Page d'accueil | Pourquoi ce site

Une interview de Mgr Gänswein.

Il a répondu aux questions de l'agence italienne ADNkronos. Et il annonce la participation de Benoît XVI à un évènement en son honneur, en août prochain: l'inauguration de la "Bibliothèque Ratzinger"

Une fois pour toutes, il ne faut pas s'attendre à des révélations fracassantes, de la part du secrétaire de Benoît XVI. Et il ne peut pas en être autrement. Sous sa double "casquette" de confident présumé du Pape émérite, et de collaborateur de François (donc, d'un côté , une relation de familiarité, de l'autre, de travail), il doit être très prudent, car la moindre déclaration ambigüe pourrait déclencher un séisme. Il a donc l'art de manier la langue de bois, avec des propos parfaitement consensuels et calibrés, qu'on peut tout au plus essayer de lire entre les lignes.
Bien entendu, le titre fait allusion à des "préoccupations" qui seraient les siennes - en particulier le scandale financier "Mafia Capitale", qui semble pour nous français une sorte de bis repetita de l'opération "Mano Pulite" (1) - mais en réalité ne reflètent que celles du journaliste qui lui a posé ces questions.
Unique "scoop", mais pas des moindres, l'annonce que Benoît XVI assistera cet été à l'inauguration officille de la Bibliothèque qui lui est dédiée par la Fondation Ratzinger.

Des unions gay à «Mafia Capital»,
le père Georg s'exprime tous azimuts sur les défis actuels et l'Eglise

13/06/2015
Elena Davolio
www.adnkronos.com
(ma traduction)
----

Le prochain Synode sur la famille, une «surprise» prochaine de Ratzinger, l'alarme pour Mafia Capitale (1), une «épidémie» contre laquelle il faut réagir. La question des mariages homosexuels, la communion pour les divorcés remariés, l'aliénation des réseaux sociaux, l'absence d'espérance et le désespoir, «ogres» qui menacent le monde. Et la vie quotidienne en contact étroit avec deux papes. Le préfet de la Maison pontificale, Mgr. Georg Gänswein, secrétaire particulier du pape Benoît XVI, dans une longue interview à Adnkronos aborde des questions d'actualité, parle de sa vie «divisée» entre deux papes et de sa nostalgie.

La «surprise» de Ratzinger se concrétisera lorsque le Pape émérite quittera la clôture qu'il a choisi d'observer pour être présent à l'inauguration de la bibliothèque dédiée à sa vie et sa pensée. Cela se passera fin Août, Benoît XVI quittera le monastère Mater Ecclesiae pour prendre part à une inauguration très spéciale, celle d'une bibliothèque Ratzinger dans le Collège pontifical Teutonique au Vatican. C'est Ratzinger lui-même qui a fait don d'une grande quantité de volumes. «D'autres - rappelle le secrétaire particulier - ont été donnés par la Fondation du Vatican qui porte son nom et à qui on doit le financement de l'initiative."

Le Pape François aussi entretient des contacts avec Benoît XVI qu'il a voulu à ses côtés dans certaines célébrations de signification particulière pour l'Église. De temps en temps, ils se rencontrent, se parlent au téléphone, s'écrivent (ndt: Nihil novi sub sole!). Peut-on parler d'un peu de nostalgie, pour ainsi dire domestique, liée à la vie quotidienne, de la part de Ratzinger?
«François et Benoît - réaffirme le préfet - sont deux personnalités très différentes. Pour François, le contact direct avec les gens est nécessaire, il lui fait du bien, la charge , il le 'recharge', et ce n'est pas juste un contact pour recevoir de l'approbation. Les bains de foule le régénèrent. Benoît est une personne plutôt réservée et discrète, un intellectuel, mais avec un grand coeur; pour lui, le contact direct était bien, mais il ne s'est jamais senti à l'aise avec les grandes foules. François est, pour ainsi dire le pape de la rencontre, il veut être vu, touché».

De temps en temps, le Pape François évoque sa fatigue et son âge. Des considérations qui pourraient faire penser, un jour prochain, à la décision de démissionner comme l'a fait Benoît?
«Je le ressens moi-même - observe le préfet -, à chaque Angelus et à la fin de chaque discours, François demande toujours de prier pour lui. C'est vrai, de temps en temps, il fait allusion à sa fatigue, mais je ne sais pas ce qui se cache derrière cette allusion. Ceci est évidemment un aliment pour le complotisme (dietrologia)... Bien sûr, la démission de Benoît XVI a ouvert une porte, mais ce geste n'a pas enclenché un automatisme, une pratique pour l'avenir».

Abordant les questions du prochain Synode sur la famille, Mgr Gänswein exprime une conviction claire (?):
«Je pense qu'on se concentrera sur les thématiques fondamentales, il en sortira un grand bénéfice; en premier lieu, donc, on devra parler de la famille et de l'évangélisation comme défi actuel sans se laisser influencer par des arguments latéraux ou secondaires».
L'archevêque allemand se réfère à la question de la communion pour les divorcés remariés et aux unions gay.
«J'espère, je suis même convaincu que la saine doctrine et la tradition catholique seront des guides sûrs pour trouver les bonnes solutions à l'égard des questions délicates. Je suis prêtre depuis 31 ans et je connais beaucoup de personnes en difficulté, qui ne vivent pas dans un mariage "régulier". Ils attendent à juste titre une assistance de la Mère Église, une aide qui prenne au sérieux leur situation "blessée" sans fermer les yeux sur les problèmes réels concernant la vie sacramentelle. Dans le même temps, ils doivent être accompagnés avec compréhension, sincérité et magnanimité».

Mgr Gänswein exprime également de l'inquiétude pour le fléau de la corruption , émergé avec les nouveaux développements de l'enquête Mafia Capitale (1).
«Le pape parle souvent de corruption - observe-t-il-.... Une corruption aux mille visages. Ce sont les péchés capitaux qui reviennent. On doit faire tout son possible pour faire le ménage. Désormais, ce n'est plus une question d'appartenance politique (ndt: mais le principal mis en cause est l'ancien maire de Rome, comme par hasard un homme résolument à droite, Gianni Alemanno, qu'on a souvent vu aux côtés de Benoît XVI lors de manifestations officielles, alors qu'en lisant rapidement les compte-rendus, la gauche n'est présente qu'à travers quelques seconds couteaux), nous sommes confrontés à une épidémie contre laquelle nous devons réagir sans délai ».

Le préfet de la Maison pontificale cultive une passion particulière pour la littérature consacrée à l'enfance. En plus de «Pourquoi le pape a des chaussures rouges» ('Perché il Papa ha le scarpe rosse'), un livre de questions que les enfants d'une école allemande ont posées au Père Georg, Gänswein a écrit la préface d'un livre pour enfants où un chat, l'animal le plus aimé de Ratzinger, raconte la vie du pape (ndt: "Joseph e Chico"). Dans les contes de fées, il y a presque toujours un méchant loup. Qui est aujourd'hui l'ogre qui fait le plus peur au monde?
«Le grand méchant loup qui menace le monde et contre lequel il est difficile de lutter est le désespoir, l'absence d'espérance, l'angoisse del'avenir. Les gens doivent recommencer à espérer», argumente le secrétaire de Ratzinger.

Mgr Gänswein réserve une considération à l'utilisation frénétique des réseaux sociaux.
«Attention, l'abus de ces moyens rique de créer un 'ermitage', une sorte d'état d'aliénation - dénonce-t-il. Même pendant les audiences du pape il y a le danger que les fidèles, abusant de ces moyens, soient distraits et perdent la substance de l'événement. Cela revient à ne pas accorder sa présence à ce qui se passe ".

Y a-t-il quelque chose dont vous ressentez la perte dans ces journées denses en engagements?
«Le temps me manque pour la vie pastorale. Je voudrais être beaucoup plus prêtre et l'évêque. Je reçois beaucoup d'invitations que je suis contraints de décliner», regrette-t-il.

NDT

(1) Aperçu ICI.
La photo qui illustre cet article de La Tribune laisse peu de place au doute (au moins pour ce qui me concerne!) quant à la nature de l'opération (cliquez sur la vignette).

  Benoit et moi, tous droits réservés