Confusion au Synode

Les règles changent en cours de travaux. Il n'y aura même plus de "Relation finale". Les informations de Sandro Magister, sur Settimo Cielo

 

Synode dans la confusion.
La "Relatio finalis" parmi les objets égarés

10 octobre 2015
Settimo Cielo
Traduction par Anna


Le premier à mettre en doute qu'il y aurait une "Relatio finalis", en conclusion de ce synode, a été le cardinal de Manille Luis Antonio Gokim Tagle, un des quatre présidents délégués de l'Assemblée.
Vendredi 9 octobre, au point de presse, le cardinal s'est redécouvert historien de l'Église - ce qu'il est en effet, avec l' "Ecole de Bologne" - et il a reparcouru la suite des synodes, du premier avec Paul VI jusqu'à l'actuel. Avec un éclat final qui laissé tout le monde pantois.

«Dans le passé les cercles mineurs faisaient des propositions au Saint Père, qui rédigeait ensuite une exhortation post-synodale, mais les premiers synodes de Paul VI ne se terminaient pas par une exhortation papale. Paul VI permit au synode de publier son propre document final, et ce n'est qu'avec Evangelii nuntiandi (1975) que commença la pratique des 'propositiones' pour l'exhortation papale, mais je suppose que ce n’est pas obligatoire. Aujourd’hui, sur ce sujet, nous attendons la décision du pape».

Nous attendons?

Mais n'avait-il pas été dit et redit, la dernière fois le 5 octobre en ouverture des travaux, en forme très officielle, par le secrétaire général du Synode le cardinal Lorenzo Baldisseri, qu'il devait y avoir une "Relatio finalis" et qu'elle devait être discutée et mise aux votes et finalement remise au pape, et que tous les travaux du synode tendaient vers cet objectif? (cf. Relation du secrétaire général)

Et n'était-ce pas le Pape François, lui en personne, qui avait nommé le 2 octobre une commission composée de dix cardinaux et évêques représentant les cinq continents, destinée justement «à l'élaboration de la relation finale»? (cf. Briefing pour fournir des informations sur les thèmes et méthodes de la XIVe Assemblée)

Et le méticuleux calendrier du synode rendu public le 2 octobre ne prévoit-il pas quatre jours, du 21 au 24 du mois, à l'écriture de la "relation finale", à sa présentation en Salle, à la discussion et à la présentation par écrit des observations, à la réécriture de celle-ci, à sa nouvelle présentation en salle et à son vote définitif? (cf. Calendrier des travaux)

Comme si rien n'avait été dit.. À la fin de la première semaine du Synode, tout d'un coup, personne ne sait plus comment il finira.
Samedi 10 octobre c'était au père Federico Lombardi de confirmer que le synode a perdu la boussole.

«Au sujet des votes, la majorité des deux tiers n'est requise que dans la Relation finale. S'il y en a une, évidemment. Car nous n'avons pas encore de certitude concernant la conclusion, c'est à dire s'il y aura un document final. Nous verrons si le pape donnera des indications précises».

Lombardi renvoie à ce qu'avait été dit la veille par le cardinal Tagle. Lequel en effet avait aussi ajouté quelque chose d'autre, et de très pertinent:

«La nouvelle méthode adoptée par le synode a probablement causé un peu de confusion, mais il est bon d'être confus de temps en temps. Si les choses étaient toujours claires, ce ne serait plus la vraie vie».

Toujours est-il qu'au nom de cette «vraie vie», non seulement il n'y aura plus une classique exhortation post-synodale du pape, mais peut-être pas davantage une "Relatio finalis" des travaux du synode, votée point par point. Dans ce cas, seul un discours du pape clôturera le tout - façon de dire, car ici l’inachevé règne en maître.

***

Mais ce n'est pas tout. Le 10 octobre en effet le père Lombardi a annoncé un autre changement survenu en cours de travaux.
D'après le calendrier du synode, aussi bien la discussion dans la Salle que celle dans les cercles mineurs auraient dû suivre l'ordre des trois parties du document de base, l'Instrumentum laboris, chacune d'elles introduite par une «présentation du rapporteur général», le cardinal Peter Erdö.

Cependant, le cardinal Erdö - auteur le 5 octobre d'une formidable relation générale d'introduction qui a semé la panique parmi les novateurs – ne s’est plus vu confier de micro pour présenter à nouveau les trois parties de l'Instrumentum, et les interventions dans la salle ont continué pour leur compte. Avec le résultat que samedi 10 octobre on avait déjà commencé dans la salle à parler de la troisième partie, la plus appétissante, celle des plats de résistance du divorce et de l'homosexualité, tandis que dans les cercles linguistiques on devait poursuivre jusqu'au mercredi 14 la discussion et le vote de la deuxième partie du document.

Le 10 octobre le père Lombardi, angélique, a dit qu’il rendrait compte aux journalistes le surlendemain des interventions dans la salle en avance sur le calendrier, celles consacrées à la troisième partie de l'Instrumentum. Pour ne pas créer la confusion.