À Ponte di Legno on prie pour le Synode

Une charmante anecdote, dénichée par Anna dans la Bussola d'hier- mais pas seulement: l'idée pourrait faire école en France, pourquoi pas?

>>> L'Eglise de Ponte di Legno, photo de l'auteur de l'article, Marco Respinti (?)

 

À Ponte di Legno on prie dans l'attente du Synode

www.lanuovabq.it
23 juillet 2015
Traduction par Anna
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Ponte di Legno ("Pont de Bois", dans la province de Brescia) est le dernier bourg du Val Camonica, l'ancienne terre des Camunni. À quelques kilomètres, le Pas du Tonale (Passo del Tonale) sépare le massif de l'Ortles de celui de l'Adamello, à 1883 mètres au dessus du niveau de la mer. Les sommets tout autour portent encore le souvenir sanglant de la "Guerra Bianca" (guerre blanche), le terrible chapitre alpin de la Première Guerre Mondiale. Sur la nationale qui traverse le Passo, en face du mémorial aux morts, ce n'est pas un seul mais deux panneaux, qui signalent "Zone sacrée" - avec les touristes on ne sait jamais. Elle abrite les restes des soldats du Royaume d'Italie, mais aussi, avec une charité vraie, de nombreux "inconnus" de l'empire des Habsbourg y reposent aussi. Il y a juste un siècle, le Royaume d'Italie et l'Empire des Habsbourg avaient là leur frontière; aujourd'hui, la Lombardie et le Trentin, qui en allemand s'appelle Welsch Tyrol, s'y rencontrent.
À Ponte di Legno, les torrents Frigidolfo et Narcanello s'unissent et engendrent le cinquième fleuve italien par la longueur, l'Oglio, un affluent du Pô.
Le tout est dominé par l'église paroissiale de la Très Sainte Trinité. Bâtie en 1685 en plein style baroque; un baroque "montagnard" et naturel qui, sur la vague du Concile de Trente antiprotestant, annonce fièrement aux cinq sens humains le triomphe divin du Christ dans Son Église "une, sainte, catholique et apostolique". À son côté se dresse un campanile, qui, dans le sécompte de l'histoire le précède de plus d'un siècle. À l'intérieur, des oeuvres de sculpture et de peinture d'excellente facture, ainsi qu'un bel orgue du 19ème siècle, témoignent d'une humanité restée fidèle au cours des siècles.

Mais le monde a beaucoup changé, et pas toujours en mieux. Dans le climat de bas empire d'aujourd'hui, où la perfide noblesse des grandes utopies révolutionnaires s'est réduite à un film de série B moutonnier, sous-titré dans un langage de caserne, la bonne bataille consiste à dire que mâles et femelles on le naît et on ne le devient pas, que les hommes se marient avec les femmes, que les enfants se font toujours d'une seule et même manière, que le mariage est pour toujours et que la famille est le résultat "technique" de tous ces facteurs mis ensemble. À Ponte di Legno aussi. Même si la télé, les journaux, les politiciens, l'école, et même quelques prêtres, se posent là-dessus des questions.

Du 4 au 25 octobre se tiendra le Synode des Évêques dédié à la famille. Certains essayent depuis un moment de le manipuler. C'est pourquoi don Giuseppe Pedrazzi, curé de la Très Sainte Trinité de Ponte di Legno, a pensé répondre directement aux évêques qui demandent aux catholiques de préparer et d'accompagner le Synode par la prière. Pendant les mois d'été, Ponte di Legno grouille de nouveaux habitants, de vacanciers qui gonflent de façon visible le nombre de la population locale. En ces mois, enfin loin des soucis de la vie professionnelle, tout le monde a un peu plus de temps, peut-être un brin de sérénité en plus, parfois même, théoriquement, plus de disponibilité vers le Ciel.
C'est ainsi qu'au mois d'août, le jeudi, après le dîner, la paroisse de la Très Sainte Trinité rouvre ses portes après l'heure pour recommander le Synode au Ciel; afin que les évêques réunis en cette auguste assemblée restent fermes dans la doctrine de Jésus, nous explique don Pedrazzi lors de la Messe dominicale. Le programme des soirées spéciales d'Août n'est pas simple, il est indispensable.
La prière communautaire guidée par le prêtre, et ensuite le temps de l'adoration, devant le Très Saint Sacrement. Celui qui en cinq minutes de silence pulvérise toute argutie humaine.