l'humanité dans sa totalité, que l'Eglise reste elle-même de façon juste».

Le livre, qui rassemble des discours et interventions du cardinal prononcés à l'occasion de conférences et de colloques, offre une perspective sur un éventail de questions liées à la condition de chrétien dans les temps modernes et sur des thématiques sociales, économiques et culturelles d'actualité.

Dans sa lettre, datée du 21 Avril, fête de saint Anselme de Cantorbéry, Joseph Ratzinger confie à son ancien collaborateur qu'en parcourant les pages du livre «se sont présentées à nouveau devant ses yeux, de manière vivante, les années de travail en commun». De cette façon, ajoute-t-il, «il lui est apparu à nouveau de manière évidente quelles dimensions embrasse aujourd'hui l'office de pasteur de l'Église».
Selon le Pontife émérite, du reste, «la pastorale ne signifie pas seulement que dans l'Église, nous réalisons pour les fidèle le service des sacrements et de la Parole de Dieu»; au contraire, celle-ci «embrasse certainement aussi la dimension intellectuelle, que les collaborateurs du Cardinal Ruini ont défini par le terme amor intellectualis ».
En conséquence, fait observer Benoît XVI «ce n'est que si nous partageons les problèmes et questions de notre temps, que nous pouvons comprendre la parole de Dieu dans le présent». En outre, «ce n'est que si nous participons aux opportunités et aux nécessités de notre temps que les sacrements pourront atteindre les hommes avec leur véritable force».

Développant l'argument, Ratzinger considère également que «même si, en premier lieu, nous est confié le soin des fidèles et de ceux qui sont directement à la recherche de la foi, le service du pasteur ne peut pas se limiter à l'Eglise». Celle-ci « fait partie du monde et ne peut donc effectuer correctement son service qu'en s'occupant du monde dans son ensemble». Selon Benoît XVI de la même manière «la parole de Dieu concerne la totalité de la réalité, et l'actualité de celle-ci impose à l'Église une responsabilité globale», comme en témoigne l'engagement généreux (profuso) dans l'encyclique Caritas in Veritate, que, dans un texte contenu dans le livre, le cardinal Bertone «a exposée de façon si incisive» montrant «l'imbrication des différents plans» (*).
C'est donc le mérite de l'auteur d'avoir fait émerger tout cela «clairement à travers les textes du livre». Avec la conscience que «trouver représenté le processus d'avancement d'un engagement, qui englobe l'ensemble du spectre des devoirs de notre époque, fera également refléchir beaucoup de lecteurs qui ne font pas partie de l'Eglise».
Enfin, le pape émérite identifie dans les pages de l'ouvrage une dernière évidence: que la collaboration mutuelle avec le cardinal salésien «ne pouvait pas se limiter uniquement à des actes concrets de gouvernement, mais aller plus en profondeur, jusqu'à l'engagement de servir aujourd'hui de façon juste la parole de Dieu, le Logos de Dieu».

Le livre sera présenté au Salon international du livre de Turin - où la Libreria Editrice Vaticana sera présente avec un stand dans lequel elle proposera ses nouveautés - dans l'après-midi du 15 mai, à l'espace des rencontres (..)
Le livre précédent du cardinal - Diplomazia pontificia in un mondo globalizzato - recueillait 43 discours prononcés par le cardinal entre 2006 et 2013 dans le domaine diplomatique, tandis que la dernière publication déplace le champ d'investigation sur le plan de la pastorale, avec des implications sociales, économiques, politiques.

* * *

(*) Il s'agit sans doute du discours que le cardinal Bertone avait prononcé devant le Sénat italien le 28 juillet 2009 (texte en italien chez Raffaella; je l'avais traduit dans ces pages)...
L'appréciation du Pape émérite rend d'autant plus urgent de le relire.
A suivre

NDT: Je viens juste de trouver le texte de la lettre en italien, ici: spogli.blogspot.fr
Voici ma traduction (je laisse l'italien en vis-à-vis)

Eminence!

Parcourant les textes de votre nouveau livre «La foi et le bien commun. Offre chrétienne à la société contemporaine», que vous m'avez aimablement envoyé, se sont re-présentés devant mes yeux, de manière très vivante, les années de notre travail commun dans le service du ministère pétrinien. Il m'est apparu à nouveau, très évidentes, toutes les dimensions qu'embrasse aujourd'hui l'Office pastoral d'un pasteur, dans l'Église de Jésus-Christ.
Office pastoral, en vérité, ne signifie pas seulement que nous, dans l'Eglise, nous remplissons pour les fidèles le service des sacrements et de l'annonce de la parole de Dieu. Il m'a semblé clair de manière spéciale que l'Office pastoral embrasse de façon décisive également la dimension intellectuelle, que les collaborateurs du cardinal Ruini ont définie avec le terme “amor intellectualis”.
Ce n'est que si nous partageons les perspectives et les interrogations de notre temps, que nous pourrons comprendre la parole de Dieu comme s'adressant à nous dans le présent. Ce n'est que si nous participons aux opportunités et aux nécessités de notre temps que les sacrements pourront atteindre les hommes avec leur véritable force.
Il y a un autre élément inclus dans le ministère pastoral: pour autant qu'en premier lieu nous soit confié le soin des fidèles et de ceux qui sont directement à la recherche de la foi, le service du pasteur ne peut pas se limiter à l'Eglise.
L'Eglise fait partie du monde et ne peut donc effectuer correctement son service qu'en prenant soin du monde dans son ensemble.
De la même manière, la parole de Dieu aussi concerne la totalité de la réalité, et l'actualité de celle-ci impose à l'Église une responsabilité d'ensemble.
L'implication sans compter (impegno profuso) dans l'encyclique "Caritas in Veritate", que vous avez exposé de façon si incisive, montre l'imbrication des différents plans: l'Eglise doit s'impliquer dans les efforts que l'humanité et la société "in quangere to tali"(?) accomplissent pour un juste chemin, et doit pour cela trouver une façon d'argumenter qui concerne aussi les non-croyants. Ce n'est que si elle va au-delà d'elle-même, et assume la responsabilité pour l'humanité dans son ensemble que l'Eglise aussi reste elle-même de la juste façon.
Tout cela émerge clairement dans les essais de votre livre.
Je pense que [le fait de] trouver représenté le développement d'un engagement, qui embrasse dans toute son ampleur l'ensemble du spectre des tâches de notre époque, fera également refléchir beaucoup de lecteurs qui n'appartiennent pas à l'Eglise.
Ainsi, il m'est apparu évident que notre collaboration ne pouvait se limiter uniquement à des actes concrets de gouvernement, mais aller plus en profondeur, jusqu'à l'engagement de servir aujourd'hui de façon juste la parole de Dieu, le Logos de Dieu.

Je profite de la circonstance pour vous remercier de ces années de collaboration, et je souhaite que le livre puisse faire réfléchir beaucoup d'hommes, et puisse leur ouvrir aussi le chemin qui mène à la foi.

EMINENZA !

Scorrendo i testi del Suo nuovo libro, La fede e il bene comune. Offerta cristiana alla società contemporanea , che gentilmente mi ha inviato, mi si sono ripresentati in modo vivo davanti agli occhi gli anni del nostro comune lavoro nel servizio del ministero petrino. Mi è di nuovo risultato molto evidente quante dimensioni oggi abbraccia l’ufficio pastorale di un pastore nella Chiesa di Gesù Cristo. Ufficio pastorale in verità non significa solo che noi nella Chiesa svolgiamo per i fedeli il servizio dei sacramenti e dell’annuncio della Parola di Dio. Mi è risultato chiaro in modo particolare che l’ufficio pastorale abbraccia decisamente anche la dimensione intellettuale, che i collaboratori del cardinale Ruini hanno definito con il termine “amor intellectualis”.
Solo se condivideremo le prospettive e le domande del nostro tempo potremo comprendere la Parola di Dio come rivolta a noi nel presente. Solo se parteciperemo alle opportunità e alle necessità del nostro tempo, i sacramenti potranno giun- agli uomini con la loro vera forza.
C’è un altro elemento incluso nell’ufficio pastorale: per quanto in primo luogo ci sia affidata la cura dei fedeli e di chi direttamente è alla ricerca della fede, il servizio del pastore non può limitarsi solo alla Chiesa.
La Chiesa è parte del mondo e perciò essa può svolgere adeguatamente il suo servizio solo prendendosi cura complessivamente del mondo.
Allo stesso modo, anche la Parola di Dio, a sua volta, riguarda la totalità della realtà, e l’attualità di essa impone alla Chiesa una responsabilità complessiva. L’impegno profuso nell’enciclica Caritas in veritate , che Ella ha esposto in modo tanto incisivo, mostra l’intreccio dei diversi piani: la Chiesa deve coinvolgersi negli sforzi che l’umanità e la società in quangere to tali compiono per un giusto cammino e deve per questo trovare un modo di argomentare che riguardi anche i non credenti. Solo se essa va oltre se stessa e assume la responsabilità per l’umanità nel suo complesso, la Chiesa rimane anche se stessa nel modo giusto.

Tutto questo emerge chiaramente nei saggi del Suo libro.
Penso che trovare rappresentato il procedere di un impegno che abbraccia in tutta la sua ampiezza l’intero spettro dei compiti del nostro tempo farà riflettere anche molti lettori che non appartengono alla Chiesa.
Così mi è risultato evidente anche che la nostra collaborazione non poteva limitarsi unicamente a concreti atti di governo, ma spingersi, più in profondità fino all’impegno di servire oggi nel modo giusto la Parola di Dio, il Logos di Dio.

Profitto della circostanza per ringraziarLa per questi anni di collaborazione e auguro che il libro possa far riflettere molti uomini e possa aprire loro anche la via che porta alla fede.

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